Quoi de neuf ? : Tchernobyl !

 



30 ans après le 26 avril 1986,
la catastrophe de Tchernobyl est toujours en cours

L'Académie des sciences de New-York publiait en 2010 un rapport révélant l'ampleur de la catastrophe en mentionnant le chiffre de près d'un million de morts imputables à Tchernobyl. Dans le même temps, l'Organisation mondiale de la santé, malgré un effort de réévaluation, n'avouait que 4.000 décès.

Cette différence de bilan souligne les compromissions de l'institution onusienne – l'OMS étant tenue de soumettre toutes ses données pour validation à l'Agence internationale pour l'énergie atomique, son organisme de tutelle. On ne peut qu'être étonné, voire révolté, que l'OMS, dont la fonction est de préserver la santé de la population, puisse être soumis à l'AIEA dont la fonction est la défense et la promotion de l'énergie atomique – et constater le conflit d'intérêts.

Les associations Independant Who, la Criirad et Enfants Tchernobyl Belarus dénoncent cette collusion. Le film « Controverses nucléaires » 1 (projeté à Gourdon le 26 avril), révèle l'attitude négationniste des experts onusiens face aux études, comme celles de Yuri Bandajewski, qui démontrent les effets des faibles doses sur l'organisme, particulièrement par ingestion à travers l'alimentation.

Yves Lenoir, président d'ETB, vient de publier « La Comédie atomique » – l'histoire occultée des dangers des radiations – qui explique par le détail les ressorts et les relais de la mise en place progressive et constante de la doctrine officielle de radioprotection, et l'institutionnalisation du déni sur les effets de la radioactivité.


On nous prépare en France à la prochaine catastrophe.

Tchernobyl n'a pas empêché Fukushima et la fusion de trois réacteurs, mais il a en revanche servi à rendre plus performante la gestion de la catastrophe par le contrôle de l'information et des populations avec des programmes basés sur le déni (Ethos, Core). Une catastrophe nucléaire est permanente. Elle n'est ni limitée dans l'espace (pas de frontières pour les nuages) ni dans le temps (diffusion permanente de particules radioactives, atteinte du génome pour des générations…). La seule gestion possible est policière.

Une bande dessinée, « Tchernobyl, le nuage sans fin », publiée par l'Association française des malades de la thyroïde, révèle les pièces du procès que l'AFMT a perdu contre l'État 2. On peut ainsi constater l'attitude des autorités françaises et de certains de ses responsables dans la gestion des premiers jours de la catastrophe, réaction qui a consisté à nier et minimiser les dangers, refuser les mesures que les autres pays riverains se sont pourtant appliqués à mettre en œuvre.

L'IRSN l'avoue – comme pour se dédouaner d'une prochaine catastrophe – un accident majeur est possible et probable. En terme de bilan, une catastrophe ayant eu lieu tous les 10 ans (Kychtym, Winscale, Three Mile Island…), la France, avec ses 58 réacteurs, est la grande favorite en terme de probabilité... On pense aussi à la menace « terroriste » – le CEA de Gramat, au lieu-dit de Bèdes, est – entre autres – spécialisé dans la sécurité des centrales nucléaires, en particulier contre des « agressions » de type électromagnétiques.


La lutte antinucléaire se restructure.

Tandis que les responsables politiques de l’Union européenne préparent l’opinion à un accident nucléaire majeur 3, le mouvement anti-nucléaire français se restructure pour organiser la riposte.

Suite à la crise débutée en 2010, le groupe SDN lot s'est beaucoup impliqué dans le travail de refondation du Réseau « Sortir du nucléaire », jusqu'à la tenue du Congrès qui s'est tenu mi-février à Angers. Celui-ci visait à réunir tous les groupes antinucléaires, y compris ceux, très critiques, qui s'étaient éloignés de la fédération. Ainsi deux numéros d'Atomes crochus, réalisés à Saint-Céré, ont été édités pour porter la parole et les propositions des groupes - permettant au passage de saluer « Le Chant du Monde », la plus importante œuvre antinucléaire mondiale – initiée en 1957 par Jean Lurçat – dont nous commémorons le 50° anniversaire.

Les groupes adhérents ont voté le rapport moral très critique du CA, lui donnant raison sur la réhabilitation des exclus de 2010 et la nécessité de la décentralisation. Malgré cela, le Congrès n'a pu déboucher que sur un constat amer, la part conservatrice a gardé la mainmise sur le réseau, sans vouloir concéder aucun changement.

Cela confirme que la structure ne répond plus aux préoccupations et au travail des groupes de terrain, qui laissent donc l'outil qu'ils avaient mis en place à la direction entretenue par les salariés qui se suffisent à eux-mêmes. Certains groupes se retrouvent donc dans la perspective de bâtir une autre coordination, parallèle au réseau, afin de renforcer la lutte de terrain autour de la demande d'arrêt des installations de base.

Le groupe SDN Lot tire les conséquences de cet état de fait, qu'il traduira par un changement de nom. La prochaine AG du groupe lotois, certainement en juin, lui donnera l'occasion de se restructurer et de repenser ses modes d'action et d'intervention. L'impératif est de s'ouvrir au plus grand nombre, et de redonner à la lutte contre le nucléaire sa prépondérance, de manière solidaire à côté des autres combats, sociaux et écologistes. Et nous invitons tout le monde à y participer.

 

Arrêt du Nucléaire Lot

Le Lot en action n° 100, le 26 avril 2016

 

1 Sur le site : http://enfants-tchernobyl-belarus.org. ETB est à soutenir !

2 http://nuagesansfin.info

3 Voir le communiqué de la Criirad sur les 30 ans de Tchernobyl :
http://criirad.org/tchernobyl/cp-2016-04-21-30-ans-web.pdf

4 Sur le site : http://journeesdetudes.org/atomescrochus