J’aurais
aimé
pourvoir mener cette analyse différemment : j’ai proposé
au CA de réaliser une enquête sociologique sur la crise
du réseau et son issue mais il n’y a pas eu de consensus
sur cette question. Peut-être un jour, la situation sera mûre
pour mener une telle enquête. Je pense qu’elle est urgente,
nécessaire, souhaitable… Ce petit texte est une sorte de
prolégomènes à une enquête sociologique future,
enquête qui ne peut être menée que de l’intérieur.
La sociologie objective est une illusion scientiste, que ce soit dans
le domaine nucléaire ou ailleurs. En sociologie, comme en physique
nucléaire, le sociologue fait partie de son « objet »
d’enquête.
Je
commencerai par citer mon analyse à chaud, à partir du
compte rendu de Xavier Rabilloud, lors de l’AG de juin pour la
mettre ensuite à l’épreuve des faits
Il
y a plusieurs niveaux de la crise, qui sont mêlés et qu'il
faut distinguer. Il y a une crise politique qui est fondamentale, il
y a une crise psychologique qui renvoie à une crise idéologique,
et il y a une crise morale, les aspects éthiques sont essentiels,
on ne peut pas faire comme si, "oui, c'est une connerie, on a porté
plainte". C'est une grave erreur, on ne peut pas continuer comme
ça, on ne peut pas continuer avec le CA provisoire. Il faudrait
une minorité d'administrateurs provisoires, et 6 personnes nouvelles,
car sans cela nous n'aurons pas les garanties morales nécessaires.
Je souhaiterais que les salariés s'expriment, notamment Philippe
Brousse. Comme Stéphane Brousse, Philippe Lhomme n'a sans doute
pas tous les problèmes qu'on lui attribue [rires dans la salle],
ni Philippe ni Stéphane ne sont des diables, parfois ils pètent
les plombs et peuvent faire des grosses conneries... comme nous tous,
d'ailleurs. Certaines conneries sont plus graves que d'autres. Moi si
mon frère fait des conneries, c’est presque le poing dans
la gueule mais pas la justice. Il y a des choses plus violentes que
le poing dans la gueule. Nous avons un problème structurel de
croissance, et également un problème idéologique,
nous sommes un collectif et il faut arrêter de personnaliser.
Il ne faut pas de directeur ni de porte-parole. Il faut repenser ce
qu’est une direction collective, il faut réintégrer
Stéphane pour qu’il puisse s'en aller, je pense qu’il
est prêt à ça, reconnaître collectivement
qu'on n’a pas pris la bonne procédure. Il faut penser collectif
et agir collectif.
Je
pense toujours, pour l’essentiel, qu’il y a trois niveaux
de la crise.
Je
vais essayer maintenant, après avoir fait l’expérience
d’entrer au CA, sans pour autant que les conditions souhaitables
soient réunies (je souhaitais six titulaires nouveaux, il y en
a eu trois, et cinq suppléants nouveaux…) tout en m’efforçant,
et il me semble y être parvenu jusqu’à aujourd’hui,
ça va peut-être changer !! (rires) de maintenir des rapports
amicaux et respectueux avec tout le monde.
Je
vais essayer de parler de cette crise en me mettant des deux côtés,
tout en sachant bien que ma position au sein du CA déforme mon
point de vue, même si le fait que je sois sortant et que je ne
me représente pas, me donne les coudées plus franches.
L’école
émancipée m’avait demandé d’écrire
une analyse, après quelques mois passés au CA, elle a
été publié dans un numéro de L’émancipation
syndicale et pédagogique paru à l’automne 2010,
j’en extrais également un passage :
«
Cette crise de croissance pose aussi une question de modèle :
est-ce que nous voulons un Greenpeace bis ou bien conserver un réseau
libertaire, s’appuyant sur les groupes … même si nous
acceptons une organisation centrale ? De plus la crise actuelle doit
pouvoir être mise en relation avec l’histoire du mouvement
‘sortir du nucléaire’… Sommes nous prêts
à nous donner les moyens de réfléchir, d’être
une force de propositions nouvelles dans le débat autour de l’écologie
? Et ce sur quoi je voulais me baser pour travailler c’était
le fondement anarchiste du réseau avec à la base cette
définition : « l’organisation sans la hiérarchie.
» Si ce principe était conservé, le réseau
était viable… sinon il valait mieux en sortir et travailler
autrement… Au CA, j’ai trouvé une écoute de
notre position critique : nous (Michel Lablanquie, titulaire, et moi,
son suppléant) les plus mal élus – nous avons bénéficié
du désistement d’un ancien administrateur qui avait obtenu
le même nombre de voix que nous, gage de bonne volonté
– nous étions écoutés comme la voix de l’opposition
constructive.
Quant
à l’avenir ?
Nous
restons comme les membres d’un courant critique plus utile à
l’intérieur qu’à l’extérieur.
Nous sommes en train de travailler à la mise en place de relations
plus directes avec les groupes, une véritable horizontalité
du réseau – et une plus grande transparence des enjeux
et des décisions. Sans paralyser les décisions, nous devrions
trouver des solutions pour demander leur avis aux groupes à chaque
fois qu’une décision importante doit être envisagée.
Nous souhaitons mettre en place une véritable réflexion
en organisant des journées d’études, en renforçant
les aspects théoriques de la revue, en proposant de mener une
réflexion sur le mouvement ‘sortir du nucléaire’,
sa structure, ses enjeux, y compris en menant nous-même une enquête
sociologique. Mais nous ne pourrons avancer que si nous trouvons un
large soutien chez les groupes adhérents. »
Y-a
des questions que j’me pose,
comme dit la chanson : pourquoi les groupes ont-ils participé
si peu à cette réflexion commune, pourquoi,encore aujourd’hui,
si je me fie aux échos que j’ai, le CA est-il toujours
traversé par une crise profonde où s’affrontent
deux groupes irréductibles, violemment opposés, dont aucun
n’accepte de reconnaître le moindre tort. Or c’est
pour moi une position de principe, je l’ai dit plusieurs fois
à chacun, nous faisons tous des erreurs. Reconnaître ses
erreurs , ce n’est pas un cadeau aux autres mais un cadeau pour
nous pour changer ce dont nous sommes responsables, parce que cela,
nous devrions pouvoir le changer. Je dirai même que pour une «
culture scientifique » nous ne pouvons avancer que d’erreur
en erreur alors que pour une culture politique il ne faut jamais avouer
en public ses erreurs.
Je
pense que la faible participation des groupes est due à deux
raisons principales :
-
un manque de confiance car comment s’y reconnaître dans
ce conflit « fratricide », comment analyser une situation
où il semble y avoir un clan qui ment et l’autre qui
dit la vérité… et où nous connaissons des
amis, des personnes de confiance dans les deux groupes ?
-
une autonomie militante insuffisante : en effet, chacun devrait se
dire ce réseau est mon réseau, j’ai le droit,
le devoir, d’aller y voir… Ce que nous avons fait…
et nous avons vu. Sans bien sûr avoir une position moins subjective
que les autres, mais au moins nous (Michel et moi, représentants
de SDN Lot) savons à quoi nous en tenir.
Alors,
pour entrer dans le vif du sujet, quelles sont les erreurs commises
par le groupe auquel j’ai appartenu pendant quelques mois, à
savoir l’entité CA-salariés, dont je reste solidaire
malgré ou avec , comme on voudra, mes divergences importantes.
Je
veux tout d’abord dire que j’ai pu toujours exprimer mes
divergences, même si bien sûr, lorsqu’il y avait vote,
je devais souvent mais pas toujours me conformer à une opinion
qui n’était pas la mienne. De plus, je me suis fait de
nouveaux amis, même si j’ai pu approfondir les divergences
idéologiques que j’avais et que j’ai toujours avec
une bonne partie des administrateurs et des salariés. Enfin j’ai
pu mener à bien des projets et avancer sur des terrains constructifs,
comme par exemple l’organisation des journées d’étude
dont je parlerais tout-à-l’heure, mais aussi le chantier
de la refondation, en cours et qui sera présenté à
l’AG cet après-midi.
J’aborderai
ensuite mon point de vue sur les erreurs de l’autre groupe qui
s’est constitué autour de Stéphane Lhomme et de
quelques uns des anciens administrateurs d’avant l’AG de
février. Puis je me prononcerai sur ce que j’ai appelé
la crise idéologique en la confrontant à la situation
actuelle, lourdes de dangers et de promesses, et dans la foulée
je ferai des propositions pour l’avenir du réseau.
La
violence que nous avons vécue et que nous continuons à
vivre - et je ne parle pas de la violence principale : l’imposition
de la technocratie nucléaire qui prend en otage toute la planète
- ne peut se comprendre que si nous essayons de saisir la situation
française dans son ensemble, c’est-à-dire avec toute
sa profondeur historique. Cela nous amène aussi à nous
interroger sur la « personnalité » du militant et
les problèmes de pouvoir inhérents à ce genre d’activité.
Le militant est trop souvent prisonnier de son « égo »
et son dévouement collectif laisse la place à ses envies
de pouvoir.
1
la spécificité de l’énergie nucléaire
dans l’économie, la politique et la philosophie de la France.
Je
dirais, pour simplifier, que l’industrie nucléaire, qu’elle
soit militaire ou civile, est un produit obscur des lumières
et que, de ce point de vue, la France, en tant que pays où s’est
épanouie la philosophie des lumières, ne pouvait être
que le lieu où s’épanouit (cet épanouissement
ayant toutes les formes d’une catastrophe) l’énergie
nucléaire.
2
Le mouvement anti-nucléaire a donc à s’opposer à
la fois à la droite et à la gauche, toutes deux unies
dans un « progressisme absolu », mais aussi, jusqu’ici,
à l’écologie comme force politique dans la mesure
où celle-ci ne peut s’affranchir du dualisme droite-gauche
et des alliances politiciennes pour exercer le pouvoir.
Je
dis « jusqu’ici » parce que nous avons peut-être
une « chance historique » d’enfin pouvoir mener une
élection où vont s’affronter nucléaires et
anti-nucléaires, progressistes et relativistes… ou si je
veux adopter un ton plus joyeux : tenants du travail ou tenants du jeu,
jeu avec une planète que nous nous refuserons à violenter
ou à maîtriser.
L’écologie
politique n’arrive pas encore à adopter ce que j’appellerai
une voie du milieu, à savoir à la fois anti-capitaliste
et écologique.
Et anticapitaliste parce que antiprogressiste : je précise que
le terme capitaliste est à entendre au niveau économique
et que les régimes « dits » communistes sont des
variantes du capitalisme : un philosophe français, Georges Bataille
avait déjà renvoyé dos à dos les impérialismes
soviétique et américain en 1948 (voir son livre La part
maudite).
Pour
le dire par une formule : l’exploitation de l’homme par
l’homme repose sur le socle de l’exploitation de la terre
par l’homme.
3
Je n’entrerai pas dans les détails de l’histoire
récente du réseau, le projet d’enquête sociologique
avait cet objectif mais je n’écris pour l’instant
que les prolégomènes à une enquête future.
Je
prendrai le problème fin 2009, lorsque la crise prend la forme
d’un conflit ouvert qui va aboutir au licenciement du porte parole
du réseau, Stéphane Lhomme, à la révocation
d’une partie du CA, et ensuite à la plainte portée
contre ce même Stéphane Lhomme.
Il
me semble que nous – nous c’est-à-dire le réseau,
entité différente du CA et de ses salariés –
n’avons pas compris que le réseau avait franchi, depuis
quelques temps déjà, un point de rupture où les
salariés représentaient une force plus importante, à
la fois décisionnelle et intellectuelle, que le CA. Effectivement,
et quelque soient les bonnes raisons pour expliquer cet état
de fait, lorsqu’une association atteint un seuil critique par
rapport au nombre de salariés, elle change de nature. Certes
le réseau est encore très loin de ressembler à
Greenpeace par exemple qui compte 1200 salariés, mais pour un
réseau dont l’idéologie est en partie libertaire,
le point de rupture est déjà atteint. Ce n’est pas
pour rien que les sociétés segmentaires, comme les groupes
aborigènes australiens par exemple, qui sont le modèle
le plus ancien de direction collective que nous connaissons, sont constitués
en réseaux de petits groupes de 20/30 personnes et limitent au
maximum les instances centrales.
Or
, en décembre, le CA est devenu dépendant des salariés
et cela s’est manifesté de deux manières :
a)
par la décision de Philippe Brousse de licencier Stéphane
Lhomme.
Et
je citerai ici le point de vue de Philippe, qui me paraît tout
à fait clair, du moins tel que je l’ai perçu : «
si j’ai pris la décision de licencier Stéphane c’est
parce que je n’avais pas d’autre choix. C’était
cela ou laisser exploser le réseau, le CA aurait du prendre cette
décision mais il n’en était pas capable. »
Ce qui explique donc que Philippe, après avoir pris le pouvoir
de licencier Stéphane s’est aussitôt ôté
ce pouvoir qu’il jugeait lui-même excessif. Rappelons que
Stéphane et Philippe ont été des amis proches,
et que cette crise est assez comparable à une crise qui survient
au sein d’un couple. Souvent, celui qui décide de partir
et de fonder un autre couple a la partie belle, l’autre se sent
alors trahi et c’est lui qui, aux yeux des observateurs externes,
apparaît souvent comme ayant le monopole de la violence : il crie,
il insulte, il menace, il invective… il est ridicule. Mais l’autre,
celui qui reste calme, est aussi responsable d’une partie des
problèmes du couple car dans un couple, chacun a sa part de responsabilités.
Mais
en licenciant Stéphane, Phillipe a ouvert une crise morale qui
couvait mais qui est devenue manifeste : le CA n’avait pas pris
la mesure de ses responsabilités et poussé le directeur
et son équipe à prendre le pouvoir. De plus, cette équipe
salariée travaillait trop, et,comme tous militant, s’exploitait
elle-même. Elle était donc épuisée, en colère
et de plus, soumise aux critiques de ceux qui disaient qu’elle
ne foutait rien…
Le
problème, autant que je puisse en témoigner moi-même,
ce n’est pas que les salariés travaillent trop peu mais
qu’ils travaillent trop – on peut penser qu’ils «
travaillent mal » mais je pense que le problème est mal
posé - par contre oui, il faut changer le rapport au travail
et arrêter de vouloir changer un monde en travaillant de la même
manière …
Nous
devons retrouver la joie de militer, le nez rouge de clown sur notre
visage trop sérieux.
Comment
remplacer le travail par le jeu quand on milite dans un monde gagné
par l’angoisse et la peur de l’apocalypse ? Je n’ai
pas de solution mais je pose la question. Les mystiques chrétiens
y ont déjà réfléchit et ont conclu que la
joie était d’autant plus urgente que la fin était
proche…
b)
par une grève des salariés dans une période critique
pour le réseau, qui est apparue à certains comme une véritable
trahison
La
grève a semblé aux salariés la seule solution pour
exprimer leur perception des choses et avec quel CA ils voulaient travailler.
Ils ont pris le pouvoir parce qu’ils pensaient la maison en danger
et que le pouvoir était vacant. Ce que moi je pense c’est
que nous devons construire un réseau où les rapports de
force ne doivent plus s’exprimer frontalement, un réseau
comme un rhizome…
"Un
rhizome peut être rompu, brisé en un endroit quelconque,
il reprend suivant telle ou telle de ses lignes et suivant d'autres
lignes. (...) C'est pourquoi on ne peut jamais se donner un dualisme
ou une dichotomie, même sous la forme rudimentaire du bon et du
mauvais..."
Gilles Deleuze et Félix Guattari, "Rhizome",
dans /Mille plateaux/, 1980
Le
réseau est un rhizome et non une pyramide. Il n'a pas un, mais
plusieurs centres, un grand nombre de centres... Trouvons / cherchons
/ inventons une organisation rhizomatique du réseau sortir du
nucléaire
Si
je prends maintenant le point de vue de Stéphane, toujours avec
le risque de le déformer :
« Je n’ai commencé à être méchant,
à envoyer des mails insultants, que après que l’irréparable
ai été commis. La plupart des salariés n’ont
pas à se plaindre de moi avant mon licenciement. Je veux être
réhabilité, je ne veux plus retravailler avec le réseau
mais je veux être réhabilité. »
Et
Stéphane n’est pas seul, les administrateurs, qui ont été
révoqués avec l’accord de l’AG de février,
sous la pression des salariés, ont l’impression d’avoir
été floués.
Le
CA actuel a en partie pris en compte ce sentiment en acceptant de réhabiliter
les anciens administrateurs, et en reconnaissant implicitement qu’ils
avaient été pris en otage par une querelle qui les dépassait.
Mais avec Stéphane, la guerre est toujours ouverte : aucune accalmie
n’est en vue et il est vrai que Stéphane, en endossant,
comme il me l’a dit lui-même, le rôle du « méchant
», ne facilite pas les choses : il les aggrave. De l’autre
côté, le CA en refusant d’endosser la moindre responsabilité,
ne permet pas non plus d’avancer d’un pouce.
Alors
: je pense toujours qu’il est urgent que cette crise évolue
et je vois pour cela plusieurs solutions :
1)
la crise psychologique n’est pas résolvable, il faut
que chacun accepte de panser ses blessures et construise de son côté
l’organisation qu’il souhaite construire, en espérant
que les différentes structures pourront contribuer séparément
à lutter contre l’adversaire commun et, un jour futur,
coopérer à nouveau. La force d’un réseau
est, s’il est vraiment un réseau, son absence de centre
: et donc, il n’existe pas de scission d ans un réseau
véritable. Tout le monde est au centre du réseau…
Stéphane Lhomme, Philippe Brousse, les anciens et les nouveaux
administrateurs et les militants de base…
2)
la crise morale peut être résolue si nous nous mettons
d’accord, et c’est le rôle de la refondation, sur
des principes fermes. Non, ce n’est pas au directeur du réseau
– transformé et ce n’est pas seulement symbolique
en coordinateur général – de licencier un salarié,
Oui, c’est au CA de prendre ses responsabilités et de
ce point de vue il nous faut un CA représentatif des différentes
composantes, un CA qui a vraiment le pouvoir. Et, de ce point de vue,
je pense que certaines sensibilités : la sensibilité
anarchiste, la sensibilité anti-capitaliste, ne sont pas assez
bien représentées au CA. J’appelle pour les prochaines
AG à des candidatures appartenant à ces courants. Nous
pouvons, et le CA actuel a commencé à s’y atteler,
développer une réflexion propre du CA tout en renforçant
notre travail en commun avec les salariés. Nous pouvons, le
plus possible, prendre les décisions ensemble, avec des binômes
salarié-administrateur. Nous pouvons renforcer l’horizontalité
en développant l’autonomie des commissions, qui doivent
avoir aussi une force de décision et de proposition, enfin
nous pouvons, comme est en train d’y réfléchir
le sud-ouest, constituer des unités régionales animées
par un salarié qui n’appartient pas au « pôle
» central même s’il est recruté en concertation
ave le CA et la coordination générale des salariés…
3)
La crise idéologique traverse le mouvement sortir du nucléaire
comme elle traverse la société française. Il
faut arriver à trouver une articulation entre position anti-capitaliste
et position écologique. Nous en sommes encore assez loin et
le mot « capitalisme » , j’ai pu en faire l’expérience
au CA, est encore « tabou » pour beaucoup d’entre
nous. Or, en ce qui me concerne, je ne vois pas comment analyser la
place de l’énergie nucléaire dans la société
autrement que comme le fer de lance du capitalisme, et le capitalisme
comme l’aboutissement logique du mouvement progressiste qui
a secoué ce « Moyen âge » dont nous commençons
à comprendre qu’il était tout sauf moyen, mais
pluriel traversé par des courants multiples, que nous connaissons
encore très mal… Les sociétés traditionnelles
recèlent des trésors de sagesse, autant politiques qu’écologiques,
et le Moyen âge était, de ce point de vue, essentiellement
traditionnel.Ma contribution à ce débat est justement
de l’ouvrir : les journées d’études du Réseau
« Sortir du nucléaire » décidés à
l’unanimité du CA en décembre, à l’organisation
desquelles participent 5 membres du CA sortant, seront un premier
pas vers cette réflexion nécessaire, en relation avec
la crise qui secoue la société mondiale en ce moment.
Nous vous distribuerons un petit flyer appelant à ces journées
qui auront lieu les 18 et 19 juin à Toulouse et seront précédés,
dans le cadre du mois pour Tchernobyl, d’une conférence
débat sur le mythe du progrès, le 21 avril à
Toulouse.
Tout
le réseau, je dis bien tout le réseau, est convié
à participer à ces journées et à les enrichir
de sa contribution.
L’AG
de ce week-end a un rôle central à jouer
Soit
elle se transforme à nouveau en AG extraordinaire , et prolonge
la crise, soit elle joue son rôle d’AG ordinaire, accepte,
sans lui donner de blanc seing, d’élire un nouveau CA,
reconnaît des erreurs partagées, le travail des anciens
administrateurs et de l’ancien porte parole du réseau,
Stéphane Lhomme (je crois que, quoiqu’il en coûte
à certains on pu reconnaître le travail de Stéphane
tout en critiquant son attitude de ces derniers mois et, si je fais
état d’une partie des critiques entendues, sa tendance
à prendre tout seul les décisions au nom du réseau),
renouvelle sa confiance aux salariés, et poursuit le processus
de refondation qui a commencé à se développer.
Elle
a aussi une responsabilité : face à la situation actuelle,
le réseau a un rôle historique à jouer, il ne peut
pas courir le risque d’apparaître comme divisé quand
la porte étroite de l’histoire est entrebaillée…
Michel
Boccara, le 16 mars 2011