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RÉFLEXIONS SUR LA CRISE
DU RÉSEAU ET SON ISSUE
par Michel Boccara

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J’aurais aimé pourvoir mener cette analyse différemment : j’ai proposé au CA de réaliser une enquête sociologique sur la crise du réseau et son issue mais il n’y a pas eu de consensus sur cette question. Peut-être un jour, la situation sera mûre pour mener une telle enquête. Je pense qu’elle est urgente, nécessaire, souhaitable… Ce petit texte est une sorte de prolégomènes à une enquête sociologique future, enquête qui ne peut être menée que de l’intérieur. La sociologie objective est une illusion scientiste, que ce soit dans le domaine nucléaire ou ailleurs. En sociologie, comme en physique nucléaire, le sociologue fait partie de son « objet » d’enquête.

Je commencerai par citer mon analyse à chaud, à partir du compte rendu de Xavier Rabilloud, lors de l’AG de juin pour la mettre ensuite à l’épreuve des faits

Il y a plusieurs niveaux de la crise, qui sont mêlés et qu'il faut distinguer. Il y a une crise politique qui est fondamentale, il y a une crise psychologique qui renvoie à une crise idéologique, et il y a une crise morale, les aspects éthiques sont essentiels, on ne peut pas faire comme si, "oui, c'est une connerie, on a porté plainte". C'est une grave erreur, on ne peut pas continuer comme ça, on ne peut pas continuer avec le CA provisoire. Il faudrait une minorité d'administrateurs provisoires, et 6 personnes nouvelles, car sans cela nous n'aurons pas les garanties morales nécessaires. Je souhaiterais que les salariés s'expriment, notamment Philippe Brousse. Comme Stéphane Brousse, Philippe Lhomme n'a sans doute pas tous les problèmes qu'on lui attribue [rires dans la salle], ni Philippe ni Stéphane ne sont des diables, parfois ils pètent les plombs et peuvent faire des grosses conneries... comme nous tous, d'ailleurs. Certaines conneries sont plus graves que d'autres. Moi si mon frère fait des conneries, c’est presque le poing dans la gueule mais pas la justice. Il y a des choses plus violentes que le poing dans la gueule. Nous avons un problème structurel de croissance, et également un problème idéologique, nous sommes un collectif et il faut arrêter de personnaliser. Il ne faut pas de directeur ni de porte-parole. Il faut repenser ce qu’est une direction collective, il faut réintégrer Stéphane pour qu’il puisse s'en aller, je pense qu’il est prêt à ça, reconnaître collectivement qu'on n’a pas pris la bonne procédure. Il faut penser collectif et agir collectif.

Je pense toujours, pour l’essentiel, qu’il y a trois niveaux de la crise.

Je vais essayer maintenant, après avoir fait l’expérience d’entrer au CA, sans pour autant que les conditions souhaitables soient réunies (je souhaitais six titulaires nouveaux, il y en a eu trois, et cinq suppléants nouveaux…) tout en m’efforçant, et il me semble y être parvenu jusqu’à aujourd’hui, ça va peut-être changer !! (rires) de maintenir des rapports amicaux et respectueux avec tout le monde.

Je vais essayer de parler de cette crise en me mettant des deux côtés, tout en sachant bien que ma position au sein du CA déforme mon point de vue, même si le fait que je sois sortant et que je ne me représente pas, me donne les coudées plus franches.

L’école émancipée m’avait demandé d’écrire une analyse, après quelques mois passés au CA, elle a été publié dans un numéro de L’émancipation syndicale et pédagogique paru à l’automne 2010, j’en extrais également un passage :

« Cette crise de croissance pose aussi une question de modèle : est-ce que nous voulons un Greenpeace bis ou bien conserver un réseau libertaire, s’appuyant sur les groupes … même si nous acceptons une organisation centrale ? De plus la crise actuelle doit pouvoir être mise en relation avec l’histoire du mouvement ‘sortir du nucléaire’… Sommes nous prêts à nous donner les moyens de réfléchir, d’être une force de propositions nouvelles dans le débat autour de l’écologie ? Et ce sur quoi je voulais me baser pour travailler c’était le fondement anarchiste du réseau avec à la base cette définition : « l’organisation sans la hiérarchie. » Si ce principe était conservé, le réseau était viable… sinon il valait mieux en sortir et travailler autrement… Au CA, j’ai trouvé une écoute de notre position critique : nous (Michel Lablanquie, titulaire, et moi, son suppléant) les plus mal élus – nous avons bénéficié du désistement d’un ancien administrateur qui avait obtenu le même nombre de voix que nous, gage de bonne volonté – nous étions écoutés comme la voix de l’opposition constructive.

Quant à l’avenir ?

Nous restons comme les membres d’un courant critique plus utile à l’intérieur qu’à l’extérieur. Nous sommes en train de travailler à la mise en place de relations plus directes avec les groupes, une véritable horizontalité du réseau – et une plus grande transparence des enjeux et des décisions. Sans paralyser les décisions, nous devrions trouver des solutions pour demander leur avis aux groupes à chaque fois qu’une décision importante doit être envisagée. Nous souhaitons mettre en place une véritable réflexion en organisant des journées d’études, en renforçant les aspects théoriques de la revue, en proposant de mener une réflexion sur le mouvement ‘sortir du nucléaire’, sa structure, ses enjeux, y compris en menant nous-même une enquête sociologique. Mais nous ne pourrons avancer que si nous trouvons un large soutien chez les groupes adhérents. »

Y-a des questions que j’me pose, comme dit la chanson : pourquoi les groupes ont-ils participé si peu à cette réflexion commune, pourquoi,encore aujourd’hui, si je me fie aux échos que j’ai, le CA est-il toujours traversé par une crise profonde où s’affrontent deux groupes irréductibles, violemment opposés, dont aucun n’accepte de reconnaître le moindre tort. Or c’est pour moi une position de principe, je l’ai dit plusieurs fois à chacun, nous faisons tous des erreurs. Reconnaître ses erreurs , ce n’est pas un cadeau aux autres mais un cadeau pour nous pour changer ce dont nous sommes responsables, parce que cela, nous devrions pouvoir le changer. Je dirai même que pour une « culture scientifique » nous ne pouvons avancer que d’erreur en erreur alors que pour une culture politique il ne faut jamais avouer en public ses erreurs.

Je pense que la faible participation des groupes est due à deux raisons principales :

- un manque de confiance car comment s’y reconnaître dans ce conflit « fratricide », comment analyser une situation où il semble y avoir un clan qui ment et l’autre qui dit la vérité… et où nous connaissons des amis, des personnes de confiance dans les deux groupes ?

- une autonomie militante insuffisante : en effet, chacun devrait se dire ce réseau est mon réseau, j’ai le droit, le devoir, d’aller y voir… Ce que nous avons fait… et nous avons vu. Sans bien sûr avoir une position moins subjective que les autres, mais au moins nous (Michel et moi, représentants de SDN Lot) savons à quoi nous en tenir.

Alors, pour entrer dans le vif du sujet, quelles sont les erreurs commises par le groupe auquel j’ai appartenu pendant quelques mois, à savoir l’entité CA-salariés, dont je reste solidaire malgré ou avec , comme on voudra, mes divergences importantes.

Je veux tout d’abord dire que j’ai pu toujours exprimer mes divergences, même si bien sûr, lorsqu’il y avait vote, je devais souvent mais pas toujours me conformer à une opinion qui n’était pas la mienne. De plus, je me suis fait de nouveaux amis, même si j’ai pu approfondir les divergences idéologiques que j’avais et que j’ai toujours avec une bonne partie des administrateurs et des salariés. Enfin j’ai pu mener à bien des projets et avancer sur des terrains constructifs, comme par exemple l’organisation des journées d’étude dont je parlerais tout-à-l’heure, mais aussi le chantier de la refondation, en cours et qui sera présenté à l’AG cet après-midi.

J’aborderai ensuite mon point de vue sur les erreurs de l’autre groupe qui s’est constitué autour de Stéphane Lhomme et de quelques uns des anciens administrateurs d’avant l’AG de février. Puis je me prononcerai sur ce que j’ai appelé la crise idéologique en la confrontant à la situation actuelle, lourdes de dangers et de promesses, et dans la foulée je ferai des propositions pour l’avenir du réseau.

La violence que nous avons vécue et que nous continuons à vivre - et je ne parle pas de la violence principale : l’imposition de la technocratie nucléaire qui prend en otage toute la planète - ne peut se comprendre que si nous essayons de saisir la situation française dans son ensemble, c’est-à-dire avec toute sa profondeur historique. Cela nous amène aussi à nous interroger sur la « personnalité » du militant et les problèmes de pouvoir inhérents à ce genre d’activité. Le militant est trop souvent prisonnier de son « égo » et son dévouement collectif laisse la place à ses envies de pouvoir.

1 la spécificité de l’énergie nucléaire dans l’économie, la politique et la philosophie de la France.

Je dirais, pour simplifier, que l’industrie nucléaire, qu’elle soit militaire ou civile, est un produit obscur des lumières et que, de ce point de vue, la France, en tant que pays où s’est épanouie la philosophie des lumières, ne pouvait être que le lieu où s’épanouit (cet épanouissement ayant toutes les formes d’une catastrophe) l’énergie nucléaire.

2 Le mouvement anti-nucléaire a donc à s’opposer à la fois à la droite et à la gauche, toutes deux unies dans un « progressisme absolu », mais aussi, jusqu’ici, à l’écologie comme force politique dans la mesure où celle-ci ne peut s’affranchir du dualisme droite-gauche et des alliances politiciennes pour exercer le pouvoir.

Je dis « jusqu’ici » parce que nous avons peut-être une « chance historique » d’enfin pouvoir mener une élection où vont s’affronter nucléaires et anti-nucléaires, progressistes et relativistes… ou si je veux adopter un ton plus joyeux : tenants du travail ou tenants du jeu, jeu avec une planète que nous nous refuserons à violenter ou à maîtriser.

L’écologie politique n’arrive pas encore à adopter ce que j’appellerai une voie du milieu, à savoir à la fois anti-capitaliste et écologique.
Et anticapitaliste parce que antiprogressiste : je précise que le terme capitaliste est à entendre au niveau économique et que les régimes « dits » communistes sont des variantes du capitalisme : un philosophe français, Georges Bataille avait déjà renvoyé dos à dos les impérialismes soviétique et américain en 1948 (voir son livre La part maudite).

Pour le dire par une formule : l’exploitation de l’homme par l’homme repose sur le socle de l’exploitation de la terre par l’homme.

3 Je n’entrerai pas dans les détails de l’histoire récente du réseau, le projet d’enquête sociologique avait cet objectif mais je n’écris pour l’instant que les prolégomènes à une enquête future.

Je prendrai le problème fin 2009, lorsque la crise prend la forme d’un conflit ouvert qui va aboutir au licenciement du porte parole du réseau, Stéphane Lhomme, à la révocation d’une partie du CA, et ensuite à la plainte portée contre ce même Stéphane Lhomme.

Il me semble que nous – nous c’est-à-dire le réseau, entité différente du CA et de ses salariés – n’avons pas compris que le réseau avait franchi, depuis quelques temps déjà, un point de rupture où les salariés représentaient une force plus importante, à la fois décisionnelle et intellectuelle, que le CA. Effectivement, et quelque soient les bonnes raisons pour expliquer cet état de fait, lorsqu’une association atteint un seuil critique par rapport au nombre de salariés, elle change de nature. Certes le réseau est encore très loin de ressembler à Greenpeace par exemple qui compte 1200 salariés, mais pour un réseau dont l’idéologie est en partie libertaire, le point de rupture est déjà atteint. Ce n’est pas pour rien que les sociétés segmentaires, comme les groupes aborigènes australiens par exemple, qui sont le modèle le plus ancien de direction collective que nous connaissons, sont constitués en réseaux de petits groupes de 20/30 personnes et limitent au maximum les instances centrales.

Or , en décembre, le CA est devenu dépendant des salariés et cela s’est manifesté de deux manières :

a) par la décision de Philippe Brousse de licencier Stéphane Lhomme.

Et je citerai ici le point de vue de Philippe, qui me paraît tout à fait clair, du moins tel que je l’ai perçu : « si j’ai pris la décision de licencier Stéphane c’est parce que je n’avais pas d’autre choix. C’était cela ou laisser exploser le réseau, le CA aurait du prendre cette décision mais il n’en était pas capable. » Ce qui explique donc que Philippe, après avoir pris le pouvoir de licencier Stéphane s’est aussitôt ôté ce pouvoir qu’il jugeait lui-même excessif. Rappelons que Stéphane et Philippe ont été des amis proches, et que cette crise est assez comparable à une crise qui survient au sein d’un couple. Souvent, celui qui décide de partir et de fonder un autre couple a la partie belle, l’autre se sent alors trahi et c’est lui qui, aux yeux des observateurs externes, apparaît souvent comme ayant le monopole de la violence : il crie, il insulte, il menace, il invective… il est ridicule. Mais l’autre, celui qui reste calme, est aussi responsable d’une partie des problèmes du couple car dans un couple, chacun a sa part de responsabilités.

Mais en licenciant Stéphane, Phillipe a ouvert une crise morale qui couvait mais qui est devenue manifeste : le CA n’avait pas pris la mesure de ses responsabilités et poussé le directeur et son équipe à prendre le pouvoir. De plus, cette équipe salariée travaillait trop, et,comme tous militant, s’exploitait elle-même. Elle était donc épuisée, en colère et de plus, soumise aux critiques de ceux qui disaient qu’elle ne foutait rien…

Le problème, autant que je puisse en témoigner moi-même, ce n’est pas que les salariés travaillent trop peu mais qu’ils travaillent trop – on peut penser qu’ils « travaillent mal » mais je pense que le problème est mal posé - par contre oui, il faut changer le rapport au travail et arrêter de vouloir changer un monde en travaillant de la même manière …

Nous devons retrouver la joie de militer, le nez rouge de clown sur notre visage trop sérieux.

Comment remplacer le travail par le jeu quand on milite dans un monde gagné par l’angoisse et la peur de l’apocalypse ? Je n’ai pas de solution mais je pose la question. Les mystiques chrétiens y ont déjà réfléchit et ont conclu que la joie était d’autant plus urgente que la fin était proche…

b) par une grève des salariés dans une période critique pour le réseau, qui est apparue à certains comme une véritable trahison

La grève a semblé aux salariés la seule solution pour exprimer leur perception des choses et avec quel CA ils voulaient travailler. Ils ont pris le pouvoir parce qu’ils pensaient la maison en danger et que le pouvoir était vacant. Ce que moi je pense c’est que nous devons construire un réseau où les rapports de force ne doivent plus s’exprimer frontalement, un réseau comme un rhizome…

"Un rhizome peut être rompu, brisé en un endroit quelconque, il reprend suivant telle ou telle de ses lignes et suivant d'autres lignes. (...) C'est pourquoi on ne peut jamais se donner un dualisme ou une dichotomie, même sous la forme rudimentaire du bon et du mauvais..."
Gilles Deleuze et Félix Guattari, "Rhizome", dans /Mille plateaux/, 1980

Le réseau est un rhizome et non une pyramide. Il n'a pas un, mais plusieurs centres, un grand nombre de centres... Trouvons / cherchons / inventons une organisation rhizomatique du réseau sortir du nucléaire

Si je prends maintenant le point de vue de Stéphane, toujours avec le risque de le déformer :
« Je n’ai commencé à être méchant, à envoyer des mails insultants, que après que l’irréparable ai été commis. La plupart des salariés n’ont pas à se plaindre de moi avant mon licenciement. Je veux être réhabilité, je ne veux plus retravailler avec le réseau mais je veux être réhabilité. »

Et Stéphane n’est pas seul, les administrateurs, qui ont été révoqués avec l’accord de l’AG de février, sous la pression des salariés, ont l’impression d’avoir été floués.

Le CA actuel a en partie pris en compte ce sentiment en acceptant de réhabiliter les anciens administrateurs, et en reconnaissant implicitement qu’ils avaient été pris en otage par une querelle qui les dépassait. Mais avec Stéphane, la guerre est toujours ouverte : aucune accalmie n’est en vue et il est vrai que Stéphane, en endossant, comme il me l’a dit lui-même, le rôle du « méchant », ne facilite pas les choses : il les aggrave. De l’autre côté, le CA en refusant d’endosser la moindre responsabilité, ne permet pas non plus d’avancer d’un pouce.

Alors : je pense toujours qu’il est urgent que cette crise évolue
et je vois pour cela plusieurs solutions :

1) la crise psychologique n’est pas résolvable, il faut que chacun accepte de panser ses blessures et construise de son côté l’organisation qu’il souhaite construire, en espérant que les différentes structures pourront contribuer séparément à lutter contre l’adversaire commun et, un jour futur, coopérer à nouveau. La force d’un réseau est, s’il est vraiment un réseau, son absence de centre : et donc, il n’existe pas de scission d ans un réseau véritable. Tout le monde est au centre du réseau… Stéphane Lhomme, Philippe Brousse, les anciens et les nouveaux administrateurs et les militants de base…

2) la crise morale peut être résolue si nous nous mettons d’accord, et c’est le rôle de la refondation, sur des principes fermes. Non, ce n’est pas au directeur du réseau – transformé et ce n’est pas seulement symbolique en coordinateur général – de licencier un salarié, Oui, c’est au CA de prendre ses responsabilités et de ce point de vue il nous faut un CA représentatif des différentes composantes, un CA qui a vraiment le pouvoir. Et, de ce point de vue, je pense que certaines sensibilités : la sensibilité anarchiste, la sensibilité anti-capitaliste, ne sont pas assez bien représentées au CA. J’appelle pour les prochaines AG à des candidatures appartenant à ces courants. Nous pouvons, et le CA actuel a commencé à s’y atteler, développer une réflexion propre du CA tout en renforçant notre travail en commun avec les salariés. Nous pouvons, le plus possible, prendre les décisions ensemble, avec des binômes salarié-administrateur. Nous pouvons renforcer l’horizontalité en développant l’autonomie des commissions, qui doivent avoir aussi une force de décision et de proposition, enfin nous pouvons, comme est en train d’y réfléchir le sud-ouest, constituer des unités régionales animées par un salarié qui n’appartient pas au « pôle » central même s’il est recruté en concertation ave le CA et la coordination générale des salariés…

3) La crise idéologique traverse le mouvement sortir du nucléaire comme elle traverse la société française. Il faut arriver à trouver une articulation entre position anti-capitaliste et position écologique. Nous en sommes encore assez loin et le mot « capitalisme » , j’ai pu en faire l’expérience au CA, est encore « tabou » pour beaucoup d’entre nous. Or, en ce qui me concerne, je ne vois pas comment analyser la place de l’énergie nucléaire dans la société autrement que comme le fer de lance du capitalisme, et le capitalisme comme l’aboutissement logique du mouvement progressiste qui a secoué ce « Moyen âge » dont nous commençons à comprendre qu’il était tout sauf moyen, mais pluriel traversé par des courants multiples, que nous connaissons encore très mal… Les sociétés traditionnelles recèlent des trésors de sagesse, autant politiques qu’écologiques, et le Moyen âge était, de ce point de vue, essentiellement traditionnel.Ma contribution à ce débat est justement de l’ouvrir : les journées d’études du Réseau « Sortir du nucléaire » décidés à l’unanimité du CA en décembre, à l’organisation desquelles participent 5 membres du CA sortant, seront un premier pas vers cette réflexion nécessaire, en relation avec la crise qui secoue la société mondiale en ce moment. Nous vous distribuerons un petit flyer appelant à ces journées qui auront lieu les 18 et 19 juin à Toulouse et seront précédés, dans le cadre du mois pour Tchernobyl, d’une conférence débat sur le mythe du progrès, le 21 avril à Toulouse.

Tout le réseau, je dis bien tout le réseau, est convié à participer à ces journées et à les enrichir de sa contribution.

 

L’AG de ce week-end a un rôle central à jouer

Soit elle se transforme à nouveau en AG extraordinaire , et prolonge la crise, soit elle joue son rôle d’AG ordinaire, accepte, sans lui donner de blanc seing, d’élire un nouveau CA, reconnaît des erreurs partagées, le travail des anciens administrateurs et de l’ancien porte parole du réseau, Stéphane Lhomme (je crois que, quoiqu’il en coûte à certains on pu reconnaître le travail de Stéphane tout en critiquant son attitude de ces derniers mois et, si je fais état d’une partie des critiques entendues, sa tendance à prendre tout seul les décisions au nom du réseau), renouvelle sa confiance aux salariés, et poursuit le processus de refondation qui a commencé à se développer.

Elle a aussi une responsabilité : face à la situation actuelle, le réseau a un rôle historique à jouer, il ne peut pas courir le risque d’apparaître comme divisé quand la porte étroite de l’histoire est entrebaillée…

 

Michel Boccara, le 16 mars 2011