Message du groupe Sortir du Nucléaire Lot

Ça vous gratouille ou ça vous chatouille ?

Nous avons eu plusieurs retours à la suggestion émise il y a quelques jours par notre groupe pour proposer une alternative au réseau SDN, et vous en remercions. Ces retours nous permettent d‘éclairer les insuffisances, sans doute la naïveté, mais aussi, et nous le soulignons ici, la pertinence de notre proposition dans les circonstances actuelles. Nous profitons de ces éclairages pour proposer une réponse générale.

Nous avons observé les clivages et les positions des uns et des autres, pu lire et apprécier les contributions des groupes et constater les maigres réponses au questionnaire proposé par la direction provisoire du réseau, et nous en avons déduit quelques enseignements.

Concernant la consultation sur la refondation du réseau :

Force est de constater que la consultation des groupes lancée par le réseau, pour valider les six ‘chantiers’, objet même de l’AG de refondation’, a fait flop : 23 réponses seulement à un questionnaire qui aurait dû servir de base pour que les groupes puissent donner leur avis. 23 réponses sur les 879 associations dont se prévaut le réseau. C’est un désaveu.

Les groupes attendaient sans doute de pouvoir être force de proposition plutôt que de valider une feuille de route. La crise au sein du réseau a fait à chacun se poser des questions fondamentales que le processus « de refondation » semble vouloir éluder, jusque dans sa consultation des groupes. Nous n’avons pas répondu à cette consultation, parce que, croyions nous, nous ne nous y retrouvions pas. Après réflexion, c’est parce que cette consultation ne propose la réflexion qu’à partir d’un socle présenté comme inaliénable et définitif, et qu’on ne pouvait y répondre qu’en validant de fait ce socle. Comme si on nous proposait d’améliorer l’existant en écartant bien l’idée de pouvoir le transformer. Demander par exemple de préciser le rôle du ‘directeur’ revient à valider son poste. Nous ne pouvons voir dans le peu de retours au questionnaire qu’une réponse massive de désapprobation. Les questions qui se posent au réseau actuel ne sont pas d’ordre organisationnel, mais bien politique. Pouvons-nous être le ferment d'une nouvelle gauche antinucléaire, anti-progressiste, anti-productiviste et, pour proposer un terme positif car on ne peut se définir uniquement dans la négation, osons le mot : ludique ! Le jeu contre le travail !

Nous pensons que cette consultation, comme le dessein de la prochaine AG, n’ont pas laissé la place aux réformes de fond nécessaires au réseau, qu’il ne suffit pas de simplement peindre en vert comme nous le propose la gouvernance actuelle. Il y a des préalables qui ne se négocient pas : le retrait de la signature à l’Ultimatum climatique, la réintégration de Stéphane Lhomme à sa fonction et le retrait de la plainte en justice contre des militants antinucléaires – encore que pour cette dernière, elle n’ait aucun effet, puisque le Parquet seul peut en décider.

La proposition de feuille de route de l’AG fait fi de ces revendications. Le CA se représente dans son ensemble (sauf un) et, si nous ne réagissons pas, sera vraisemblablement reconduit, entérinant de fait les fautes graves commises par ce même CA. Aucun des administrateurs qui se présente ne se justifie de ses prises de décision dans la crise. Si ce CA est réélu, le réseau pourra toujours continuer à porter la parole antinucléaire ‘officielle’, reconnue des médias, en se prévalant toujours d’être une fédération de 879 associations. Évidemment le nombre d’adhérents aura baissé, mais ce n’est pas ce chiffre qui est, et sera mis en avant.

Concernant les réactions à notre proposition :

Nous avons noté deux tendances dans la réaction à la crise : ceux qui pensent que la structure est dévoyée, pourrie, et qu’il n’y a plus rien à faire avec un réseau corrompu et discrédité ; et ceux qui attendent toujours, avec bonne foi, que l’AG remette le réseau en droite ligne. Pour répondre aux premiers, la structure n’est faite que de l’apport des groupes et adhérents, et si la tyrannie s’installe, il n’est que du devoir du 'peuple' de refuser la soumission dans lequel on les maintient. Pour les seconds, il ne peut y avoir de changement, on le voit du dossier bien léché qu’on nous demande de valider à l’AG, que si émerge une alternative à la proposition de CA bouclée.

Deux scénarios donc se profilent :

- l’éclatement du réseau en deux, le réseau 'brousse' et le ‘canal historique’ qui continuera la lutte antinucléaire de terrain. Le réseau, moins dangereux, gagnera en visibilité ; les ultras en radicalité.

- la reprise en main du réseau par son fondement : les groupes qui seuls peuvent faire valoir leurs droits.

Par principe, il nous semble impérieux de tout faire pour que la lutte antinucléaire ne soit pas récupérée et confisquée par un acte factieux et pensons que la division ferait naître une confusion et un découragement qui nuirait à long terme au combat qui est le nôtre et à son urgente légitimité. Les choses sont compliquées certes, mais il faut que chacun bouge si on veut agir. Ou alors se résigner à sortir du réseau et à construire autre chose, ce qui ne peut être envisagé que si on a essayé autre chose avant – même si nous comprenons que certains pensent avoir déjà essayé en vain. Ce n'est pas sûr que tout le monde ait bien perçu la réalité de la crise, il faut se plonger dedans pour la comprendre...

Nous pensons qu'il est encore possible d'appliquer le plan A, à savoir, mettre en échec l'immobilisme et proposer un véritable changement qui consiste à revenir aux fondamentaux : la lutte antinucléaire qui s'appuie d'abord sur les groupes antinucléaires qui constituent le réseau. De ce point de vue, nous devons apparaître comme une force médiatrice, émanant de la base... et garder notre calme sans rien céder sur les principes. Si le plan A échoue, il sera toujours temps d'appliquer le plan B, recentrer la lutte antinucléaire à partir du terrain, voire construire un réseau alternatif s'appuyant sur ces principes fondamentaux, que nous considérerons comme le véritable réseau.

Mais cela ne peut pas se décréter à l'avance, c'est-à-dire, notamment, avant l'AG de ce week-end.

Les seuls combats qu'on perd sont ceux qu'on abandonne !

Pour le groupe SDN Lot

Michel Lablanquie et Michel Boccara
le 16 juin 2010.