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L’uranium se fait la male !

par Jean-Luc PORQUET, Le Canard Enchaîné, le 26 juin 2024

Ça tombe mal, alors chut !... Juste au moment où Macron surenchérit sur le nucléaire en ajoutant dans son « programme de gouvernement » huit nouveaux réacteurs aux six déjà programmés et où le RN, lui, persiste dans ses folles promesses d'en construire 20 nouveaux d'ici à 2050, voilà que, patatras ! le Niger fiche à la porte notre champion national Orano. Petit rappel : pour faire tourner un réacteur, il faut de l’uranium. Depuis qu'elle a fini d'exploiter, voilà vingt ans, ses nombreux mais maigres gisements, la France dépend entièrement de ses importations. Le site d'Imouraren, un des plus importants gisements d'uranium du monde, lui est désormais interdit. Orano y a pourtant investi 1 milliard d'euros en vingt ans mais a tellement tardé à exploiter le site, toujours pas ouvert alors qu'il devait l'être en 2011, que la junte nigérienne a dit stop. Pulvériser les délais : une spécialité franco-française... Notre multinationale atomique tente de rassurer en disant que ce camouflet « n'est pas de nature à mettre le système en péril », vu que la France s'approvisionne principalement dans trois autres pays. Lesquels ? Certes, il y a le Canada... mais les deux autres sont la Russie et le Kazakhstan, lequel est sous influence russe. En clair : Poutine a désormais la main sur une bonne partie de notre approvisionnement en uranium. C'est le moment de proclamer partout que le nucléaire est une solution magique 100 % tricolore...

Autre nouvelle désopilante : dans un récent avis (10/6), l'IRSN, l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire, note que la poubelle atomique prévue à Bure, où devraient être enfouis pour cent mille ans les déchets les plus dangereux, s'avérerait trop petite si on construisait vraiment les six premiers EPR promis par Macron. Son réseau de galeries souterraines, prévu pour être aussi étendu que celui du métro parisien, devrait être allongé. Et, si on ajoute d'autres EPR, il faudra sans doute créer une deuxième poubelle. Où ça ? Marine Le Pen sera heureuse de l'accueillir dans son fief d'Hénin-Beaumont !

Dernier gag en la matière : la parution d'un rapport de Global Chance sur l’EPR de Flamanville. Ce réacteur, dont la construction a battu tous les records de retard et dont le coût a pulvérisé tous les devis (20 milliards, soit six fois plus que le devis initial), a reçu en mai son autorisation de mise en service. Il est actuellement en train d'être chargé en uranium. Michel Labrousse et Bernard Laponche, les experts de Global Chance, montrent que la partie n'est pas gagnée pour autant, vu qu'il y a des problèmes graves et persistants (corrosion, soupape, pilotage, etc.), des problèmes sérieux dont les solutions sont risquées (vibrations, acier de la cuve, etc.) et des problèmes sérieux avec solutions à surveiller (soudures, diesels de secours, etc.). On comprend que, dans le programme du Nouveau Front populaire, il n'y ait pas un mot sur l’avenir du nucléaire - lequel fournit quand même les deux tiers de l’électricité française. Vu que tous s'écharpent sur le sujet, mieux vaut se taire !


Passe moi le Sahel

par J.-F. J., « Le Sahel, une chance pour nos factures ? », Le Canard Enchaîné, le 26 juin 2024

Coup dur pour l'image de la France : Orano, notre champion du combustible nucléaire, s'est fait chasser du Niger. Son permis d'exploitation de la mine d'lmouraren (naguère la plus grande mine d'uranium du monde) lui a été retiré, le 20 juin, par la sympathique junte militaire au pouvoir. Qui pourrait en faire profiter les non moins sympathiques régimes russe et iranien.

Vexant pour l'honneur national. Mais pas si surprenant, après des décennies d'un « partenariat » franco-nigérien tout sauf équitable. Ainsi, en 1974, le président Hamani Diori tente, le premier, de relever le prix (très bas) de l'uranium payé par le Commissariat à l'énergie atomique français pour du minerai produit dans d'autres mines nigériennes. Mais un putsch renverse Diori, et les militaires qui le remplacent se révèlent moins exigeants. Il faut attendre 2006 pour que le Niger tente de nouveau de faire payer le kilo d'uranium au juste prix. Areva (ancêtre d'Orano) l'achète alors une cinquantaine de dollars, quand il se négocie trois fois plus cher sur les marchés internationaux !

 

Areva va consentir à un doublement du tarif, mais le président Mamadou Tandja veut vendre la mine d'Imouraren aux Chinois. Il guigne aussi un troisième mandat présidentiel, alors que la Constitution le limite à deux... Un voyage express de Nicolas Sarkozy à Niamey (2010) en forme de soutien aux ambitions électorales de son collègue convaincra Tandja de laisser la mine à Areva, moyennant 800 millions d'euros.

Le groupe français n'en fera rien et, malgré 1 milliard d'investissements, n'en extraira pas un gramme d'uranium. Dans les mines d'Arlit, les Français continuent de se fournir à des coûts bien plus avantageux qu'au Kazakhstan ou au Canada, autres gros producteurs. Et voilà comment l'un des pays les plus pauvres du monde a aidé (et aide) les Français à réduire leur facture d'électricité...

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