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CONTAMINATION
AU PLUTONIUM À GRAMAT ?


DE L'URANIUM PAS SI "APPAUVRI" QUE ÇA

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ATHÉNA

Installation du Centre d'études
de Gramat pour étudier les performances à des vitesses supérieures à 2.500 m/s des projectiles à l'uranium appauvri
sur des cibles également
à l'uranium appauvri.

Infos DGA n° 49, oct. 1992, p.14




Des munitions hautement radioactives

L’UNEP (Programme des Nations unies pour l'environnement, organisme dépendant de l'ONU) a reconnu que des traces d’U236 et de plutonium ont été trouvées dans des pénétrateurs à l’UA utilisés par l’OTAN au Kosovo.

Ce fait a été confirmé par l’amiral Craig Quigley, porte-parole du Pentagone, le 23 janvier 2001 : « Les traces de plutonium 239/240 et d’uranium 236 hautement radioactif décelées dans les munitions à l’uranium - tirées au cours des conflits en Bosnie et au Kosovo proviennent de la contamination des usines américaines qui ont fabriqué cet uranium appauvri ». Cet UA provient de l’usine de Paducah, Kentucky, contaminée « durant les années cinquante jusque dans les années 70 » par de l’uranium de retraitement.

La France dispose d'une grande quantité d'uranium dit « appauvri », puisque le processus d'enrichissement de l'uranium consiste à augmenter la proportion en U 235 fissible - en plus ou moins grande quantité selon qu'il serve de combustible pour les centrales nucléaires ou de « matière noble » pour les bombes atomiques. Ce processus laisse donc en rebut une très grande quantité d'uranium - que l'on dit « appauvri ». Mais on appelle également « uranium appauvri » le combustible usé issu du retraitement. Cet UA-là est contaminé par les nombreux radio-élements produits au cours de la fission dans le réacteur, dont le Pu 239/240 et l'U 236.

Or c’est auprès de la société américaine Nuclear Metals, Inc (aujourd’hui Starmet) que la France s’est fournie en uranium appauvri, via les sociétés CERCA et SICN pour usiner ses obus flèches.

Il en résulte que les obus fabriqués par la France sont également contaminés par du plutonium, de l’uranium 236 et d’autres radioéléments. Cette contamination a été soulignée par la Mission Parlementaire d’Information mise en place en 2001 sur les conditions d'engagement des militaires français ayant pu les exposer, au cours de la guerre du Golfe et des opérations conduites ultérieurement dans les Balkans, à des risques sanitaires spécifiques, qui a obtenu, auprès des laboratoires militaires qui ont analysé ces obus, l’évidence de la présence d’U236.

Le ministère de la défense reconnait cette contamination dans un dossier depuis retiré de son site. Le lien original ne fonctionne plus, mais vous pouvez le retrouver en copie ici : L’UA  : aspects techniques et utilisation militaire. Présence d’isotopes mineurs de l’uranium, de transuraniens ou de produits de fission. "Ces éléments résultent de l’efficacité ou de la pollution des cascades d’enrichissement. Ils peuvent donc constituer des marqueurs permettant de tracer l’origine de la matière. A titre d’exemple, la présence de traces d’uranium 236, voire de traces de plutonium, peut désigner des unités de fabrication de l’uranium métal où a transité de l’uranium de retraitement de combustibles venant de réacteurs nucléaires. En pratique, l’origine de la matière peut être difficile à déterminer, plusieurs scénarios pouvant conduire à une même composition isotopique".

 



Bruno Barrillot, de l'Observatoire des armes nucléaires françaises, dénonce cette contamination, ansi que la potentielle utilisation de béryllium dans ce type d'armes. Leur conclusion est claire (cf. leur communiqué): « ... les usines de production des flèches à l'uranium appauvri (SICN Annecy et CERCA Romans) ainsi que les sites d'expérimentation des munitions à l'uranium appauvri de Gramat (Lot) et Bourges (Cher) doivent faire l'objet d'une enquête approfondie. De plus, les munitions à l'uranium appauvri produites par la France doivent être démantelées, les flèches à l'uranium étant entreposées définitivement dans un site de déchets radioactifs sous contrôle de l'Agence nationale des déchets radioactifs. Enfin, les personnels civils et militaires ayant participé à la fabrication et aux essais des munitions à l'uranium appauvri doivent faire l'objet d'un suivi médical spécifique ».

La CRIIRAD, qui a procédé à des contrôles et prélévements à la SICN d'Annecy (Société industrielle de combustible nucléaire, spécialisée dans la métallurgie et l'usinage de l'uranium), interrogeait quand à elle le Ministre de la défense, Alain Richard, sur la présence dans les munitions à l'uranium appauvri des isotopes artificiels de l’uranium (232, 236...), transuraniens (isotopes du neptunium, du plutonium,de l’américium), et produits de fission (technétium 99, ruthénium 106…).


Gramatomique


À Gramat, deux sites ont servi à l'expérimentation des projectiles à l'uranium appauvri pour le compte de pays de l'OTAN. ATHÉNA, mis en service en 1992, canon qui propulse sous vide d'air les pointes flèches à l'UA à des vitesses supérieures à 2.500 m/s, et simule ainsi les conditions cynétiques réelles de l'usage ces munitions, la plupart du temps sur des cibles elles-aussi à l'uranium appauvri. Le STU (site de tir à uranium), mis en fonction en novembre 1987, situé en terrain karstique, au-dessus du gouffre de Bèdes où coule la rivière souterraine des Vitarelles, parcours immergé de l’Ouysse qui alimente en eau potable de nombreuses de communes. Le CEA/Gramat avait avoué un tir raté en 1991. Pendant des années les résidus de ce tir raté étaient restés entreposés à l'air libre, et on ne sait au juste où ils ont été évacués.

Qu'en est-il donc à Gramat des obus et blindages utilisés pour les expériences de tirs du Centre militaire ? Étaient-ils eux aussi contaminés avec de l'U236 et du plutonium ? Les munitions utilisées ont été volatalisées au moment des impact et les aérosols ainsi produits ont contaminé des tonnes de matériaux. Le CEG a-t-il tout déclaré dans ses déclarations des entreposages de matériaux radioactifs ?

Les inventaires de l’Andra présentent ces matériaux. Parmi les déchets sur le site, en avril 1998, on trouvait 758 kg de plaques et cylindres et 40 kg de "projectiles récupérés après tir et coups non tirés," contaminés à l’uranium appauvri [Andra 98]. L’inventaire 2000 de l’Andra fait mention de sources, de paratonnerres, et de déchets technologiques (5 GBq) et déchets de laboratoire (9 MBq), les deux derniers contaminés à l’uranium appauvri. Socatri à Bollène a traité et en 2000 entreposait 32 t de déchets solides TFA et 295,2 t d’aciers TFA pour le compte du Centre de Gramat. Les 32 t de déchets, conditionnés en fûts, étaient en attente d’expédition à l’Andra. L’exutoire pour les aciers était à l’étude [Andra 00]. Voir les inventaires suivants (cf. fiches 2003 / 2005 / 2008).


 


FR3, ouverture de l'édition Midi-Pyrénées du 19/20, 8 août 2015


La population est en droit de se poser des questions…

Si à Gramat les tirs, en tout cas à partir d'une certaine époque, ont été effectués avec un certain nombre de précautions (dome de confinement, filtrage des poussières...), il n'en est rien sur les lieux de conflits (Bosnie, Irak, Yougoslavie, Palestine...) où ce type d'armes a été utilisée, en plein air, et à la merci des autochtones, leurs enfants, petits enfants et générations futures, qui profiteront longtemps des poussières tératogènes de ce métal contre nature, qui stagnent près des chars détruits et calcinés (terrain de jeu idéal pour les enfants), se déposent au gré du vent (nous avons nous aussi notre dose), et peuvent penétrer dans le corps à la faveur de blessures, finir inhalés avec l'air du temps ou être ingérés avec la nourriture.

Le plutonium, ce n'est pas du chocolat !

Cette contamination radioactive viendra se rajouter au fond ambiant, déjà pollué par les plus de 1.000 essais atomiques mondiaux, à laquelle la France a largement contribué (et dont le CEG de Gramat a été acteur), et les multiples et inévitables accidents "civils" de nos centrales nucléaire (qui libèrent aussi leur dose en fonctionnement "normal"). La moindre micropoussière de plutonium dans le corps entraîne la mort.

Les effets de la radioactivité accroissant de manière exponentielle lorsqu'on s'approche de la source de rayonnement, celle-ci est donc infiniment plus dangereuse quand une particule se fixe dans le corps. Cet effet de proximité est nié par les instances onusiennes, coupables d'un incroyable déni au service de l'industrie atomique civile et militaire : l'OPS, Organisation mondiale de la santé, est liée à son organisme de tutelle, l'AIEA, Agence internationale de l'énergie nucléaire. Ainsi l'effet des faibles doses ingérées est-il nié de manière officielle - et c'est sur ce dogme perverti que se fonde les décisions de nos responsables politiques.

La France, qui possède des armes à l'uranium appauvri, n’envisage pas d’en interdire l’usage, et pousse au contraire à les développer. La France, en effet, avec les États-Unis, le Royaume-Uni et Israël, a fait barrage en octobre 2013 à une résolution de l’ONU, soutenue par 143 pays, visant à règlementer l’usage d’armes et de munitions contenant de l’uranium appauvri. Une même résolution avait été rejetée par six pays (France, Royaume-Uni, États-Unis, République tchèque, Pays-Bas et Israël) en novembre 2007. L'OTAN avait préalablement, dès 2001, pris les mêmes positions, dénoncées par l'ancien ministre de la défense Paul Quilès, en rejetant le moratoire proposé par l'Italie pour l'interdiction des armes à l'uranium appauvri.

Pourtant, l’utilisation militaire de l’uranium appauvri viole la Législation Internationale Humanitaire actuelle, incluant les principes qu’il n’y a pas de Droit illimité au choix des moyens et méthodes de guerre (Art.22 Convention VI de LA HAYE-HCIV; Art.35 du Protocole Additionnel de GENEVE-GP1), l’interdiction de causer d’inutiles souffrances et des blessures superflues (Art.23&HCIV, Art.35&2GP1), la guerre aveugle (Art.51&4C et 5bGP1), aussi bien que l’utilisation de poison ou d’armes empoisonnées.

Le déploiement et l’utilisation de l’uranium « appauvri » dans les armes violent les principes de protection des Droits Internationaux Humains et Environnementaux. Ils contredisent le Droit à la vie établi par la résolution 1996/16 du Sous-Comité à l’ONU des Droits Humains.

Face à toutes les évidences et les preuves, la France reste "droit dans ses bottes", et faisait valoir en juin 2013 la position officielle de l'État (jamais remise en question depuis cette date) par son porte-voix officiel, le ministère de la défense, qui se réfugie derrière les évaluations conduites par les organisations internationales "compétentes" : Organisation mondiale de la santé, Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE), Agence internationale de l'énergie atomique, Organisation du traité de l'Atlantique Nord.: "... Aucun de ces travaux n'a mis scientifiquement en évidence une quelconque dangerosité liée à la présence d'uranium dans ces armes. En effet, l'uranium appauvri utilisé pour la fabrication des munitions étant très peu rayonnant, et sa concentration extrêmement faible, le risque de pollution du champ de bataille apparaît minime. (...) Il n'appartient pas à la France de se prononcer quant à l'éventuelle utilisation par l'un de ses alliés de ces munitions dont l'emploi n'est interdit ou limité par aucun instrument du droit international, y compris humanitaire."

La doctine est claire.


Dormez donc tranquille à Gramat et ses alentours, même si plus d'un millier de tirs d'obus à l'uranium appauvri y ont été effectués pour étudier les performances de ces obus et leur impact sur des blidages eux-aussi à l'uranium appauvri... : circulez, il n'y a rien à voir.



 


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URANIUM APPAUVRI
CRIME CONTRE L'HUMANITÉ
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Le groupe “Sortir du nucléaire Lot” et l’association “Gramat Information Citoyenne” organisaient le vendredi 23 avril 2010 à Gramat, pour le 24e anniversaire de la catastrophe de Tchernobyl, une rencontre-débat avec Alain Acariès, secrétaire général d’Avigolfe.


Uranium appauvri, crime contre l'humanité

 


« On se retrouvera, je ne sais pas où, je ne sais pas quand, mais je sais qu’on se retrouvera ».
Docteur Folamour, ou comment j'ai appris à aimer la bombe et à ne plus m'en faire,
Stanley Kubrick, 1964.

 

Maintien de la Paix durable


Rien n’aurait justifié l’engagement d’Alain Acariès si son fils Ludovic, militaire mobilisé six mois pour l’opération “Maintien de la Paix”, n’était pas décédé d’une “longue maladie” en 1997, quatre ans après son retour de Bosnie. Face au silence de la grande muette, qui ne veut avouer aucun lien entre la pathologie et le service de son fils, Alain Acariès se rapproche en 2001 de l’association Avigolfe qui regroupe les victimes civiles et militaires des guerres du Golfe et des Balkans (Bosnie puis Kosovo) – au point d’en devenir en 2003 le secrétaire général.

C’est donc d’abord un père qui est venu à Gramat expliquer son combat à une quarantaine de personnes attentives, mais aussi un militant venu exposer la réalité de l’usage des armes à uranium appauvri. Ces armes sont bien connues ici, dans le Parc naturel des Causses du Quercy, puisque le Centre d’Études Atomique de Gramat étudie les performances des obus et munitions sur son site de tir à l’uranium (STU), mis en service en novembre 1987, ainsi que sur le site Athena, installé en 1992 pour étudier l’impact des projectiles UA sur des cibles à une vitesse supérieure à 2.500 m/s. Plus de 1.000 tirs ont ainsi été réalisés depuis au moins 1987 (en 1979, la France avait déjà importé, afin de les tester, une trentaine de projectiles à l’uranium appauvri fabriqués par les américains), et analysés sous de nombreux paramètres, pour le compte de la France, en coopération internationale, et d’autres pays dont l’Angleterre.

Il faut dire que l’UA recèle des intérêts propres à faire tourner la tête de nos chers docteurs Folamour. Les armes à uranium appauvri, popularisées comme “anti-bunker” et vendues comme “frappes chirurgicales”, tirent leur avantage de l’extrême densité du métal UA et de ses redoutables propriétés perforantes et incendiaires. Ses performances, et le fait qu’il soit si abondant et bon marché, confèrent à l’UA une ‘suprématie’ qui justifie son utilisation dans les obus et munitions… au prix d’un silence coupable sur ses ‘inconvénients' radioactifs et radiologiques.

(...)


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       Uranium appauvri dans le Lot et ailleurs
DOCUMENTS D'INFORMATIONS
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CENTRE D'ÉTUDES DE GRAMAT

L'URANIUM SENS DESSUS DESSOUS
Article de la revue Dire-Lot n° 87 (Mars-Avril 2001)

> voir le Fac-similé de l'article

 

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