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ARRÊTER LA GUERRE ET LA FOLIE NUCLÉARISTE


Ukraine : nucléaire,
catastrophes et chefs de guerre

par François VALLET (11 mars 2022)

 

La guerre déclarée à l’Ukraine par le chef de guerre Poutine, dans la nuit du 23 au 24 février 2022, nous rappelle à quel point la paix est une construction fragile, en particulier lorsque ses fondations ont été piégées par des ingrédients explosifs.

 

Parmi ceux-ci, il y a les installations nucléaires civiles qui, même à l’arrêt définitif, rendent extrêmement vulnérable tout pays qui en détient :

• elles peuvent devenir incontrôlables, particulièrement en situation de guerre ;

• ce sont des cibles très dangereuses ;

• ce sont aussi des instruments au service de l’influence géopolitique des pays détenteurs des technologies nucléaires, en concurrence entre eux et potentiellement fauteurs de guerre.

Sur ce dernier point il est important d’avoir en tête que les technologies nucléaires de base, qui permettent de construire et de faire fonctionner des centrales nucléaires, sont les mêmes que celles nécessaires pour construire et entretenir des armes atomiques.

La guerre en Ukraine détruit des vies et la sécurité du pays. C’est aussi une menace pour les populations civiles de toute l’Europe continentale. Elle nous oblige à examiner les causes et les conséquences possibles de cette vulnérabilité particulière que constitue la présence d’installations nucléaires sur le sol ukrainien, mais aussi dans d’autres pays d’Europe.

Les installations nucléaires en Ukraine sont à la fois des cibles, des objectifs militaires de l’armée russe et une menace pour l’ensemble de l’Europe continentale

Dans la nuit du 23 au 24 février 2022, près de 36 ans après le début de la catastrophe de Tchernobyl, le chef de guerre Poutine annonçait une attaque de grande ampleur contre son voisin ukrainien, en menaçant d’utiliser des armes nucléaires (1).

Le 24 février 2022, l’armée russe s’emparait de la zone contaminée de Tchernobyl, à une centaine de kilomètres au nord de Kiev, de sa centrale nucléaire aux 4 réacteurs définitivement arrêtés et de ses stockages de déchets radioactifs (dont les combustibles usés des réacteurs).

Le 27 février 2022, l’Ukraine annonçait qu’un stockage définitif de déchets radioactifs situé à Kiev avait été touché par des missiles.

Le 4 mars 2022, l’armée russe prenait le contrôle de la centrale nucléaire de Zaporijjia, la plus puissante d’Europe, avec ses 6 réacteurs de 950 MW.

Le 7 mars 2022, l’Ukraine indiquait à l’Agence internationale pour l’énergie atomique (AIEA) qu’une installation de recherche nucléaire produisant des radio-isotopes pour les applications médicales et industrielles avait été endommagée par les bombardements de la ville de Kharkiv. Le directeur général de l’AIEA, Rafael Grossi, s’en est ému à juste titre et indiquait alors : « Nous avons déjà assisté à plusieurs événements compromettant la sûreté sur les sites nucléaires ukrainiens (2). »

Le 9 mars 2022, le gestionnaire des réseaux électriques, Ukrenergo, annonçait que l'alimentation électrique de la centrale nucléaire de Tchernobyl et de ses équipements de sécurité était « complètement » coupée – cela en raison d'actions militaires russes. L'offensive étant en cours, « il n'y a pas de possibilité de rétablir les lignes », précisait-il.

Le directeur général émérite de l’AIEA et Prix Nobel de la paix Mohamed El-Baradei, dans un article publié le 7 mars 2022, détaillait quant à lui le long processus qui a conduit au retour de la menace nucléaire et ce qu’il faudrait faire pour la supprimer, notamment : « lancer des négociations sur l’arrêt de la production de matières fissiles, afin d’interdire la constitution de nouveaux stocks d’uranium et de plutonium enrichis pour les armes nucléaires (3) ».

À ce jour, nul ne peut dire comment pourrait évoluer cette guerre et quelles en seront les conséquences pour le peuple ukrainien, mais aussi pour toute la population du continent européen.

Il est possible qu’en matière de nucléaire le seul objectif de l’armée russe soit de prendre le contrôle des installations de l’Ukraine à la place de ses dirigeants.

Mais, dans l’escalade de la guerre, il n’est pas exclu que des réacteurs nucléaires et des dépôts de matières radioactives soient bombardés intentionnellement, par l’une ou l’autre partie au conflit. Des lignes de transport d’électricité pourraient également être détruites alors qu’elles sont indispensables non seulement pour approvisionner en électricité le pays convoité, mais aussi pour assurer l’alimentation en eau et en énergie nécessaires au refroidissement des installations nucléaires en fonctionnement ou arrêtées. Enfin, les personnes qui pilotent, contrôlent et entretiennent ces installations pourraient être dans l’incapacité d’assurer correctement leurs tâches. Une nouvelle catastrophe nucléaire majeure affecterait alors durablement l’Europe.

Même sans intention de créer ce type de dégâts, des erreurs ou accidents sont toujours possibles, surtout en période de guerre.


La perte de contrôle, en temps de paix, de la centrale nucléaire de Tchernobyl a été un des facteurs de l’effondrement de l’URSS mais elle n'a pas mis fin à la folie nucléariste

Le 7 mars 2022, un communiqué de l’AIEA indiquait : « À Tchernobyl, le site de l’accident de 1986 sous le contrôle des forces russes depuis le 24 février, l’équipe actuelle de quelque 210 techniciens et gardes n’a toujours pas pu être relayée, a indiqué l’organisme de réglementation. (…) Autre évolution inquiétante, l’organisme de réglementation ukrainien a informé l’AIEA aujourd’hui qu’il était actuellement impossible de livrer des pièces de rechange ou des médicaments à la centrale nucléaire de Zaporijjia, un jour après que le pays a déclaré que la direction de la centrale était désormais sous les ordres du commandant des forces russes contrôlant le site. Il a ajouté que le personnel de la centrale pouvait toutefois se relayer. Le directeur général (de l’AIEA) a réaffirmé que le fait de soumettre le personnel d’exploitation à l’autorité du commandant des forces armées russes allait à l’encontre d’un des piliers indispensables de la sûreté nucléaire. »

Le 26 avril 1986 à Tchernobyl, au moins un des « piliers indispensables de la sûreté » s’était écroulé, provoquant l’explosion du réacteur n° 4. Mis en service en décembre 1983, il était presque neuf. L’emballement de la fission atomique, l’explosion d’hydrogène qui s’ensuivit et fit basculer la dalle de béton du bâtiment réacteur, l’incendie du graphite qu’il contenait, conduisaient alors au rejet et à la dispersion d’une très grande quantité de radionucléides à l’extérieur de la centrale, contaminant une partie de l’Ukraine, les territoires voisins de Biélorussie et de Russie, avec des retombées radioactives sur une grande partie de l’Europe mais aussi du monde entier.

La catastrophe de Tchernobyl est une des causes de l’effondrement de l’URSS en 1991 et ensuite de la récession démographique et économique de l’Ukraine.

Entre 1986 et 2020, la population de l’Ukraine a diminué de près de 14 %, le produit intérieur brut par habitant (en dollars constants) de près de 23 %, la production d’énergie primaire s’est réduite de près de 55 %, celle d’électricité de 40 % et la consommation finale d’énergie a baissé de 67 % (4).

Malgré la récession économique sévère et bien qu’elle ait d’importants gisements de charbon, de pétrole et de gaz (conventionnel ou de schiste), l’Ukraine a continué de miser sur le nucléaire. Les 3 réacteurs de Tchernobyl encore en état de fonctionner ont continué à produire de l’électricité pendant plusieurs années. Il fallut attendre décembre 2000 pour que le dernier des réacteurs soit définitivement arrêté. L’exploitation des 6 réacteurs en service en 1986, dans 3 autres centrales nucléaires en Ukraine, a continué. Et 9 autres réacteurs ont été mis en service entre mars 1987 et avril 2006, tous de conception soviétique (de type à eau pressurisée VVER, dérivé des réacteurs de propulsion de sous-marins nucléaires). Quelques constructions et projets de réacteurs ont toutefois été abandonnés.

Juste avant l’explosion de son réacteur n° 4, la centrale nucléaire de Tchernobyl comptait 4 réacteurs en fonctionnement. Il y en avait aussi 2 en construction et 6 en projet sur le même site. Ces réacteurs avaient été conçus pour produire du plutonium destiné à la fabrication de bombes atomiques et accessoirement de l’électricité (comme les réacteurs de la filière UNGG française). Au moment de la décision d’engager la construction de centrales atomiques, en 1954, l’URSS n’en avait aucun besoin pour assurer son approvisionnement en électricité. Elle disposait de suffisamment de réserves d’hydrocarbures et de nombreuses ressources hydroélectriques installées ou potentielles. À la fin des années 1950, un des pères de la bombe atomique soviétique, l’académicien Igor Kourtchatov, souligna dans un discours lors d’une réunion au Kremlin qu’à court et moyen termes l’utilisation de l’énergie nucléaire ne présentait guère d’avantages. Il déclara : « Pendant une trentaine d’années, ce ne sera qu’une expérience coûteuse (5). » La catastrophe de Tchernobyl lui a malheureusement donné raison et celle de Fukushima l’a confirmé. Le nucléaire est une expérience extrêmement coûteuse et même fatale pour un nombre incalculable de personnes. Mais de tout cela les chefs de guerre se moquent.


Les dirigeants de pays détenteurs des technologies permettant de construire à la fois
des armes atomiques et des centrales nucléaires se prennent pour les maîtres du monde

Il y a trois technologies fondamentales qui permettent de fabriquer et d’utiliser à la fois des armes atomiques et des centrales nucléaires :

  • l’enrichissement de l’uranium, pour la fabrication de bombes ou de « combustibles » de réacteurs,

  • le réacteur nucléaire à fission, pour la production de plutonium et d’électricité, mais aussi de propulsion
    de sous-marins, porte-avions et navires de guerre divers,

  • l’extraction du plutonium pour la fabrication de bombes ou de nouveaux « combustibles ».

 

Très peu d’États détiennent l’ensemble de ces technologies et les exploitent. Les dirigeants de ceux qui le font se prennent pour les maîtres du monde, ou d’une partie du monde.

Les dirigeants de l’URSS étaient de ceux-là, ce qui n’a pas empêché l’empire soviétique de disparaître.

Après son effondrement en 1991, l’Ukraine devenait la troisième puissance mondiale en nombre d’ogives nucléaires. Celles-ci furent ensuite transférées à la Russie, dans le cadre d’un accord du 5 décembre 1994 – les trois « mémorandums de Budapest » identiques signés avec les États-Unis, le Royaume-Uni et la Russie respectivement par l'Ukraine, la Biélorussie et le Kazakhstan – qui devait apporter des garanties d'intégrité territoriale et de sécurité à chacune des trois anciennes Républiques socialistes soviétiques en échange de leur ratification du traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) et de l'achèvement du transfert de leurs arsenaux nucléaires à la Russie.

En contrepartie de la ratification du TNP par ces trois pays, les États-Unis, le Royaume-Uni et la Russie s’engageaient concrètement à :

1. respecter l'indépendance et la souveraineté ukrainienne dans ses frontières actuelles ;

2. s'abstenir de toute menace ou usage de la force contre l'Ukraine ;

3. s'abstenir d'utiliser la pression économique sur l'Ukraine en vue d'influencer sa politique ;

4. demander l'aval du Conseil de sécurité des Nations unies si des armes nucléaires étaient utilisées contre l'Ukraine ;

5. s'abstenir d'utiliser des armes nucléaires contre l'Ukraine ;

6. consulter les autres parties prenantes si des questions se posaient au sujet de ces engagements.


Les dirigeants des États-Unis, du Royaume-Uni et de la Russie pensaient être alors les seuls maîtres du monde ou de cette portion du monde qui s’appelle l’Europe.

Le 4 décembre 2009, jour d'expiration du traité Start de réduction des armes stratégiques, les États-Unis et la Russie publiaient une déclaration commune qui confirmait que les garanties de sécurité figurant dans les mémorandums de Budapest demeuraient valables au-delà de cette date.

Lors de l’annexion de la Crimée par le chef de guerre Poutine en 2014, l'Ukraine se référa à ce mémorandum pour rappeler à la Russie qu'elle s'était engagée à respecter les frontières ukrainiennes, et aux autres signataires qu'ils en étaient garants. Mais les chefs de guerre se moquent des engagements de leurs prédécesseurs.

Et il est probable que les dirigeants ukrainiens de l’ère post-soviétique aient à leur tour imaginé que les technologies nucléaires dont disposait leur pays lui permettraient, le moment venu, de redevenir une « puissance nucléaire ». Il suffit en effet de disposer d’un réacteur nucléaire et de « combustible » neuf utilisé de manière adéquate pour produire du plutonium. Et c’est sans doute la raison pour laquelle ils se sont enfermés dans la folie nucléariste.

Les centrales nucléaires en Ukraine n’assurent pas son indépendance énergétique
mais la rendent dépendante des « maîtres du monde » en temps de paix
et plus encore en temps de guerre

Entre 1990 et 2019 la part du nucléaire dans la production d’électricité de l’Ukraine a pratiquement doublé, pour atteindre 53,8 %. Mais l'électricité ne représentant que 20,2 % des consommations finales d’énergie, le nucléaire n’a contribué en 2019 qu’à 10,9 % de l’approvisionnement énergétique du pays. Ainsi, malgré ses 15 réacteurs nucléaires, l'Ukraine dépend très majoritairement des énergies fossiles pour son approvisionnement en énergie primaire. En 2019, elles en ont fourni 75,5 %, le nucléaire 21,5 % et les renouvelables 3 %. L’Ukraine extrait du charbon, du pétrole et du gaz de son sous-sol mais en importe également de Russie et aussi d’autres pays (par exemple d'Afrique du Sud pour une partie du charbon). Et, bien que productrice d’uranium, elle dépend entièrement de la Russie et des États-Unis (via Westinghouse Suède) pour l’approvisionnement en « combustible » de ses 15 réacteurs nucléaires. Pour la plupart des autres activités nécessaires au fonctionnement de ses réacteurs nucléaires (mises à niveau et maintenance spécialisées, traitement des combustibles usés et gestion des déchets radioactifs dont ceux de Tchernobyl, etc.), elle est également dépendante techniquement et financièrement de la Russie, des États-Unis et de différents pays de l’Union européenne.

Sa relative indépendance énergétique, essentiellement due aux énergies fossiles extraites de son sous-sol, ne lui a pas permis de s’affranchir du joug géopolitique que les « grandes puissances » peuvent exercer du fait de la présence d’installations nucléaires sur son sol.

L’Ukraine s’est enfermée dans cette dépendance au nucléaire et aux organismes internationaux qui en font la promotion, en prolongeant l’exploitation des réacteurs existants au-delà de leur durée de vie de trente ans prévue à la conception. En effet, 12 des 15 réacteurs ukrainiens avaient été connectés au réseau dans les années 1980. Suite à la catastrophe de Fukushima en 2011, plusieurs ONG et institutions de pays européens avaient alerté sur le manque de sûreté des installations nucléaires ukrainiennes (6), sur les incidents graves à répétition et sur le « risque de connaître une catastrophe plus grave que Tchernobyl » (7). Un projet avait été élaboré avec l’aide de l’agence européenne pour l’énergie atomique (Euratom) et de la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD). Il avait pour objectif de contribuer à la mise en œuvre de 87 améliorations à apporter à chacun des 15 réacteurs nucléaires construits entre les années 1970 et 1980. Ces rénovations visaient à mettre en conformité les réacteurs avec les normes de sécurité internationales du moment. Le coût total du programme de mise à niveau de tous les réacteurs a été estimé à 1,45 milliard d'euros. La BERD et Euratom y ont contribué à hauteur de 300 millions d'euros chacun.

Au moment de l’annonce de l’accord de prêt en 2013 par la BERD, le projet avait été largement critiqué. C'était le plus grand prêt jamais accordé par la banque publique d'investissement dans le domaine de la sécurité nucléaire. La BERD avait gardé secrets les détails de l’accord, mais un document a fuité et révélé qu'un doublement du prix de l'électricité était prévu, passant de 27,1 kopecks à 54,4 kopecks par kWh entre 2012 et 2020 (8). L'une des conditions du prêt était que les tarifs soient augmentés afin d'« assurer un recouvrement des coûts ». Le document révélait également que la BERD attendait un bénéfice de 30 millions d'euros sur le prêt pour les six prochaines années.

En 2014, des groupes écologistes avaient critiqué la BERD pour son absence d'investissement dans les énergies renouvelables ou l'efficacité énergétique. Jan Haverkamp de Greenpeace avait alors déclaré qu’investir dans l’éolien et le solaire « serait plus logique et plus rentable que de maintenir une dépendance vis-à-vis de la technologie nucléaire, qui est obsolète ».

Les « voix du nucléaire » ont entraîné l’Ukraine dans une voie sans issue et elle ne s’en sortira pas seule

L’Ukraine s’est aussi enfermée dans des projets de construction de nouveaux réacteurs et installations nucléaires entièrement soumis au bon vouloir soit de la Russie, soit des États-Unis. Ainsi, en juillet 2014, le nouveau gouvernement ukrainien écartait la compagnie russe Rosatom du projet de construction des réacteurs 3 et 4 à Khmelnytskyï, qu’il entendait réserver à des entreprises occidentales. La construction d’une usine d’assemblage de « combustible nucléaire » était aussi suspendue. Le gouvernement était aussi prêt à céder à un investisseur étranger 40 % de la compagnie nationale Energoatom, qui exploite les 15 réacteurs nucléaires du pays. En août 2016, l'agence de presse ukrainienne Interfax annonçait que le gouvernement ukrainien venait de conclure un accord avec Westinghouse, une entreprise américaine spécialisée dans le nucléaire. Elle devait construire une usine de production de combustible nucléaire en Ukraine. Cette annonce avait été faite lors d'une conférence de presse par le ministre ukrainien de l'Industrie et du Charbon, Ihor Nasalyk. Il avait précisé que l’objectif de cet accord était de réduire la dépendance énergétique de l’Ukraine vis-à-vis de la Russie.

En 2021, la société Westinghouse a été engagée pour terminer la construction d'un nouveau réacteur à Khmelnitskyï en utilisant des composants d'un projet de réacteur nucléaire américain avorté. Westinghouse avait également un accord pour construire 4 réacteurs AP1000 sur des sites établis.

Mais ces projets sont de fait remis en cause par la nouvelle situation géopolitique.

La guerre froide entre les États-Unis et l’URSS a dégénéré, après l’effondrement de l’Union soviétique, en « guerres chaudes » (Irak, Afghanistan, Syrie, Ukraine, etc.) fomentées par les « maîtres du monde ». Le nucléaire militaro-civil en est une des composantes essentielles. La Russie, les États-Unis et, dans une moindre mesure, la France en sont les principaux protagonistes. Eux seuls détiennent les clefs pour arrêter la guerre et pour stopper la folie nucléariste.

François Vallet – 11 mars 2022

 

5) - Lire à ce propos le livre de Galia Ackerman, Tchernobyl, retour sur un désastre :https://www.gallimard.fr/Catalogue/GALLIMARD/Folio/Folio-documents/Tchernobyl-retour-sur-un-desastre#

 

autres sources d’informations :

« Nuclear Power in Ukraine », World Nuclear Association :
https://world-nuclear.org/information-library/country-profiles/countries-t-z/ukraine.aspx

« L’Ukraine en quête de souveraineté énergétique - Sur le front de l’uranium », Le Monde diplomatique, mars 2015 : https://www.monde-diplomatique.fr/2015/03/GESLIN/52720

« Plus de trois décennies après Tchernobyl, la Russie joue crânement la carte nucléaire », The Conversation, 23 avril 2021 : https://theconversation.com/plus-de-trois-decennies-apres-tchernobyl-la-russie-joue-cranement-la-carte-nucleaire-159574

« Accords américano-ukrainiens pour de nouvelles capacités nucléaires », Revue générale nucléaire, SFEN, 7 septembre 2021 : https://new.sfen.org/rgn/accords-americano-ukrainiens-nouvelles-capacites-nucleaires

« Le risque d’une catastrophe nucléaire en Ukraine », par Bennett Ramberg, Project Syndicate, 14 février 2022 : https://www.project-syndicate.org/commentary/ukraine-nuclear-reactor-risk-by-bennett-ramberg-2022-02/french

« Des réacteurs nucléaires russes créent des tensions politiques en Bulgarie », Réseau EURACTIV, 21 février 2022 : https://www.euractiv.fr/section/lactu-en-capitales/news/des-reacteurs-nucleaires-russes-creent-des-tensions-politiques-en-bulgarie