« Ce que ne comprend pas celui qui ignore tout de l'écologie, c'est qu'il s'agit d'un système. Un système ! Un système qui maintient une certaine stabilité et qui peut être rompu par une seule erreur. Un système qui obéit à un ordre, à un processus d'écoulement d'un point à l'autre. Si quelque chose vient à interrompre cet écoulement, l'ordre est rompu. Et celui qui ignore l'écologie peut ne pas intervenir avant qu'il soit trop tard. C'est pour cela que la plus haute fonction de l'écologie est la compréhension des conséquences. »
Nucléaire caniculaire :
Déni de l'air, déni de l'eau ?
par François VALLET, le 28 août 2024
Le Grand Lyon vient de lancer sa convention citoyenne pour le climat, à partir du 13 septembre et jusqu’au mois de janvier 2025. Y sera-t-il question des conséquences, sur l’eau et sur le climat local, des centrales nucléaires du Bugey et de Saint-Alban, proches de l’agglomération au sens large ?
On constate en tout cas que les épisodes récurrents de canicules nécessitent d’arrêter plusieurs réacteurs nucléaires ou d’en réduire la puissance pour éviter la surchauffe du Rhône. C’est donc que leur fonctionnement a un impact significatif sur les milieux aquatiques et qu’au-delà de ceux-ci il peut aussi y avoir des impacts.
Plusieurs études récentes, réalisées et publiées par EDF, nécessitent qu’on s’y intéresse de près et qu’on les relie à l’observation de ce qu’il se passe, non seulement pour l’eau que boivent les habitants de l’agglomération mais aussi pour l’air qu’ils respirent et dans lequel ils vivent.
Ce texte - à lire après l'avoir téléchargé (ci-dessous) - a pour objectif d’alerter sur ces études, sur ce qu’elles mettent en évidence mais aussi sur ce qu’elles masquent.
Dirty Secrets of Nuclear Power
in an Era of Climate Change
par Doug BRUGGE et Aaron DATESMAN, 2004
À notre époque de changement climatique, le livre Dirty Secrets of Nuclear Power est une explication universitaire impérative de la raison pour laquelle l'énergie nucléaire n'est pas la réponse au réchauffement climatique.
Ce livre commence par expliquer soigneusement les mécanismes complexes du réchauffement climatique et la menace continue pour la vie biologique, et pourquoi certaines personnes pensent que l'énergie nucléaire sera la solution évidente à ce dilemme artificiel.
Il se plonge ensuite dans les antécédents médicaux et les tragédies humaines associées à l'ensemble du cycle du combustible nucléaire commençant par l'exploitation de l'uranium, aux émissions radioactives de routine des réacteurs nucléaires aux tragédies des effondrements, et à la menace associée de la guerre nucléaire imposée par l'énergie nucléaire. Parce que les pays peuvent fabriquer des armes nucléaires à partir de leurs déchets d'énergie nucléaire.
Il décrit ensuite la tragédie imposée aux générations futures à partir de millions de tonnes de déchets radioactifs cancérigènes est et polluera les chaînes d'eau et alimentaires pour le reste des fois, induisant ainsi des mutations génétiques obligatoires aléatoires.
Il fallait que l’étau se resserre sur notre « Mouvement climat ». Cette année, deux enquêtes contribuèrent à saisir l’influence des industriels et des milliardaires sur les Conférences des Parties (les COP), Le Grand sabotage climatique de Fabrice Nicolino (Les liens qui libèrent, 2023) et Fin du monde et petits fours d’Edourad Morena (La Découverte, 2023).
Un dernier coup de manivelle devait coincer leurs subsides aux associations françaises pour le climat. Notre affaire à tous, Oxfam, Réseau Action climat, Reclaim finance, Amis de la Terre, Alternatiba : toutes émargent auprès des mêmes philanthropes, investisseurs du climat ou évadés fiscaux. Quand elles ne sont pas subventionnées directement, les fonds transitent par l’European Climate Foundation, le lobby des industriels pour la « transition » dirigé par l’ancienne ambassadrice française pour le climat et organisatrice de la COP21, Laurence Tubiana.
Ce lien de subordination se traduit ensuite en tractations ou actions de désobéissance afin d’obtenir des chefs d’État et des industriels des « accords ambitieux ». Notre soumission à leur égard s’intensifie dès lors que nous réclamons des responsables du désastre qu’ils prennent soin de notre survie.
« Le schéma de représentation du monde que j’ai a déjà gagné. Le nucléaire a pris 15 points de soutien en dix ans. La seule question c’est : quel panachage entre nucléaire et renouvelable ? » Le constat est de Jean-Marc Jancovici, lobbyiste du climat et auteur de la célèbre BD Le Monde sans fin. Difficile de ne pas lui concéder que la question climatique a recouvert l’écologie, ni qu’elle passe désormais pour une affaire technique à résoudre techniquement.
Petite chronique de la Françatomique
Énergie nucléaire et climat, le grand mensonge
par François VALLET, blog Médiapart - le 20 décembre 2023
Prétendre que l'énergie nucléaire est une solution au réchauffement climatique, comme le font les gouvernements des États nucléaristes, l’industrie nucléaire et une large partie de ceux qui en vivent, est au mieux une grave erreur, au pire un grand mensonge.
Trois représentants d’États détenteurs d’armes atomiques (États-Unis, Angleterre, France) ont profité de la COP 28 pour tenter de sauver leurs industries nucléaires en perdition, attirant dans leur orbite une vingtaine de pays. Ainsi le président Macron n’a rien trouvé de mieux à proposer que de tripler la production mondiale d’énergie nucléaire d’ici 2050.
On se demande bien comment il compte faire alors que la Françatomique est empêtrée dans trois chantiers désastreux (l’EPR de Flamanville, le réacteur expérimental Iter et le réacteur de recherche Jules Horowitz) dont les malfaçons, les délais de construction et les coûts ne cessent d’augmenter. Les États-Unis et l’Angleterre ne font pas mieux pour leurs chantiers en cours. (...)
Nucléaire : une fausse solution pour le climat ? par Frédéric DURAND, Terrestres, le
16 février 2022
Cela fait quelques mois que l'atome a le vent en poupe, non seulement chez les partis politiques de droite et dans l'imaginaire présidentiel, mais aussi chez certain·es écolos. De leur point de vue, l'énergie nucléaire serait essentielle à la transition énergétique. Cet article revient sur les principales limites de cette technologie.
L'énergie nucléaire ne doit pas être incluse
dans la taxonomie européenne
La Commission Européenne, sous la pression du lobby nucléaire européen et du gouvernement français, prévoit d’inclure l’énergie nucléaire dans la « taxonomie verte » (classification des investissements considérés comme favorables aux objectifs environnementaux de l’Union Européenne).
Elle a envoyé un projet de texte aux États membres, le 31 décembre 2021 peu avant minuit, et publié un communiqué à ce sujet. (...)
Des experts indépendants, qui ont conseillé jusqu’à présent la Commission pour l’élaboration de la taxonomie, ont fait connaître le 21 décembre leur opposition à ce projet. Le règlement sur la taxonomie prévoit d’ailleurs que la « plateforme sur la finance durable » et le « groupe d'experts des États membres sur la finance durable » doivent être consultés avant l’adoption finale du texte par la Commission en janvier 2022. Ils ont jusqu'au 21 janvier pour apporter leurs contributions.
Nous, citoyennes et citoyens européens, refusons l’inclusion de l’énergie nucléaire dans la taxonomie verte. Car l’énergie nucléaire nuit considérablement à chacun des six objectifs environnementaux de l’Union Européenne : Atténuation du changement climatique, Adaptation au changement climatique, Utilisation soutenable de l’eau et des ressources marines, Économie circulaire, Prévention des pollutions, Écosystèmes en bonne santé. (...)
Il faut donc s’opposer fermement à l’inclusion du nucléaire dans la taxonomie verte européenne et dans toute politique à visée écologique.
« Pas de nucléaire dans la taxonomie verte européenne » à l'adresse de la présidente de la Commission Européenne et des Euro-députés (jusqu'au 31 mai 2022)
La construction de nouveaux réacteurs et la prolongation du fonctionnement de ceux qui existent, ne sont pas acceptables pour les dangers majeurs auxquels ils soumettent les populations européennes. Elles ne doivent pas être facilitées par de nouveaux avantages indus liés à l’inclusion du nucléaire dans la taxonomie verte européenne. Ce projet doit être abandonné par la Commission Européenne.
Le nucléaire pour sauver le climat ?Le croire est au mieux
une illusion techniciste, au pire une terrible hypocrisie.
Si la filière nucléaire tente plus que jamais de se repeindre en vert, cela n’a rien d’un souci sincère ou vertueux. C’est le fruit d’un choix stratégique et foncièrement politique. (...)
Face à l’incendie climatique, Emmanuel Macron préfère allumer des contre-feux et fait comprendre depuis des mois son intention de relancer l’industrie nucléaire. En faisant diversion avec le nucléaire, le gouvernement cherche à diviser les forces au sein même du mouvement social et du mouvement écologiste. Mais nous, associations, organisations, collectifs ne sommes pas dupes. Nous luttons pour le climat et contre le nucléaire parce que nous savons que cette technologie et le modèle qui l'accompagne n'est pas une solution valable pour faire face aux urgences climatiques, sociales et démocratiques. (...)
François Gemenne fait partie du GIEC, spécialiste des migrations, et il a co-réalisé un magnifique Atlas de l'anthropocène, nouvellement réédité (avec un travail époustouflant sur la cartographie)...
Extraits :
« [Avec l'Anthropocène] nous humains sommes devenus les premiers facteurs de transformation de la planète devant les forces sismiques et telluriques. (...) C'est une question qui soulève des débats politiques et sociologiques, certains il s'agit plutôt de Capitalocène ou d'Oliganthropocène, façon de souligner que les transformations que nous infligeons à la terre ne sont pas le fait de l'ensemble de l'humanité, mais bien d'une minorité. Et que la majorité des habitants de cette planète subit ces transformations bien plus qu'elle ne les actionne. »
Et de rappeler à la question de « Qui est responsable ? » :
- par pays : la Chine, puis les États-Unis, l'Inde, la Russie etc...
Mais certains disent que ce qu'il faut mettre en cause avant les pays, c'est le style de vie adopté par chacun de nous :
- par habitants : les habitants qui les plus responsables sont les Quataris, les Koweitiens, les Émiratis, les Sahoudiens, suivis des résidents des paradis fiscaux, ensuite bien après et à peu près à égalité, les Américains, les Canadiens et les Australiens, et ensuite beaucoup plus loin et aussi à égalité, les Chinois et les Européens...
Est-ce plus juste de faire peser la responsabilité sur les individus plutôt que sur les États ? Un clochard de New-York serait considéré plus responsable qu'un milliardaire de New-Delhi. D'autres disent que ce sont les entreprises privées et les grandes multinationales qui sont responsables. Cette année, la moitié des émissions mondiales à effet de serre a été produite par à peine 25 compagnies :
- par sociétés : les entreprises charbonnières chinoises (14,3%), Aramco, la compagnie pétrolière saoudienne (4,5%), Gasprom, gaz russe, etc.,
Il est frappant de voir combien les entreprises d'énergies fossiles concentrent à elles-seules une énorme responsabilité. Mais certains diront attention, ces entreprises ont aussi des consommateurs, des clients. D'autres diront que certaines de ces entreprises sont possédées directement par les États (les 3 premières), et blâmer les multinationales revient aussi à blâmer les gouvernements...
[... Là c'est moi qui rajoute et précise : Il manquerait un classement par classes sociales, où dans un même panel se retrouveraient sans doute les plus grandes fortunes du monde, protégées dans leurs paradis fiscaux, consommant de manière inversement proportionnelle au 0,1% ou 1% qu'ils sont.
L’empreinte climatique de la Suisse découle à 80% des importations
La Suisse est le pays où la part des émissions importées dans l’empreinte carbone est la plus élevée (près de 80%). C’est un pays à revenu élevé qui en conséquence consomme beaucoup. Il faut émettre beaucoup de CO2 à l’étranger pour fabriquer les produits que nous importons et consommons en Suisse.
Ce sont principalement les produits alimentaires, les articles ménagers et les vêtements importés qui influent sur l’empreinte carbone des ménages suisses. (...)
L'énergie nucléaire
réchauffe la planète et le climat par François VALLET (nov. 2021)
Toute consommation d’énergie non renouvelable, ou combustion de biomasse, se transforme en chaleur qui s’accumule dans l’air, dans les sols et dans l’eau. Plusieurs publications scientifiques montrent que les émissions de chaleur sont une cause majeure du réchauffement climatique. Les centrales nucléaires, qui émettent beaucoup de chaleur par kWh produit, réchauffent le climat.
Les faibles émissions de CO2 de l’énergie nucléaire sont systématiquement mises en avant. Manque de chance pour les dirigeants français, l’énergie nucléaire réchauffe la planète et le climat lorsqu’elle est utilisée à grande échelle pour la production d’électricité. Car les réacteurs nucléaires sont l’une des technologies les moins efficaces de transformation de l’énergie primaire en électricité, c’est-à-dire l’une des technologies qui réchauffe le plus l’environnement par unité d’électricité produite. (...)
Gaz à effet de serre : le nucléaire français peut mieux faire
Sud-Ouest et AFP (2 nov. 2021)
Avec 16 « événements significatifs » liés à l’émission du plus puissant des gaz à effet de serre depuis 2018 en France, le nucléaire peut mieux faire dans ce domaine où il est réputé exceller. Les réacteurs français émettent ainsi chaque année de 1,3 à 2 tonnes de SF6, le plus puissant des gaz à effet de serre, soit entre 30.000 et 45.000 tonnes équivalent CO2, selon l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN). Le SF6, utilisé pour ses propriétés d’isolant électrique, possède un potentiel de réchauffement 23.500 supérieur à celui du CO2 pour une durée de vie de 3.200 ans, selon EDF. Il met en effet beaucoup plus de temps à disparaître que le CO2.
La centrale nucléaire de Flamanville a dépassé le seuil de rejet d’un puissant gaz à effet de serre
Sud-Ouest (oct.. 2021)
En neuf mois, la quantité de SF6, le plus puissant des gaz à effet de serre, rejetée par la centrale nucléaire de Flamanville, dans la Manche, est déjà supérieure au seuil de déclaration annuelle. Ce seuil a été atteint le 27 septembre 2021, comme le confirme EDF ce jeudi 14 octobre 2021.
Le SF6, visé dès 1997 par le Protocole de Kyoto sur le climat, a un potentiel de réchauffement 23 000 fois supérieur à celui du CO2 et reste dans l’atmosphère jusqu’à 3 000 ans. C’est le plus puissant des gaz à effet de serre, même s’il en représente une petite part.
Cela fait plus de 20 ans que l’industrie nucléaire se dit en mesure de « protéger le climat », mais elle prétend ces derniers temps que cette thèse gagnerait du terrain, en particulier chez les jeunes. Qu’en est-il vraiment ? Vous avez peut-être vu ou entendu ces derniers temps des publicités vantant le caractère « bas carbone » de l’énergie nucléaire, ou des déclarations en ce sens de la part de dirigeants industriels ou politiques. Pourtant, cela n’a rien d’une nouveauté, loin de là : durant la première décennie du siècle, sous la férule de sa « reine » la fameuse Anne Lauvergeon, l’entreprise Areva, prétendue « géant du nucléaire », a inondé les pages des journaux et les ondes des télés et radios de publicités incontestablement mensongères car présentant l’atome comme une énergie « sans CO2 ». (...)
En même temps que, mi-octobre, Macron clamait sa foi renouvelée dans le nucléaire et annonçait qu'il allait offrir 1 milliard pour concevoir et fabriquer des « petits réacteurs nucléaires », EDF inondait les journaux de pleines pages de pub triomphante. « L'électricité d'EDF est à 97 % sans émissions de C02. Et, ça, c'est mieux pour le climat », lisait-on partout. La machine était lançée. EDF inondait les journaux de pleines pages de pub triomphante. « L'électricité d'EDF est à 97 % sans émissions de C02. Et, ça, c'est mieux pour le climat ». La machine était en route. Il fallait nous l'enfoncer dans la tête : l'électricité d'EDF, et donc le nucléaire, qui en fournit 75 %, c'est propre, c'est décarboné, ça n'émet pas de C02 ! Sauf que c'est faux. Dans un coin des pages de pub, on pouvait déchiffrer cet astérisque : « Émissions directes, hors analyse du cycle de vie des moyens de production et des combustibles-chiffre 2020, périmètre EDF SA, source : edf.fr/climat »
COP26 : la France nucléaire importe son Co2 de Chine
Emmanuel Macron a pris la parole lors de la COP26 pour appeler les pays les « plus gros émetteurs » de CO2 en retard sur leurs engagements à « rehausser leurs ambitions ». Mais si la France fait figure de bon élève en matière de climat, la réalité n'est pas si tranchée : une partie des émissions françaises sont transférées à l'étranger.
73° pays mondial mondial pour ses émissions, avec 5 tonnes de CO2 par Français en 2019 - presque deux fois moins qu'en Allemagne, et comparable à l'Italie ou au Royaume-Uni. Mais c'est un constat artificiel alerte le prix Nobel et climatologue Jean Jouzel. « On est bon élève sur le territoire national parce qu’une large partie de l’électricité est d’origine nucléaire, mais nous avons transféré une partie de nos émissions dans les pays dont nous importons des biens. » En prenant en compte ce carbone « émis indirectement », l'empreinte carbone de l'Hexagone bondit de 70 %, avec 11 tonnes de CO2 par habitant.
« C’est facile de dire que la Chine est le plus gros pollueur du monde ! Aujourd’hui, un citoyen chinois émet autant qu’un citoyen européen », tacle François Gémenne, politologue et membre du GIEC, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat. Et de rappeler que « la Chine produit une très grande partie de biens et de services qui ne sont pas consommés sur son territoire. Si chacun travaille de son côté, ça ne suffira pas. » (source)
« Ce qu’il faut examiner, c’est la combinaison entre les gains d’émissions de gaz à effet de serre et les délais. Un euro ne peut être dépensé qu’une fois, et il doit servir à réduire les émissions le plus rapidement possible. Qu’importe la réduction des émissions de gaz à effet de serre, si elle n’a lieu que dans vingt ans voire cinquante ou au-delà — comme c’est envisagé pour les projets de fusion nucléaire. Et là, les chiffres sont éloquents : la durée moyenne de construction d’un parc éolien est peut-être de deux ans à trois ans, avec des records observés à moins d’un an ; et la durée moyenne de construction des 63 derniers réacteurs nucléaires bâtis dans le monde s’établit à dix ans, comptés à partir du cimentage des fondations du bâtiment réacteur. »
Une politique efficace de réduction des émissions de gaz à effet de serre doit s'appuyer sur l'efficacité énergétique et non sur le nucléaire qui n'est pas une source d'énergie « durable », pour les raisons suivantes :
- les investissements dans les projets nucléaires absorbent des financements qui font défaut aux programmes d'efficacité énergétique, qui offrent un coût de réduction des émissions de gaz à effet de serre bien inférieur ;
- les programmes nucléaires ont un ensemble d'effets systémiques négatifs, comme le besoin de grands réseaux électriques inefficaces, le besoin de personnel hautement qualifié, le blocage de l'innovation et du développement de petites unités de production performantes ;
- les pays ayant recours au nucléaire figurent parmi les plus gros émetteurs de CO, au monde parce que les centrales de grande taille conduisent à des surcapacités structurelles et à stimuler la consommation d'électricité au lieu de favoriser son utilisation rationnelle ;
- le nucléaire ne produit que de l'électricité, alors que les besoins énergétiques concernent la chaleur ou le froid ;
- le nucléaire demeure une source d'énergie dangereuse.
En novembre 2019, la société Orano (ex Areva) publiait dans le magazine Femina, diffusé par plusieurs titres de la presse quotidienne régionale, une publicité dont le message principal était : « nucléaire : eh non, on ne réchauffe pas la planète ». Ce slogan publicitaire était inscrit dans le panache d’une tour de refroidissement de centrale électrique. Or c’est l’équipement qui a précisément pour fonction de refroidir le condenseur de la machine à vapeur actionnée par la chaleur de fission atomique… qui réchauffe la planète. Contre l’évidence Orano n’avait pour seul argument qu’une mauvaise publicité. (...)
Le Jury de déontologie de la publicité vient de donner raison aux lanceurs d'alerte qui avaient déposés plainte fin 2019 contre des publicités d’ORANO qu’ils jugeaient mensongères, biaisées et inacceptables.
L'énergie nucléaire n'est pas une valeur sûre
dans un monde qui se réchauffe - voici pourquoi
par Paul DORFMAN, The Conversation (juin 2021)
L'écrasante majorité des centrales nucléaires en activité aujourd'hui sont entrées en service bien avant que la science du changement climatique ne soit bien établie. L'énergie nucléaire est, littéralement, en première ligne du changement climatique – et pas dans le bon sens.
Les centrales nucléaires doivent puiser dans de grandes sources d'eau pour refroidir leurs réacteurs, c'est pourquoi elles sont souvent construites près de la mer. Mais les centrales nucléaires plus à l'intérieur des terres seront confrontées à des problèmes similaires d'inondations dans un monde en réchauffement. Les sécheresses de plus en plus graves et les incendies de forêt ne font qu'aggraver la menace.
Au milieu du chaos climatique,
le risque d’un désastre atomique
Celia IZOARD, Reporterre (27 oct. 2021)
Incendies, inondations, sécheresses à répétition. Malgré un monde instable dû au chaos climatique, l’État mise tout sur le nucléaire. Pas de panique, grâce à un « guide pratique », on surmontera en douceur tout accident. L’État français prépare depuis des années la relance de « l’électricité nucléaire peu émettrice de CO2 ». Et l’accident nucléaire fait partie de ce scénario. (...) Ainsi, en mai 2021, l’ASN a publié un fascicule intitulé « Guide pratique pour les habitants d’un territoire contaminé par un accident nucléaire ».
L’accès à l’eau,
un enjeu crucial pour le nucléaire Grégoire SOUCHAY, Reporterre (août 2021)
Pour fonctionner, l’industrie nucléaire a besoin d’eau froide. Dès son origine, elle s’est assuré l’accès à de grands volumes de cette ressource, comme avec les grands barrages, mais la multiplication des évènements climatiques extrêmes révèle la fragilité de la filière par rapport au débit des cours d’eau et aux limites réglementaires de température. Canicules, risques d'assèchement des cours d'eau, captation des ressources en eau, risques de mega-feux, ces épisodes risquent bien de devenir de plus en plus fréquents avec le changement climatique (...)
« Crise climatique : pourquoi le nucléaire n'aide en rien »
par Dr. Claudio KNÜSLI, « Climate Crisis - Why nuclear is not helping » (en anglais)
Vienne (8 oct. 2019), publié par Enfants de Tchernobyl Belarus
Manifestation pour le climat à Berne, le 28 sept. 2019
Il ressort du Rapport mondial sur l'industrie nucléaire mondiale 2019 (World Nuclear Industry Status Report 2019) que l'énergie nucléaire n'est pas efficace dans la lutte contre le changement climatique, et qu'elle est même plutôt contre-productive car les coûts d'exploitation dépassent les coûts de l'efficacité énergétique et des énergies renouvelables, et bloque ainsi durablement leur mise en œuvre.
Cette étude étudie en revanche les risques nucléaires, et conclue qu'une technologie pouvant provoquer un accident majeur comme Fukushima (dont la dimension a pesé sur le destin de 50 millions d'humains de manière aléatoire en fonction de la direction des vents et de la pluie) doit être déclarée totalement inutilisable et définitivement périmée (diaporama en anglais).
Beaucoup d’entre nous sont de vieux militants antinucléaires. À ce titre au cours du temps et en particulier ces dernières années, nous avons pu constater un désintérêt pour la lutte antinucléaire alors que nucléaire militaire et civil restent une menace majeure. Nous vivons une démobilisation certes, mais nous ne nous attendions pas à voir le nucléaire proposé comme solution à la crise climatique, comme le fait par ex JM Jancovici. Pourtant nous avons été informés que le système industriel a toujours voulu faire passer comme bon pour l’environnement et la santé ses pires pollutions. Il s’agit à la fois d’une erreur et surtout d’un gros bluff car la relance du nucléaire nécessité par cette vision est à la fois irréaliste et irréalisable.
Comment pouvons-nous encore justifier de la continuité du nucléaire ? Dans un climat de grande confusion générale, il est temps de situer, dans un contexte historique, la réalité des faits et des chiffres du nucléaire et de la question climatique. Cet ouvrage répondra à toutes les questions que nous nous posons au sujet du nucléaire, et nous démontrera comment l’arrêt immédiat est encore possible.
Depuis quelques temps il ne se passe pas un jour sans que les «grands médias» nationaux nous parlent de l’urgence climatique et de la nécessité d’agir pour «sauver la planète». Bizarrement, ces grands médias ne parlent jamais de l’extrême urgence à mettre hors d’état de nuire les arsenaux nucléaires et les installations nucléaires destinées à la production d’électricité.
Deux risques catastrophiques menacent le vivant et sollicitent notre engagement. Mais, si un nombre croissant de personnes se mobilisent pour « sauver le climat et la planète », ce n’est pas le cas pour l’arrêt du nucléaire civil et militaire. Est-ce justifié ? Tout se passe comme si le risque climatique est utilisé pour faire écran au risque nucléaire dont le négationnisme se perpétue depuis son origine. sur le site de l'Appel de Genève 2
La Commission européenne examine l’impact environnemental de l’énergie nucléaire par l’intermédiaire du Centre commun de recherche (JRC). Une procédure qui suscite de vives critiques, JRC étant lié au programme « Euratom » de l’UE.
La Commission européenne n’a jamais pris position au sujet du nucléaire — qui divise les États membres. Elle pourrait être amenée à le faire pour soutenir les objectifs de neutralité carbone de son Pacte vert.
Communiqué qui dénonce les mensonges de l’industrie nucléaire, des gouvernements qui la maintiennent en survie artificielle et des instances internationales qui lui servent de caution (AIEA et GIEC), et qui met en pièce l’argument selon lequel le nucléaire serait bon pour le climat puisque qu’il émet très peu de CO2.
« Notre monde connait actuellement une crise systémique qui dépasse la question du réchauffement climatique. Se focaliser uniquement sur un des symptômes de cette crise, comme le réchauffement climatique, serait dangereux. Même si nous parvenions à trouver une « solution » à ce symptôme, nous serions rattrapés par la crise systémique. À une crise systémique, il faut une réponse systémique. Réponse qui relève de l’éthique, de la philosophie et de la politique, et certainement pas de la technique, et qui devrait inclure une réduction radicale des flux de matières et d’énergie ainsi que des inégalités, notamment. »
Cette étude s'intéresse à la production "cachée" du nucléaire en Co2 (avant : extraction du minerai et fabrication du combustible, pendant : construction des centrales, et après : démantèlement, déchets, stockage), ainsi que la production d'autres gaz à effet de serre qui ne sont la pluspart du temps pas pris en compte.
Nucléaire et question climatique :
construction et conséquences d’un discours géopolitique en France et en Suède par Teva MEYER, Hérodote, n°165, fév. 2017
L’efficacité du recours au nucléaire dans la lutte contre les changements climatiques continue de faire l’objet de débats. Malgré les incertitudes sur les calculs de cycle de vie, les émissions de gaz à effet de serre liées à la production d’électricité nucléaire, environ 15 grammes d’équivalent CO2 par kWh, sont nettement plus faibles que celles du gaz (492 g/kWh) et du charbon (1 025 g/kWh). Le nucléaire ne représente que 5 % de la consommation mondiale d’énergie primaire. (...) L’argument climatique a été rapidement mobilisé par les acteurs pronucléaires. La crise du RSN éclate à l’occasion de la conférence de Copenhague sur le climat en 2009, durant laquelle onze ONG publièrent un appel pressant le président Sarkozy de prendre la tête de la lutte contre le réchauffement. (...)
« Avec la Covid-19, on se trouve, comme avec la radioactivité, devant un danger invisible. Il y a des parallèles intéressants entre ces deux maux, ces ennemis insidieux, les virus et les radionucléides qui se répandent dans l’environnement. On a un rapport étrange avec l’intérieur, avec l’extérieur. Il faut se méfier de tout. C’est très angoissant. La radioactivité, c’est le crime parfait : on ne voit pas les victimes, la norme n’est qu’un compromis entre un dommage sanitaire et un intérêt économique. »
Christina FIRMINO, réalisatrice du film « Retour à la normale » (2019), interview pour FR3, avril 2020
Préface inédite à l’édition de Radiations et révolutionqui vient de paraître en France aux Éditions Divergences. L'auteur Sabu Kohso revient sur les évènements de Fukushima en appellant à faire dévier notre attention du concept de « monde » vers celui de « terre ».
En mars 2011, des milliers de Japonais se sont retrouvés confinés dans un rayon entre 20 et 30 km autour de la centrale nucléaire accidentée de Fukushima Daiichi. Aujourd’hui, en tant que confinés, on peut se rendre compte de ce qu’ont vécu ces gens pris au piège de l’évènement que personne n’avait prévu. Que signifie être confiné en cas de catastrophe nucléaire ? : des parallèles intéressants peuvent être faits entre ces deux maux invisibles et insidieux, les virus et les radionucléides qui se répandent dans l’environnement. Des analogies, des différences et des interactions.