« Quand l'électricité devient la fille du nucléaire, c'est-à-dire la sœur des déchets mortels qui dureront des milliers d'années, l'intellectuel, héritier des Lumières, peut-il encore se protéger des accusations délétères d'obscurantisme en fuyant l'arène ? Peut-il, sans perdre son statut, se consacrer essentiellement à des futilités à la mode, à des débats "très tendance" ? En classant l'objet "nucléaire" au rang des choses étrangères à son cerveau, l'intellectuel abandonne lâchement le terrain de l'intelligence et de la survie à de misérables militants qui se castagnent avec les miliciens de l'appareil économique. »
Rapport 2024 sur l’état de l’industrie nucléaire dans le monde
La conférence de presse de présentation du World Nuclear Industry Status Report 2024 s'est tenue le 12 décembre 2024 à Paris, en coopération avec le bureau parisien de la Friedrich-Ebert-Stiftung.
État des lieux chirurgical de l’industrie atomique à travers le monde, réalisé chaque année depuis 19 ans par une équipe coordonnée par Mycle Schneider, consultant international en énergie et expert, le rapport sur l’état de l’industrie nucléaire dans le monde (WNISR) avait été rendu public le 19 septembre à Vienne. Les capacités mondiales de l’électricité d’origine nucléaire continuent de décliner, selon ce rapport annuel. Les chantiers sont retardés ou annulés, et les coûts stratosphériques. Les renouvelables, eux, continuent leur envolée.
Production d'énergie nucléaire 1985-2023
dans le monde...
En violet : Production
d'énergie nucléaire
En rouge : pourcentage du nucléaire dans la production d'électricité (en TWh).
schéma tiré du WNIRS 2024
La part du nucléaire dans le monde
au plus bas depuis quarante ans
par Laure NOUALHAT, Reporterre, le 19 septembre 2024
L’atome n’a permis de produire qu’un peu plus de 9 % de l’électricité consommée dans le monde en 2023, pointe la dernière édition du Rapport sur l’état de l’industrie nucléaire mondiale. Dans le monde, le nucléaire ne fait plus rêver, analyse Laure Noualhat...
Le nucléaire dans le monde continue de régresser, selon le World Nuclear Industry Status Report (WNISR), la seule source alternative aux documents de l’Agence internationale de l’énergie atomique, dont les données remontées par les États sont plus ou moins à jour.
Les données du WNISR diffèrent parfois de ceux de l’Agence internationale de l’énergie atomique, alimentée par les États. Ces derniers tardent souvent à mettre à jour le statut des réacteurs en arrêt de longue durée, comme ce fut le cas pour la vingtaine de réacteurs arrêtés au Japon après le tsunami, ou aujourd’hui avec les six de Zaporijjia, en Ukraine. Principale conclusion, alors que cela fait 70 ans cette année qu’est entré en service le premier réacteur, en 1954, en Russie, la part du nucléaire dans la production électrique mondiale poursuit son déclin, entamé il y a 28 ans.
LÉGENDE (plus de détails en cliquant sur l'image) : Se trouvent à gauche du tableau les sources de production énérgétiques en millions d'équivalent pétrole (Mtep). P + DS signifie : production nationale et destockage / I : importation). Et à droite la consommation finale. Les flèches montantes représentent les pertes, donc l'énergie produite qui n'est pas utilisée. On constate pour le nucléaire que ces pertes sont colossales (près de 30% d'efficacité seulement), et sont rejetées sous forme de chaleur dans l'atmosphère par la vapeur, et dans l'eau par les circuits de refroidissements.
Jacques Rey - Ancien ingénieur du département théorie et service neutronique d'EDF
Intégralité de l'entretien réalisé pour le tournage du film documentaire « Nucléaire, jusqu’ici tout va bien »,
produit par l’École Supérieure d’Audiovisuel de Toulouse (ESAV) et le Réseau “Sortir du nucléaire”, 2004.
Sortir du charbon et du nucléaire : l'exemple allemand par Alternatives Économiques(juin 2021)
C’est une idée reçue largement répandue sur l’Allemagne. En choisissant de fermer ses centrales nucléaires, une décision définitivement prise après la catastrophe de Fukushima, le pays a relancé ses vieilles centrales à charbon et aggravé le changement climatique. Cette supposition est tout simplement fausse. En dix ans, la production nucléaire a été divisée par un peu plus de deux, celle de charbon d’autant, et dans le même temps la production d’électricité d’origine renouvelable a été multipliée par près de 2,5.
L'arrêt immédiat du nucléaire est techniquement possible
à l'échelle européenne
par Élisabeth BRENIÈRE et François VALLET (juin 2019)
ARRÊTER IMMÉDIATEMENT
LA PRODUCTION
D'ÉLECTRICITÉ NUCLÉAIRE
signifie utiliser tous les moyens techniques existants sans autre condition que d’éviter le
« black-out » (coupure d’électricité incontrôlée dans une partie ou la totalité du réseau électrique).
Il s’agit donc d’éviter la catastrophe nucléaire sans attendre l’effet de mesures d’économies d’énergie ou la mise en oeuvre d’autres moyens de production que ceux qui existent déjà.
Cet arrêt immédiat est possible
à l’échelle européenne.
En faisant appel aux différentes sources de production d'électricité existantes, il est possible d'arrêter immédiatement le nucléaire en Europe car il existe désormais des interconnexions et un marché de l'électricité à l'échelle de l'Europe géographique (Russie exclue), où la production électrique est en surcapacité.
Les installations européennes existantes, productrices d'électricité d'origine non nucléaire, sont largement suffisantes pour couvrir toute la consommation actuelle. Les lignes d'interconnexion ont été développées et sont également suffisantes pour assurer l'approvisionnement du marché sans risque de rupture. Et, le marché actuel de l'électricité étant européen, tout fournisseur d'électricité peut avoir accès aux productions des équipements non nucléaires européens.
En quoi le scénario Négawatt
gêne-t-il le mouvement antinucléaire ?
par Frelima GAMBREVA(décembre 2018)
Certains militants antinucléaires considèrent que le scénario Négawatt ouvre des perspectives en montrant qu'il est possible de se passer du nucléaire à horizon d'une vingtaine d'années. Cette vision d'un scénario énergétique qui, s'il était appliqué, conduirait progressivement à l'arrêt du nucléaire nous entraîne sur une fausse piste. Il avalise en effet la propagande nucléaire en laissant croire, primo, que le nucléaire civil est nécessaire pour satisfaire nos besoins énergétiques et, secundo, qu'il est indispensable à la lutte contre le réchauffement climatique.
Nucléaire questions et mensonges par Pierre PÉGUIN (déc. 2021)
Face à l’offensive médiatique pour relancer du nucléaire revenu en grâce, avons-nous perdu la bataille idéologique ?
Ce texte ne s’adresse pas à ceux d’entre vous qui êtes engagés dans la lutte contre le nucléaire, mais à ceux qui suivent ces questions de plus loin et qui sont perturbés par les annonces contradictoires le concernant. Son ambition est de faire un point sur les polémiques actuelles, à partir de données classées par thème permettant à chacun de piocher des informations en fonction de questionnements ou de réponses à apporter face à l’argumentation des tenants du nucléaire présenté comme indispensable à la lutte contre le réchauffement climatique, immense mensonge, comme celui concernant la sortie du nucléaire en Allemagne.
Arrêt du nucléaire et décroissance : un lien indissoluble par Jean-Luc PASQUINET (déc. 2021)
Il est maintenant largement admis que l’ on ne peut pas sortir du nucléaire, par contre on peut l’arrêter. On peut arrêter la production électronucléaire, abandonner les armements nucléaires, mais il restera toujours les déchets à gérer... Le monde du nucléaire c’est à la fois ce que l’on peut arrêter et ce que l’on va devoir cotoyer, mais c’est aussi la mentalité, les théories qui vont avec. Tout l’enjeu est d’arrêter sa croissance et si possible de faire décroitre ce monde aux origines culturelles et politiques spécifiques.
Étude de RTE et de l'AIE(2021) Consultation autour de huit scénarios pour un système électrique à forte part d’énergies renouvelables en France à l’horizon 2050