En juin, cela fera 4 années que les portes des opposant·e·s au projet CIGEO d’enfouissement de déchets radioactifs à Bure ont volé en éclat sous les coups de boutoir d’une instruction pour « association de malfaiteurs ».
Vingt domiciles perquisitionnés, dix militants et militantes interdits de se voir pendant 2 ans et demi, 100 téléphones placés sous écoute, 16 années cumulées de communications enregistrées, des balises posées sous des voitures, un escadron de gendarmes mobiles harcelant les habitants et habitantes au quotidien…
Cette scandaleuse traque d’État a tenté de paralyser ce mouvement de lutte vieux de 30 ans contre le plus gros projet industriel européen, dont les risques sont connus.
Le 1er, 2 et 3 juin se tiendra le procès des inculpé.e.s « malfaiteurs » de Bure. Nous, universitaires, artistes, autrices, journalistes, syndicalistes, enseignant·e·s, agriculteur·trice·s, éditeurs, musicien·ne·s, humoristes, auteurs de bande dessinées, activistes, comédien·ne.·s, réalisatrices, architectes, scientifiques, élu·e·s, ami·e·s, affirmons notre profonde solidarité.
Pour la défense, le procès de Bure profite à «l’État nucléaire» par Laury-Anne CHOLEZ, Reporterre (4 juin 2021)
Lors de la troisième et dernière journée du procès des sept militantes et militants antinucléaires opposés au projet Cigéo, le procureur a requis une peine de prison ferme et d’autres assorties de sursis. Dans leurs plaidoiries, les avocats de la défense ont insisté sur la disproportion entre le dérisoire des faits reprochés et les moyens titanesques de l’enquête. (...) Ce procès pourrait profiter à ce que les avocats ont nommé à plusieurs reprises « l’État nucléaire », qui a mobilisé des moyens titanesques contre les opposants au projet Cigéo. Le jugement sera rendu le 21 septembre.
L’Enfouissement de la Contestation par David LURINAS, Homo nuclearus (8 juin 2021)
La radioactivité des combustibles usés décroit au fil des ans. Contrairement à la tension entre l’État et les contestataires au projet Cigéo au cours du temps. C’est que ce projet d’enfouissement des déchets les plus dangereux revêt une importance cruciale pour le secteur nucléaire, et donc les gouvernements français successifs. Il en irait d’un intérêt supérieur et cela justifierait le sacrifice de certains. Pour les besoins impérieux d’un stockage en profondeur, la France s’assoit-elle sur la démocratie et un de ses corollaires, le droit à manifester son opposition ? Le procès qui vient de se tenir pourrait éclairer sur la situation de la critique du Nucléaire en notre pays.
Tous à Bure !
en soutien au procès des opposant·e·s au projet Cigéo
« Association de malfaiteurs » : derrière ce chef d'accusation et la lourde instruction qui aura duré 4 ans, c'est bien l'engagement contre la poubelle nucléaire qui est visé. Pour cette raison *nous faisons de ce procès le nôtre*, celui de tou·te·s celles et ceux qui par leur engagement et leur histoire sont relié·e·s à la lutte de Bure. C'est le procès de la lutte contre Cigéo, contre le nucléaire.
Le collectif ADN s'associe à la Coordination Stop Cigéo
pour appeller à venir les 1, 2 et 3 juin en soutien aux sept inculpé·e·s et à la lutte contre Cigéo.
Les déchets nucléaires issus des centrales
et le projet CIGEO
par Élisabeth BRENIÈRE (juin 2020)
avec la participation de Marie-Christine GAMBERINI
À ses débuts, l’industrie nucléaire française a nié le problème des déchets radioactifs. Puis elle a prétendu qu'elle trouverait une solution. Mais d'une part la pression des critiques, d'autre part l'échec de la transmutation ainsi que l'exigence politique d'une prise en charge financière du devenir de ces déchets ont pesé en faveur de la recherche d'une solution de stockage définitive. Il fallait en particulier intégrer dans les coûts du kWh électrique produit les provisions pour les modes de gestion et de dépollution retenus. (...)
Positionnement du collectif ADN sur les déchets nucléaires du 14 oct. 2020
Contrairement aux promesses initiales de l'industrie nucléaire, aucune manière satisfaisante de régler le
problème des déchets radioactifs – à vie longue en particulier – n'a été trouvée depuis trois quarts de siècle.
En août 2020, l’Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra) avait déposé un dossier en vue d’obtenir la déclaration d’utilité publique (DUP) pour Cigéo, projet d’enfouissement des déchets radioactifs les plus dangereux à Bure, dans la Meuse. Le 13 janvier, l’Autorité environnementale[instance indépendante créée en France en 2009, conformément au droit européen de l’environnement], a rendu son avis sur l’étude d’impact globale de l’Andra, soulignant de nombreux oublis ou lacunes et demandant des études complémentaires.
L’Autorité environnementale confirme ainsi nos doutes. Une vigoureuse opposition ne cesse d’alerter, depuis 1987, sur les risques immenses du stockage géologique des déchets radioactifs. L’avis de l’Autorité environnementale corrobore ce que dénoncent des milliers de citoyens, d’élus et de scientifiques indépendants depuis des années, sans être véritablement entendus. (...)
Bure, Nucléaire et surveillance de masse par Marie BARBIER pour Reporterre et Jade LINDGAARD pour Mediapart (avril-juin 2020)
Cinq enquêtes sur la surveillance judiciaire du mouvement antinucléaire de Bure.
L’enquête menée en coopération par Mediapart et Reporterre a montré la débauche de moyens judiciaires contre le mouvement opposé au projet d’enfouissement des déchets radioactifs dans la Meuse.
Disons-le nettement : dans ce dossier, la justice n’est que de nom. Les moyens mis en œuvre par l’appareil judiciaire ont pour véritable but de casser l’opposition au projet d’enfouissement de déchets nucléaires dit Cigéo. C’est une justice politique. En démocratie, l’expression d’avis contraires est légitime et même nécessaire pour que les décisions collectives soient aussi pertinentes que possible. Or, avec cette répression juridique démesurée, c’est en fait l’expression démocratique qui est en fait empêchée, comme le montre cette enquête approfondie menée en collaboration par Reporterre et Mediapart.