Récit des quatre jours et quatre nuits de mars 2011 où des centaines d'ouvriers ont tenté, parfois au péril de leur vie, de contenir les dégâts du séisme et du tsunami qui ont détruit la centrale nucléaire japonaise.
Depuis le 11 mars 2011, le département de Fukushima,
l’un des trois départements du Japon les plus peuplés d’agriculteurs, subit la catastrophe atomique la plus importante après celle du 26 avril 1986 de Tchernobyl.
L’information a été largement diffusée au Japon fin 2020 : les inspecteurs de la NRA (l’Autorité de sûreté nucléaire du Japon) ont relevé des débits de dose de 10 Sv/h au-dessus des dalles fermant les enceintes de confinement des réacteurs 2 et 3. Cette dose est létale en une heure. Autant dire que les opérations de démantèlement sont reportées à la St-Glinglin.
Une loi autorise les administrations à classer "secret d’Etat" toute information jugée sensible et relative à la sécurité nationale et à la lutte contre le terrorisme. Elle permet de criminaliser toute activité et opinion exprimées à l’encontre des autorités, par exemple une manifestation exigeant l’arrêt du nucléaire pourrait devenir un acte terroriste.
Il y a dix ans débutait
la catastrophe nucléaire de Fukushima
Contrairement à ce qu'on voudrait nous faire croire, la catastrophe n'est pas terminée, les conséquences sanitaires et environnementales de Fukushima sont largement minimisées.
Déclenchée le 11 mars 2011 et loin d'être terminée, la catastrophe nucléaire de Fukushima poursuit son œuvre de contamination de l'air, l'eau et la terre.
Plus de 100 000 personnes évacuées sont toujours réfugiées, privées de toute aide, et stigmatisées. L'opérateur Tepco manœuvre pour déverser dans le Pacifique plus d'un million de tonnes d'eau terriblement radioactive qu'il ne sait plus comment stocker…
En France, dans le pays le plus nucléarisé du monde, en a-t-on tiré les leçons ? Le pouvoir s'est-il dit qu'il était décidément temps de mettre fin à cette industrie mortifère ?
Macron l’a dit au Creusot le 8 décembre 2020 :
« Sans nucléaire civil pas de nucléaire militaire,
sans nucléaire militaire pas de nucléaire civil. »
Il faut cesser de tergiverser :
arrêtons de contaminer la terre et les êtres vivants, arrêtons de produire des déchets radioactifs qu’il va falloir surveiller pendant des milliers d’années, arrêtons de grever l’économie du pays par des subventions massives à une industrie de guerre, arrêtons de faire peser sur l'humanité la menace de sa destruction.
« Sans nucléaire civil pas de nucléaire militaire, et inversement. »
Puisque l'un ne va pas sans l'autre,
il faut se débarrasser des deux !
« L’expression de « radio-gestion » (hōshasen kanri), couramment utilisée au Japon pour désigner
la radioprotection, rappelle utilement la primauté des aspects économiques du problème, non seulement en situation de crise mais aussi pour le fonctionnement quotidien de l’industrie. De même que la radioprotection, l’épidémiologie peut être détournée de son but originel de protection et ajoutée à l’armada des moyens utilisés pour minimiser les effets des radiations sur la santé humaine. »
En 2011 la population japonaise a été exposée aux retombées radioactives dans beaucoup d’endroits. Certains vivent encore aujourd’hui dans des régions irradiées où ils sont chaque jour confrontés à des doses de radioactivité élevées : points chauds (hotspots) radioactifs dans les rues, les champs de riz ou les bacs à sable, champignons ou algues contaminés, eaux souterraines radioactives et recontamination par les feux de forêts et les inondations. L’un des effets secondaires les plus redoutés de l’exposition à la radioactivité est l’apparition de cancers via des mutations de l’ADN.
« Il est possible de mener une vie normale » dans les zones contaminées par la radioactivité, assure le ministre japonais de la Reconstruction, huit ans après l’accident nucléaire majeur de Fukushima. Ce discours de « normalisation », qui vise à minimiser le risque nucléaire et les conséquences d’un accident n’est pas l’apanage des autorités japonaises : on le retrouve en France depuis le lancement du programme nucléaire ou en Biélorussie après Tchernobyl. Sezin Topçu, historienne et sociologue des sciences, décrypte pour Basta ! cette stratégie de communication, qui accompagne des politiques exonérant les exploitants de centrales nucléaires de leurs responsabilités
Sept experts japonais et français analysent la situation actuelle à Fukushima, avec Tetsuji Imanaka, Hisako Sakiyama, Kolin Kobayashi et Shin-ici Kurokawa
Partie 2 : avec Junichi Ônuma,
Akiko Morimatsu et Bruno Chareyron
Dans son rapport daté du 9 mars 2021, l’UNSCEAR stipule à propos de la catastrophe de Fukushima : « Le Comité estime que, sur la base des données disponibles, la forte augmentation (par rapport à celle attendue) du nombre de cancers de la thyroïde détectés chez les enfants exposés, n'est pas le résultat d'une exposition aux rayonnements » et impute l’augmentation à un « effet de dépistage » ou de « surdiagnostic ». La CRIIRAD s’élève contre cette conclusion catégorique et peu scientifique qui exclut toute contribution possible des rejets radioactifs de la centrale nucléaire de Fukushima.
Le Comité scientifique des Nations unies pour l’étude des effets des rayonnements ionisants (UNSCEAR) a rendu début mars son Rapport 2021 sur «l'accident» de Fukushima : aucun décès ni aucun effet néfaste sur la santé des résidents de la préfecture de Fukushima directement attribuable à l’exposition aux rayonnements n’ont été documentés et il est peu probable qu’un effet futur sur la santé soit perceptible. Selon Gillian Hirth, sa présidente, « Il y a toujours un risque de cancer quand des populations sont exposées, même à de faibles doses, mais nous ne pensons pas pouvoir détecter d’augmentation par rapport à l’incidence normale de la maladie dans cette population. »
À Fukushima, autorités et experts ont invité les habitants à s’accommoder au plus vite d’une situation gravissime. Thierry Ribault explique comment le concept de résilience sert à étouffer toute réflexion sur les causes réelles des catastrophes.
Contre la résilience,
à Fukushima et ailleurs
par Thierry RIBAULT, auteur de Contre la résilience
Le bilan de l’accident nucléaire de Fukushima fait souvent débat. Entre le nombre de morts et de cancers suspectés ou déclarés, un comité scientifique de l’ONU (l'UNSCEAR) affirme, lui, qu’aucune conséquence significative n’est liée aux retombées radioactives. Une argumentation qui ne fait pas l’unanimité. (...) Une chose est sûre cependant : le bilan de la catastrophe est lourd. Et s’il est moins important que celui de l’accident nucléaire de Tchernobyl, c’est que le vent, favorable au moment des explosions des réacteurs et de la surchauffe de la piscine d’entreposage du combustible, a poussé 80 % de la radioactivité vers l’océan Pacifique plutôt que vers les terres habitées.
Le largage des bombes atomiques, puis « l’expérience Tchernobyl » et le désastre de Fukushima, furent non seulement des crimes contre l’humanité mais, fait nouveau, des écocides. Si le refoulement de ce type de catastrophe systémique pour l’écosphère persiste, il ne sera pas sans conséquences pour l’avenir de l’humanité.
Visioconférence
Fukushima :
de l’emprise à l’impasse nucléaire
avec Christine FASSERT et Rémi SCOCCIMARRO le 11 mars 2021
organisée par les Amis de
la Terre Midi-Pyrénées, ceux du Monde Diplomatique, Attac Toulouse, FNE Midi-Pyrénées, l’Université Populaire de Toulouse et le Réseau SDN
Jeux Olympiques au Japon
Lettre ouverte au CIO(nov. 2019)
À l’attention du Président du Comité International Olympique
(...) Nous nous étonnons que les risques provoqués par la radioactivité due à l’accident de la centrale de Fukushima Daï-ichi n'aient pas, à notre connaissance, été pris en compte par votre comité. En dépit de neuf années écoulées, actuellement, l'accident nucléaire de Fukushima n'est pas terminé, et fait toujours l'objet d'une déclaration d'urgence nucléaire. En ne dénonçant pas la gravité de la situation, vous risqueriez de vous en rendre complice laissant ainsi croire au monde entier que l'accident de la centrale de Fukushima n'a laissé aucune trace et fait désormais partie du passé. (...)
Encore maintenant radioactivité Aujourd'hui et pour toujours
Radioactivité de Fukushima
dans l'air, dans l'eau, partout Encore maintenant radioactivité
Il faut arrêter maintenant
Ruchi SAKAMOTO
paroles en japonais ajoutées au titre de Kraftwerk pour le concert No Nukes 2012