« En face du péril atomique qui ne ressemble à aucun autre, qui est incommensurable à tout autre, de ce péril qui, par son amplitude, impose à l’espèce tout entière de nouvelles façons de penser et d’agir, en face de ce péril dont il est honorable autant que raisonnable d’avoir peur, il ne devrait plus y avoir ni pays, ni continent, ni monde libre ou pas libre, mais rien que des hommes, citoyens de la planète, tous mêlés, confondus, fraternisés par une égale menace. »
80 ANS DES
BOMBARDEMENTS ATOMIQUES D'HIROSHIMA ET DE
NAGASAKI
Hiroshima, Nagasaki :
80 ans après, l’oubli n’est pas une option !
Communiqué d'ICAN France, le 4 août 2025
Àvec les 80ᵉ commémorations des bombardements nucléaires d’Hiroshima et de Nagasaki, les 6 et 9 août 1945, ICAN alerte sur les contradictions du discours politique français qui surfe sur la peur et renie ses engagements internationaux, alimentant la course aux arsenaux et l’insécurité nucléaire.
Nous appelons les responsables politiques et parlementaires à sortir de leur aveuglement pour la « sainte Bombe », en s’engageant dans le processus du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires (TIAN), en vigueur depuis 2021, pour construire une sécurité fondée sur la coopération, la confiance et la paix durable.
L’idée portée par Emmanuel Macron d’européaniser la dissuasion nucléaire française s’inscrit dans une fuite en avant mortifère qui gagne dangereusement le monde, s’alarment des ONG, au moment où l’on commémore l’horreur des 6 et 9 août 1945.
Appel mondial pour l’élimination
totale des armes nucléaires
Initié par le Mouvement de la Paix
Nous, citoyennes et citoyens de tous pays, constatons que les armes nucléaires sont illégales, dangereuses, coûteuses et immorales et que leur élimination est prévue par le Traité de Non-Prolifération Nucléaire (TNP) et par le Traité sur l’Interdiction des Armes Nucléaires (TIAN) entré en vigueur le 22 janvier 2021.
Nous, citoyennes et citoyens de tous pays, exigeons de tous les Etats du monde qu’ils mettent réellement et sans délai tout en œuvre dans le respect des traités précités pour réaliser l’élimination totale des armes nucléaires, armes d'épouvante et d'extermination massive des populations, voire d’anéantissement de toute vie sur Terre.
Nous exigeons que toutes les ressources gaspillées pour ces armes soient utilisées pour le bien-être de l'humanité, pour la lutte contre le réchauffement climatique, pour la protection de notre planète commune et la construction d’un monde de paix basé sur la justice, la solidarité et la coopération.
Marseille signe l’appel des villes en faveur du TIAN
Le 6 août 2025, à l’occasion de la commémoration du 80e anniversaire et à l'invitation du Mouvement de la Paix Marseille, Jean-Marc Coppola, adjoint à la Culture et représentant le Maire, saluant les organisations présentes, a annoncé que la ville de Marseille avait rejoint les signataires de l’Appel des Villes de l’ICAN, pour le Traité d’Interdiction des Armes Nucléaires « pour faire converger nos efforts pour la culture de Paix…et pour réaffirmer la nécessité de l’entente entre les peuples, de la solidarité, de la fraternité, de nous opposer à l’escalade de la violence, avec la menace d’utilisation possible des armes nucléaires qui réapparaît... »
« Des milliards sont engloutis dans ces guerres - a t-il complété - au lieu de servir le développement des peuples. Et les dirigeants français veulent dépenser encore plus de moyens publics dans une course au surarmement au détriment du social, de l’éducation, de la santé, de l’environnement, de la culture, et de l’humain… Aujourd’hui force est de constater que si l’arme nucléaire a été considérée comme une arme de dissuasion pendant des décennies, aujourd’hui elle apparaît plus menaçante que jamais. »
Une sécurité fondée sur la destruction mutuelle assurée
Appel du pape LÉON XIV à la communauté internationale, le 6 août 2025
« À notre époque marquée par des tensions et des conflits mondiaux croissants, Hiroshima et Nagasaki sont des "symboles de mémoire" qui nous exhortent à rejeter l'illusion d'une sécurité fondée sur la destruction mutuelle assurée. Nous devons plutôt forger une éthique mondiale enracinée dans la justice, la fraternité et le bien commun. Je prie donc pour que cet anniversaire solennel serve d'invitation à la communauté internationale à renouveler son engagement à rechercher une paix durable pour toute la famille humaine, une paix désarmée et une paix désarmante. » (Le Pape sur X)
Shigeru ISHIBA, déclaration lors de la cérémonie de commémoration, Hiroshima, le 6 août 2025
« Il incombe à notre pays, seul à avoir subi des bombardements atomiques pendant la guerre, de prendre la tête des efforts internationaux visant à instaurer un monde sans armes nucléaires. »
Trois jours plus tard, le 9 août, le Premier ministre a fait un discours au Parc de la Paix à Nagasaki
(ici, vidéo et texte de la déclaration - traduction google)
Il y a 80 ans, Hiroshima, Nagasaki Aujourd’hui, 10 000 bombes atomiques au-dessus de nos têtes
Depuis 2001, la ville de Saintes et l’Action des Citoyens pour le Désarmement Nucléaire (ACDN) rallument chaque année, du 6 au 9 août, la Flamme du désarmement nucléaire pour commémorer les bombardements d’Hiroshima et de Nagasaki et dire « Plus jamais ça ! ».
« 6 août 1945 : Hiroshima », Quand l'histoire fait dates, avec Patrick Boucheron, ARTE, le 28 juin 2025
« Le monde est ce qu'il est, c'est-à-dire peu de chose. C'est ce que chacun sait depuis hier grâce au formidable concert que la radio, les journaux et les agences d'information viennent de déclencher au sujet de la bombe atomique. On nous apprend, en effet, au milieu d'une foule de commentaires enthousiastes, que n'importe quelle ville d'importance moyenne peut être totalement rasée par une bombe de la grosseur d'un ballon de football. Des journaux américains, anglais et français se répandent en dissertations élégantes sur l'avenir, le passé, les inventeurs, le coût, la vocation pacifique et les effets guerriers, les conséquences politiques et même le caractère indépendant de la bombe atomique.
Nous nous résumerons en une phrase : la civilisation mécanique vient de parvenir à son dernier degré de sauvagerie. Il va falloir choisir, dans un avenir plus ou moins proche, entre le suicide collectif ou l'utilisation intelligente des conquêtes scientifiques. (...) »
Depuis 80 ans, la
bombe atomique pèse sur nos vies.
Et
pourtant, quelle arme est plus
secrète ?
À quoi sert-elle, puisque
son utilisation pourrait engendrer la
disparition de millions de vies
humaines ?
Sommes-nous condamnés à
vivre avec elle ?
Une série en 5 épisodes,
Stéphane Bonnefoi, France Culture,
juin 2025
avec entre
autres Yves Lenoir,
Jean-Marc Royer,Benoît
Pélopidas,
Harry Bernas, Kolin Kobayashi, Jean-Marie
Collin, Bernard Norlain...
Épisode 1/5 : Manhattan, projet d'une
désintégration
Épisode 2/5 : Hiroshima,
l'escalade du mal Août 1945, deux bombes nucléaires détruisent les villes d'Hiroshima et de Nagasaki, provoquant la capitulation du Japon. Les États-Unis poursuivent leurs essais au mépris des conséquences. La reconnaissance des victimes des irradiations viendra des Japonais eux-mêmes...
Épisode 3/5
: Guerre froide, le régime de la
peur Épisode 4/5
: Le nucléaire au risque de la
prolifération Épisode 5/5 : Un
héritage éternel ?
Oppenheimer
et Heisenberg L'enrôlement politique des
physiciens dans la construction de la bombe
atomique
Salvador Dali, « Les trois sphinx de
Bikini », 1947
France
Culture, série « La science et ses
mauvaises
consciences » # 3/4, juin 2025,
avec Harry
Bernas, Olivier Rey et Ange
Pottin
Les
figures d’Heisenberg et d’Oppenheimer
interrogent sur l’enrôlement politique
et militaire des scientifiques dans le
nucléaire, hier comme aujourd’hui, à
un moment où les tensions
internationales ravivent la question
du rôle des savoirs scientifiques dans
les rapports de force contemporains.
« Ils l'ont vécu » : 6 août 1945, Hiroshima, l'apocalypse nucléaire
un podcast en 4 chapitres de Michel Pomarède et Gilles Mardirossian, France Culture, le 9 juin 2022
80 ANS DES
BOMBARDEMENTS ATOMIQUES D'HIROSHIMA ET DE
NAGASAKI
Hibakusha, mémoires vivantes d’Hiroshima
une série de 4 articles de
Johann Fleuri, Médiapart,
août 2025
# 1 - Ce que les derniers survivants de la bombe atomique ont à nous dire. 80 ans après les bombardements, la lutte contre l’arme nucléaire anime toujours les « hibakusha », qui craignent que leurs voix s’éteignent sans que l’abolition n’ait eu lieu.
# 2 - Hiroshima et Nagasaki, deux approches différentes du devoir de mémoire. Depuis 80 ans, les survivants témoignent de leur vécu Le devoir de mémoire va-t-il pâtir de leur disparition ? À Hiroshima, les directives éducatives inquiètent de plus en plus.
# 3 - De Hiroshima à Fukushima, et retour. Les personnes évacuées de Fukushima partagent avec les survivants de la bombe atomique un parcours de vie marqué du sceau de l’atome qui les a stigmatisés.
# 4 - Une nouvelle génération lutte contre l’arme nucléaire.
Alors que les États se préparent à redéfinir, en 2026, le traité de non-prolifération de l’arme nucléaire, les descendants hibakusha et leurs sympathisants commencent à prendre le relais et à porter l’héritage. La lutte contre l’arme nucléaire a plus que jamais besoin de ce nouvel élan.
« La reconstruction d'Hiroshima est véritablement la destruction
de la destruction, et du même coup, le sommet de la destruction.
Hiroshima a été une seconde fois détruite, la destruction a été anéantie. »
Cette étude culturelle,
richement illustrée, explore les retombées
de l’ère atomique sur la France de
l’après-guerre, la puissance émotionnelle
de l’atome et la cécité qui frappa nombre
d’intellectuels français. Elle convoque
des scientifiques, des journalistes, des
écrivains, artistes et cinéastes, des
chanteurs et des chroniqueurs
radiophoniques. Elle fait se côtoyer des
œuvres cultes ou méconnues, d’autres à
destination de la jeunesse. Elle met au
jour les contradictions et les œillères de
la période nucléarisée dont la parenthèse,
ouverte à Hiroshima, ne s’est jamais
refermée.
L'éditeur propose une version
Open Access (gratuite) de l’ouvrage :
La bombe atomique d'Hiroshima, un brevet français ?
Archives d'Infonucléaire sur les bombardements d'Hiroshima et Nagasaki
L'Humanité du 8 août 1945 titre en première page : « La bombe atomique a son histoire depuis 1938, dans tous les pays des savants s'employaient à cette tâche immense : libérer l'énergie nucléaire. Les travaux du professeur Frédéric Joliot-Curie ont été un appoint énorme dans la réalisation de cette prodigieuse conquête de la science ». Les journaux mentionnent à de nombreuses reprises la part jouée par la France dans cette prodigieuse découverte. Ainsi on trouve dans le Figaro du 9 août 1945 un communiqué de l'AFP : « Paimpol 8 août - M. Joliot-Curie fait de Paimpol la communication suivante : L'emploi de l'énergie atomique et de la bombe atomique a son origine dans les découvertes et les travaux effectués au Collège de France par MM. Joliot-Curie, Alban et Kowarski en 1939 et 1940. Des communications ont été faites et des brevets pris à cette époque ». (...)
80 ANS DES
BOMBARDEMENTS ATOMIQUES D'HIROSHIMA ET DE
NAGASAKI
Apocalypse Hier et demain
Exposition à la bibliothèque
François-Mitterrand, Paris
La BNF présentait, du 4 février au 8
juin 2025, une grande exposition
consacrée à l’Apocalypse.
Imaginaire de la
catastrophe. Apocalypse guerrière,
nucléaire, écologique, toute catastrophe
qui nous semble s’apparenter à une fin
du monde.
L’Apocalypse demeure, depuis deux mille
ans l’un des plus grands récits
symboliques de l’épreuve et de
l’espérance ; il est un arrière-plan et
un horizon, une invitation à nous
souvenir de l’avenir.
Nuage atomique au-dessus de Nagasaki, le 9 août 1945 - Hiromichi Matsuda / Nagasaki Atomic Bomb Museum
« 1945–1998 », Isao Hashimoto, 2003
Nuclear Explosions 1945 / 1998par Nils-Olov Bergkvist - IAEA Liste des explosions nucléaires
effectuées par les États-Unis, l'Union soviétique, le Royaume-Uni, la
France, la Chine, l'Inde et
le Pakistan entre 1945 et 1998. Ce rapport
est le fruit d'une collaboration entre le Centre de recherches pour la
défense (FOA)
et le Stockholm International Peace Research Institute
(SIPRI). Ce document a servi de source à l'animation
ci-dessus.
Il
manque aux tableaux l'essai atomique d'Israël du 22 septembre 1979 et ceux de la Corée du Nord débutés en 2006.
80 ANS DES
BOMBARDEMENTS ATOMIQUES D'HIROSHIMA ET DE
NAGASAKI
Albert Einstein : « L’organisation de la paix »
Lettre au rédacteur du New York Times, le 10 octobre 1945
« La première bombe atomique a fait plus que de détruire la ville d’Hiroshima. Elle a fait également exploser nos idées politiques traditionnelles et démodées.
La situation actuelle d’anarchie internationale, qui force l’humanité à vivre sous la menace constante d’anéantissement brutal, a conduit à une dangereuse course aux armements atomiques. Le Comité d’urgence des Savants atomistes est conscient de sa responsabilité pour informer les citoyens de ce pays et de tout autre pays, que les nations ne peuvent plus penser en termes de puissance militaire ou de supériorité technique. Ce qu’un groupe d’hommes a découvert, d’autres groupes d’hommes qui poursuivent la connaissance avec patience et intelligence le trouveront aussi. Il n’y a pas de secrets scientifiques. Et il ne peut pas y avoir non plus de défense efficace contre une agression sur une base purement nationale.
La libération de l’énergie atomique a créé un monde nouveau dans lequel les anciens modes de pensée qui comprennent les vieilles conventions diplomatiques et la politique de l’équilibre des forces sont devenus tout à fait absurdes. L’humanité doit renoncer à la guerre dans l’ère atomique. Ce qui est en cause, c’est la vie ou la mort de l’humanité.
Albert Einstein en 1947
La seule force militaire qui puisse apporter la sécurité au monde c’est une force de police supra-nationale fondée sur la loi mondiale. C’est dans cette direction que nous devons diriger nos énergies. »
Il n'y a pas d'autorité supranationale
suffisante et en qui on puisse avoir confiance
Lettre ouverte à l'Assemblée générale des Nations Unies, New York, octobre 1947
« Il ne pourra jamais y avoir accord total sur le contrôle international et l’administration de l’énergie atomique, ou sur le désarmement général tant qu’il n’y aura pas de modification du concept traditionnel de souveraineté nationale. Car, tant que l’énergie et les armements atomiques seront considérés comme une partie vitale de la sécurité nationale, aucune nation ne fera plus que d’accorder une attention formelle aux traités internationaux.
La sécurité est indivisible. Elle ne peut être atteinte que lorsque les garanties nécessaires de la loi et d’application de la loi existent partout, si bien que la sécurité militaire n’est plus le problème d’un Etat seul. Il n’y a pas de compromis possible entre la préparation à la guerre d’une part et la préparation d’une société mondiale fondée sur la loi et l’ordre d’autre part. (...) »
Manifeste Russell Einstein, le 9 juillet 1955 - signé par Max Born, Percy Williams Bridgman, Albert Einstein, Léopold Infeld, Frédéric Joliot-Curie, Herman J. Muller, Linus Pauling, Cecil F. Powell, Joseph Rotblat, Bertrand Russell et Hideki Yukawa
« Sachant qu’en cas de nouvelle guerre mondiale les armes nucléaires seront certainement employées et que ces armes mettent en péril la survie de l’humanité, nous invitons instamment les gouvernements du monde à comprendre et à admettre publiquement qu’ils ne sauraient atteindre leurs objectifs par une guerre mondiale et nous leur demandons instamment, en conséquence, de s’employer à régler par des moyens pacifiques tous leurs différends. (...) »
« Nous exigeons l'interdiction absolue de l'arme atomique, arme d'épouvante et d'extermination massive des populations. Nous exigeons l'établissement d'un rigoureux contrôle international pour assurer l'application de cette mesure d'interdiction. Nous considérons que le gouvernement qui, le premier, utiliserait, contre n'importe quel pays, l'arme atomique, commettrait un crime contre l'humanité et serait à traiter comme criminel de guerre. Nous appelons tous les hommes de bonne volonté dans le monde à signer cet appel. »
80 ANS DES
BOMBARDEMENTS ATOMIQUES D'HIROSHIMA ET DE
NAGASAKI
Jean Rostand : « Plus jamais d'Hiroshima »
Discours prononcé au Cirque d’Hiver le 16 juin 1964 devant une délégation de rescapés d’Hiroshima, repris dans Jean Rostand, Un biologiste contre le nucléaire, textes choisis et commentés par Alain Dubois, Berg International Éditeurs, 2012
« C’est avec une profonde émotion qu’à mon tour je salue fraternellement la présence, dans cette enceinte parisienne, de la délégation des rescapés d’Hiroshima. Et c’est aussi avec une nette conscience de tout ce que représente, de tout ce que signifie la proximité de ces quelques hommes et de ces quelques femmes venus de si loin, non pas pour raviver stérilement un odieux souvenir mais pour nous faire bénéficier de leur douloureuse expérience, et ainsi nous contraindre à méditer sur le présent et à nous interroger sur le futur.
Hiroshima... Nom sinistre, à jamais inscrit dans les annales des crimes de l’homme contre l’homme...
Nom de fracas et de feu, plus fameux qu’aucun nom de victoire, encore qu’il rappelle la plus cruelle défaite qu’ait subie l’humanité... Fulgurant symbole de la barbarie savante, de la sauvagerie des soi-disant civilisés... Nom qui résume en ses quatre syllabes toute l’horreur que le progrès technique ajoute à l’horreur essentielle de la guerre... Nom que nous prononçons parfois négligemment parce qu’il est dans des titres de films et sur des couvertures de livres, mais que, ce soir, devant les visages de ceux qui ont vécu tout ce qu’il évoque, nous ne prononçons pas sans frémir...
Nom qui désigne la Chose qu’on ne doit jamais plus revoir, la Chose qui doit rester unique dans l’histoire... Nom exécré de tous, mais particulièrement des zélateurs de la science, qui ne sont pas près de pardonner aux bombardements nucléaires la détestable lumière qu’ils ont fait rejaillir sur elle.
Objection collective de conscience ! Il incombe à tout homme de refuser son consentement à tout ce qui peut ajouter aux risques de conflit nucléaire. Car tout devrait, aujourd’hui, être subordonné à cela, être jugé en fonction de cela. Est bon, sain, raisonnable, sage, politique, humain, ce qui rend un peu plus improbables les nouveaux Hiroshima... Est mauvais, malsain, déraisonnable, insensé, impolitique, inhumain, ce qui en accroît la probabilité. Or, il est bien évident qu’en dépit de tous les sophismes largués par des propagandes officielles la dissémination des armes atomiques augmente le risque de les voir, un jour, tomber aux mains d’un inconscient ou d’un énergumène. Il est évident que la sécurité de la planète est inversement proportionnelle au nombre de « boutons » sur chacun desquels il suffit d’appuyer pour déclencher le cataclysme. »
Discours prononcé le 23 juin 1966 à la Mutualité, à la réunion publique organisée à Paris
par le Mouvement contre l’armement atomique (MCAA) pour protester contre le 1er essai nucléaire français en Polynésie – qui allait être effectué le 2 juillet suivant.
« Vaines sont nos protestations de ce soir – et cela aussi nous le savons. Nous n’empêcherons rien. Nous n’arrêterons rien. Et nous ne pensons certes pas, comme Cyrano, que c’est bien plus beau lorsque c’est inutile. Mais nous pensons tout simplement que cela est nécessaire, bien qu’inutile. »
« On nous reproche volontiers de faire de la politique. Mais il s’agit de bien autre chose,
– de morale et d’hygiène planétaires.
On nous accuse d’être trop violents envers l’armement atomique. Je crois que c’est lui qui a commencé...
Nos ressentiments sont encore loin du compte.
Et si, demain, surviennent de nouveaux Hiroshima, je crois que les survivants feront plutôt grief à notre tiédeur et à notre mollesse. » (...)
« De la force de frappe, je dirai qu’elle ne peut être qu’un simulacre ou une folie, puisqu’elle ne peut être employée sans provoquer instantanément la riposte qui anéantirait le vulnérable hexagone. Je dirai que ce qu’on appelle notre indépendance atomique n’est que le droit au suicide solitaire. Je dirai que la force de frappe nous expose au lieu de nous protéger : elle n’est pas un bouclier mais une cible. Je dirai qu’elle donne au monde le mauvais exemple, en incitant à la dissémination des armes nucléaires qui est le plus redoutable de tous les périls, et comme la généralisation du cancer atomique. Je dirai que loin de servir la recherche scientifique, elle détourne de la recherche fondamentale des multitudes de chercheurs, qu’elle exténue le pays, qu’elle entrave le progrès social et culturel. Je dirai qu’elle bafoue une tradition de générosité et de pacifisme, qui faisait jusqu’ici le meilleur de notre héritage spirituel. Je dirai que, loin de grandir la France, elle la rapetisse, car le chemin de la bonne grandeur ne passe pas par les usines Dassault. » (...)
80 ANS DES
BOMBARDEMENTS ATOMIQUES D'HIROSHIMA ET DE
NAGASAKI
Vers une nouvelle course aux armes nucléaires
Le dernier rapport du SIPRI, l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm, publié lundi 16 juin 2025, souligne une nette tendance à l’amélioration et à la modernisation des armes nucléaires. Un mouvement qui laisse à penser que le processus de dénucléarisation des arsenaux à travers le monde pourrait toucher à sa fin.
Le monde est de plus en plus instable et la probabilité ne cesse d’augmenter que des armes nucléaires soient un jour utilisées, en dépit de tout ce que peut souhaiter l’humanité. Les neuf puissances nucléaires de la planète ont poursuivi la modernisation de leurs programmes nucléaires en 2024, avec l’amélioration d’armes existantes ou l’ajout de nouvelles versions. Le plus inquiétant à l’heure actuelle, c’est que la tendance à la réduction du nombre d’armes nucléaires est en train de s’essouffler.
par Jean-Marie COLLIN, ICAN
France, le 24 mars 2025
Il est frappant de voir à quel point
la parole s’est décomplexée autour des notions
de « parapluie
nucléaire », de « partage » ou de
« dimension européenne des intérêts vitaux
de la France ».
Désormais, les acteurs politiques et think
tanks, par ignorance ou volonté d’écarter le
droit international, proposent des scénarios de
prolifération nucléaire.
Fragment de la
Tapisserie de l’Apocalypse,
« Quatrième flacon versé sur le
soleil », XIV° s.
L’arrivée au pouvoir du
président Trump, avec une posture
en faveur d’un État autoritaire russe, a
fait bouger les lignes de pensées de
nombreux Français et Européens sur la
dissuasion nucléaire. Les armes
nucléaires, qui sont des armes de
destruction massive, sont en vogue et
seraient la solution aux problèmes de
sécurité devant une Russie autoritaire et
des États-Unis trumpistes. (...)
En cette année de 80e
commémoration des destructions des villes
d’Hiroshima et de Nagasaki, cette
dynamique positive en faveur de l’arme
nucléaire est dangereuse. Cela revient à
mettre à mal des décennies d’engagements
français et européen en faveur du
désarmement nucléaire, de la
non-prolifération et du droit
international. Les partisans des armes
nucléaires devraient contrôler leur
adrénaline. Les armes nucléaires font
partie de notre insécurité mondiale,
renforcer leur poids dans les politiques
de défense engendrera un sombre futur.
Combattre les forces hostiles à nos
valeurs, doit nous obliger à utiliser des
moyens militaires conventionnels,
diplomatiques et économiques qui les
respectent afin de préparer notre avenir
et non le condamner.
80 ans après Hiroshima, quid des ambitions d’abandon des armes nucléaires ?
ARTE, 28 minutes, le 6 août 2025, avec Jean-Marie Collin, Héloïse Fayet et Guillaume Auda
80 ANS DES
BOMBARDEMENTS ATOMIQUES D'HIROSHIMA ET DE
NAGASAKI
La santé mentale des dirigeants et l’arme atomique
Près d’une dizaine de pays possèdent l'arme atomique et pourraient donc potentiellement déclencher une guerre nucléaire. Une éventualité encore plus préoccupante quand on se penche sur l’âge et l’état de santé des dirigeants de ces pays, selon une étude relayée par Sciences et Vie.
La majorité des puissances nucléaires est dirigée par des hommes âgés :
Xi Jinping (Chine), Donald Trump (États-Unis), Narendra Modi (Inde), Benyamin Netanyahou (Israël), Asif Ali Zardari (Pakistan) et Vladimir Poutine (Russie) ont tous plus de 70 ans. Ces âges avancés augmentent le risque de maladie chronique et démences, pouvant affecter leur discernement... et de nous précipiter dans une apocalypse nucléaire.
Dans leur étude, publiée le 8 juillet dans la revue BMC Research Notes, des chercheurs de l’Université d’Otago en Nouvelle-Zélande, ont analysé les données de santé des dirigeants décédés des puissances nucléaires, montrant à quel point une grande partie a gouverné avec des problèmes de santé qui auraient pu entraver leurs performances cognitives...
Une guerre nucléaire est-elle possible ?
par Jean-Luc PASQUINET,
le 5 août 2025
Non seulement une guerre nucléaire est possible mais elle a commencé avec l'usage des armes à uranium appauvri aux conséquences dramatiques (même si on n'en parle pas) et surtout avec le hiatus grandissant entre l'imaginaire des humains et leurs moyens techniques (dont la bombe atomique), la disparition de la capacité d'imaginer un monde futur post-nucléaire.
Calculateur de retombées d'explosions nucléaires, utilisé par l'armée US pour mesurer les débits de dose
et la contamination du personnel après une explosion nucléaire) - photo (détail) Alastair Philip WIPER, 2022
« Tout l'espoir de dissuasion de la France repose sur cet avertissement solennel et démentiel, sur ce monstrueux engagement de répondre par des représailles massives à toute agression majeure. Agression majeure ? Et qui décidera si l’agression est ou non majeure ? Bien sûr, le Président de la République. Toute notre chance de survie nationale tient à la façon dont sera entendu le mot « majeure ». Et vous conviendrez avec moi qu’il est assez alarmant de penser que le destin la France, que la vie de tous les Français, tient à la façon dont un seul homme interprète un seul mot !
Quelle puissance, n’est-ce pas ? ce Président de notre République...
Quoi, cet homme tout puissant, cet homme formidable, ce dispensateur de foudre, ce Jupiter en veston – ou en jaquette –, qui peut d’un geste lancer la foudre, on le choisit sur quelques exhibitions de petit écran, sur quelques parades frelatées ; on le choisit sur son maintien, sur sa prestance, sur son débit, sur son bagout, sur sa verve – s’il en a –, sur son sourire, voire sur l’éclat de sa denture, sur le timbre de sa voix, sur son air de bonhomie ou d’autorité, sur sa façon de se croiser les bras ou de se taper sur les cuisses, en bref, sur son art de comédien et son astuce de camelot... Allons donc, ce n’est pas sérieux ! »
80 ANS DES
BOMBARDEMENTS ATOMIQUES D'HIROSHIMA ET DE
NAGASAKI
La force de dissuasion nucléaire française
Une série en 10 épisodes d'Albane Penaranda,
Les Nuits de France Culture,
le 3 août 2025
Un programme d'archives radiophoniques autour de la force de dissuasion nucléaire française. De sa genèse pendant la Seconde Guerre mondiale, avec l'explosion de la première bombe atomique française en 1960 qui débute le programme d'armement nucléaire voulu par le général de Gaulle, jusqu'à la reprise des essais nucléaires en 1995 en Polynésie française.
Le retour de la guerre en Europe a installé les questions de stratégie militaire au cœur de l'actualité. Quotidiennement dans les media, où elle est abondamment commentée et analysée, la possibilité que la guerre s’étende au-delà des frontières de l’Ukraine est évoquée. Évoquée aussi, puisque Poutine en agite régulièrement la menace, la possibilité que ce conflit ne se limite pas à l’usage d’un armement dit "conventionnel" et que l'arme nucléaire y soit employée.
(...) « Devant les perspectives terrifiantes qui s'ouvrent à l'humanité, nous apercevons encore mieux que la paix est le seul combat qui vaille d'être mené. Ce n'est plus une prière, mais un ordre qui doit monter des peuples vers les gouvernements, l'ordre de choisir définitivement entre l'enfer et la raison. »
Entretien avec Benoît PELOPIDAS par Laure NOUALHAT, Reporterre, le 6 août 2025
80 ans après les bombes à Hiroshima et Nagasaki, l’arme nucléaire reste au cœur des politiques de défense. Pour le pire, déplore le chercheur Benoît Pelopidas : elle crée un faux sentiment de protection. Mobiliser une mémoire collective permet aux citoyens de comprendre la violence nucléaire causée par la bombe, mais aussi les vulnérabilités présentes et à venir.
Face aux limites planétaires et au réchauffement climatique notamment, il serait bienvenu d’avoir un débat serein sur les bienfaits et les nuisances de ces systèmes d’armes. Ce débat n’a que très rarement lieu et, quand il a lieu, il est biaisé systématiquement.
Le débat sur l’usage
militaire du nucléaire
doit être ouvert à la société civile, puisque ce
sont
les populations qui seraient anéanties
Tribune Le Monde, le 22 mars 2025
À la suite des propos du
président de la République évoquant
l’extension du « parapluie
nucléaire français » aux alliés
européens, un collectif réunissant
universitaires, associatifs, diplomates
et militaires appelle, dans une tribune
au « Monde », à l’ouverture
d’un débat global sur la question.
La récente proposition du président
de la République, Emmanuel Macron, pour
un « dialogue
stratégique » sur un élargissement de
la dissuasion nucléaire française à
l’Europe a remis le sujet sous les feux de
l’actualité. Il est grand temps que la France se
livre enfin à un débat public transparent et
objectif sur ces armes puissantes et
dangereuses, qu’elle s’est engagée à éliminer
dès la fin de la guerre froide en rejoignant le
traité de non-prolifération.
« Nous ne vivons plus dans une époque mais dans un délai. C'est aujourd'hui que ces termes "fin du monde", "apocalypse" prennent un sens sérieux et non métaphysique ; depuis l'année zéro (1945), ils désignent pour la première fois une fin réellement possible. »
Le Rainbow Warrior,
une histoire de courage et de vérité
Il y a 40 ans, le Rainbow Warrior, qui venait de mettre le cap sur Mururoa pour dénoncer les essais nucléaires français dans le Pacifique, était la cible d’un attentat commis par les services secrets français. Ce combat dérange. Dans l’ombre, une opération d’État se prépare.
Le 10 juillet 1985, alors qu’il est amarré dans le port d’Auckland (Nouvelle-Zélande), le navire est victime d’un attentat. Deux bombes explosent à quelques minutes l’une de l’autre.
Moins de quatre minutes plus tard, le Rainbow Warrior a sombré. Fernando Pereira, militant et photographe de Greenpeace, meurt noyé, pris au piège à l’intérieur du navire. Greenpeace retrace l’histoire riche et inspirante de ce navire emblématique et de ses successeurs, symbole de résistance.
Quarante ans après l’attentat du Rainbow Warrior et sa dernière mission, les menaces demeurent : criminalisation des actions non-violentes, surveillance renforcée, pressions judiciaires, procédures-bâillons et atteintes aux libertés associatives... les militant·es écologistes continuent de déranger.
Greenpeace fait actuellement face à une procédure-bâillon sans précédent aux États-Unis : dix ans après les manifestations des peuples autochtones Sioux contre la construction d’un oléoduc dans le Dakota du Nord, Greenpeace International ainsi que deux entités de Greenpeace aux États-Unis ont été condamnées en mars 2025 par un jury américain à verser plus de 660 millions de dollars à la multinationale Energy Transfer, propriétaire de l’oléoduc. Ces poursuites sont un exemple clair de ces procédures-bâillon qui visent à étouffer sous des frais de justice les organisations non gouvernementales à but non lucratif afin de les faire taire. Grenpeace lance un appel pour faire primer les droits et la planète sur les profits et la préservation d’un système économique destructeur du vivant.
Filmé dans 13 pays différents, sur les 5 continents et dans 8 langues, Le Voyage (The Journey) est un réquisitoire décapant contre l'arme nucléaire. Au fil de ces images, nous comprenons la manipulation politique et médiatique de l'information sur l'armement nucléaire et ses conséquences dramatiques sur la planète et ses populations.
Qu'en est il de la course à l'armement à travers le monde ?
De la désinformation permanente des médias ? De l'absence de toute formation critique dans les systèmes éducatifs ? Avec les photos d'Hiroshima sous le bras, Peter Watkins rend visite à des familles et des communautés d'hommes et de femmes au Mexique, au Japon, à Tahiti, en Union Soviétique, au Mozambique, en Écosse, en France, en Norvège, aux États-Unis, au Canada, en Australie et en Allemagne de l'ouest. Et cet empêcheur de guerroyer en paix leur demande de livrer leurs témoignages, car tous ont été affectés, ou risquent de l'être, par la présence du nucléaire.
Un tour de force documentaire qui dénonce la manipulation tant par son contenu que par sa forme. Réalisé par Peter Watkins dont la carrière fut, ne l'oublions pas, lancée avec un autre film majeur sur la guerre nucléaire : La Bombe (1966). Cette dénonciation sans appel a été filmée au début des années 80, mais n'en reste pas moins juste aujourd'hui.
Il y a 10 ans, pour la commémoration du 70° anniversaire
des bombardements nucléaires d’Hiroshima et de Nagasaki, le groupe « Arrêt du nucléaire Lot » et le Collectif «
Route sans frontières » avaient proposé le long de quatre journées exceptionnelles, les 6,
7, 8 et 9 août 2105 à Gramat (Lot), l'expérience et l’occasion unique de voir le
film monumental de Peter Watkins, Le Voyage, dans sa durée complète de 14 heures et 30 minutes. À cette occasion a été constitué un dossier autour de ce film comprenant de nombreux documents, inédits en français, qui peuvent servir de mode d'emploi pour la projection et l'étude de ce film.
SPARKS, « Hit Me, Baby », 2025, album MAD! (Mutualy Assured Destruction !) « Frappe-moi, baby, je t'en supplie / Je dois me réveiller / Cela ne peut pas être vrai / Je dois me réveiller
Ce cauchemar semble si réel / Cela devient inquiétant / De plus en plus inquiétant / Frappe-moi, baby, réveille-moi »
« La Belle Epoque
», c'était celle où l'adulte ne manquait
pas d'aplomb et, s'il mettait du plomb
dans la tête de l'enfant, c'était pour
que l'enfant trouve tout naturel de
recevoir plus tard du plomb n'importe où
dans le corps. Heureuse époque encore un
peu artisanale où dans les petites
confiseries le modeste travailleur
suçait les dragées manquées afin de
récupérer les amandes, cependant qu'en
temps de guerre, sur les champs de
bataille, des ferrailleurs récupéraient
l'or des dents des morts ou le plomb des
balles afin de le vendre un bon prix aux
fabriques de soldats de plomb.
Aujourd'hui, c'est du napalm que
l'adulte met dans la tête des enfants et
il est étonnant qu'il s'étonne quand
l'enfant fabrique des cocktails molotov
même avant d'être adolescent. »
Depuis l’allocution
d’Emmanuel Macron à propos de la
guerre en Ukraine, le 5 mars, les
grands médias sont en ordre de marche.
Réhabilitation du président en
« chef de guerre »,
patriotisme exacerbé, concert
militariste et glorification des
industriels de guerre... Mené tambour
battant, le SAV du discours
présidentiel s’accompagne d’une
nouvelle séquence de matraquage
patronal contre le « modèle
social » et pour
« travailler plus » au nom,
prétendument, de l’« effort de
guerre »
Le ministre des Armées s’est rendu le 18 mars
sur le site de la centrale de Civaux (Vienne,
86), accueilli par la direction d’EDF sur site.
Le ministre a expliqué la collaboration qui se
met en place entre EDF et la Défense consistant
à installer un service d’irradiation de
matériaux sur le site. Il s’agit d’exploiter la
puissance des deux réacteurs de Civaux pour, en
marge d’une production d’électricité inchangée,
irradier dans le cœur des réacteurs des
matériaux particuliers contenant du lithium. Une
fois irradiés, ces derniers seront transférés
vers un site du CEA afin de produire du tritium,
un gaz rare indispensable aux armes de la
dissuasion (communiqué
du Ministère de la Défense).
«
Lorsque le CO2 dégagé par chaque avion
de combat Rafale (2.200 litres de
carburant par heure de vol) sera perçu
comme une bombe à retardement, on se
rappellera que le carburant le moins
cher est celui qu’on ne consomme pas.
Et que la guerre la plus écolo est
celle qu’on ne livre pas. »
Ben
CRAMER
« Les armes sont des marchandises idéales, car ce sont des produits qui, tout comme les biens de consommation, ne servent qu’une seule fois. Vus sous cet angle, les munitions et les petits pains sont des produits de même nature. »
Günther ANDERS, Et si je suis désespéré, que voulez-vous que j'y fasse ?
Guerre à la guerre :
une campagne pour désarmer le militarisme
par SURVIE,
le 24 mars 2025
Le travail
d'analyse critique que mène Survie
sur le pilier militaire du néocolonialisme
français, du Sahel au génocide des Tutsis au
Rwanda, et sur le "savoir faire" français en
terme de coopération policière avec des
régimes criminels, motive son choix de
s'engager dans la campagne « Guerre à la
guerre ». Cette coalition de diverses
organisations vise à désarmer le militarisme,
l'impérialisme et le colonialisme.
Alors que nos
dirigeants multiplient les annonces
martiales et les dépenses militaires
et que les empires menacent de dévorer
le monde, il est urgent de faire front
contre la guerre et le militarisme.
Une mobilisation
massive s’organise contre le
salon du Bourget, le plus grand
salon mondial de l’armement, qui
aura lieu du 16 au 22 juin
prochains, près de Paris.
Une occasion
d’exprimer massivement notre refus de
la marche vers l’abîme. D’ici là,
rejoignez la coalition Guerre à la
guerre, parlez-en autour de
vous : organisons nous contre le
militarisme.
Dans
une envolée rare, les dépenses
militaires européennes ont atteint
leur niveau de la fin de la guerre
froide. En France, troisième
exportateur mondial d'armes, le
complexe militaro-industriel mobilise
entreprises et chercheurs civils pour
concevoir et fabriquer les armes de
demain. Grenoble, spécialisée en
semi-conducteurs, est emblématique de
cette collusion. Fabrice Lamarck
mène une critique du rôle des
chercheurs dans les sociétés
capitalistes avancées. Il est membre
du Groupe Grothendieck, et participe
au collectif « Faut-il
continuer la recherche
scientifique ? ».
Anne IMHOF,
« Sans titre », 2022, Pinault
Collection, Sprüth Magers and Galerie Buchholz
- Exposition
L'Apocalypse
Pourquoi les peuples
laissent-ils s’accomplir le crime nucléaire
contre les prochaines générations ?
par Nicole ROELENS, FSM
antinucléaire, Paris, le 3 novembre 2017
Une dimension encore peu
appréhendée du crime nucléaire : son impact
sanitaire est d’autant plus violent que l’on
remonte le cours de la vie vers son origine.
Le nucléaire est d’abord une
technique de destruction massive, l’atout majeur
de la thanatocratie c’est-à-dire l’attribution
du pouvoir à ceux qui détiennent la plus grande
capacité d’extermination.
Le missile nucléaire
russe RS-28 Sarmat, dit « Satan »
L’impuissance des femmes qui
donnent la vie face à la destruction
technologique de la descendance
s’accompagne d’une inertie de la très
grande majorité des hommes devant la
prolifération d’un technomonde hostile au
vivant. Ce technomonde les fascine parce
qu’il est synonyme de toute puissance et
que les hommes n’ont majoritairement pas
renoncé aux illusions de toute-puissance.
Il est temps de dire que l’inertie
face au processus d’autodestruction de
l’humanité tient à la complicité de la
société sexiste avec la guerre larvée
contre les femmes et les humains de
demain.
Cette guerre est menée en
toute inconscience par les mâles les plus
hégémoniques. Elle est impensée, mais elle
est attestée par l’indifférence collective
à l’égard des intérêts
intergénérationnels, par la dégradation
contemporaine du processus d’engendrement,
par la destruction systématique des
conditions de survie de nos descendants.
Mémorial pour la Paix à Hiroshima : statue
offerte en 1959 par le sulpteur Hongô Shin
au Maire d'Hiroshima, M. Hamai, à l'occasion du 5°
congrès mondial pour l'abolition des armes
nucléaires,
inaugurée en 1960 grâce au soutien de
l'association des femmes de Hiroshima
80 ANS DES
BOMBARDEMENTS ATOMIQUES D'HIROSHIMA ET DE
NAGASAKI
Nihon Hidankyo Nobel
de la paix 2024
Le prix Nobel de la paix
2024 a été attribué le 11 octobre
à Nihon Hidankyo, organisation
japonaise de survivants des bombes A et
H, pour son combat contre l’arme
atomique. La remise de ce prix s'est
tenue à Oslo le 10 décembre 2024 (voir le discours).
Lâcher de colombes devant le
Mémorial aux victimes du bombardement atomique
de Nagasaki, le 9 août 2019
Hiroshima : tollé autour
de la cérémonie de la paix !
Le
6 août 2024, 79 ans après le
largage de la bombe sur Hiroshima par
les Américains (voir les archives compilées
par l'UNESCO), la cérémonie de
la paix a été censurée.
Nagasaki : plusieurs pays et
l'Union européenne boycottent la
cérémonie
Alors que la municipalité
d’Hiroshima l'avait accueilli le 6 août,
Nagasaki a refusé d’inviter l’ambassadeur
d’Israël le 9 août, tout en conviant son
homologue de Palestine.
Le maire d’extrême droite a
restreint l’accès au site, proscrit le
récit d’un survivant dans les écoles et
fait fi de l’opposition en invitant une
délégation israélienne… La réglementation
a été durcie au périmètre du parc de la
Paix, les bagages contrôlés à six entrées,
les mégaphones et banderoles proscrits.
Pour la première fois, la zone interdite
comprenait le Dôme qui marque l’épicentre
de la bombe. Une décision qui divise
citoyens et hibakusha – les
survivants de la bombe atomique – qui y
venaient prier ou manifester pour la paix.
Plusieurs ambassadeurs de pays
occidentaux – Australie, Italie, Canada,
Allemagne, France, États-Unis et
Royaume-Uni – ansi que l'Union européenne,
ont annoncé le 7 août qu’ils ne se rendraient
pas à la cérémonie commémorative. La
représentation britannique a dénoncé
« une équivalence malheureuse et
trompeuse avec la Russie et la
Biélorussie, les deux seuls autres pays
qui n’aient pas non plus été invités à la
cérémonie de cette année ».
« L'importance de la vie humaine est la même
pour tout le monde,
vous, moi, adultes, enfants, ennemis et alliés.
»
M. Toshiyuki Mimaki, co-Président de Nihon
Hidankyo
80 ANS DES
BOMBARDEMENTS ATOMIQUES D'HIROSHIMA ET DE
NAGASAKI
L'Âge atomique Les artistes à
l’épreuve de l’histoire
Exposition au Musée
d’Art moderne de Paris
Le Musée d'Art Moderne de
Paris propose de revisiter l’histoire de
la modernité au XXe siècle à travers
l’imaginaire de l’atome. L’exposition
invite le public à une exploration des
représentations artistiques suscitées par la découverte scientifique
de l’atome et de ses applications, en
particulier la bombe nucléaire dont les
conséquences dévastatrices ont changé le
destin de l’humanité. En réunissant près
de 250 œuvres (peintures, dessins,
photographies, vidéos et installations),
ainsi qu’une documentation souvent
inédite, l'exposition montre, pour la
première fois dans une institution
française, les positions très différentes prises par les artistes face aux avancées scientifiques et aux
controverses qu’elles suscitent.
80 ANS DES
BOMBARDEMENTS ATOMIQUES D'HIROSHIMA ET DE
NAGASAKI
L'Homme d'Hiroshima
Le Chant du Monde,
la merveilleuse suite de tapisseries
réalisée par Jean Lurçat entre 1957 et
1965, a été exposé en 1999 dans la
ville d’Hiroshima au Japon. Apocalypse des
temps modernes, cette œuvre,
tout au long des dix éléments
tissés qui la constitue, dénonce les
dangers encourus face à la grande menace
de la guerre nucléaire, et célèbre l’Homme
en gloire dans la Paix.
Hiroshima - le 6
août 1945
Cependant, il
y a eu Hiroshima... La folie s'est déjà
manifestée à deux reprises...
Hiroshima,
Nagasaki... L'homme d'Hiroshima a
été brûlé, dépouillé, vidé par la
bombe... Mais avec lui, ce sont toutes
nos raisons de vivre qui ont été
saccagées.
La bombe n'épargne aucune idéologie,
aucun système... Elle anéantit toutes
les pensées de l'homme, tout le
patrimoine culturel commun...
À nouveau, les bibliothèques
d'Alexandrie flambent et
s'anéantissent... Mais cette fois-ci,
c'est un enlisement général...
Éluard a écrit un
jour : « ...Je veux savoir
d'où je pars pour conserver tant
d'espoir... » Eh bien ! c'est ça... Nous partons
d'ici.
Nous partons de cette horrible menace.
Seulement, tout de même, si cette bon
dieu de bombe tombait, le monde
paierait un tribut épouvantable.
On reculerait de plusieurs milliers
d'années...
Il faut que les gens le sachent...
80 ANS DES
BOMBARDEMENTS ATOMIQUES D'HIROSHIMA ET DE
NAGASAKI
Hiroshima est partout »
« Avoir raison avec
Günther ANDERS », France culture, le
9 août 2023 - série de 5 émissions
Günther Anders, de 1945 à
sa mort, n’eut de cesse de revenir au
sujet de la bombe atomique dans sa
pensée mais aussi dans ses engagements
militants : « Ce combat est notre
destin », écrivait-il ainsi dans Hiroshima
est partout.
80 ANS DES
BOMBARDEMENTS ATOMIQUES D'HIROSHIMA ET DE
NAGASAKI
« Vingt
mensonges sur les armes nucléaires et
comment y répondre »
un dossier d'ICAN
France et IDN, le 18 octobre 2024
ICAN France,
relais national de la Campagne
internationale pour abolir les armes
nucléaires, lauréate du prix Nobel
de la paix en 2017 et lDN,
Initiatives pour le Désarmement
nucléaire, fondée en 2014 par Paul
Quilès, et avec le soutien de la
Fondation Charles-Léopold Mayer pour
le Progrès humain, publient un
argumentaire intitulé « Vingt mensonges sur
les armes nucléaires ».
Cet argumentaire - de 76
pages - apporte des clés de
compréhension aux associations et
personnes luttant pour un monde libéré
des armes nucléaires, et vient
encourager la réflexion sur la remise en
cause de la dissuasion nucléaire.
En effet, les récents conflits
et crises internationales montrent clairement
que les armes nucléaires ne garantissent pas
la paix, mais permettent la guerre
conventionnelle (Russie – Ukraine), exacerbent
les tensions (Iran – Israël, course aux
arsenaux des puissances nucléaires dont la
France) et rendent plus fragile l’équilibre
stratégique mondial (Chine, Corée du Nord,
États-Unis).
Les experts des deux
organisations ont mené une analyse approfondie
pour déconstruire les mensonges couramment
véhiculés autour de la sécurité prétendue
qu’offrent les armes nucléaires. Ils démontent
dans cette publication les idées reçues qui
perdurent dans le discours public et
stratégique, en soulignant les risques
humanitaires, environnementaux et politiques
liés à l’arme nucléaire. De même, ils
expliquent pourquoi la diplomatie française se
trompe – parfois volontairement – dans ses
critiques sur le Traité sur l’interdiction des
armes nucléaires (TIAN) qui permet d’engager
un désarmement nucléaire progressif et
multilatéral.
Les citoyens doivent être
consultés
sur la politique nucléaire de la France
par Renaud MELTZ, historien,
directeur de recherches au CNRS
Tribune parue dans Libération,
le 15 octobre 2024
L’exposition sur «
L’Âge atomique. Les artistes à
l’épreuve de l’histoire »,
organisée par le musée d’Art moderne de
Paris, interpelle l’historien du
nucléaire. Quelle est la place du
citoyen face à l’arme atomique ?
En 1945, les hommes se sont
dotés de la possibilité de mettre un terme
à leur propre histoire. Les artistes n’ont
cessé, depuis, de rendre sensible
l’angoisse suscitée par cette arme.
L’exposition donne à voir une
grande absente : la parole du citoyen,
confisquée sur le sujet, comme si
l’exceptionnel pouvoir de destruction
justifiait de restreindre le périmètre de
discussion aux arènes politiques les plus
étroites, tels les comités de défense.
Entre les décideurs qui ont naturalisé
l’arme atomique comme un attribut
indispensable à l’équilibre stratégique
mondial (un équilibre de la terreur), et
la capacité d’énonciation et de
dénonciation des artistes, quelle place
pour la rationalité collective, quelle
occasion de délibérer de l’opportunité de
détenir la bombe ?
À en croire la parole
officielle, les experts et la presse,
les armes nucléaires prolifèrent dans
le monde et cet état de fait serait
immuable. Ainsi, la politique
française ne fait pas débat. Elle
repose sur trois postulats :
efficacité de la dissuasion nucléaire,
absence de risque grâce à un contrôle
adéquat, responsabilité morale et
politique du chef de l’État, seul
habilité à déclencher le feu
nucléaire.
À partir d’archives
françaises, britanniques et
américaines, d’entretiens dans de
nombreux pays et d’une enquête inédite
sur l’opinion européenne, l’auteur
réévalue ces postulats. Requalifiant
la prolifération comme une partie du
problème, il cartographie les
vulnérabilités, expose les limites du
savoir existant, propose des outils
pour ne pas céder à la confiance
excessive dans les discours
d’autorité, élucide les paris qui
sous-tendent les différentes
politiques possibles et documente le
rôle qu’a joué la chance dans
l’évitement d’explosions nucléaires
non désirées.
Parce qu’en démocratie, il est
crucial que les choix nucléaires s’appuient
sur la discussion publique d’alternatives
cohérentes, cet ouvrage donne au citoyen, à
l’élu, au militaire et à l’éducateur les
moyens de se forger un avis sur un sujet aussi
essentiel que réputé intouchable.
Cinq erreurs sur les armes
nucléaires -
Sciences Po, le 29 novembre 2024
Vous pensez qu'il n'y a plus eu d'explosion
nucléaire depuis Nagasaki en 1945 ou que les
Ukrainiens auraient pu dissuader la Russie
s'ils avaient conservé leur arsenal nucléaire
? Vous avez tort. Cinq erreurs courantes au
sujet des armes nucléaires sont reprises par
les médias comme le grand public.
Le colonialisme nucléaire
et le changement climatique sont le produit
d’une vision cartésienne selon Anaïs Maurer
par Jade LINDGAARD, Médiapart,
le 12 novembre 2024
En Océanie, les luttes écologiques sont
marquées par l’urgence de la montée des
eaux et les blessures des essais
nucléaires. Pour la chercheuse Anaïs
Maurer, les combats des peuples du
Pacifique passent par une remise en
cause du scientisme lié à l’ordre
colonial et par un retour à une pensée
traditionnelle du rapport à la terre..
En 2023, l’accord final de la COP28 sur
le climat demandait
d’« accélérer » le
développement de l’énergie nucléaire
pour décarboner les sources de
production d’électricité. Dans une
déclaration commune,
vingt-deux pays – dont les
États-Unis et la France – avaient
appelé à tripler les capacités de
l’industrie de l’atome d’ici à 2050 par
rapport à 2020.
Mais dans la région océanienne, marquépar les campagnes d’essais des bombes
nucléaires, l’atome n’est en aucun cas
vu comme une solution au dérèglement
climatique. Pour les anti-nucléaire, les
îles du Pacifique héritent d’une triple
« apocalypse » :
épidémiologique à la suite de l’arrivée
des Occidentaux et de nouveaux virus,
nucléaire avec l’équivalent d’une bombe
Hiroshima par jour tous les jours
pendant cinquante ans, et climatique
avec la montée des eaux. (...)
Pour Anaïs Maurer, enseignante et
chercheuse à la Rutgers School of Arts and
Sciences à New York, les peuples d’Océanie,
souvent présentés comme des « victimes »,
« sont les premiers peuples à avoir mis
en place des stratégies de résistance »
contre la violence du complexe capitaliste et
colonial militaro-industriel. Dans The Ocean on Fire. Pacific
Stories from Nuclear Survivors and Climate
Activists (Duke University Press,
2024), elle retrace plusieurs décennies de
contestation du « colonialisme
nucléaire », à partir de l’explosion
de la première bombe atomique à Hiroshima, par
des peintres, des autrices et auteurs, des
musiciennes et musiciens des différentes îles du
Pacifique. Elle montre les liens profonds entre
cette critique et le refus de « l’impérialisme
carbone ». Et appelle à déconstruire
la dichotomie « qui a divisé le monde
entre la science et le reste, entre la raison
et les émotions, entre les hommes et les
femmes, entre les colonisateurs et les
colonisés, entre ceux qui inventent des bombes
nucléaires et ceux qui se font irradier ».
(...)
La France
consacre de plus en plus
d’argent à ses armes nucléaires
par Reporterre,
le 16 sept. 2024
Alors que
l’examen du projet de loi de finances
pour 2025 approche et que la
plupart des ministères, notamment celui
de la Transition écologique, ont été
priés de se serrer la ceinture,
l’enveloppe consacrée aux armes
nucléaires a grossi de 25 % entre
2019 et 2024 et pourrait encore
augmenter, observe ICAN France dans son communiqué du
13 septembre.
Le coût de
modernisation et de renouvellement des
systèmes d’armes nucléaires est ainsi
passé de 4,45 milliards d’euros
en 2019 à 6,35 milliards
d’euros en 2024. Le nouveau gouvernement
devrait encore engager, pour 2025, près
de 7 milliards d’euros s’il
respecte la loi de programmation
militaire (2024-2030).
Cette hausse
s’inscrit dans un contexte international
de débauche
de moyens accordés aux armes
nucléaires. Les neuf États
détenteurs de la bombe ont ainsi dépensé
91,4 milliards de dollars pour leur
arsenal en 2023, contre
72,9 milliards d’euros
en 2019.
« Il ne pourra jamais y
avoir accord total sur le contrôle
international et l’administration de l’énergie
atomique, ou sur le désarmement général tant
qu’il n’y aura pas de modification du concept
traditionnel de souveraineté nationale. Car,
tant que l’énergie et les armements atomiques
seront considérés comme une partie vitale de
la sécurité nationale, aucune nation ne fera
plus que d’accorder une attention formelle aux
traités internationaux. La sécurité est
indivisible. Elle ne peut être atteinte que
lorsque les garanties nécessaires de la loi et
d’application de la loi existent partout, si
bien que la sécurité militaire n’est plus le
problème d’un État seul. Il n’y a pas de
compromis possible entre la préparation à la
guerre d’une part et la préparation d’une
société mondiale fondée sur la loi et l’ordre
d’autre part. »
Raymond Briggs (1934–2022)
est un auteur britannique important - il
a dessiné pour les enfants Sacré
père Noël, Fungus le bogey, Le
Bonhomme de neige. Le voici remis
à l’honneur grâce aux éditions Tanibis
avec sa bande dessinée de politique
fiction Quand souffle le vent (1982),
pendant en BD du film The War game de
Peter Watkins (1966).
M. et Mme Bloggs
sont à la retraite. Ils vivent
tranquillement dans un petit cottage au
milieu de la campagne anglaise du
Sussex. Le monde s’apprête à entrer en
guerre. Les tensions entre l’URSS et les
forces de l’OTAN sont à leur paroxysme,
les autorités britanniques annoncent
que, sous trois jours, les hostilités
débuteront.
Heureusement, James a eu
l’intuition de rapporter des brochures
éditées par le conseil du comté donnant
des consignes pour
construire un abri, organiser le
rationnement, se protéger des
radiations, etc.
Subitement, un flash
radio : l’attaque est imminente,
les missiles ennemis toucheront le sol
britannique dans trois minutes.
La catastrophe est là.
Survivant au bombardement atomique,
James et Hilda se réfugient dans l’abri
que Jim a construit. Dès le deuxième
jour, face aux dégâts occasionnés par le
souffle, ils organisent leur survie en
attendant les soutiens officiels, qui
tardent à arriver, et leur santé se
détériore...
« Quand souffle le vent »
est un cri d’alerte de
Raymond Briggs face à la course
aux armements menée par les belligérants
de la guerre froide. Au début des
années 1980, le Royaume-Uni, membre
de l’OTAN, avait autorisé l’installation
de missiles nucléaires sur son
territoire, créant une vague de
protestations pacifistes. Quand
souffle le vent devint rapidement
un phénomène de société, chaque membre
du Parlement en reçut un exemplaire. L’engagement antinucléaire
de Briggs l’incita à proposer à la BBC
d’adapter son histoire
pour la radio et il aida à sa
transposition au théâtre. Briggs
participa ensuite à la céation du film
d’animation réalisé par Jimmy T.
Murakami. Sorti en 1986, le film
remporta en 1987 le grand prix du long
métrage au Festival international du
film d’animation d’Annecy.
La bande dessinée antinucléaire «
When the wind blows » de Raymond Briggs
a fait l'objet d'un long métrage d'animation
réalisé par Jimmy T. Murakami en 1986,
avec la musique, entre autres, de David Bowie et Roger Waters
Va-t-on assister à une ruée
vers les abris anti-atomiques ?
L'Allemagne a annoncé qu'elle était en
train de répertorier bunkers et abris où
la population pourrait trouver refuge en
cas d'attaque, souhaitant augmenter leur
nombre. On en recense actuellement 579 qui
peuvent abriter 480.000 personnes. Même
son de cloche en Suède, où les autorités
veulent moderniser les 65.000 abris du
pays et sensibilisent la population via
l'envoi de brochures. Un chiffre encore
plus conséquent en Suisse, qui compte
360.000 abris. Enfin, la Russie a annoncé
lundi avoir entamé la production de leurs
abris KUB-M, et ce alors que Poutine a récemment
modifié la doctrine russe sur
l'emploi de l'arme nucléaire.
En novembre 2024, la Suède a
remis à jour sa brochure « En cas
de crise ou de guerre », un
guide survivaliste conçu pour préparer les
citoyens à faire face à des situations
d’urgence, y compris des conflits armés.
Cette information pour face à des
scénarios de guerre ou de crise majeure
(ici
traduite en français) a été envoyée
à environ 5 millions de foyers suédois.
La France s'oppose à
une étude scientifique
sur l'impact de la guerre nucléaire, par ICAN France, le 8 novembre
2024
Le 1er
novembre, en première commission des
Nations Unies sur la paix et la
sécurité, la diplomatie française a
honteusement poussé le bouton rouge -
avec son ennemi la Russie et le Royaume
Uni - pour voter contre la résolution «
impact d'une guerre nucléaire et
recherche scientifique ». Cette
résolution - approuvée à une écrasante
majorité de 144 voix - doit examiner les
effets physiques et les conséquences
sociétales d'une guerre nucléaire à
l'échelle locale, régionale et
planétaire, notamment les effets
climatiques, environnementaux et
radiologiques, ainsi que les incidences
sur la santé publique, les systèmes
socio-économiques mondiaux,
l'agriculture et les écosystèmes.
un canular
radiophonique sur l'antenne de la
Radiodiffusion française, le 4 février 1946
Le soir du 4 février 1946,
la Chaîne parisienne diffuse le premier
épisode d'une série de dix fictions
intitulée Plateforme 70 ou l'âge
atomique. Jean Nocher, jeune
journaliste féru d'anticipation, a
décidé de mettre à profit l'angoisse de
la bombe atomique pour créer son
émission et alerter sur les dangers du
nucléaire.
L'avertissement qui devait
être diffusé juste avant le lancement de
la fiction est oublié... Et les
auditeurs peuvent alors entendre le «
professeur Helium », de l'Institut
mondial des recherches atomiques,
indiquer que des scientifiques
travaillent à la désintégration de
l'atome et qu'ils sont en train d'en
perdre le contrôle :
« Je vous conjure de ne
vous laisser en aucun cas entraîner à la
panique, même si vous étiez soudain les
témoins d'événements insolites ou
extraordinaires tels que : lueurs
soudaines dans le ciel, craquements,
vibrations du sol (elles ne sont
d’ailleurs pas dangereuses tant qu’elles
ne dépassent pas une certaine
amplitude), pannes de lumière et arrêt
de tous les moteurs ayant des connexions
électriques, enfin troubles
physiologiques légers :
tremblement, excitation épidermique et
perte momentanée du sens de l’équilibre.
»
L’événement fait les gros
titres jusque dans l'Ohio, où le Toledo
Blade titre « Panique à
Paris : la radio avait fait état
d'une fausse désintégration atomique du
monde ». Jean Nocher écope
finalement de trois mois de suspension de
radio, certainement plus en raison
d'enjeux politiques à l'ORTF que suite aux
conséquences de la pièce.
Un livre reprend les dialogues
des 10 épisodes qui devaient constituer
son programme. Seul le premier épisode
avait pu être entendu intégralement, selon
Forez infos. On en
parlait en janvier 2010 dans l'émission « Radio panique » sur
France culture (à partir de 40:08).
Montpellier
devient
la 70° ville de France à soutenir le
TIAN
Montpellier est la première
ville du département de l’Hérault
à signer l’Appel des villes pour
soutenir l’universalisation du Traité
des Nations unies sur l’interdiction des
armes nucléaires (TIAN) et inviter la
France à adhérer à cette nouvelle norme
internationale. Cet Appel, lancé par
ICAN (Campagne internationale pour
abolir les armes nucléaires), prix Nobel
de la Paix 2017, a pour objectif de
soutenir ce traité en vigueur depuis le
22 janvier 2021.
Cette signature a eu
lieu le 17 avril en présence de
Patrice Bouveret
co-porte-parole de ICAN France
et directeur de l’Observatoire
des armements, ainsi que des
représentants du Collectif Stop
armes nucléaires 34. Elle
ouvrait une semaine d‘événements
intitulée « Le désarmement
nucléaire à l’heure de la guerre
en Ukraine ».
Montpellier rejoint ainsi
les 69 autres villes françaises, dont
Paris, Lyon, La Courneuve, Bordeaux, et
plus de 700 autres à travers le monde
(Berlin, Sydney, Oslo, Washington…) déjà
signataires.
Cet Appel
des villes souligne le danger des
armes nucléaires, renforcé depuis
le début de la guerre d’invasion
de la Russie en Ukraine. Il
demande à la France de rejoindre
le processus du Traité sur
l’interdiction des armes
nucléaires. Ce traité, mis en
œuvre par l’ONU, est à ce jour
signé par 92 États et compte 68
États membres (dont l’Autriche,
l’Afrique du Sud, l’Irlande, le
Mexique, la Nouvelle Zélande, le
Saint-Siège). Il est soutenu
également par le Comité
international de la Croix-Rouge et
de très nombreuses organisations.
Appel des
villes et
des collectivités territoriales
pour soutenir le TIAN
par ICAN France
« Notre ville est
profondément préoccupée par la lourde
menace que les armes nucléaires posent
aux communautés à travers le monde. Nous
sommes fermement convaincus que nos
habitants ont le droit de vivre dans un
monde libre de cette menace. Toute
utilisation, délibérée ou accidentelle,
d’arme nucléaire aurait des conséquences
catastrophiques durables et à grande
échelle pour la population et pour
l’environnement. Par conséquent, nous
soutenons le Traité sur l’interdiction
des armes nucléaires et appelons notre
gouvernement à y adhérer. »
Dans une tribune à L’Opinion,
(et ici) un
collectif de 59 parlementaires,
demandent au Président (à l'occasion du
Sommet du G7, du du 19 au 21 mai) de ne
pas isoler la France du dialogue sur le
désarmement nucléaire aux Nations Unies,
sous peine d’affaiblir la crédibilité de
la France et de brouiller notre posture
nucléaire.
un film de Kenichi WATANABE sur ARTE (juillet 2020)
Ce documentaire montre à travers divers accidents nucléaires militaires et civils, dans le Pacifique et au Japon, que les effets réels des radiations sont partout et toujours dissimulés.
À noter les interventions de Hisako Sakiyama, médecin radiologue japonaise, sur les lésions que les radiations provoquent sur l'ADN (31:00), et pour une explication synthétique de la différence fondamentale entre irradiation externe et interne (35:30).
L'enjeu du lobby nucléaire, au niveau international, a toujours été de nier l'ampleur de la contamination atomique sur la santé, et c'est une réussite dans ce film que de le démontrer.
Le mensonge premier est organisé au sein même des institutions internationales (AIEA, UNSCEAR, OMS). Ce levier officiel permet au lobby nucléaire de prospérer. Face à cela, les arguments antinucléaires perdent leur substance : où est le problème, si la radioactivité n'est pas dangereuse ?
« Atom Bomb », archives des premiers tirs atomiques américains, 1955
American Ground Zero
La Guerre nucléaire secrète
par Carole GALLAGHER (1993)
À travers des portraits et interviews d'Américains ayant travaillé dans la fabrication de la bombe atomique, ce livre traduit ici en français dessine un panorama saisissant des victimes non
décorées d'une guerre non déclarée. Ce travail sur les armes atomiques américaines cherche avec détermination à obliger les patrons de l'industrie des armes
nucléaires à faire face aux coûts humains de leur œuvre.
Traité de physique sur la contribution des essais nucléaires à la contamination finale de l’atmosphère
Étude en guise d'inventaire radiologique sur la masse globale des charges nucléaires employées
et sur les résidus atomiques dispersés durant les
essais atomiques aériens. La physique n’est hélas pas une opinion et que l’air soit désormais envahi par les nanoparticules radioactives n’est pas un mirage. Par la grâce des physiciens nucléaires que l’on loue tant, nous vivons en effet désormais et à jamais dans une chambre à gaz radioactive infiniment vaste et à effet tumoral retardé.
« Silent Fallout » est un film
documentaire réalisé par Hideaki Ito sur les
retombées des essais nucléaires atmosphériques
américains, débutés en
1951.À
Saint-Louis, la Dr Louise Reiss a commencé
à collecter des dents de bébé auprès
d'autres mères de sa communauté.En
étudiant ces dents, elle a constaté que
les enfants avaient été exposés à des
niveaux de rayonnement dangereux.Silent
Fallout retrace ces histoires et autres,
voyageant de Salt Lake City, en Virginie,
au Missouri, au Royaume-Uni et au Japon,
exposant la vérité complexe qui se cache
derrière la bombe.
Ce film, « Retombées Silencieuses »
en français, sera disponible en version
sous-titrée en février 2025. Nos Voisins Lointains 3.11
centralisent les projections en France.
La menace nucléaire est
de retour par
Mohamed ElBARADEI, Vienne (7 mars 2022) Directeur
général de l'AIEA de 1997 à 2009, Nobel de la
paix 2005,
« Les récents affrontements
entre les troupes russes et les forces
ukrainiennes de défense civile aux abords
immédiats de la centrale nucléaire de Zaporijia
révèlent à quel point le monde est
proche aujourd’hui d’un terrible cauchemar :
une fuite radioactive majeure. La
centrale de Zaporijia, la plus importante
d’Europe, est équipée de six réacteurs, et
chacun d’entre eux aurait pu être endommagé par les incendies qui se sont
déclarés à la suite des frappes russes sur
les installations de la centrale et des combats
pour s’emparer de celle-ci. L’extinction rapide
du feu témoigne du professionnalisme et de la
bravoure du personnel de la centrale.
Parmi les nombreuses
répercussions que pourrait avoir sur
l’Europe, voire au-delà, le conflit en
Ukraine, les retombées nucléaires seraient
l’une des plus toxiques et intrusives. La
libération de substances radioactives
pourrait rendre inhabitables des
agglomérations entières et menacer des
centaines de milliers de personnes – bien
au-delà du voisinage immédiat.
Mais pire encore
serait une frappe nucléaire. Le
trait le plus perturbant de la guerre en
Ukraine est la réintroduction des armes
nucléaires comme élément central de la
géopolitique. Après avoir averti que toute
puissance qui interviendrait dans le
conflit en paierait des «
conséquences comme elle n’en a jamais
vues dans son histoire », le
président russe Vladimir Poutine a répondu
à la première vague de sanctions
européennes en relevant l’état d’alerte
de ses forces nucléaires. (...)
Nous devons mobiliser
l’opinion publique mondiale, afin de faire peser
une plus forte pression sur les pays possédant
des armes nucléaires pour que ces derniers
s’engagent à les éliminer complètement. L’interdiction
totale de possession d’armes nucléaires doit
devenir une règle impérieuse du droit
international, et la constitution d’arsenaux
nucléaires être proscrite à l’égal des
génocides. Mais comme nous le
montrent l’horreur s’abattant sur l’Ukraine et
le péril nucléaire continuel dans lequel elle se
trouve, le temps ne joue pas en notre faveur. »