« En détériorant le patrimoine héréditaire humain, on fait peut-être pis que de tuer des individus : on abîme, on dégrade l'espèce. On met en circulation de mauvais « gènes » qui continueront à proliférer indéfiniment. C'est non seulement un crime dans l'avenir qui est ainsi perpétré, mais un crime vivant qui s'entretient de lui-même.
Déjà des explosions s'annoncent, tandis que d'autres, dans l'ombre, se préparent suscitées par l'infernale contagion du pire. Les pauvres îles Touamotu, jusque-là si heureusement paisibles, vont bientôt connaître — parce qu'elles ont l'infortune d'être en territoire français — les effets de la radioactivité à bout portant. Tout ce qu'on croyait avoir gagné sur le « mal biologique », sur les mutations nocives, sur la leucémie, sur le cancer, est remis en cause. Une fois de plus, l'homme va être victime de l'entêtement ou de l'orgueil de quelques-uns. La décadence de l'espèce se poursuivra. Le crime continue.En face du péril atomique, de ce péril qui ne ressemble à aucun autre, qui est incommensurable à tout autre, de ce péril qui, par son amplitude, impose à l'espèce tout entière de nouvelles façons de penser et d'agir, en face de ce péril dont il est honorable autant que raisonnable d'avoir peur, il ne devrait plus y avoir ni pays, ni continent, ni monde libre ou pas libre, mais rien que des hommes, citoyens de la planète, tous mêlés, confondus, fraternises par une égale menace. »
Jean ROSTAND, cité dans D. Parker et R. Bonniot, Folie nucléaire, 1966
Le 2 juillet 1966 à Mururoa : le premier « essai » atomique français en Polynésie inaugurait une série de 193 explosions nucléaires dans le Pacifique
2021 : La France s'enferme
dans le mensonge d'État
Le président Macron avait convoqué une table ronde à Paris les 1er et 2 juillet 2021 pour évoquer la reconnaissance des souffrances et les réparations des essais nucléaires français en Polynésie.
Il s'agissait surtout de clore le débat ouvert par les repercussions de l'enquête de Disclose et Interprt. Plusieurs associations et élus polynésiens ont refusé de participer à la table ronde à Paris et ont manifesté ce même jour dans les rues de Papeete.
Il aura fallu de deux ans de travail pour qu'en mars 2021, un livre : Toxique, et un dispositif documentaire : Mururoa Files, révèlent l’ampleur des retombées radioactives qui ont frappé la Polynésie, et comment les autorités françaises ont tenté de dissimuler l’impact réel de cette entreprise criminelle pour le vivant et pour la santé des populations civiles et militaires.
50 ans après le début de ces essais, cette étude remet dans l'actualité leurs conséquences - sur lesquelles le chef de l'État a été obligé de revenir, dans un contexte géopolitique de reconquête de l'axe « indo-pacifique ».
Intégralité de l'entretien réalisé pour le tournage du film documentaire « Nucléaire, jusqu’ici tout va bien »,
produit par l’École Supérieure d’Audiovisuel de Toulouse (ESAV) et le Réseau “Sortir du nucléaire”, 2004.
Bruno Barrillot
est décédé le 25 mars 2017 en Polynésie - voir l'hommage de Ben Cramer
La France, avec ses 210 essais nucléaires, dont 17 au Sahara algérien, n’a pas encore révélé tous ses secrets, comme l’expose l'étude réalisée par Patrice Bouveret directeur de l’Observatoire des armements et Jean-Marie Collin co-porte-parole de ICAN France, et publiée par la Fondation Heinrich Böll.
Lire aussi : « Il est temps de déterrer les déchets
des essais nucléaires de la France au Sahara algérien »,
Tribune parue dans Le Monde, le 14 sept. 2020
Suite aux révélations de Disclose, le Commissariat à l’énergie atomique se défend d’avoir sous-estimé la contamination des Polynésiens lors des essais nucléaires dans le Pacifique. Face à cette remise en cause sans précédent des calculs réalisés par le CEA il y a quinze ans, l’organisation s’est fendue d’un communiqué le 12 mars. Parsemés de contre-vérités et d’approximations, nous y répondons point par point.
« Essais nucléaires au Sahara : indemnisation des victimes »
Questions d'actu, émission d'Ahmed Lahri sur Canal Algérie, 2010, avec Azzedine Zalani et Bruno Barrillot
avec la question soulevée des cobayes humains lors des essais atomiques
Retour de vétérans sur les essais nucléaires au Sahara
reportage de K. Langlais et L. Benchila, 2007, avec Jean-louis Valatx, vétéran à In Ekker,
Bruno Barillot, expert des essais nucléaires, Michel Berger AVEN et Robert Durand, vétéran de Reggane
Les tempêtes de sable du désert d’Afrique du Nord remettent en suspension la radioactivité des retombées des essais atomiques que la France a commis dans le Hoggar entre 1960 et 1961 et qui ont contaminé toute la région [NDLR: suivre les liens proposés dans l'article]. La littérature savante atteste même de la présence de l’éternel plutonium aux côtés de l’immanquable césium 137 dans les retombées en France et Europe de ces sables du désert qui alimentent la planète en sels minéraux maintenant radioactifs...
La Chambre à gaz atomique Traitéde physique sur la contribution des essais
nucléaires à la contamination finale de l’atmosphère par Paolo SCAMPA, AIPRI (juil. 2011)
Étude en guise d'inventaire radiologique sur la masse globale des charges nucléaires employées
et sur les résidus atomiques dispersés durant les
essais atomiques aériens. La physique n’est hélas pas une opinion et que l’air soit désormais envahi par les nanoparticules radioactives n’est pas un mirage. Par la grâce des physiciens nucléaires que l’on loue tant, nous vivons en effet désormais et à jamais dans une chambre à gaz radioactive infiniment vaste et à effet tumoral retardé.
À travers des portraits et interviews d'Américains ayant travaillé dans la fabrication de la bombe atomique, ce livre traduit ici en français dessine un panorama saisissant des victimes non
décorées d'une guerre non déclarée. Ce travail sur les armes atomiques américaines cherche avec détermination à obliger les patrons de l'industrie des armes
nucléaires à faire face aux coûts humains de leur œuvre.