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L'Autorité de Sûreté Nucléaire
est-elle suffisamment rigoureuse ?

par François VALLET (29 janv. 2021)

 

Après l’autorisation de mise en service partielle de l’EPR de Flamanville (à la cuve fissurée, aux soudures défectueuses, aux procédures de sécurité défaillantes, etc.), l’Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN) récidive en autorisant EDF à déroger aux règles d’exploitation du réacteur N°2 sur le même site. En clair l’ASN autorise à nouveau EDF à ne pas respecter les règles de sûreté, alors qu’elle sait très bien que la situation est très dégradée.

Et pourquoi donc ?

Et bien tout simplement parce qu’EDF ne veut pas remplacer des générateurs de vapeur qui comportent des « fissures traversantes ». En clair ils laissent passer de l’eau radioactive du circuit primaire vers le circuit secondaire, celui dont la vapeur entraîne les turbines. Et EDF a convaincu l’ASN de l’autoriser à ne pas respecter les règles, au prétexte qu’en bricolant un peu la composition de l’eau du circuit primaire et en augmentant progressivement la puissance du réacteur au démarrage, les fuites finiraient bien par se boucher avec les saletés qui passent du circuit primaire vers le circuit secondaire.

Mais au fait, ce réacteur ne vient-il pas d’être révisé ?

Le réacteur dont il est question était arrêté depuis le 10 janvier 2019 pour une révision générale. Si les générateurs de vapeur sont défectueux ils auraient donc dû être remplacés pendant la révision. Mais malheureusement ça aurait coûté beaucoup d’argent, qu’EDF ne veut pas ou ne peut pas dépenser. Et surtout, faire ces travaux aurait conduit à dépasser la limite légale de deux ans d’arrêt au bout de laquelle une enquête publique est obligatoire, en préalable à l’autorisation de redémarrage du réacteur. Sans parler des aléas techniques toujours possibles comme celui qui s’était produit sur un des réacteurs de la centrale de Paluel dont la chute d’un générateur de vapeur avait failli tourner à la catastrophe. L’ASN a donc autorisé en urgence, le 12 décembre 2020, le redémarrage du réacteur avec des générateurs de vapeur défectueux !

C’est grave docteur ?

C’est carrément inacceptable de la part d’EDF et de l’ASN, qui se comportent, pour l’une, comme un mécano peu scrupuleux qui bricolerait à la hâte une voiture délabrée pour lui faire passer le contrôle technique, et pour l’autre, comme un contrôleur véreux prêt à fermer les yeux sur toutes les anomalies. Mais là il ne s’agit pas de vieilles guimbardes mais de réacteurs nucléaires. Si les fissures s’agrandissent, au lieu de se boucher, ce sera la catastrophe ! Bouchées ou pas, les fissures sont toujours là et le fonctionnement du réacteur à haute pression et haute température ne peut qu’aggraver la situation au fil du temps. D’ailleurs EDF ne respecte même pas les nouvelles règles qui lui ont été fixées par l’ASN pour s’assurer que la dérogation temporaire n’allait pas conduire à une aggravation rapide de la situation.

Que faut-il en conclure ?

Cette nouvelle dérogation aux règles de sûreté, accordée à EDF par l’ASN, montre que cette dernière n’est pas indépendante. Elle dépend de l’État français, dont le chef Macron « a besoin du nucléaire ». Et cette nouvelle dérogation montre que l’ASN n’assure pas son rôle d’autorité chargée de la sûreté car elle masque par des décisions alambiquées l’incurie d’EDF et ses violations manifestes des règles de sûreté dont elle devient complice. Comme elle ne peut garantir qu’un accident grave n’arrivera pas, surtout avec de telles décisions, elle a trouvé une nouvelle activité : constituer des « panels citoyens » prêts à accepter l’accident et à s’associer à la définition de règles de vie en milieu contaminé par la radioactivité. En agissant ainsi elle montre clairement que son activité n’a pas pour objet d’empêcher l’accident grave et la contamination radioactive de notre environnement commun mais de permettre à EDF de poursuivre ses activités au mépris des règles en vigueur.

Que doit faire l’ASN et comment l’aider à le faire ?

Si l’ASN veut vraiment faire la démonstration qu’elle a de l’autorité, qu’elle est indépendante, qu’elle est garante de la sûreté et veille à notre sécurité commune, il faut qu’elle exige d’EDF la mise à l’arrêt immédiat de ce réacteur non conforme…et de tous les autres qui sont dans le même cas. Elle en a parfaitement la possibilité sans attendre quelque feu vert que ce soit des décideurs politiques.

 

Pour l’aider à prendre cette décision, la cyberaction « Pour un panel citoyen
pour l'arrêt du nucléaire »
a déjà été signée par plus de 2 000 personnes.