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« Ce que j'appelle la prose de la vie, ce sont les choses que nous faisons par obligation, par servitude, sans plaisir, avec ennui, ce sont ces contraintes qui trop souvent nous accablent. Elle s'oppose à la poésie de la vie, c'est à dire toutes ces choses qui nous exaltent, et qui nous épanouissent, dans le jeu, dans la musique, dans la ferveur, dans l'amitié, dans la tendresse, et dans l'amour. L'une est la survie, l'autre la vraie vie. (...) La politique doit créer les conditions de vie qui permettent de déployer les possibilités poétiques et les jouissances de la vie, et sortir d'un monde inhumain régit par la compétitivité, la rentabilité et les économies drastiques. C'est pour cela, qu'il faut bien avoir à l'esprit qu'il faut penser l'individu vivant dans une société et appartenant à une espèce. (...) Pour refonder une pensée politique de gauche par exemple, cela nécessite de revenir aux sources et aux fondamentaux de plusieurs racines : le libertarisme qui vise l'épanouissement de l'individu, le socialisme qui vise l'amélioration de la société, le communisme qui vise le développement d'une communauté et d'une fraternité… mais surtout il faut aujourd'hui y associer un quatrième marqueur, la conscience d'appartenir à une espèce vivante respectueuse de la nature donc écologiste. »
Edgar MORIN, mars 2018
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