« En face du péril atomique qui ne ressemble à aucun autre, qui est incommensurable à tout autre, de ce péril qui, par son amplitude, impose à l’espèce tout entière de nouvelles façons de penser et d’agir, en face de ce péril dont il est honorable autant que raisonnable d’avoir peur, il ne devrait plus y avoir ni pays, ni continent, ni monde libre ou pas libre, mais rien que des hommes, citoyens de la planète, tous mêlés, confondus, fraternisés par une égale menace. »
Cette Journée internationale vise à sensibiliser et à informer le public sur la menace que représentent les armes nucléaires pour l'humanité et sur la nécessité de leur élimination totale. Chaque année, le 26 septembre, l'ONU organise également une réunion de haut niveau des dirigeants mondiaux afin de discuter des « mesures urgentes et efficaces » à prendre pour parvenir au désarmement nucléaire mondial.
Le choix de cette date n'est pas arbitraire : l'une des nombreuses occasions où l'humanité a frôlé la guerre nucléaire s'est produite le 26 septembre 1983, au plus fort de la guerre froide. Une guerre nucléaire a été évitée de justesse lorsque le colonel Stanislav Petrov, officier de service dans une installation russe d'alerte nucléaire précoce, a enfreint le protocole en ne confirmant pas à ses supérieurs une attaque apparente de missiles balistiques en provenance des États-Unis (qui s'est révélée être une fausse alerte).
80e session de l'assemblée générale de l'ONU Réunion de haut niveau consacrée à la célébration et à la
promotion de la Journée internationale pour l’élimination
totale des armes nucléaires, New-York, le 26 septembre 2025
« Le désarmement nucléaire n’est pas la récompense de la paix : il en est le fondement ». Les armes nucléaires n’offrent aucun gage de sécurité – seulement la promesse d’un anéantissement. La Journée internationale pour l’élimination totale des armes nucléaires nous invite à nous rappeler cet enseignement essentiel tiré de la guerre froide, durant laquelle l’humanité a joué sa survie sur plusieurs décennies.
Malheureusement, l’ombre de l’anéantissement nucléaire plane toujours et s’étend rapidement, alimentée par les conflits et la méfiance, par l’augmentation des dépenses militaires et par l’accroissement des stocks d’armes, ainsi que par les pays qui brandissent la menace nucléaire comme moyen de coercition.
L’humanité s’engage dans la mauvaise direction. Il est temps de changer de cap pour instaurer une paix durable grâce au désarmement.
« La chance n'est pas une stratégie ». António Guterres à la 79° session de l'assemblée générale de l'ONU, le 26 septembre 2024
Dans le Pacte pour l’avenir adopté en septembre dernier, les États Membres ont réaffirmé leur détermination à éliminer totalement les armes nucléaires. Les pays doivent montrer qu’ils privilégient le dialogue plutôt que le conflit et le désarmement plutôt que la destruction, non pas par leurs paroles mais par leurs actes. En cette journée importante, je demande aux États dotés d’armes nucléaires de dissiper cette ombre qui plane sur l’humanité. Honorez vos obligations en matière de désarmement et engagez-vous à éliminer totalement les armes nucléaires. L’humanité et les armes nucléaires ne peuvent coexister, rappellent les participants à la Journée pour l’élimination totale de ces armes monstrueuses.
Lors de cette session, le Kirghizistan a signé et le Ghana a ratifié le TIAN.
Désormais, une majorité absolue des pays du monde soutient ce traité historique.
À l'ONU, le Saint-Siège appelle à
« l'élimination totale des armes nucléaires »
par
la cité du Vatican, le 26
septembre 2025
Ce 26 septembre, le Secrétaire d'État du Saint-Siège est intervenu lors d’une réunion relative à la commémoration de la Journée internationale pour l'élimination totale des armes nucléaires.
« Il est regrettable que les États renforcent leurs arsenaux nucléaires avec des ressources qui pourraient être utilisées plus efficacement pour répondre aux besoins urgents en matière de développement. Cette tendance met en évidence la dépendance troublante des États dotés d'armes nucléaires à l'égard de la dissuasion nucléaire, plutôt qu'à l'égard du respect de leurs obligations au titre de l'article VI du traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) » a t-il déclaré.
Selon le Pape François, « un monde exempt d'armes nucléaires est à la fois nécessaire et possible. Dans un système de sécurité collective, il n'y a pas de place pour les armes nucléaires et les autres armes de destruction massive ».
En cette date marquant le 11ᵉ anniversaire de la Journée internationale pour l’élimination totale des armes nucléaires, la ville de Stains (Seine-Saint-Denis) franchit un pas décisif en rejoignant l’Appel des villes de la campagne ICAN en faveur du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires (TIAN). Par la signature de son maire, Azzédine Taïbi, Stains adresse un message fort et courageux : il est temps que la France rompe avec la logique de la terreur nucléaire et s’engage résolument dans le TIAN.
Quelle sera la 100ᵉ commune ou collectivité à rejoindre l’Appel d’ICAN, faisant de la France le premier État doté de l’arme nucléaire à rassembler 100 villes et collectivités mobilisées pour le seul traité international qui interdit ces armes de destruction massive ?
À l’occasion de la Journée internationale pour l’élimination totale des armes nucléaires, le collectif
« Semaine de la Paix » organise une journée d'animations le vendredi 26 septembreà Montpellier.
80 ANS DES
BOMBARDEMENTS ATOMIQUES D'HIROSHIMA ET DE
NAGASAKI
Hiroshima, Nagasaki :
80 ans après, l’oubli n’est pas une option !
Communiqué d'ICAN France, le 4 août 2025
Àvec les 80ᵉ commémorations des bombardements nucléaires d’Hiroshima et de Nagasaki, les 6 et 9 août 1945, ICAN alerte sur les contradictions du discours politique français qui surfe sur la peur et renie ses engagements internationaux, alimentant la course aux arsenaux et l’insécurité nucléaire. Nous appelons les responsables politiques et parlementaires à sortir de leur aveuglement pour la « sainte Bombe », en s’engageant dans le processus du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires (TIAN), en vigueur depuis 2021, pour construire une sécurité fondée sur la coopération, la confiance et la paix durable.
L’idée portée par Emmanuel Macron d’européaniser la dissuasion nucléaire française s’inscrit dans une fuite en avant mortifère qui gagne dangereusement le monde, s’alarment des ONG, au moment où l’on commémore l’horreur des 6 et 9 août 1945.
Traité sur l'interdiction des armes nucléaires Il est maintenant illégal de posséder des armes nucléaires
Le Traité TIAN est entré en vigueur le 22 janvier 2021
Adopté à l’ONU le 7 juillet 2017 par 122 gouvernements, le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires est entré en vigueur le 22 janvier 2021. Il compte aujourd’hui 74 États qui y sont pleinement parties (et donc également signataires), et 25 autres qui l’ont signé sans encore le ratifier — soit au total 99 pays qui se sont déjà engagés sur la voie de l’interdiction des armes nucléaires.. Ce traité complète le Traité de non-prolifération nucléaire (TNP) et constitue à ce jour le seul instrument juridique international qui interdise clairement et totalement les armes nucléaires, au même titre que les armes chimiques et biologiques. Il proscrit non seulement la mise au point, la possession et l’utilisation de ces armes, mais aussi la menace de leur emploi – c’est-à-dire la doctrine de dissuasion nucléaire – car celle-ci « repose sur l’existence même du risque nucléaire, qui menace la survie de tous ».
Ce sont également 99 villes et collectivités territoriales de France qui se sont déjà mobilisées en signat l’Appel des Villes en faveur du TIAN, parmi elles Paris, Marseille, Lyon, Montpellier, Bordeaux, Saint-Étienne, Poitiers… Au niveau international, plus de 1050 villes – parmi lesquelles de nombreuses capitales comme Athènes, Berne, Berlin, Oslo, Rome ou Washington DC – se sont engagées dans l’Appel de l’ICAN, affirmant ainsi leur soutien au TIAN et leur refus de voir leurs populations vivre sous la menace permanente d’une destruction nucléaire.
Appel mondial pour l’élimination
totale des armes nucléaires
Appel initié par le Mouvement de la Paix, le 26 janvier 2025, et signé par une
soixantaine d'organisations internationales
Nous, citoyennes et citoyens de tous pays, constatons que les armes nucléaires sont illégales, dangereuses, coûteuses et immorales et que leur élimination est prévue par le Traité de Non-Prolifération Nucléaire (TNP) et par le Traité sur l’Interdiction des Armes Nucléaires (TIAN) entré en vigueur le 22 janvier 2021.
Nous, citoyennes et citoyens de tous pays, exigeons de tous les Etats du monde qu’ils mettent réellement et sans délai tout en œuvre dans le respect des traités précités pour réaliser l’élimination totale des armes nucléaires, armes d'épouvante et d'extermination massive des populations, voire d’anéantissement de toute vie sur Terre.
Nous exigeons que toutes les ressources gaspillées pour ces armes soient utilisées pour le bien-être de l'humanité, pour la lutte contre le réchauffement climatique, pour la protection de notre planète commune et la construction d’un monde de paix basé sur la justice, la solidarité et la coopération.
Marseille signe l’appel des villes en faveur du TIAN
Le 6 août 2025, à l’occasion de la commémoration du 80e anniversaire et à l'invitation du Mouvement de la Paix Marseille, Jean-Marc Coppola, adjoint à la Culture et représentant le Maire, saluant les organisations présentes, a annoncé que la ville de Marseille avait rejoint les signataires de l’Appel des Villes de l’ICAN en faveur du Traité d’Interdiction des Armes Nucléaires « pour faire converger nos efforts pour la culture de Paix… et pour réaffirmer la nécessité de l’entente entre les peuples, de la solidarité, de la fraternité, de nous opposer à l’escalade de la violence, avec la menace d’utilisation possible des armes nucléaires qui réapparaît... »
« Des milliards sont engloutis dans ces guerres – a t-il complété – au lieu de servir le développement des peuples. Et les dirigeants français veulent dépenser encore plus de moyens publics dans une course au surarmement au détriment du social, de l’éducation, de la santé, de l’environnement, de la culture, et de l’humain… Aujourd’hui force est de constater que si l’arme nucléaire a été considérée comme une arme de dissuasion pendant des décennies, aujourd’hui elle apparaît plus menaçante que jamais. »
On peut faire bouger les lignes sur la question des armes nucléaires
par Patrice BOUVERET, Journées d’études ADN, Fromental, le 6 juillet 2025
L’arrêt des essais nucléaires n’a été obtenu que par la mobilisation citoyenne. Quand la société civile s’empare du sujet, on peut obtenir de faire bouger les lignes à nos États. C’est bien ça qui doit nous importer pour arriver un jour à éliminer ces armes.
Lettre au Président de la République : « Choisir entre l’enfer et la raison »
par ACDN, IDN et Pugwash-France, Saintes, le 10 août 2025
Le 6 août 2025, pour le 80e anniversaire des bombardements d’Hiroshima et de Nagasaki, les participants à la cérémonie commémorative de Saintes ont remis à la sous-préfecture une lettre au Président de la République cosignée par trois ONG qui réclament l’abolition des armes nucléaires et radioactives. Une demande reprenant ces arguments a également été déposée auprès de l'Assemblée nationale pour signature des sénateurs et députés afin d'organiser un referendum sur la participation de la France à l’abolition des armes nucléaires et radioactives.
Aujourd’hui, 12 000 bombes atomiques au-dessus de nos têtes Depuis 2001, la ville de Saintes et l’Action des Citoyens pour le Désarmement Nucléaire (ACDN) rallument chaque année, du 6 au 9 août, la Flamme du désarmement nucléaire pour commémorer les bombardements d’Hiroshima et de Nagasaki et dire « Plus jamais ça ! ».
80 ans après Hiroshima, quid des ambitions d’abandon des armes nucléaires ? ARTE, 28 minutes, le 6 août 2025, avec Jean-Marie Collin, Héloïse Fayet et Guillaume Auda
Une sécurité fondée sur la destruction mutuelle assurée
Appel du pape LÉON XIV à la communauté internationale, le 6 août 2025
« À notre époque marquée par des tensions et des conflits mondiaux croissants, Hiroshima et Nagasaki sont des "symboles de mémoire" qui nous exhortent à rejeter l'illusion d'une sécurité fondée sur la destruction mutuelle assurée. Nous devons plutôt forger une éthique mondiale enracinée dans la justice, la fraternité et le bien commun. Je prie donc pour que cet anniversaire solennel serve d'invitation à la communauté internationale à renouveler son engagement à rechercher une paix durable pour toute la famille humaine, une paix désarmée et une paix désarmante. » (Le Pape sur X)
« Déclaration de Paix » au monde de la ville d'Hiroshima
Déclaration de Paix (1) de MATSUI Kazuma, Maire d'Hiroshima, le 6 août 2025
« Malgré les troubles actuels au niveau des États-nations, nous, les peuples, ne devons jamais baisser les bras. Au contraire, nous devons redoubler d'efforts pour bâtir un consensus au sein de la société civile sur la nécessité d'abolir les armes nucléaires pour un monde véritablement pacifique.
Nos jeunes, leaders des générations futures, doivent reconnaître que des politiques malavisées en matière de dépenses militaires, de sécurité nationale et d'armes nucléaires pourraient avoir des conséquences profondément inhumaines. Nous les exhortons à faire preuve de cette compréhension et à conduire la société civile vers un consensus grâce à une participation accrue de la base.
Dans ce processus, nous devons tous penser moins à nous-mêmes et davantage aux autres. C'est en pensant aux autres que l'humanité a résolu bien des conflits et des troubles sur son chemin jusqu'à aujourd'hui. De toute évidence, les nations doivent elles aussi dépasser leurs propres intérêts personnels pour prendre en compte la situation des autres nations. (...)
Nous renouvelons notre détermination à œuvrer avec Nagasaki et avec les peuples du monde entier partageant les mêmes idées pour atteindre l'objectif tant recherché par l'humanité : l'abolition des armes nucléaires et un monde durable. »
Vidéo de la déclaration du Maire d'Hiroshima, le 6 août 2025(en japonais – activez les sous-titres)
(1) - Chaque année depuis 1947, le jour du 6 août, est adressé au monde une Déclaration de paix. Cette initiativive revient à HAMAI Shinzo, citoyen du monde et maire d'Hiroshima en 1947-1955 puis en 1959-1967, qui a œuvré pour reconstruire la ville et en faire un symbole de paix. Le statut faisant d'Hiroshima une « ville de la paix » a été inscrit dans la loi japonaise le 6 août 1949.Le 2 juillet 1949, HAMAI Shinzo adressait un soutien au maire de Chelmsford où devaient avoir lieu des élections-pilote pour Citoyens du Monde (dans Peuple du Monde n° 12). Il signera l'Appel des 13 Citoyens du Monde, le 3 mars 1966.
YAMADA Setsu, maire d'Hiroshima et citoyen du monde
Déclaration de SUZUKI Shiro, Maire de Nagasaki, le 9 août 2025
Le 9 août 1945, une bombe atomique a été larguée sur cette ville. Qui aurait pu imaginer qu’aujourd’hui, 80 ans après ce jour, le monde serait ainsi ? Arrêtez immédiatement les affrontements qui consistent à répondre à la force militaire par la force militaire. Partout dans le monde, les conflits sont aggravés dans un cercle vicieux de confrontations et de divisions. Si nous continuons ainsi, nous pourrions aboutir à une guerre nucléaire. Cette crise existentielle pour l’espèce humaine se rapproche de chacun d’entre nous qui vit sur cette planète. (...)
« L’humanité peut faire disparaître les armes nucléaires ». Les hibakusha, qui n’ont cessé de faire entendre leurs voix en gardant ce fort espoir au fond de leurs coeurs, ainsi que ce qu’ils représentent ont fait écho en de nombreux citoyens jusqu’à ce que, finalement, le terme « citoyen du monde » (1) prenne racine à Nagasaki. Ce terme renferme la volonté de dépasser les origines ethniques, les frontières et les autres séparations pour bâtir ensemble un avenir de paix en tant que citoyens d’une seule grande ville couvrant la terre entière. C’est peut-être cette perspective de « citoyen du monde » qui deviendra la force permettant de connecter à nouveau ce monde divisé. (...)
Vidéo de la déclaration du Maire de Nagasaki, le 9 août 2025(en japonais) La cérémonie de commémoration est retransmie en vidéo ici
(1) - Dans cette déclaration, Suzuki Shiro, maire de Nagasaki (dont les deux parents ont été victimes de la bombe), insiste sur le concept de « Citoyens du Monde » (avec 6 occurences). Dans sa Déclaration du 9 août 2024, il avait déclaré : « Peuples du monde, nous sommes des "citoyens du monde" vivant dans une grande ville appelée Terre », « Si nous, citoyens du monde, élevons nos voix et unissons nos forces, nous pouvons surmonter les difficultés actuelles » et « En solidarité avec les citoyens du monde qui s'efforcent d'être une force pour la paix, Nagasaki diffusera dans le monde entier une "culture de la paix" qui respecte les autres, favorise la confiance et cherche à résoudre les problèmes par la discussion. » Le commentaire sur la Déclaration de paix de Nagasaki de cette année expliquait le terme « citoyen du monde » comme « un terme inventé faisant référence aux personnes qui travaillent pour surmonter les différences telles que la race, la nationalité, l'idéologie, l'histoire, la culture et la religion, et pour parvenir à une société dans laquelle chacun est respecté en tant qu'être humain, quelle que soit son origine. »
Nagasaki avait signé le 17 mars 1960 la Charte des villes et territoires mondialisés initiée le 30 juillet 1949 par le comité de mondialistaion des Citoyens du Monde de Cahors (Lot). Hiroshima avait signé cette Charte le 18 mars 1959.
Discours du Premier ministre japonais
Déclaration de ISHIBA Shigeru à la cérémonie de commémoration, Hiroshima, le 6 août 2025
« Il incombe à notre pays, seul à avoir subi des bombardements atomiques pendant la guerre, de prendre la tête des efforts internationaux visant à instaurer un monde sans armes nucléaires*. »
Trois jours plus tard, le 9 août, le Premier ministre a fait un discours au Parc de la Paix à Nagasaki
(ici, vidéo et texte de la déclaration – traduction google)
* Le Premier ministre Ishiba Shigeru - qui a annoncé le 7 septembre 2025 sa démission - avait émis en septembre 2024 la proposition de réviser l’alliance de sécurité avec les États-Unis pour créer une version asiatique de l’OTAN. Il s'agissait d'autoriser que des armes nucléaires soient entreposées dans les bases militaires américaines situées au Japon. Il aurait fallu pour cela revoir la Constitution qui interdit toujours au Japon de maintenir des forces armées régulières. Le gouvernement japonais n'a jamais souscrit au TIAN et n'avait pas envoyé d'observateur à la réunion des États parties de mars 2025, considérant le seul TNP comme socle des initiatives vers le désarmement et la non-prolifération nucléaires (source : Tribune de Genève, octobre 2024).
Déclaration de la Conférence internationale
contre les bombes atomiques et à hydrogène
Conférence mondiale contre les bombes atomiques, les 2 – 9 août 2025, à Hiroshima et à Nagasaki
« Avec les survivants de la bombe atomique, pour un monde pacifique et juste, sans armes nucléaires – pour l’avenir de l’humanité et de la planète. »
Aujourd'hui, 80 ans après ces bombardements, le monde doit décider et agir pour abolir les armes nucléaires. Nous, réunis à Hiroshima, rappelons une fois de plus les ravages indicibles causés par les armes nucléaires et appelons les peuples du monde entier à ouvrir la voie à un monde pacifique et juste, sans armes nucléaires. Nous appelons le monde à prendre des mesures ambitieuses pour prévenir la guerre nucléaire et éliminer les armes nucléaires.
Depuis 80 ans, la
bombe atomique pèse sur nos vies.
Et
pourtant, quelle arme est plus
secrète ?
À quoi sert-elle, puisque
son utilisation pourrait engendrer la
disparition de millions de vies
humaines ?
Sommes-nous condamnés à
vivre avec elle ?
Une série en 5 épisodes de
Stéphane BONNEFOI, France Culture,
juin 2025
avec entre
autres Yves Lenoir,
Jean-Marc Royer,Benoît
Pélopidas,
Harry Bernas, Kolin Kobayashi, Jean-Marie
Collin, Bernard Norlain...
Épisode 1/5 : Manhattan, projet d'une
désintégration
Épisode 2/5 : Hiroshima,
l'escalade du mal Août 1945, deux bombes nucléaires détruisent les villes d'Hiroshima et de Nagasaki, provoquant la capitulation du Japon. Les États-Unis poursuivent leurs essais au mépris des conséquences. La reconnaissance des victimes des irradiations viendra des Japonais eux-mêmes...
Épisode 3/5
: Guerre froide, le régime de la
peur Épisode 4/5
: Le nucléaire au risque de la
prolifération Épisode 5/5 : Un
héritage éternel ?
Hiroshima et Nagasaki : la construction d’une mémoire
par Julie GACON, France culture, L’Invité des matins, le 6 août 2025
avec Ken Daimaru et Masatoshi Inoue
Les bombes larguées sur Hiroshima et Nagasaki par les États-Unis en août 1945 auraient causé la mort de 110 000 à 210 000 personnes. Les souffrances et traumatismes subis par les Japonais ont toutefois longtemps été mis sous silence, au profit d'une lecture glorifiant la réussite technologique.
« Ils l'ont vécu » : 6 août 1945, Hiroshima, l'apocalypse nucléaire
podcast en 4 épisodes de Michel Pomarède et Gilles Mardirossian, France Culture, le 9 juin 2022
Hiroshima, Documentaire américain avec images d'archives, 60 minutes Overtime, le 4 août 1974
« Les effets médicaux de la bombe atomique », US Army, 1949
Archives d'Infonucléaire
La bombe atomique d'Hiroshima, un brevet français ?L'Humanité du 8 août 1945 titre en première page : « La bombe atomique a son histoire depuis 1938, dans tous les pays des savants s'employaient à cette tâche immense : libérer l'énergie nucléaire. Les travaux du professeur Frédéric Joliot-Curie ont été un appoint énorme dans la réalisation de cette prodigieuse conquête de la science ». Les journaux mentionnent à de nombreuses reprises la part jouée par la France dans cette prodigieuse découverte. Ainsi on trouve dans le Figaro du 9 août 1945 un communiqué de l'AFP : « Paimpol 8 août - M. Joliot-Curie fait de Paimpol la communication suivante : L'emploi de l'énergie atomique et de la bombe atomique a son origine dans les découvertes et les travaux effectués au Collège de France par MM. Joliot-Curie, Alban et Kowarski en 1939 et 1940. Des communications ont été faites et des brevets pris à cette époque ». (...)
par Nos Voisins lointains 3.11, le 24 juillet 2025
Le déni de la radiation résiduelle et ses conséquences. Les premiers effets de l’explosion d’une bombe atomique sont bien connus : un flash lumineux, une onde thermique et une onde de choc. La détonation produit aussi des radiations initiales : un flux d’ondes gamma et de neutrons. Ces ondes traversent la plupart des matériaux, y compris les corps humains, endommageant les cellules et les organes. Cette propagation des ondes radioactives dure moins d’une minute. En fait, beaucoup de victimes ont été exposées aussi à des radiations résiduelles, essentiellement dues, à la différence des radiations initiales, à des retombées de matières radioactives sous forme de particules. Ces particules s’élèvent initialement dans le champignon atomique et, à mesure que le nuage se propage sous l’effet du vent, elles retombent sur terre sous forme de pluie et de neige. (...)
80 ANS DES
BOMBARDEMENTS ATOMIQUES D'HIROSHIMA ET DE
NAGASAKI
Hibakusha, mémoires vivantes d’Hiroshima
une série de 4 articles de
Johann Fleuri, Médiapart,
août 2025
# 1 - Ce que les derniers survivants de la bombe atomique ont à nous dire. 80 ans après les bombardements, la lutte contre l’arme nucléaire anime toujours les « hibakusha », qui craignent que leurs voix s’éteignent sans que l’abolition n’ait eu lieu.
# 2 - Hiroshima et Nagasaki, deux approches différentes du devoir de mémoire. Depuis 80 ans, les survivants témoignent de leur vécu Le devoir de mémoire va-t-il pâtir de leur disparition ? À Hiroshima, les directives éducatives inquiètent de plus en plus.
# 3 - De Hiroshima à Fukushima, et retour. Les personnes évacuées de Fukushima partagent avec les survivants de la bombe atomique un parcours de vie marqué du sceau de l’atome qui les a stigmatisés.
# 4 - Une nouvelle génération lutte contre l’arme nucléaire.
Alors que les États se préparent à redéfinir, en 2026, le traité de non-prolifération de l’arme nucléaire, les descendants hibakusha et leurs sympathisants commencent à prendre le relais et à porter l’héritage. La lutte contre l’arme nucléaire a plus que jamais besoin de ce nouvel élan.
Exposition de dessins d'Hibakusha mise à disposition par l'association Yosomono,
présentée cet été au public du camp des Résistantes, les 6-9 août 2025
Takahara Yoshio, 34 ans au moment de l'explosion
Yoshimure Kichisuke, 17 ans au moment de l'explosion
« Retour à Hiroshima et Nagasaki, 80 ans après », TF1 Infos, le 28 juillet 2025
80 ANS DES
BOMBARDEMENTS ATOMIQUES D'HIROSHIMA ET DE
NAGASAKI
Nihon Hidankyo prix Nobel
de la paix 2024
Le prix Nobel de la paix
2024 a été attribué le 11 octobre
à Nihon Hidankyo, organisation
japonaise de survivants des bombes A et
H, pour son combat contre l’arme
atomique. La remise de ce prix s'est
tenue à Oslo le 10 décembre 2024 (voir le discours).
Lâcher de colombes devant le
Mémorial aux victimes du bombardement atomique
de Nagasaki, le 9 août 2019
Déclaration de Nihon Hidankyô à l’occasion
du 80° anniversaire des bombardements atomiques
Nihon Hidankyo, le 5 août 2025
(...) L’année dernière, Nihon Hidankyo a reçu le prix Nobel de la paix. Le Comité Nobel norvégien a appelé le monde à écouter les messages que nous avons toujours défendus : « Abolir les armes nucléaires », « Abolir la guerre » et « Ne plus jamais créer de survivants de la bombe atomique ». C’était un avertissement contre la complaisance face à la crise. En d’autres termes, cela indique que la communauté internationale est devenue si désespérée de trouver des solutions à la crise qu’elle devrait s’en remettre à la voix des Hibakusha.
Notre priorité absolue est désormais d’amener les dirigeants des États dotés de l’arme nucléaire, qui nous tournent le dos, à faire un pas en avant, ne serait-ce que d’un millimètre. Nous devons les amener rapidement vers le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires (TIAN), le seul traité véritablement efficace pour mener le désarmement nucléaire vers l’élimination des armes nucléaires, ainsi que pour fournir une assistance aux victimes du nucléaire. (...)
Le combat de Nihon Hidankyô
pour l’abolition des armes nucléaires
par Nippon.com, le 19 octobre 2024
Cela fait 68 ans que Nihon Hidankyô, la Confédération japonaise des survivants de la bombe A et H, fondée en 1956, œuvre à travers le monde pour faire disparaître les armes nucléaires. Elle a reçu le prix Nobel de la paix le 11 octobre 2024. En photos, voici quelques dates qui ont été essentielles dans le combat de cette association.
Hiroshima : tollé autour
de la cérémonie de la paix !
Le
6 août 2024, 79 ans après le
largage de la bombe sur Hiroshima par
les Américains (voir les archives compilées
par l'UNESCO), la cérémonie de
la paix a été censurée.
Nagasaki : plusieurs pays et
l'Union européenne boycottent la
cérémonie
Alors que la municipalité
d’Hiroshima l'avait accueilli le 6 août,
Nagasaki a refusé d’inviter l’ambassadeur
d’Israël le 9 août, tout en conviant son
homologue de Palestine.
Le maire d’extrême droite a
restreint l’accès au site, proscrit le
récit d’un survivant dans les écoles et
fait fi de l’opposition en invitant une
délégation israélienne… La réglementation
a été durcie au périmètre du parc de la
Paix, les bagages contrôlés à six entrées,
les mégaphones et banderoles proscrits.
Pour la première fois, la zone interdite
comprenait le Dôme qui marque l’épicentre
de la bombe. Une décision qui divise
citoyens et hibakusha – les
survivants de la bombe atomique – qui y
venaient prier ou manifester pour la paix.
Plusieurs ambassadeurs de pays
occidentaux – Australie, Italie, Canada,
Allemagne, France, États-Unis et
Royaume-Uni – ansi que l'Union européenne,
ont annoncé le 7 août qu’ils ne se rendraient
pas à la cérémonie commémorative. La
représentation britannique a dénoncé
« une équivalence malheureuse et
trompeuse avec la Russie et la
Biélorussie, les deux seuls autres pays
qui n’aient pas non plus été invités à la
cérémonie de cette année ».
« L'importance de la vie humaine est la même
pour tout le monde,
vous, moi, adultes, enfants, ennemis et alliés.
»
M. Toshiyuki Mimaki, co-Président de Nihon
Hidankyo
Nuage atomique au-dessus de Nagasaki, le 9 août 1945 - Hiromichi Matsuda / Nagasaki Atomic Bomb Museum
« La reconstruction d'Hiroshima est véritablement la destruction
de la destruction, et du même coup, le sommet de la destruction.
Hiroshima a été une seconde fois détruite, la destruction a été anéantie. »
80 ANS DES
BOMBARDEMENTS ATOMIQUES D'HIROSHIMA ET DE
NAGASAKI
Vers une nouvelle course aux armes nucléaires
Le dernier rapport du SIPRI, l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm, publié lundi 16 juin 2025, souligne une nette tendance à l’amélioration et à la modernisation des armes nucléaires. Un mouvement qui laisse à penser que le processus de dénucléarisation des arsenaux à travers le monde pourrait toucher à sa fin.
Le monde est de plus en plus instable et la probabilité ne cesse d’augmenter que des armes nucléaires soient un jour utilisées, en dépit de tout ce que peut souhaiter l’humanité. Les neuf puissances nucléaires de la planète ont poursuivi la modernisation de leurs programmes nucléaires en 2024, avec l’amélioration d’armes existantes ou l’ajout de nouvelles versions. Le plus inquiétant à l’heure actuelle, c’est que la tendance à la réduction du nombre d’armes nucléaires est en train de s’essouffler.
par Jean-Marie COLLIN, ICAN
France, le 24 mars 2025
Il est frappant de voir à quel point
la parole s’est décomplexée autour des notions
de « parapluie
nucléaire », de « partage » ou de
« dimension européenne des intérêts vitaux
de la France ».
Désormais, les acteurs politiques et think
tanks, par ignorance ou volonté d’écarter le
droit international, proposent des scénarios de
prolifération nucléaire.
The Last photo, Gerda Dassing - exposition L'Âge atomique
L’arrivée au pouvoir du
président Trump, avec une posture en faveur d’un État autoritaire russe, a
fait bouger les lignes de pensées de
nombreux Français et Européens sur la
dissuasion nucléaire. Les armes
nucléaires, qui sont des armes de
destruction massive, sont en vogue et
seraient la solution aux problèmes de
sécurité devant une Russie autoritaire et
des États-Unis trumpistes. (...)
En cette année de 80e
commémoration des destructions des villes
d’Hiroshima et de Nagasaki, cette
dynamique positive en faveur de l’arme
nucléaire est dangereuse. Cela revient à
mettre à mal des décennies d’engagements
français et européen en faveur du
désarmement nucléaire, de la
non-prolifération et du droit
international. Les partisans des armes
nucléaires devraient contrôler leur
adrénaline. Les armes nucléaires font
partie de notre insécurité mondiale,
renforcer leur poids dans les politiques
de défense engendrera un sombre futur.
Combattre les forces hostiles à nos
valeurs, doit nous obliger à utiliser des
moyens militaires conventionnels,
diplomatiques et économiques qui les
respectent afin de préparer notre avenir
et non le condamner.
2025 comme moment inédit
dans l'histoire nucléaire globale
par Benoît PELOPIDAS, Sciences Po, janvier 2025
Nous entrons dans l’année du 80e anniversaire des premières explosions nucléaires, à Alamogordo, dans le nouveau Mexique le 16 juillet, à Hiroshima et Nagasaki les 6 et 9 août 1945.
Depuis, plus de 2000 explosions nucléaires ont eu lieu, libérant l’équivalent de 29 000 Hiroshima dans l’atmosphère et si les menaces nucléaires ont parfois eu des effets dissuasifs, dans certains épisodes particuliers, seuls des facteurs excédant le contrôle ont empêché des explosions nucléaires non-désirées.
Et deux projets antagonistes demeurent quant aux arsenaux nucléaires. L’un considère que ces armes sont des conditions nécessaires à la sécurité nationale et internationale et un autre considère au contraire qu’elles constituent des risques de sécurité internationale et appelle à un monde sans armes nucléaires. L’existence de ce choix est d’autant plus importante que la recherche a établi qu’il était possible de démanteler la totalité de l’arsenal existant en moins de dix ans même en l’absence de progrès technologique. A l’heure de la guerre en Ukraine, les partisans de ces deux futurs possibles construisent des « leçons » au service de leurs objectifs pré-définis. Sachant cela, l’année 2025 constitue un inédit dans l’histoire globale de l’âge nucléaire à plus d’un titre.
80 ANS DES
BOMBARDEMENTS ATOMIQUES D'HIROSHIMA ET DE
NAGASAKI
La santé mentale des dirigeants et l’arme atomique
Près d’une dizaine de pays possèdent l'arme atomique et pourraient donc potentiellement déclencher une guerre nucléaire. Une éventualité encore plus préoccupante quand on se penche sur l’âge et l’état de santé des dirigeants de ces pays, selon une étude relayée par Sciences et Avenir.
La majorité des puissances nucléaires est dirigée par des hommes âgés :
Xi Jinping (Chine), Donald Trump (États-Unis), Narendra Modi (Inde), Benyamin Netanyahou (Israël), Asif Ali Zardari (Pakistan) et Vladimir Poutine (Russie) ont tous plus de 70 ans. Ces âges avancés augmentent le risque de maladie chronique et démences, pouvant affecter leur discernement... et de nous précipiter dans une apocalypse nucléaire.
Dans leur étude, publiée le 8 juillet dans la revue BMC Research Notes, des chercheurs de l’Université d’Otago en Nouvelle-Zélande, ont analysé les données de santé des dirigeants décédés des puissances nucléaires, montrant à quel point une grande partie a gouverné avec des problèmes de santé qui auraient pu entraver leurs performances cognitives...
Une guerre nucléaire est-elle possible ?
par Jean-Luc PASQUINET,
le 5 août 2025
Non seulement une guerre nucléaire est possible mais elle a commencé avec l'usage des armes à uranium appauvri aux conséquences dramatiques (même si on n'en parle pas) et surtout avec le hiatus grandissant entre l'imaginaire des humains et leurs moyens techniques (dont la bombe atomique), la disparition de la capacité d'imaginer un monde futur post-nucléaire.
80 ANS DES
BOMBARDEMENTS ATOMIQUES D'HIROSHIMA ET DE
NAGASAKI
La force de dissuasion nucléaire française
Une série en 10 épisodes d'Albane PENARANDA,
Les Nuits de France Culture,
le 3 août 2025
Un riche programme d'archives radiophoniques autour de la force de dissuasion nucléaire française. De sa genèse pendant la Seconde Guerre mondiale, avec l'explosion de la première bombe atomique française en 1960 qui débute le programme d'armement nucléaire voulu par le général de Gaulle, jusqu'à la reprise des essais nucléaires en 1995 en Polynésie française.
Le retour de la guerre en Europe a installé les questions de stratégie militaire au cœur de l'actualité. Quotidiennement dans les media, où elle est abondamment commentée et analysée, la possibilité que la guerre s’étende au-delà des frontières de l’Ukraine est évoquée. Évoquée aussi, puisque Poutine en agite régulièrement la menace, la possibilité que ce conflit ne se limite pas à l’usage d’un armement dit "conventionnel" et que l'arme nucléaire y soit employée.
La France
consacre de plus en plus
d’argent à ses armes nucléaires
par Reporterre,
le 16 sept. 2024
Alors que
l’examen du projet de loi de finances
pour 2025 approche et que la
plupart des ministères, notamment celui
de la Transition écologique, ont été
priés de se serrer la ceinture,
l’enveloppe consacrée aux armes
nucléaires a grossi de 25 % entre
2019 et 2024 et pourrait encore
augmenter, observe ICAN France dans son communiqué du
13 septembre.
Le coût de
modernisation et de renouvellement des
systèmes d’armes nucléaires est ainsi
passé de 4,45 milliards d’euros
en 2019 à 6,35 milliards
d’euros en 2024. Le nouveau gouvernement
devrait encore engager, pour 2025, près
de 7 milliards d’euros s’il
respecte la loi de programmation
militaire (2024-2030).
Cette hausse
s’inscrit dans un contexte international
de débauche
de moyens accordés aux armes
nucléaires. Les neuf États
détenteurs de la bombe ont ainsi dépensé
91,4 milliards de dollars pour leur
arsenal en 2023, contre
72,9 milliards d’euros
en 2019.
3,5 % du PIB pour la défense : sens et non-sens d’un chiffre choc
par Fabien ESCALONA, Médiapart, le 6 juillet 2025
Dans le cadre de l’Otan, les alliés européens des États-Unis se sont engagés à des hausses massives de leurs dépenses militaires. Si les niveaux promis ont déjà été atteints par le passé, leur rationalité politique et industrielle laisse encore à désirer.
par le Comité International de la Croix Rouge, dossier de la Revue Internationale, 2015
Cette copieuse publication (228 pages) rassemble une sélection d’articles parus dans la version originale en anglais du numéro de l’International Review of the Red Cross, Vol. 97, n° 899, automne 2015.
Le lendemain du jour où la première bombe atomique a été larguée sur Hiroshima, plusieurs équipes médicales de la Croix-Rouge japonaise sont arrivées à Hiroshima en provenance des villes voisines. Elles ont aidé le personnel de l’hôpital de la Croix-Rouge japonaise qui, bien qu’étant sérieusement endommagé, fonctionnait toujours, et ont opéré dans des dispensaires improvisés installés sous des tentes, dans différentes parties de la ville dévastée.
Moins d’un mois après, le CICR avait adressé un message aux Sociétés nationales indiquant que les armes nucléaires devraient être éliminées. Sa position a été résumée ainsi : « En rendant aléatoire toute discrimination entre objectif militaire et objet civil, en plongeant ceux qu’elle atteint dans une effroyable agonie et en entravant toute possibilité de secourir les victimes du cataclysme qu'elle engendre, l'arme nucléaire mettrait en cause les fondements du droit de la guerre et de l'action secourable de la Croix-Rouge ».
Le Rainbow Warrior,
une histoire de courage et de vérité
Il y a 40 ans, le Rainbow Warrior, qui venait de mettre le cap sur Mururoa pour dénoncer les essais nucléaires français dans le Pacifique, était la cible d’un attentat commis par les services secrets français. Ce combat dérange. Dans l’ombre, une opération d’État se prépare.
Le 10 juillet 1985, alors qu’il est amarré dans le port d’Auckland (Nouvelle-Zélande), le navire est victime d’un attentat. Deux bombes explosent à quelques minutes l’une de l’autre.
Moins de quatre minutes plus tard, le Rainbow Warrior a sombré. Fernando Pereira, militant et photographe de Greenpeace, meurt noyé, pris au piège à l’intérieur du navire. Greenpeace retrace l’histoire riche et inspirante de ce navire emblématique et de ses successeurs, symbole de résistance.
Quarante ans après l’attentat du Rainbow Warrior et sa dernière mission, les menaces demeurent : criminalisation des actions non-violentes, surveillance renforcée, pressions judiciaires, procédures-bâillons et atteintes aux libertés associatives... les militant·es écologistes continuent de déranger.
Greenpeace fait actuellement face à une procédure-bâillon sans précédent aux États-Unis : dix ans après les manifestations des peuples autochtones Sioux contre la construction d’un oléoduc dans le Dakota du Nord, Greenpeace International ainsi que deux entités de Greenpeace aux États-Unis ont été condamnées en mars 2025 par un jury américain à verser plus de 660 millions de dollars à la multinationale Energy Transfer, propriétaire de l’oléoduc. Ces poursuites sont un exemple clair de ces procédures-bâillon qui visent à étouffer sous des frais de justice les organisations non gouvernementales à but non lucratif afin de les faire taire. Grenpeace lance un appel pour faire primer les droits et la planète sur les profits et la préservation d’un système économique destructeur du vivant.
(...) « Devant les perspectives terrifiantes qui s'ouvrent à l'humanité, nous apercevons encore mieux que la paix est le seul combat qui vaille d'être mené. Ce n'est plus une prière, mais un ordre qui doit monter des peuples vers les gouvernements, l'ordre de choisir définitivement entre l'enfer et la raison. »
À en croire la parole
officielle, les experts et la presse,
les armes nucléaires prolifèrent dans
le monde et cet état de fait serait
immuable. Ainsi, la politique
française ne fait pas débat. Elle
repose sur trois postulats :
efficacité de la dissuasion nucléaire,
absence de risque grâce à un contrôle
adéquat, responsabilité morale et
politique du chef de l’État, seul
habilité à déclencher le feu
nucléaire.
À partir d’archives
françaises, britanniques et
américaines, d’entretiens dans de
nombreux pays et d’une enquête inédite
sur l’opinion européenne, l’auteur
réévalue ces postulats. Requalifiant
la prolifération comme une partie du
problème, il cartographie les
vulnérabilités, expose les limites du
savoir existant, propose des outils
pour ne pas céder à la confiance
excessive dans les discours
d’autorité, élucide les paris qui
sous-tendent les différentes
politiques possibles et documente le
rôle qu’a joué la chance dans
l’évitement d’explosions nucléaires
non désirées.
Parce qu’en démocratie, il est
crucial que les choix nucléaires s’appuient
sur la discussion publique d’alternatives
cohérentes, cet ouvrage donne au citoyen, à
l’élu, au militaire et à l’éducateur les
moyens de se forger un avis sur un sujet aussi
essentiel que réputé intouchable.
Entretien avec Benoît PELOPIDAS par Laure NOUALHAT, Reporterre, le 6 août 2025
80 ans après les bombes à Hiroshima et Nagasaki, l’arme nucléaire reste au cœur des politiques de défense. Pour le pire, déplore le chercheur Benoît Pelopidas : elle crée un faux sentiment de protection. Mobiliser une mémoire collective permet aux citoyens de comprendre la violence nucléaire causée par la bombe, mais aussi les vulnérabilités présentes et à venir.
Face aux limites planétaires et au réchauffement climatique notamment, il serait bienvenu d’avoir un débat serein sur les bienfaits et les nuisances de ces systèmes d’armes. Ce débat n’a que très rarement lieu et, quand il a lieu, il est biaisé systématiquement.
Cinq erreurs sur les armes
nucléaires-
Benoît Pelopidas, Sciences Po, le 29 novembre 2024
Vous pensez qu'il n'y a plus eu d'explosion
nucléaire depuis Nagasaki en 1945 ou que les
Ukrainiens auraient pu dissuader la Russie
s'ils avaient conservé leur arsenal nucléaire
? Vous avez tort. Cinq erreurs courantes au
sujet des armes nucléaires sont reprises par
les médias comme le grand public.
Intervention de Benoît PELOPIDAS, séminaire de Sciences Po, le 10 février 2025
organisé dans le cadre du groupe de recherche Sciences Sociales et Psychanalyse.
Des frappes nucléaires délibérées, inadvertantes ou accidentelles restent démontrablement possibles. Si une ou plusieurs d'entre elles survenaient, les populations ne seraient pas protégées. Face à cette forme particulière de vulnérabilité nucléaire, la théorie des relations internationales et la science politique manifestent plusieurs formes de déni que cette intervention se propose d'explorer, notamment à la lumière des leçons tirées des cas d'absence d'explosions nucléaires non-désirées dont l'issue ne peut pas être expliquée par l'application parfaite des pratiques de contrôle. On observera ainsi que si l'absence de déni est affirmée au niveau théorique, néanmoins ce dernier est quasi-omniprésent en pratique, surtout lorsque des recommandations politiques sont formulées.
Vingt
mensonges sur les armes nucléaires
et
comment y répondre
par ICAN
France et IDN, le 18 octobre 2024
ICAN France,
relais national de la Campagne
internationale pour abolir les armes
nucléaires, lauréate du prix Nobel
de la paix en 2017 et lDN,
Initiatives pour le Désarmement
nucléaire, fondée en 2014 par Paul
Quilès, et avec le soutien de la
Fondation Charles-Léopold Mayer pour
le Progrès humain, publient un
argumentaire intitulé « Vingt mensonges sur
les armes nucléaires ».
Cet argumentaire - de 76
pages - apporte des clés de
compréhension aux associations et
personnes luttant pour un monde libéré
des armes nucléaires, et vient
encourager la réflexion sur la remise en
cause de la dissuasion nucléaire.
En effet, les récents conflits
et crises internationales montrent clairement
que les armes nucléaires ne garantissent pas
la paix, mais permettent la guerre
conventionnelle (Russie – Ukraine), exacerbent
les tensions (Iran – Israël, course aux
arsenaux des puissances nucléaires dont la
France) et rendent plus fragile l’équilibre
stratégique mondial (Chine, Corée du Nord,
États-Unis).
Les experts des deux
organisations ont mené une analyse approfondie
pour déconstruire les mensonges couramment
véhiculés autour de la sécurité prétendue
qu’offrent les armes nucléaires. Ils démontent
les idées reçues qui
perdurent dans le discours public et
stratégique, en soulignant les risques
humanitaires, environnementaux et politiques
liés à l’arme nucléaire. De même, ils
expliquent pourquoi la diplomatie française se
trompe – parfois volontairement – dans ses
critiques sur le Traité sur l’interdiction des
armes nucléaires (TIAN) qui permet d’engager
un désarmement nucléaire progressif et
multilatéral.
« Nous ne vivons plus dans une époque mais dans un délai. C'est aujourd'hui que
ces termes "fin du monde", "apocalypse" prennent un sens sérieux et non métaphysique ; depuis l'année zéro (1945), ils désignent pour la première fois une fin réellement possible. »
Le débat sur l’usage
militaire du nucléaire
doit être ouvert à la société civile, puisque ce
sont les populations qui seraient anéanties
Tribune Le Monde, le 22 mars 2025
À la suite des propos du
président de la République évoquant
l’extension du « parapluie
nucléaire français » aux alliés
européens, un collectif réunissant
universitaires, associatifs, diplomates
et militaires appelle, dans une tribune
au « Monde », à l’ouverture
d’un débat global sur la question.
La récente proposition du président
de la République, Emmanuel Macron, pour
un « dialogue
stratégique » sur un élargissement de
la dissuasion nucléaire française à
l’Europe a remis le sujet sous les feux de
l’actualité. Il est grand temps que la France se
livre enfin à un débat public transparent et
objectif sur ces armes puissantes et
dangereuses, qu’elle s’est engagée à éliminer
dès la fin de la guerre froide en rejoignant le
traité de non-prolifération.
En 1945, les hommes se sont
dotés de la possibilité de mettre un terme
à leur propre histoire. Les artistes n’ont
cessé, depuis, de rendre sensible
l’angoisse suscitée par cette arme.
L’exposition donne à voir une
grande absente : la parole du citoyen,
confisquée sur le sujet, comme si
l’exceptionnel pouvoir de destruction
justifiait de restreindre le périmètre de
discussion aux arènes politiques les plus
étroites, tels les comités de défense.
Entre les décideurs qui ont naturalisé
l’arme atomique comme un attribut
indispensable à l’équilibre stratégique
mondial (un équilibre de la terreur), et
la capacité d’énonciation et de
dénonciation des artistes, quelle place
pour la rationalité collective, quelle
occasion de délibérer de l’opportunité de
détenir la bombe ?
La France s'oppose à
une étude scientifique
sur l'impact de la guerre nucléaire par ICAN, le 8 nov.
2024
Le 1er
novembre 2024, en première commission des
Nations Unies sur la paix et la
sécurité, la diplomatie française a
honteusement poussé le bouton rouge -
avec son ennemi la Russie et le Royaume
Uni - pour voter contre la résolution «
impact d'une guerre nucléaire et
recherche scientifique ». Cette
résolution - approuvée à une écrasante
majorité de 144 voix - doit examiner les
effets physiques et les conséquences
sociétales d'une guerre nucléaire à
l'échelle locale, régionale et
planétaire, notamment les effets
climatiques, environnementaux et
radiologiques, ainsi que les incidences
sur la santé publique, les systèmes
socio-économiques mondiaux,
l'agriculture et les écosystèmes.
Calculateur de retombées d'explosions nucléaires, utilisé par l'armée US
pour mesurer les débits de dose et la contamination du personnel
après
une explosion nucléaire) - photo (détail) Alastair Philip WIPER, 2022
Appel des villes et
des collectivités
territoriales pour soutenir le TIAN
une action auprès des municipalités de ICAN France
Notre ville est
profondément préoccupée par la lourde
menace que les armes nucléaires posent
aux communautés à travers le monde.
Nous
sommes fermement convaincus que nos
habitants ont le droit de vivre dans un
monde libre de cette menace. Toute
utilisation, délibérée ou accidentelle,
d’arme nucléaire aurait des conséquences
catastrophiques durables et à grande
échelle pour la population et pour
l’environnement. Par conséquent, nous
soutenons le Traité sur l’interdiction
des armes nucléaires et appelons notre
gouvernement à y adhérer. »
En souscrivant à cet appel promu par ICAN, les villes peuvent faire entendre leur voix pour aider à créer un mouvement de soutien envers le TIAN.
Cet appel est également relayé et soutenu par le réseau mondial de l’ONG des Maires pour la Paix ; un réseau présidé par les maires d’Hiroshima et de Nagasaki, qui rassemble plus de 8 000 collectivités locales dans 165 pays, dont 150 en France. Ces collectivités s’engagent à travailler pour une culture de la paix dans un monde enfin libéré de la menace des armes nucléaires.
Montpellier, 70° ville de France à soutenir le
TIAN
Montpellier est la première
ville du département de l’Hérault à signer l’Appel des villes pour
soutenir l’universalisation du Traité
des Nations unies sur l’interdiction des
armes nucléaires (TIAN) et inviter la
France à adhérer à cette nouvelle norme
internationale. Cet Appel, lancé par
ICAN (Campagne internationale pour
abolir les armes nucléaires), prix Nobel
de la Paix 2017, a pour objectif de
soutenir ce traité en vigueur depuis le
22 janvier 2021.
Cette signature a eu
lieu le 17 avril 2023 en présence de Patrice Bouveret co-porte-parole de ICAN France
et directeur de l’Observatoire
des armements, ainsi que des
représentants du Collectif Stop
armes nucléaires 34. Elle
ouvrait une semaine d‘événements
intitulée « Le désarmement
nucléaire à l’heure de la guerre
en Ukraine ».
Montpellier rejoint ainsi
les 69 autres villes françaises, dont
Paris, Lyon, La Courneuve, Bordeaux, et
plus de 700 autres à travers le monde
(Berlin, Sydney, Oslo, Washington…) déjà
signataires.
Cet Appel
des villes souligne le danger des
armes nucléaires, renforcé depuis
le début de la guerre d’invasion
de la Russie en Ukraine. Il
demande à la France de rejoindre
le processus du Traité sur
l’interdiction des armes
nucléaires. Ce traité, mis en
œuvre par l’ONU, est à ce jour
signé par 92 États et compte 68
États membres (dont l’Autriche,
l’Afrique du Sud, l’Irlande, le
Mexique, la Nouvelle Zélande, le
Saint-Siège). Il est soutenu
également par le Comité
international de la Croix-Rouge et
de très nombreuses organisations.
Dans une tribune à L’Opinion, un
collectif de 59 parlementaires,
demandent au Président Macron (à l'occasion du
Sommet du G7, du du 19 au 21 mai 2023) de ne
pas isoler la France du dialogue sur le
désarmement nucléaire aux Nations Unies,
sous peine d’affaiblir la crédibilité de
la France et de brouiller notre posture
nucléaire.
« La Belle Epoque
», c'était celle où l'adulte ne manquait
pas d'aplomb et, s'il mettait du plomb
dans la tête de l'enfant, c'était pour
que l'enfant trouve tout naturel de
recevoir plus tard du plomb n'importe où
dans le corps. Heureuse époque encore un
peu artisanale où dans les petites
confiseries le modeste travailleur
suçait les dragées manquées afin de
récupérer les amandes, cependant qu'en
temps de guerre, sur les champs de
bataille, des ferrailleurs récupéraient
l'or des dents des morts ou le plomb des
balles afin de le vendre un bon prix aux
fabriques de soldats de plomb.
Aujourd'hui, c'est du napalm que
l'adulte met dans la tête des enfants et
il est étonnant qu'il s'étonne quand
l'enfant fabrique des cocktails molotov
même avant d'être adolescent. »
Depuis l’allocution
d’Emmanuel Macron à propos de la
guerre en Ukraine, le 5 mars, les
grands médias sont en ordre de marche.
Réhabilitation du président en
« chef de guerre »,
patriotisme exacerbé, concert
militariste et glorification des
industriels de guerre... Mené tambour
battant, le SAV du discours
présidentiel s’accompagne d’une
nouvelle séquence de matraquage
patronal contre le « modèle
social » et pour
« travailler plus » au nom,
prétendument, de l’« effort de
guerre »
Le ministre des Armées s’est rendu le 18 mars
sur le site de la centrale de Civaux (Vienne,
86), accueilli par la direction d’EDF sur site.
Le ministre a expliqué la collaboration qui se
met en place entre EDF et la Défense consistant
à installer un service d’irradiation de
matériaux sur le site. Il s’agit d’exploiter la
puissance des deux réacteurs de Civaux pour, en
marge d’une production d’électricité inchangée,
irradier dans le cœur des réacteurs des
matériaux particuliers contenant du lithium. Une
fois irradiés, ces derniers seront transférés
vers un site du CEA afin de produire du tritium,
un gaz rare indispensable aux armes de la
dissuasion (communiqué
du Ministère de la Défense).
«
Lorsque le CO2 dégagé par chaque avion
de combat Rafale (2.200 litres de
carburant par heure de vol) sera perçu
comme une bombe à retardement, on se
rappellera que le carburant le moins
cher est celui qu’on ne consomme pas.
Et que la guerre la plus écolo est
celle qu’on ne livre pas. »
Guerre à la guerre :
une campagne pour désarmer le militarisme
par SURVIE,
le 24 mars 2025
Le travail
d'analyse critique que mène Survie
sur le pilier militaire du néocolonialisme
français, du Sahel au génocide des Tutsis au
Rwanda, et sur le "savoir faire" français en
terme de coopération policière avec des
régimes criminels, motive son choix de
s'engager dans la campagne « Guerre à la
guerre ». Cette coalition de diverses
organisations vise à désarmer le militarisme,
l'impérialisme et le colonialisme.
Alors que nos
dirigeants multiplient les annonces
martiales et les dépenses militaires
et que les empires menacent de dévorer
le monde, il est urgent de faire front
contre la guerre et le militarisme.
Une mobilisation
massive s’organise contre le
salon du Bourget, le plus grand
salon mondial de l’armement, qui
aura lieu du 16 au 22 juin
prochains, près de Paris.
Une occasion
d’exprimer massivement notre refus de
la marche vers l’abîme. D’ici là,
rejoignez la coalition Guerre à la
guerre, parlez-en autour de
vous : organisons nous contre le
militarisme.
« Les armes sont des marchandises idéales, car ce sont des produits qui, tout comme les biens de consommation, ne servent qu’une seule fois. Vus sous cet angle, les munitions et les petits pains sont des produits de même nature. »
Günther ANDERS, Et si je suis désespéré, que voulez-vous que j'y fasse ?
Pourquoi les peuples
laissent-ils
s’accomplir le crime nucléaire
contre
les prochaines générations ?
par Nicole ROELENS, FSM
antinucléaire, Paris, le 3 novembre 2017
Une dimension encore peu
appréhendée du crime nucléaire : son impact
sanitaire est d’autant plus violent que l’on
remonte le cours de la vie vers son origine.
Le nucléaire est d’abord une
technique de destruction massive, l’atout majeur
de la thanatocratie c’est-à-dire l’attribution
du pouvoir à ceux qui détiennent la plus grande
capacité d’extermination. L’impuissance des femmes qui
donnent la vie face à la destruction
technologique de la descendance
s’accompagne d’une inertie de la très
grande majorité des hommes devant la
prolifération d’un technomonde hostile au
vivant. Ce technomonde les fascine parce
qu’il est synonyme de toute puissance et
que les hommes n’ont majoritairement pas
renoncé aux illusions de toute-puissance.
Le missile nucléaire
russe RS-28 Sarmat, dit « Satan »
Il est temps de dire que l’inertie
face au processus d’autodestruction de
l’humanité tient à la complicité de la
société sexiste avec la guerre larvée
contre les femmes et les humains de
demain.
Cette guerre est menée en
toute inconscience par les mâles les plus
hégémoniques. Elle est impensée, mais elle
est attestée par l’indifférence collective
à l’égard des intérêts
intergénérationnels, par la dégradation
contemporaine du processus d’engendrement,
par la destruction systématique des
conditions de survie de nos descendants.
Écouter Nicole Roelens à propos de ce texte,
Radio Galère, la 1/2h radioactive, le 14 novembre 2017
Mémorial pour la Paix à Hiroshima : statue
offerte en 1959 par le sulpteur Hongô Shin
au Maire d'Hiroshima, M. Hamai, à l'occasion du 5°
congrès mondial pour l'abolition des armes
nucléaires,
inaugurée en 1960 grâce au soutien de
l'association des femmes de Hiroshima
« Le monde est ce qu'il est, c'est-à-dire peu de chose. C'est ce que chacun sait depuis hier grâce au formidable concert que la radio, les journaux et les agences d'information viennent de déclencher au sujet de la bombe atomique. On nous apprend, en effet, au milieu d'une foule de commentaires enthousiastes, que n'importe quelle ville d'importance moyenne peut être totalement rasée par une bombe de la grosseur d'un ballon de football. Des journaux américains, anglais et français se répandent en dissertations élégantes sur l'avenir, le passé, les inventeurs, le coût, la vocation pacifique et les effets guerriers, les conséquences politiques et même le caractère indépendant de la bombe atomique.
Nous nous résumerons en une phrase : la civilisation mécanique vient de parvenir à son dernier degré de sauvagerie. Il va falloir choisir, dans un avenir plus ou moins proche, entre le suicide collectif ou l'utilisation intelligente des conquêtes scientifiques. (...) »
Oppenheimer
et Heisenberg L'enrôlement politique des
physiciens
dans la construction de la bombe
atomique
Salvador Dali, « Les trois sphinx de
Bikini », 1947
France
Culture, série « La science et ses
mauvaises
consciences » # 3/4, juin 2025,
avec Harry
Bernas, Olivier Rey et Ange
Pottin
Les
figures d’Heisenberg et d’Oppenheimer
interrogent sur l’enrôlement politique
et militaire des scientifiques dans le
nucléaire, hier comme aujourd’hui, à
un moment où les tensions
internationales ravivent la question
du rôle des savoirs scientifiques dans
les rapports de force contemporains.
par Alexandre GROTHENDIECK
conférence-débat donnée à l’amphithéâtre du
CERN, le 27 janvier 1972
ARCHIVE
SONORE DE CE DISCOURS
« La recherche nucléaire est
indissolublement associée, pour je crois
également beaucoup de gens, à la recherche
militaire, aux bombes A et H et, aussi, à une
chose dont les inconvénients commencent
seulement à apparaître : la prolifération des
centrales nucléaires. En fait, l’inquiétude qu’a
provoqué depuis la fin de la dernière guerre
mondiale la recherche nucléaire s’est un peu
effacée à mesure que l’explosion de la bombe à
Hiroshima et Nagasaki s’éloignait dans le passé.
Bien entendu, il y a eu l’accumulation d’armes
destructives du type A et H qui maintenait pas
mal de personnes dans l’inquiétude.
un livre de Nicolas CHEVASSUS-AU-LOUIS, Agone, collection Contre-feux, août 2025
Aux prêtres de la religion scientifique qui voient dans la science la solution à tous les problèmes (qu’elle a souvent engendrés), ses critiques les plus radicaux répondent par l’arrêt de toute recherche scientifique. Évitant ces deux écueils, l’auteur de ce livre, épris de rationalité et amoureux des sciences, analyse les dysfonctionnements de la recherche, sa soumission aux diktats du capitalisme et des politiques de puissance. Contre la prééminence du quantitatif sur le qualitatif, il en appelle à remettre de la démocratie dans les décisions, les programmes, les finalités. Brider les sciences, car une conclusion s’impose : « Pas de décroissance sans décroiscience. »
Dans
une envolée rare, les dépenses
militaires européennes ont atteint
leur niveau de la fin de la guerre
froide. En France, troisième
exportateur mondial d'armes, le
complexe militaro-industriel mobilise
entreprises et chercheurs civils pour
concevoir et fabriquer les armes de
demain. Grenoble, spécialisée en
semi-conducteurs, est emblématique de
cette collusion. Fabrice Lamarck
mène une critique du rôle des
chercheurs dans les sociétés
capitalistes avancées. Il est membre
du Groupe Grothendieck, et participe
au collectif « Faut-il
continuer la recherche
scientifique ? ».
David Lynch, Twin
Peaks, The Return - part 8, Trinity test
(2017)
Début août 1945, le monde, fasciné, découvre la puissance du feu nucléaire. Les bombardements d’Hiroshima et Nagasaki, deux villes choisies dans le but de « causer le maximum de dégâts et de pertes en vies humaines », sont l’aboutissement inévitable du projet Manhattan. Initié et mené dans le plus grand secret, ce dernier a réuni quatre années durant la fine fleur de la science internationale, les industries de pointe étatsuniennes (de Monsanto à Westinghouse) et la puissance de l’État adossé à son armée. Retraçant en un récit glaçant et solidement documenté l’histoire secrète de ce projet, Jean-Marc Royer montre comment la recherche d’une « solution totale » y prit vite le pas dans les esprits sur toute considération humaine. En cela, le nucléaire constitue une transgression majeure des interdits sociaux fondamentaux sous l’égide d’un puissant imaginaire structuré par la « rationalité calculatrice ».
À travers des portraits et interviews d'Américains ayant travaillé dans la fabrication de la bombe atomique, ce livre traduit ici en français dessine un panorama saisissant des victimes non
décorées d'une guerre non déclarée. Ce travail sur les armes atomiques américaines cherche avec détermination à obliger les patrons de l'industrie des armes
nucléaires à faire face aux coûts humains de leur œuvre.
Traité de physique sur la contribution des essais nucléaires à la contamination finale de l’atmosphère
Étude en guise d'inventaire radiologique sur la masse globale des charges nucléaires employées
et sur les résidus atomiques dispersés durant les
essais atomiques aériens. La physique n’est hélas pas une opinion et que l’air soit désormais envahi par les nanoparticules radioactives n’est pas un mirage. Par la grâce des physiciens nucléaires que l’on loue tant, nous vivons en effet désormais et à jamais dans une chambre à gaz radioactive infiniment vaste et à effet tumoral retardé.
« Silent Fallout » est un film
documentaire réalisé par Hideaki Ito sur les
retombées des essais nucléaires atmosphériques
américains, débutés en
1951.À
Saint-Louis, la Dr Louise Reiss a commencé
à collecter des dents de bébé auprès
d'autres mères de sa communauté.En
étudiant ces dents, elle a constaté que
les enfants avaient été exposés à des
niveaux de rayonnement dangereux.Silent
Fallout retrace ces histoires et autres,
voyageant de Salt Lake City, en Virginie,
au Missouri, au Royaume-Uni et au Japon,
exposant la vérité complexe qui se cache
derrière la bombe.
Ce film, « Retombées Silencieuses »
en français, sera disponible en version
sous-titrée en février 2025. Nos Voisins Lointains 3.11
centralisent les projections en France.
L’improbable et l’imprévu : à propos
des centrales nucléaires en temps de guerre
par Aurélien Gabriel COHEN et Bérangère BOSSARD, Terrestres,
le 24 mars 2022
Et si avec l'invasion russe de l'Ukraine, le nucléaire avait dévoilé une nouvelle part de son aberration ? Cette technologie a été conçue pour être développée dans un temps de paix géopolitique et de stabilité sociale. Or, l'évènement ukrainien souligne qu'un tel postulat est non seulement illusoire, mais moralement inconséquent.
L'imprévisibilité historique — encore renforcée par les récents bombardements étasuniens sur les infrastructures d'un programme nucléaire iranien dont les USA ont pourtant été les initiateurs en 1957 — nous oblige à réexaminer en profondeur les conditions de possibilité du nucléaire, en allant au-delà du seul débat technique.
La menace nucléaire est
de retour par
Mohamed ElBARADEI, Vienne, le 7 mars 2022 Directeur
général de l'AIEA de 1997 à 2009, Nobel de la
paix 2005,
« Les récents affrontements
entre les troupes russes et les forces
ukrainiennes de défense civile aux abords
immédiats de la centrale nucléaire de Zaporijia
révèlent à quel point le monde est
proche aujourd’hui d’un terrible cauchemar :
une fuite radioactive majeure. La
centrale de Zaporijia, la plus importante
d’Europe, est équipée de six réacteurs, et
chacun d’entre eux aurait pu être endommagé par les incendies qui se sont
déclarés à la suite des frappes russes sur
les installations de la centrale et des combats
pour s’emparer de celle-ci. L’extinction rapide
du feu témoigne du professionnalisme et de la
bravoure du personnel de la centrale.
Parmi les nombreuses
répercussions que pourrait avoir sur
l’Europe, voire au-delà, le conflit en
Ukraine, les retombées nucléaires seraient
l’une des plus toxiques et intrusives. La
libération de substances radioactives
pourrait rendre inhabitables des
agglomérations entières et menacer des
centaines de milliers de personnes – bien
au-delà du voisinage immédiat.
Mais pire encore
serait une frappe nucléaire. Le
trait le plus perturbant de la guerre en
Ukraine est la réintroduction des armes
nucléaires comme élément central de la
géopolitique. Après avoir averti que toute
puissance qui interviendrait dans le
conflit en paierait des «
conséquences comme elle n’en a jamais
vues dans son histoire », le
président russe Vladimir Poutine a répondu
à la première vague de sanctions
européennes en relevant l’état d’alerte
de ses forces nucléaires. (...)
Nous devons mobiliser
l’opinion publique mondiale, afin de faire peser
une plus forte pression sur les pays possédant
des armes nucléaires pour que ces derniers
s’engagent à les éliminer complètement. L’interdiction
totale de possession d’armes nucléaires doit
devenir une règle impérieuse du droit
international, et la constitution d’arsenaux
nucléaires être proscrite à l’égal des
génocides. Mais comme nous le
montrent l’horreur s’abattant sur l’Ukraine et
le péril nucléaire continuel dans lequel elle se
trouve, le temps ne joue pas en notre faveur. »
Atomes crochus n° 6 (avril 2022 - 24 pages couleur en format A3)
à propos des liens entre le nucléaire civil et militaire et des dangers qui planent sur les centrales nucléaires à la lumière de la guerre en Ukraine...
SPARKS, « Hit Me, Baby », 2025, album MAD! (Mutualy Assured Destruction !) « Frappe-moi, baby, je t'en supplie / Je dois me réveiller / Cela ne peut pas être vrai / Je dois me réveiller
Ce cauchemar semble si réel / Cela devient inquiétant / De plus en plus inquiétant / Frappe-moi, baby, réveille-moi »
« Avoir raison avec
Günther ANDERS », France culture, le
9 août 2023 - série de 5 émissions
Günther Anders, de 1945 à
sa mort, n’eut de cesse de revenir au
sujet de la bombe atomique dans sa
pensée mais aussi dans ses engagements
militants : « Ce combat est notre
destin », écrivait-il ainsi dans Hiroshima
est partout.
L’ONU, l’opinion mondiale
et le désarmement depuis 1945
par Chloé MAUREL, Recherches Internationales n°116, 2019
Depuis sa création en 1945, et suite au traumatisme de l’explosion des bombes atomiques à Hiroshima et Nagasaki, l’ONU et l’opinion mondiale ont poussé en faveur du désarmement. Le Plan Baruch (1946), l’Appel de Stockholm (1950), le Traité de non-prolifération (1968) et le récent Traité d’interdiction des armes nucléaires (2017) sont des étapes importantes qui ont marqué la communauté internationale.
Pourtant, la mise en pratique effective du désarmement reste lente et très incomplète, en raison de la crise du multilatéralisme et de l’émergence de puissances agressives dans le monde multipolaire actuel. Le prix Nobel de la paix décerné à l’ICAN («Campagne internationale pour l’abolition des armes nucléaires») en 2017 apparaît de bon augure pour l’avenir. Le désarmement apparaît comme un impératif non seulement politique, mais aussi social, étant donné que 1 % des financements accordés à la recherche militaire dans le monde suffirait à nourrir de manière satisfaisante tous les habitants de la planète.
« Nous exigeons l'interdiction absolue de l'arme atomique, arme d'épouvante et d'extermination massive des populations. Nous exigeons l'établissement d'un rigoureux contrôle international pour assurer l'application de cette mesure d'interdiction. Nous considérons que le gouvernement qui, le premier, utiliserait, contre n'importe quel pays, l'arme atomique, commettrait un crime contre l'humanité et serait à traiter comme criminel de guerre. Nous appelons tous les hommes de bonne volonté dans le monde à signer cet appel. »
Lettre au rédacteur du New York Times, le 10 octobre 1945
« La première bombe atomique a fait plus que de détruire la ville d’Hiroshima.
Elle a fait également exploser nos idées politiques traditionnelles et démodées.
La situation actuelle d’anarchie internationale, qui force l’humanité à vivre sous la menace constante d’anéantissement brutal, a conduit à une dangereuse course aux armements atomiques. Le Comité d’urgence des Savants atomistes est conscient de sa responsabilité pour informer les citoyens de ce pays et de tout autre pays, que les nations ne peuvent plus penser en termes de puissance militaire ou de supériorité technique. Ce qu’un groupe d’hommes a découvert, d’autres groupes d’hommes qui poursuivent la connaissance avec patience et intelligence le trouveront aussi. Il n’y a pas de secrets scientifiques. Et il ne peut pas y avoir non plus de défense efficace contre une agression sur une base purement nationale.
La libération de l’énergie atomique a créé un monde nouveau dans lequel les anciens modes de pensée qui comprennent les vieilles conventions diplomatiques et la politique de l’équilibre des forces sont devenus tout à fait absurdes. L’humanité doit renoncer à la guerre dans l’ère atomique. Ce qui est en cause, c’est la vie ou la mort de l’humanité.
Albert Einstein en 1947
La seule force militaire qui puisse apporter la sécurité au monde c’est une force de police supra-nationale fondée sur la loi mondiale. C’est dans cette direction que nous devons diriger nos énergies. »
Il n'y a pas d'autorité supranationale
suffisante et en qui on puisse avoir confiance
Lettre ouverte à l'Assemblée générale des Nations Unies, New York, octobre 1947
« Il ne pourra jamais y avoir accord total sur le contrôle international et l’administration de l’énergie atomique, ou sur le désarmement général tant qu’il n’y aura pas de modification du concept traditionnel de souveraineté nationale. Car, tant que l’énergie et les armements atomiques seront considérés comme une partie vitale de la sécurité nationale, aucune nation ne fera plus que d’accorder une attention formelle aux traités internationaux.
La sécurité est indivisible. Elle ne peut être atteinte que lorsque les garanties nécessaires de la loi et d’application de la loi existent partout, si bien que la sécurité militaire n’est plus le problème d’un Etat seul. Il n’y a pas de compromis possible entre la préparation à la guerre d’une part et la préparation d’une société mondiale fondée sur la loi et l’ordre d’autre part. (...) »
Manifeste Russell Einstein, le 9 juillet 1955 - signé par Max Born, Percy Williams Bridgman,
Albert Einstein, Léopold Infeld, Frédéric Joliot-Curie, Herman J. Muller, Linus Pauling,
Cecil F. Powell, Józef Rotblat, Bertrand Russell et Hideki Yukawa
« Sachant qu’en cas de nouvelle guerre mondiale les armes nucléaires seront certainement employées et que ces armes mettent en péril la survie de l’humanité, nous invitons instamment les gouvernements du monde à comprendre et à admettre publiquement qu’ils ne sauraient atteindre leurs objectifs par une guerre mondiale et nous leur demandons instamment, en conséquence, de s’employer à régler par des moyens pacifiques tous leurs différends. (...) »
« Lorsque l’opinion publique de tous les pays aura été informée des dangers énormes, lorsqu’elle s’élèvera contre la poursuite des essais, alors les hommes d’État seront forcés de conclure un accord pour arrêter les expériences. »
Albert Schweitzer, Radio-Oslo, le 23 avril 1957 « Premier Appel contre les expérimentations de bombes atomiques »
Tract du Comité de Lutte Anti-Nucléaire,
signé par André Breton et par d'autres surréalistes, Paris, le 18 février 1958
Rien, plus rien aujourd’hui ne distingue la Science d’une menace de mort permanente et généralisée : la querelle est close, de savoir si elle devait assurer le bonheur ou le malheur des hommes, tant il est évident qu’elle a cessé d’être un moyen pour devenir une fin.
La physique moderne a pourtant promis, elle a tenu, et elle promet encore des résultats tangibles, sous formes de monceaux de cadavres. Jusqu’alors, en présence des conflits entre nations, voire du possible anéantissement d’une civilisation, nous réagissons selon nos critères moraux et politiques habituels.
Mais voici l’espèce humaine vouée à la
destruction complète, que ce soit par l’emploi cynique des bombes
nucléaires, fussent-elles “propres” (!), ou par les ravages dus aux
déchets qui, en attendant, polluent de manière imprévisible le
conditionnement atmosphérique et biologique de l’espèce, puisqu’une
surenchère délirante dans les explosions “expérimentales” continue sous
le couvert des “fins pacifiques”.
Discours prononcé au Cirque d’Hiver le 16 juin 1964 devant une délégation de rescapés d’Hiroshima, repris dans Jean Rostand, Un biologiste contre le nucléaire, textes choisis et commentés par Alain Dubois, Berg International Éditeurs, 2012
« C’est avec une profonde émotion qu’à mon tour je salue fraternellement la présence, dans cette enceinte parisienne, de la délégation des rescapés d’Hiroshima. Et c’est aussi avec une nette conscience de tout ce que représente, de tout ce que signifie la proximité de ces quelques hommes et de ces quelques femmes venus de si loin, non pas pour raviver stérilement un odieux souvenir mais pour nous faire bénéficier de leur douloureuse expérience, et ainsi nous contraindre à méditer sur le présent et à nous interroger sur le futur.
Hiroshima... Nom sinistre, à jamais inscrit dans les annales des crimes de l’homme contre l’homme...
Nom de fracas et de feu, plus fameux qu’aucun nom de victoire, encore qu’il rappelle la plus cruelle défaite qu’ait subie l’humanité... Fulgurant symbole de la barbarie savante, de la sauvagerie des soi-disant civilisés... Nom qui résume en ses quatre syllabes toute l’horreur que le progrès technique ajoute à l’horreur essentielle de la guerre... Nom que nous prononçons parfois négligemment parce qu’il est dans des titres de films et sur des couvertures de livres, mais que, ce soir, devant les visages de ceux qui ont vécu tout ce qu’il évoque, nous ne prononçons pas sans frémir...
Nom qui désigne la Chose qu’on ne doit jamais plus revoir, la Chose qui doit rester unique dans l’histoire... Nom exécré de tous, mais particulièrement des zélateurs de la science, qui ne sont pas près de pardonner aux bombardements nucléaires la détestable lumière qu’ils ont fait rejaillir sur elle.
Objection collective de conscience ! Il incombe à tout homme de refuser son consentement à tout ce qui peut ajouter aux risques de conflit nucléaire. Car tout devrait, aujourd’hui, être subordonné à cela, être jugé en fonction de cela. Est bon, sain, raisonnable, sage, politique, humain, ce qui rend un peu plus improbables les nouveaux Hiroshima... Est mauvais, malsain, déraisonnable, insensé, impolitique, inhumain, ce qui en accroît la probabilité. Or, il est bien évident qu’en dépit de tous les sophismes largués par des propagandes officielles la dissémination des armes atomiques augmente le risque de les voir, un jour, tomber aux mains d’un inconscient ou d’un énergumène. Il est évident que la sécurité de la planète est inversement proportionnelle au nombre de « boutons » sur chacun desquels il suffit d’appuyer pour déclencher le cataclysme. »
Discours prononcé le 23 juin 1966 à la Mutualité, à la réunion publique organisée à Paris
par le Mouvement contre l’armement atomique (MCAA) pour protester contre le 1er essai nucléaire français en Polynésie – qui allait être effectué le 2 juillet suivant.
« Vaines sont nos protestations de ce soir – et cela aussi nous le savons. Nous n’empêcherons rien. Nous n’arrêterons rien. Et nous ne pensons certes pas, comme Cyrano, que c’est bien plus beau lorsque c’est inutile. Mais nous pensons tout simplement que cela est nécessaire, bien qu’inutile. »
« On nous reproche volontiers de faire de la politique. Mais il s’agit de bien autre chose,
– de morale et d’hygiène planétaires.
On nous accuse d’être trop violents envers l’armement atomique. Je crois que c’est lui qui a commencé...
Nos ressentiments sont encore loin du compte.
Et si, demain, surviennent de nouveaux Hiroshima, je crois que les survivants feront plutôt grief à notre tiédeur et à notre mollesse. » (...)
« De la force de frappe, je dirai qu’elle ne peut être qu’un simulacre ou une folie, puisqu’elle ne peut être employée sans provoquer instantanément la riposte qui anéantirait le vulnérable hexagone. Je dirai que ce qu’on appelle notre indépendance atomique n’est que le droit au suicide solitaire. Je dirai que la force de frappe nous expose au lieu de nous protéger : elle n’est pas un bouclier mais une cible. Je dirai qu’elle donne au monde le mauvais exemple, en incitant à la dissémination des armes nucléaires qui est le plus redoutable de tous les périls, et comme la généralisation du cancer atomique. Je dirai que loin de servir la recherche scientifique, elle détourne de la recherche fondamentale des multitudes de chercheurs, qu’elle exténue le pays, qu’elle entrave le progrès social et culturel. Je dirai qu’elle bafoue une tradition de générosité et de pacifisme, qui faisait jusqu’ici le meilleur de notre héritage spirituel. Je dirai que, loin de grandir la France, elle la rapetisse, car le chemin de la bonne grandeur ne passe pas par les usines Dassault. » (...)
par Jacques TESTART - Les Z’indigné(e)s, automne 2012
(...) Les partisans du nucléaire ont défini un seuil de radiations qui permettrait de « coexister » avec cette source de mort. Il n’y a aucun seuil de radiation tolérable si on veut préserver la santé des êtres vivants car toute nouvelle contamination, serait-ce à dose infinitésimale, vient se cumuler avec les contaminations antérieures pour produire des altérations physiologiques et surtout créer une situation propice à des mutations du génome.
L’arbitraire (et donc la non scientificité) de tels seuils est révélé quand, après la catastrophe de Fukushima, la « dose maximum admissible » de radioactivité a été relevée de 1 à 20 mSv pour les écoliers, et à 250 mSv pour les liquidateurs, malgré les protestations de la population locale !
Pourtant, le dogme de la proportionnalité du danger avec la dose d’un produit toxique a volé en éclat : on reconnaît désormais l’effet cumulatif de très faibles doses pour les perturbateurs endocriniens ou les molécules cancérigènes surtout quand c’est l’embryon qui se trouve exposé. Et pour les herbivores comme pour les humains le danger va croissant, essentiellement par la consommation de ces végétaux.
La France est le troisième pays pour le nombre d’ogives nucléaires et, outre leur atteinte à la morale, leur entretien nous coûte environ 5 milliards d’euros chaque année. Le non respect du Traité de Non Prolifération Nucléaire (1992) a encouragé la prolifération. Ainsi, nous sommes passés de 5 à 9 puissances nucléaires, et d’autres Etats (environ 35) pourraient le devenir. C’est seulement par un désarmement nucléaire mondial généralisé et contrôlé qu’on pourrait empêcher cette dissémination, une solution souhaitée par une grande majorité des français (sondage IFOP, mars 2012).
Nuclear Explosions 1945 / 1998 par Nils-Olov Bergkvist - IAEA Liste des explosions nucléaires
effectuées par les États-Unis, l'Union soviétique, le Royaume-Uni, la
France, la Chine, l'Inde et
le Pakistan entre 1945 et 1998. Ce rapport
est le fruit d'une collaboration entre le Centre de recherches pour la
défense (FOA)
et le Stockholm International Peace Research Institute
(SIPRI). Ce document a servi de source à l'animation
ci-dessus.
Il
manque aux tableaux l'essai atomique d'Israël du 22 septembre 1979 et ceux de la Corée du Nord débutés en 2006.
Cette étude culturelle,
richement illustrée, explore les retombées
de l’ère atomique sur la France de
l’après-guerre, la puissance émotionnelle
de l’atome et la cécité qui frappa nombre
d’intellectuels français. Elle convoque
des scientifiques, des journalistes, des
écrivains, artistes et cinéastes, des
chanteurs et des chroniqueurs
radiophoniques. Elle fait se côtoyer des
œuvres cultes ou méconnues, d’autres à
destination de la jeunesse. Elle met au
jour les contradictions et les œillères de
la période nucléarisée dont la parenthèse,
ouverte à Hiroshima, ne s’est jamais
refermée.
L'éditeur propose une version
Open Access (gratuite) de l’ouvrage :
Exposition à la bibliothèque
François-Mitterrand, Paris
La BNF présentait, du 4 février au 8
juin 2025, une grande exposition
consacrée à l’Apocalypse.
Imaginaire de la
catastrophe. Apocalypse guerrière,
nucléaire, écologique, toute catastrophe
qui nous semble s’apparenter à une fin
du monde.
L’Apocalypse demeure, depuis deux mille
ans l’un des plus grands récits
symboliques de l’épreuve et de
l’espérance ; il est un arrière-plan et
un horizon, une invitation à nous
souvenir de l’avenir.
L'Âge atomique Les artistes à
l’épreuve de l’histoire
Exposition au Musée
d’Art moderne de Paris
Le Musée d'Art Moderne de
Paris propose de revisiter l’histoire de
la modernité au XXe siècle à travers
l’imaginaire de l’atome. L’exposition
invite le public à une exploration des
représentations artistiques suscitées par la découverte scientifique
de l’atome et de ses applications, en
particulier la bombe nucléaire dont les
conséquences dévastatrices ont changé le
destin de l’humanité. En réunissant près
de 250 œuvres (peintures, dessins,
photographies, vidéos et installations),
ainsi qu’une documentation souvent
inédite, l'exposition montre, pour la
première fois dans une institution
française, les positions très différentes prises par les artistes face aux avancées scientifiques et aux
controverses qu’elles suscitent.
Matière brisée, formes transformées :
Notes sur l'esthétique nucléaire
par Sven LÜTTICKEN, Journal e-flux n° 94, octobre 2018
« Ceux qui se limitent aujourd'hui à la perception
de ce qui est visible à ce moment-là passent à côté de la réalité. »
— Günther Anders
L'invisibilité littérale des rayonnements ionisants nocifs est enveloppée d'une invisibilité politique qui n'est rompue que par intermittence, lors de catastrophes spectaculaires. Le problème, aussi esthétique que social, demeure, et subsisterait même après un improbable abandon mondial de la technologie nucléaire sous la forme d'énormes quantités de déchets radioactifs. Le décentrement copernicien de la vision humaine dû à la descente de la physique nucléaire dans la matière elle-même s'accompagne de durées de vie vertigineuses qui semblent remettre en question la possibilité d'une action sociale et politique significative, qui tend à penser à court terme.
Enrico Baj, Manifeste Nucléaire BUM, 1951
La découverte des rayons X par Wilhelm Röntgen en 1895 et celle de la radioactivité par Henri Becquerel l'année suivante ont suggéré aux artistes que la réalité telle qu'elle était apparue jusqu'alors avait été abrogée. Comme le notait Kandinsky : « L'effondrement de l'atome était assimilé, dans mon âme, à l'effondrement du monde entier. Soudain, les murs les plus solides se sont effondrés. Tout est devenu incertain, précaire et inconsistant. Je n'aurais pas été surpris qu'une pierre se dissolve dans l'air sous mes yeux et devienne invisible. »
La Bombe - un roman graphique (Glénat, février 2020)
Scénario de Didier ALCANTE et Laurent-Frédéric BOLLÉE - Dessin de Denis RODIER
Ce fabuleux roman graphique retrace, sur 496 pages, l'histoire de la conception et de la fabrication de la bombe atomique, jusqu'à (malheureusement) son utilisation sur les villes d'Hiroshima et Nagasaki. Le procédé de la bande dessinée permet comme nul autre de plonger dans l'esprit et les doutes des scientifiques impliqués, entre leur devoir et leur conscience. On suit en particulier l'évolution de Léo Szilard, qui bataillera sans relâche pour que la bombe ne soit pas utilisée contre le Japon, plaidant pour qu'une démonstration soit plutôt faite devant les responsables politiques des pays du monde, afin que cette arme ne soit jamais utilisée sur des populations ni développée. Ses arguments (on peut en lire un extrait ici), on le sait, n'ont pas été suivis.
un canular
radiophonique sur l'antenne de la
Radiodiffusion française, le 4 février 1946
Le soir du 4 février 1946,
la Chaîne parisienne diffuse le premier
épisode d'une série de dix fictions
intitulée Plateforme 70 ou l'âge
atomique. Jean Nocher, jeune
journaliste féru d'anticipation, a
décidé de mettre à profit l'angoisse de
la bombe atomique pour créer son
émission et alerter sur les dangers du
nucléaire.
L'avertissement qui devait
être diffusé juste avant le lancement de
la fiction est oublié... Et les
auditeurs peuvent alors entendre le «
professeur Helium », de l'Institut
mondial des recherches atomiques,
indiquer que des scientifiques
travaillent à la désintégration de
l'atome et qu'ils sont en train d'en
perdre le contrôle :
« Je vous conjure de ne
vous laisser en aucun cas entraîner à la
panique, même si vous étiez soudain les
témoins d'événements insolites ou
extraordinaires tels que : lueurs
soudaines dans le ciel, craquements,
vibrations du sol (elles ne sont
d’ailleurs pas dangereuses tant qu’elles
ne dépassent pas une certaine
amplitude), pannes de lumière et arrêt
de tous les moteurs ayant des connexions
électriques, enfin troubles
physiologiques légers :
tremblement, excitation épidermique et
perte momentanée du sens de l’équilibre.
»
L’événement fait les gros
titres jusque dans l'Ohio, où le Toledo
Blade titre « Panique à
Paris : la radio avait fait état
d'une fausse désintégration atomique du
monde ». Jean Nocher écope
finalement de trois mois de suspension de
radio, certainement plus en raison
d'enjeux politiques à l'ORTF que suite aux
conséquences de la pièce.
Un livre reprend les dialogues
des 10 épisodes qui devaient constituer
son programme. Seul le 1er épisode
avait pu être entendu intégralement, selon Forez infos. On en
parlait en janvier 2010 dans l'émission « Radio panique » sur
France culture (à partir de 40:08).
Le Chant du Monde,
la merveilleuse suite de tapisseries
réalisée par Jean Lurçat entre 1957 et
1965, a été exposé en 1999 dans la
ville d’Hiroshima au Japon. Apocalypse des
temps modernes, cette œuvre,
tout au long des dix éléments
tissés qui la constitue, dénonce les
dangers encourus face à la grande menace
de la guerre nucléaire, et célèbre l’Homme
en gloire dans la Paix.
Hiroshima - le 6
août 1945
Cependant, il
y a eu Hiroshima... La folie s'est déjà
manifestée à deux reprises...
Hiroshima,
Nagasaki... L'homme d'Hiroshima a
été brûlé, dépouillé, vidé par la
bombe... Mais avec lui, ce sont toutes
nos raisons de vivre qui ont été
saccagées.
La bombe n'épargne aucune idéologie,
aucun système... Elle anéantit toutes
les pensées de l'homme, tout le
patrimoine culturel commun...
À nouveau, les bibliothèques
d'Alexandrie flambent et
s'anéantissent... Mais cette fois-ci,
c'est un enlisement général...
Éluard a écrit un
jour : « ...Je veux savoir
d'où je pars pour conserver tant
d'espoir... » Eh bien ! c'est ça... Nous partons
d'ici.
Nous partons de cette horrible menace.
Seulement, tout de même, si cette bon
dieu de bombe tombait, le monde
paierait un tribut épouvantable.
On reculerait de plusieurs milliers
d'années...
Il faut que les gens le sachent...
Raymond Briggs (1934–2022)
est un auteur britannique important - il
a dessiné pour les enfants Sacré
père Noël, Fungus le bogey, Le
Bonhomme de neige. Le voici remis
à l’honneur grâce aux éditions Tanibis
avec sa bande dessinée de politique
fiction Quand souffle le vent (1982),
pendant en BD du film The War game de
Peter Watkins (1966).
M. et Mme Bloggs
sont à la retraite. Ils vivent
tranquillement dans un petit cottage au
milieu de la campagne anglaise du
Sussex. Le monde s’apprête à entrer en
guerre. Les tensions entre l’URSS et les
forces de l’OTAN sont à leur paroxysme,
les autorités britanniques annoncent
que, sous trois jours, les hostilités
débuteront.
Heureusement, James a eu
l’intuition de rapporter des brochures
éditées par le conseil du comté donnant
des consignes pour
construire un abri, organiser le
rationnement, se protéger des
radiations, etc.
Subitement, un flash
radio : l’attaque est imminente,
les missiles ennemis toucheront le sol
britannique dans trois minutes.
La catastrophe est là.
Survivant au bombardement atomique,
James et Hilda se réfugient dans l’abri
que Jim a construit. Dès le deuxième
jour, face aux dégâts occasionnés par le
souffle, ils organisent leur survie en
attendant les soutiens officiels, qui
tardent à arriver, et leur santé se
détériore...
« Quand souffle le vent »
est un cri d’alerte de
Raymond Briggs face à la course
aux armements menée par les belligérants
de la guerre froide. Au début des
années 1980, le Royaume-Uni, membre
de l’OTAN, avait autorisé l’installation
de missiles nucléaires sur son
territoire, créant une vague de
protestations pacifistes. Quand
souffle le vent devint rapidement
un phénomène de société, chaque membre
du Parlement en reçut un exemplaire. L’engagement antinucléaire
de Briggs l’incita à proposer à la BBC
d’adapter son histoire
pour la radio et il aida à sa
transposition au théâtre. Briggs
participa ensuite à la céation du film
d’animation réalisé par Jimmy T.
Murakami. Sorti en 1986, le film
remporta en 1987 le grand prix du long
métrage au Festival international du
film d’animation d’Annecy.
La bande dessinée antinucléaire «
When the wind blows » de Raymond Briggs
a fait l'objet d'un long métrage d'animation
réalisé par Jimmy T. Murakami en 1986,
avec la musique, entre autres, de David Bowie et Roger Waters
Filmé dans 13 pays différents, sur les 5 continents et dans 8 langues, Le Voyage (The Journey) est un réquisitoire décapant contre l'arme nucléaire. Au fil de ces images, nous comprenons la manipulation politique et médiatique de l'information sur l'armement nucléaire et ses conséquences dramatiques sur la planète et ses populations.
Qu'en est il de la course à l'armement à travers le monde ?
De la désinformation permanente des médias ? De l'absence de toute formation critique dans les systèmes éducatifs ? Avec les photos d'Hiroshima sous le bras, Peter Watkins rend visite à des familles et des communautés d'hommes et de femmes au Mexique, au Japon, à Tahiti, en Union Soviétique, au Mozambique, en Écosse, en France, en Norvège, aux États-Unis, au Canada, en Australie et en Allemagne de l'ouest. Et cet empêcheur de guerroyer en paix leur demande de livrer leurs témoignages, car tous ont été affectés, ou risquent de l'être, par la présence du nucléaire.
Un tour de force documentaire qui dénonce la manipulation tant par son contenu que par sa forme. Réalisé par Peter Watkins dont la carrière fut, ne l'oublions pas, lancée avec un autre film majeur sur la guerre nucléaire : La Bombe (1966). Cette dénonciation sans appel a été filmée au début des années 80, mais n'en reste pas moins juste aujourd'hui.
Il y a 10 ans, pour la commémoration du 70° anniversaire
des bombardements d’Hiroshima et de Nagasaki, le groupe « Arrêt du nucléaire Lot » et le Collectif «
Route sans frontières » avaient proposé le long de quatre journées exceptionnelles, les 6,
7, 8 et 9 août 2105 à Gramat (Lot), l'expérience et l’occasion unique de voir le
film monumental de Peter Watkins, Le Voyage, dans sa durée complète de 14 h 30. À cette occasion, un dossier a été constitué autour du film comprenant de nombreux documents inédits en français, qui peuvent servir de mode d'emploi pour la projection et l'étude du Voyage.
« Vamos a la playa », la
bluette interprétée en 1983 par le duo
italien Righeira s'imposera comme un tube
international. Un refrain qui rentre dans
la tête comme un mot d'ordre festif : Allons
à la plage. Sans doute pris par
beaucoup au premier degré, les paroles en
espagnol de ce tube révèlent pourtant un
autre sens que le farniente qu'il semble promouvoir. Car cette
année-là, tout comme le hit, la bombe
atomique a explosé.