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La voiture électrique et le compteur Linky :
deux béquilles absurdes et vaines
pour une société techniciste aux abois…

par Stéphane LHOMME

 


 

Nous savons que, dans les projets d'EDF et de
sa filiale Enedis
, il y a la possibilité de se servir des batteries d'un conséquent parc de voitures électriques - qui reste bien heureusement totalement virtuel à ce jour - pour y puiser de l'électricité, à certains moments, par le biais du compteur électrique communicant Linky.

Pourtant, il n'est pas besoin de voir cette ineptie
mise en œuvre pour constater d'ores et déjà de
fortes similitudes entre ces deux machines
et leurs programmes industriels respectifs
.

 

 

Le "grand remplacement"

 

De toute évidence, sans nous demander notre avis, il a été décidé en "haut-lieu" (sans nécessairement que les deux décisions ne soient liées, même si elles relèvent du même mode de "pensée") que les voitures thermiques et les compteurs électriques ordinaires devaient être l'objet d'un "grand remplacement". Les unes doivent donc céder la place aux voitures électriques, les autres aux compteurs communicants (abusivement dits "intelligents").

Dans les deux cas, la propagande politique et industrielle assure qu'il s'agit de "lutter contre le changement climatique" et "contre la pollution". Saupoudrez le tout de l'expression magique "transition énergétique" et le tour est joué.

 

 

Des machines "gentilles" et des machines "méchantes" ?

Notons déjà, même si cela ne change strictement rien à l'analyse de fond de ce double phénomène, que les voitures thermiques sont de terribles calamités environnementales alors que les compteurs électriques ordinaires, en particulier les bons vieux compteurs électromécaniques - ceux avec la roue crantée qui tourne ! - sont de "gentilles" machines (sauf à considérer que l'électricité devrait être gratuite, auquel cas il n'y aurait pas besoin de compteurs. C'est un point de vue qui peut d'ailleurs tout à fait se défendre mais qui postule que chacun serait raisonnable et consommerait avec modération et selon ses justes besoins…).

En clair, même si nous ne versons pas une larme sur chaque voiture thermique remplacée par une électrique, et que nous pleurons chaque compteur ordinaire victime du programme Linky, le fait est que ces deux "grands remplacements" sont aussi ineptes l'un que l'autre.

 

1) L'ineptie du remplacement
de la voiture thermique par la voiture électrique

 

Comme à chaque fois que nous évoquons ce dossier, nous tenons à préciser - au cas où un doute pourrait subsister - que nous ne défendons aucunement les voitures thermiques qui sont de terrifiantes calamités environnementales.

En revanche, nous dénonçons l'ineptie absolue qui consiste à remplacer des voitures polluantes par… d'autres voitures polluantes. Car, aucun doute n'est permis à ce sujet, la voiture électrique n'est ni propre, ni verte, ni écolo (voir explications sur http://www.observatoire-du-nucleaire.org/spip.php?article48). D'ailleurs, grâce à des procédures devant le "Jury de déontologie publicitaire" et un habile recours à divers médias, nous avons réussi à faire retirer ces termes de toutes les publicités pour les voitures électriques. Hélas, cela n'empêche pas les dirigeants industriels et politiques de prétendre l'inverse impunément (la loi n'interdit pas de mentir… bien heureusement) et d'en conclure à la nécessité du "grand remplacement".

 

Contre quoi ?

Entendons nous bien : la voiture électrique n'est pas pire que la voiture thermique. Il ne s'agit donc pas pour nous d'être à proprement parler "contre la voiture électrique" mais, à nouveau, contre le fait de remplacer des voitures polluantes (en l'occurrence thermiques) par d'autres voitures polluantes (électriques). Si c'était l'inverse (remplacer des voitures électriques par des voitures thermiques), nous le dénoncerions tout autant.

 

Un des pires programmes d'obsolescence programmée

Quand bien même la voiture électrique serait vertueuse sur le plan environnemental (ce qui n'est absolument pas le cas), il serait quand même injustifiable de la déployer à marche forcée au lieu de faire ce remplacement au fur et à mesure de la fin de vie des voitures thermiques. D'ailleurs, tous les programmes de "primes à la casse" - depuis 1994/95 avec les "Balladurettes" et les "Jupettes" (voir : https://www.largus.fr/actualite-automobile/les-balladurette-et-jupette-ancetres-de-la-prime-a-la-casse-134342.html) - sont des crimes environnementaux puisqu'il s'agit de détruire des machines en état de marche pour les remplacer par d'autres toutes neuves… qui nécessitent pour être fabriquées d'immenses quantités de matières premières et d'énergie. Le prétexte environnemental est que les voitures neuves, plus modernes, consomment moins que leurs précédentes. Mais ces "bénéfices" sont absolument négligeables par rapport au gaspillage généré par ce remplacement forcé.

Le pire est, à nouveau, que les voitures électriques sont elles-mêmes des calamités environnementales, ce qui rend encore plus injustifiable le dit "grand remplacement".

 


SINGER, La Décroissance

 

Anéantissement injustifié de sommes inouïes d'argent public

La problématique environnementale n'est pas la seule : un autre immense scandale est que le remplacement des voitures thermiques par des voitures électriques se fait à grand renfort d'argent public. Des dizaines et potentiellement des centaines de milliards sont donc gaspillés car, comme expliqué ci-dessus, il est absurde de financer le remplacement de voitures polluantes par d'autres voitures polluantes.

Il en est ainsi des fameux bonus dits "écologiques" qui consistent à verser selon les périodes de 5000 à 10 000 euros d'argent public à tout candidat à l'achat d'une voiture électrique, somme versée par l'État et parfois même complétée par quelques milliers d'euros de plus venus de la Région.

Le plus écœurant est que, malgré ces bonus, ce ne sont pas des chômeurs ou des smicards qui peuvent s'offrir de tels véhicules mais presque exclusivement des gens aisés pour lesquels la voiture électrique est souvent la seconde ou même troisième voiture.

Un autre gaspillage insensé d'argent public réside dans le financement par de nombreuses collectivités territoriales de l'installation à grands frais de bornes de recharge qui, à nouveau, bénéficient aux aisés propriétaires de véhicules électriques. Pour faire bonne mesure, ces derniers se voient souvent réserver des places de stationnement gratuites, quand ce n'est pas tout simplement le courant nécessaire au rechargement de leurs batteries qui leur est offert ou du moins cédé à un tarif dérisoire (le coût réel étant à nouveau couvert par l'argent public).

 

 

2) L'ineptie du remplacement des compteurs ordinaires
par des compteurs communicants (Linky, Gazpar, etc)

 

En décembre 2015, le distributeur d'électricité Enedis (filiale d'EDF) a commencé un programme visant à remplacer les 35 millions de compteurs ordinaires d'électricité que l'on trouve en France par des modèles communicants (et prétendus "intelligents"), les fameux Linky. Ce "grand remplacement" est supposé se terminer en 2021 mais il a pris du retard du fait de la crise du Covid mais aussi - et surtout - du fait de la résistance de très nombreux habitants qui refusent d'être "linkysés".

Hélas, des millions de gens se laissent intimider par les mensonges et parfois les exactions des sociétés privées qui ont obtenu auprès d'Enedis le marché de pose de Linky et qui utilisent les moyens les plus abjects pour poser le plus possible de Linky et gagner ainsi plus d'argent.

On notera aussi que, presque simultanément, le distributeur de gaz GrDF (filiale d'Engie, ex-GDF-Suez) a entrepris de remplacer 8 millions de compteurs ordinaires de gaz par des modèles communicants, les Gazpar.

 

Un des pires programmes d'obsolescence programmée (bis)

Tout comme le remplacement potentiel - en espérant que cela ne se concrétise pas - de millions de voitures thermiques en état de marche par des nouvelles voitures (électriques), le remplacement de 43 millions de compteurs ordinaires en parfait état de marche par des modèles communicants Linky et Gazpar est un des pires programmes d'obsolescence programmée.

 

 

La société du "tout connecté" : la dictature totale

On peut aussi évoquer l'installation par les sociétés de distribution d'eau de compteurs communicants, mais il s'agit souvent de modules communicants installés sur les bons vieux compteurs ordinaires. Il ne s'agit alors pas d'obsolescence programmée mais de l'installation de machines qui, comme les Linky et les Gazpar, sont causes de lourds problèmes : dysfonctionnements divers (le pire étant l'incendie, parfois mortel), destruction de milliers d'emplois de relève visuelle de la consommation, captation d'innombrables données sur la vie privée des habitants, émissions d'ondes électromagnétiques controversées sur le plan sanitaire et impliquées dans la mise en place d'un monde numérique totalitaire, ces compteurs communiants servant de relais pour l'IoT (Internet of things), l'Internet des objets : d'ores et déjà, des milliards d'objets de la vie courante sont "connectés", pilotables à distance, et envoient aux opérateurs d'innombrables données utilisables à des fins mercantiles mais aussi policières. Les compteurs Linky, Gazpar et cie sont les chevaux de Troie de ce monde totalitaire qui menace de s'imposer partout sur Terre…

 

Anéantissement injustifié de sommes inouïes d'argent public (bis)

À nouveau, le parallèle est saisissant avec l'affaire des voitures : le remplacement de 43 millions de compteurs ordinaires en parfait état par des modèles communicants Linky et Gazpar coûte des quantités astronomiques d'argent public : les sommes collectées sur nos factures d'électricité et de gaz pour financer la distribution des ces énergies… et hélas utilisées pour acheter des dizaines de millions de compteurs communicants.

Cet argent serait tellement mieux utilisé pour améliorer la distribution, enterrer les lignes électriques qui sont actuellement majoritairement aériennes (et de plus en plus vulnérables face aux évènements climatiques), etc.


 

 

CONCLUSION : une fuite en avant insensée et vaine

 

Après des décennies de déni, les dirigeants industriels et politiques sont bien obligés, face à l'évidence, de reconnaître qu'il est grand temps de prendre des mesures pour sauvegarder notre environnement. Mais, incapables d'imaginer d'autre modèles que ceux qu'ils connaissent depuis toujours et qui ont été mis en place par leurs pairs et leurs pères, ils ne voient de "solution" que dans la fuite en avant :

- les voitures actuelles polluent ? Eh bien on les remplace à grand frais par d'autres, supposées être plus vertueuses et de fait permettre de ne surtout pas remettre en cause la société de la voiture individuelle avec tous ses travers : un embouteillage de voitures électriques serait exactement aussi stupide qu'un embouteillage de voitures thermiques !

- il faut économiser l'énergie ? Eh bien on remplace à grands frais les compteurs par d'autres sensés permettre miraculeusement de faire des économies (ce qui ne se produit évidement pas), tout ça pour ne pas avoir à promouvoir un mode de vie plus sobre.

 

 

Dans les deux cas évoqués (voitures et compteurs), la société techniciste prétend réparer les dégâts qu'elle cause… en utilisant les mêmes raisonnements et méthodes que ceux qui ont causés les dits dégâts. C'est une fuite en avant totalement irresponsable et absolument vaine : on rajoute de nouveaux pansements sur ceux qui sont déjà vainement placés sur la plaie, laquelle ne cesse de suppurer et de s'aggraver. Les prétendus "pansements" ne sont pas seulement inefficaces, ils aggravent carrément la situation.

Et ainsi de suite jusqu'à ce que notre pauvre planète soit totalement épuisée comme une pauvre orange pressée. Cela a déjà été dit bien souvent : l'ère de la décroissance est inéluctable. Le tout est de savoir si on y entrera en douceur après une période de décélération, fruit d'un comportement collectif raisonnable des humains, ou bien si on y rentrera dans le chaos et la barbarie. Il n'est pas interdit de rêver que ce soit la première option qui l'emporte…


Stéphane LHOMME, le 9 septembre 2020

directeur de l'Observatoire du nucléaire
animateur du site web http://refus.linky.gazpar.free.fr

 

Téléchargez cet article

 

Lien direct : http://collectif-adn.fr/2020/voitures-electriques-vs-linky.html

 

 

 

ANNEXES
________________________________

 

Le Grand Remplacement (des voitures et des compteurs électriques)

Intervention de Stéphane Lhomme aux Journées d'études, le 3 oct. 2020
(retranscription Françoise Chanial)

 

Nos dirigeants n’envisagent l’avenir que sous forme d’une fuite en avant vers l’électrification et pour cela ils misent sur l’obsolescence imposée des voitures thermiques et des anciens compteurs électriques.

C’est vrai que les voitures actuelles à essence sont polluantes mais est-il raisonnable de donner comme cela a été fait, des primes pour envoyer à la casse des voitures « vieilles » de 5 ans ? Elles pourraient durer longtemps : l’excuse du recyclage ne suffit pas : fabriquer une voiture neuve nécessite une quantité de matière et d’énergie qui ne sera jamais compensée par les économies réalisées : c’est un crime environnemental. La fabrication d’une voiture consomme autant de CO2 que 10 à 15 ans d’utilisation  d’une voiture thermique : avant d’avoir parcouru 1 cm, la voiture neuve a déjà un lourd passif : comment fera-t-elle pour le rattraper ? Même si elle ne consommait rien, elle a déjà pollué. La fabrication des batteries a nécessité du lithium et du graphite très polluants… ça se passe dans des ateliers là bas en Chine… pour que des urbains occidentaux puissent dire «  je protège la planète »

Les voitures thermiques sont très polluantes mais les voitures électriques le sont aussi. On nous fait croire que nous avons le choix mais non !

C’est pire pour les compteurs électro-mécaniques à roue crantée, des machines merveilleuses fabriquées pour le public par le service public qui fonctionnent parfaitement, qui ne nous sur-facturent pas, qui ne prennent pas feu, qui ne nous espionnent pas, avec des durées de vie record...
On veut jeter 35 millions de ces compteurs en parfait état de marche pour les remplacer par des compteurs Linky plus fragiles qu’il faudra certainement remplacer dans 5 ou 7 ans par des appareils « encore plus performants »… c’est à dire aux capacités encore plus effrayantes...

Et malgré cette électronique de façade, plus de 70 % de la consommation d’énergie continue à venir des fossiles. On ouvre de nouveaux gisements, par ex en Martinique. La société post carbone c’est du pipeau…

Les transports se mettent au tout électrique. Qui paie ? Les coûts environnementaux sont massifs, surtout pour les pays du sud. Le coût financier vient des consommateurs ou de l’argent public, c’est à dire l’argent de tous, y compris l’argent des pauvres Et va aux industriels, aux fabricants de voitures électriques, de téléphones mobiles, de compteurs électriques. Actuellement on offre 7 000 euros d’aide de l’État et parfois de la Région à des gens qui ont déjà de l’argent pour acheter une voiture … qui ne sera pas aussi vertueuse qu’on le prétend !

Oui mais si on produit de l’énergie solaire et si on recharge un vélo avec cette électricité ? - pourquoi pas ? Il ne s ‘agit pas de s’accuser mutuellement : nous sommes tous embarqués dans un système qui échappe à notre contrôle et c’est ce contrôle que nous devons collectivement nous approprier.

Qu’on ait la liberté de partager les vélos, les véhicules. Progrès technique souhaité ; recharger les batteries en pédalant ou dans les descentes. Les voitures hybrides se rechargent en partie. Mais des progrès ponctuels ne suffisent pas.