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COLLECTIF ADN

 

TAXONOMIE EUROPÉENNE ET NUCLÉAIRE
 

 

« Finalement, nous savons très bien que s’il existe une option pour sauver le climat, elle passe non pas par une fuite en avant dans des technologies "magiques" supposées nous permettre de continuer à vivre de façon irresponsable, mais par une importante réduction de la consommation d’énergie dans le monde, la suppression des gaspillages, la sobriété. »

Stéphane LHOMME (fév. 2021)
Le Climat est-il favorable au nucléaire ?

 
# COMMUNIQUÉ DU COLLECTIF ADN - JANV. 2022 MENU

 

L'énergie nucléaire ne doit pas être incluse
dans la taxonomie européenne

Communiqué du collectif « Arrêt du nucléaire » du 7 janvier 2022


La Commission Européenne, sous la pression du lobby nucléaire européen et du gouvernement français, prévoit d’inclure l’énergie nucléaire dans la « taxonomie verte » (classification des investissements considérés comme favorables aux objectifs environnementaux de l’Union Européenne).

Elle a envoyé un projet de texte aux États membres, le 31 décembre 2021 peu avant minuit, et publié un communiqué à ce sujet.

 

Ce projet fixe quelques conditions, notamment une limitation dans le temps des projets nucléaires qui pourraient bénéficier d’un accès à des financements avantageux. Les projets de construction de nouvelles centrales atomiques devront avoir obtenu un permis de construire avant 2045, et les travaux permettant de prolonger la durée de vie des centrales existantes devront avoir été autorisés avant 2040.

Des experts indépendants, qui ont conseillé jusqu’à présent la Commission pour l’élaboration de la taxonomie, ont fait connaître le 21 décembre leur opposition à ce projet. Le règlement sur la taxonomie prévoit d’ailleurs que la « plateforme sur la finance durable » et le « groupe d'experts des États membres sur la finance durable » doivent être consultés avant l’adoption finale du texte par la Commission en janvier 2022. Ils ont jusqu'au 21 janvier pour apporter leurs contributions.

Nous, citoyennes et citoyens européens, refusons l’inclusion de l’énergie nucléaire dans la taxonomie verte. Car l’énergie nucléaire nuit considérablement à chacun des six objectifs environnementaux de l’Union Européenne.


- Avec le nucléaire, pas d’Atténuation du changement climatique : les deux-tiers de l'énergie utilisée par les centrales nucléaires sont rejetés dans les fleuves, les mers et l’atmosphère qu’ils réchauffent significativement.

- pas d’Adaptation au changement climatique : incendies, sécheresses, inondations menacent les centrales nucléaires situées en bord de mer ou de rivières pour leur refroidissement.

- pas d’Utilisation soutenable de l’eau et des ressources marines : l’industrie nucléaire utilise d’énormes quantités d'eau qu'elle accapare, réchauffe et contamine durablement par des effluents radioactifs et chimiques.

- pas d’Économie circulaire : la fission nucléaire de l’uranium produit des éléments radioactifs qui n’existent pas dans la nature et qui deviennent des déchets ingérables ; le nucléaire, militaire et civil, produit des catastrophes, détruit des vies humaines et de la valeur économique.

- pas de Prévention des pollutions : l’industrie nucléaire a besoin d’autorisations de rejets d’effluents radioactifs et chimiques, qui sont de véritables droits de polluer.

- pas d’Écosystèmes en bonne santé : le nucléaire est un facteur de détérioration de la santé et d’altération du génome, non seulement pour les travailleurs de cette industrie mais aussi pour la population dans son ensemble et pour tous les organismes vivants.

 

La construction de nouveaux réacteurs et la prolongation du fonctionnement de ceux qui existent ne sont pas acceptables pour toutes ces raisons et pour les dangers majeurs auxquels ils soumettent les populations européennes.

Elles ne doivent pas être facilitées par de nouveaux avantages indus liés à l’inclusion du nucléaire dans la taxonomie verte européenne. Ce projet doit être abandonné par la Commission Européenne.

 

Pour s’opposer en ligne à l’inclusion du nucléaire dans la taxonomie verte européenne,

- Une cyberaction en déc. 2021, proposée par Cyberacteurs en partenariat avec l'Observatoire du nucléaire et le Collectif Anti-Nucléaire Ouest, a permis d’envoyer plus de 3 200 messages à la Présidente de la Commission Européenne (voir le communiqué du collectif ADN d'oct. 2022).

- Une nouvelle cyberaction, « Pas de nucléaire dans la taxonomie verte européenne », est en ligne jusqu’au 21 janvier 2022 pour faire connaître à la Présidente de la Commission Européenne et à vos Euro-députés notre opposition à ce projet : https://www.cyberacteurs.org/cyberactions/pasdenuclynairedanslataxonomieverte-5145.html.

 

Pour plus de précisions voir l’argumentaire ci-dessous :
http://collectif-adn.fr/2021/JE/taxonomie-verte.html#argumentaire

 

le Collectif Arrêt Du Nucléaire (http://collectif-adn.fr), le 7 janvier 2022

et les groupes ou collectifs : ADN 26-07 / ADN34 / Amis de la Terre Poitou / Bien Profond /
Collectif Halte Aux Nucléaires Gard (CHANG) / Collectif anti-nucléaire Ouest (CANO) /
Collectif Contre l'Ordre Atomique (CCOA - ADN75) / l'Observatoire du nucléaire /
Réaction en chaîne humaine (RECH) / Tchernoblaye / Théâtre de l’ADN / Stop Nucléaire 56

 

Collectif Arrêt Du Nucléaire (jan. 2022)
contact : contact@collectif-adn.fr

Télécharger ce communiqué

 

 
# ARGUMENTAIRE MENU

 

Pour en savoir plus, lire l'argumentaire suivant :

 

Arguments contre l'inclusion du nucléaire
dans la taxonomie européenne et pour son
exclusion de toute politique à visée écologique

 

Télécharger cet argumentaire

La taxonomie verte européenne,
vise à faciliter les activités qui contribuent significativement à au moins un des six objectifs environnementaux de l’Union Européenne (atténuation du changement climatique, adaptation au changement climatique, utilisation soutenable de l’eau et des ressources marines, économie circulaire, prévention des pollutions, écosystèmes en bonne santé), sans nuire considérablement à un autre objectif (ce qui est exprimé par l’acronyme DNSH, « Does Not Significantly Harm » en anglais).

Faire entrer l’énergie nucléaire dans la taxonomie verte européenne, alors qu’elle en est exclue pour le moment et que cela fâche l’État français et son industrie nucléaire en perdition, reviendrait à remettre en cause radicalement ses fondements et s’apparenterait à un détournement de fonds. Voici pourquoi.

 

Nucléaire militaire et nucléaire civil sont indissociablement liés
(cf. le discours du Président de la République française du 8 décembre 2020 au Creusot).

Le nucléaire est une arme et une énergie de destructions massives.

Faire entrer la production d’électricité nucléaire dans la taxonomie verte européenne
reviendrait à encourager ou faciliter :

- la construction de nouvelles armes atomiques, que de nombreux États
considèrent désormais comme illégales (cf. le Traité d’Interdiction des Armes Nucléaires),

- la construction de vecteurs de transport de ces armes
(sous-marins et porte-avions à propulsion nucléaire),

- la mise au point et la diffusion de technologies duales, c’est-à-dire la prolifération nucléaire
que l’AIEA est dans l’incapacité d’empêcher (cf. exemples récents de l’Iran et de la Corée du Nord).

 

Le nucléaire ne peut fonctionner sans industrie extractive et sans pétrole

Les réacteurs nucléaires, dont la technologie de base a en réalité très peu évolué en 70 ans, ont besoin d’uranium pour fonctionner. Et il faut du pétrole, du charbon et également du gaz, pour extraire le minerai d’uranium du sous-sol, le purifier, le transporter, l’enrichir et le transformer en « combustible » utilisable dans les réacteurs militaires ou civils.

L’uranium et les autres minéraux nécessaires à l’industrie nucléaire, sont dans la plupart des cas extraits dans des pays exempts de réacteurs nucléaires et à la merci de compagnies d’État transnationales qui se comportent souvent comme des prédateurs en s’affranchissant de toute responsabilité quant aux conséquences sanitaires, sociales, environnementales et économiques de leurs activités (cf. Areva puis Orano au Niger).

Pour construire, entretenir et faire fonctionner les réacteurs nucléaires, il faut aussi de grandes quantités de minerais divers et variés, transformés en métaux et matériaux de construction. Pour de nombreux métaux, et notamment ceux nécessaires à la fabrication des « combustibles », l’industrie nucléaire dépend aussi de compagnies minières.

 

Faire entrer la production d’électricité nucléaire dans la taxonomie verte européenne
reviendrait à encourager la poursuite de pratiques prédatrices abondamment documentées.

 

Le nucléaire est polluant et dangereux pour la santé

Ses rejets chroniques et accidentels d’effluents liquides et gazeux radioactifs, sont des facteurs de détérioration de la santé et d’altération du génome, non seulement pour les travailleurs de cette industrie (notamment des sous-traitants qui effectuent 90% des tâches de maintenance et supportent plus de 80% des doses de rayonnements ionisants reçues chaque année dans l’ensemble du « parc » nucléaire), mais aussi pour la population dans son ensemble.

 

Faire entrer la production d’électricité nucléaire dans la taxonomie verte européenne
reviendrait à encourager la détérioration de la santé humaine (prolifération de cancers
et de malformations génétiques) et à provoquer de nombreux décès prématurés.

 

L’industrie nucléaire n’est pas sûre

Elle a provoqué plusieurs catastrophes majeures d’ampleur mondiale dont les conséquences sont incommensurables. (voir ce document-ci et celui-là).

Aucune assurance privée n’accepte d’ailleurs de garantir seule le risque nucléaire et les exploitants d’installations nucléaires bénéficient de dérogations aux obligations habituelles d’assurance (voir ici, ici et ).

Deux facteurs aggravants du risque d’accident sont à souligner : le vieillissement inquiétant de la plupart des réacteurs en service en Europe, et la périlleuse période de « rodage » des réacteurs plus récents. Et il n’y a aucune garantie qu’une nouvelle catastrophe ne se produira pas, plusieurs responsables ou anciens responsables d’autorités de sûreté nucléaire le reconnaissent (voir ici et ).

 

Faire entrer la production d’électricité nucléaire dans la taxonomie verte européenne
reviendrait à encourager l’aggravation et la banalisation du danger liées à la prolongation
des vieux réacteurs et à la construction de nouveaux.

 

Le nucléaire ne réduit pas les émissions de gaz à effet de serre

Partout dans le monde, en France comme ailleurs, la production d’électricité nucléaire s’est ajoutée aux autres formes de production d’électricité et aux autres consommations d’énergies primaires sans permettre jusqu’à présent de réduire les émissions de gaz à effet de serre considérées comme responsables du réchauffement climatique. Pourquoi ce qui n’a pas réussi dans le passé, réussirait-il dans le futur ?

 

Faire entrer la production d’électricité nucléaire dans la taxonomie verte européenne
reviendrait à encourager le recours à une forme d’énergie et à des technologies
qui n’ont jamais fait la preuve d’une quelconque utilité pour limiter le réchauffement climatique.

 

L’énergie nucléaire, particulièrement en France,
est une cause directe et immédiate du réchauffement climatique

- Cette technologie nécessite de forts investissements initiaux avec des coûts fixes élevés. Pour les financer, par des ventes massives d’électricité, l’État français a choisi de favoriser des usages fortement consommateurs et peu coûteux en investissement initial (chauffage électrique notamment), au détriment de technologies plus économes en énergie primaire, c’est-à-dire moins émettrices de chaleur.

- Ce mode de production d’électricité est difficilement modulable sur une large plage de puissance et s’adapte difficilement aux variations de consommations diurnes et saisonnières. Lorsqu’il est utilisé de manière importante, pour alimenter un réseau électrique national, il induit un mode de consommation qui doit s’adapter à cette production massive, lorsqu’elle est disponible. A l’inverse il a souvent besoin du secours des énergies fossiles pour pallier les manques de puissances qu’il génère du fait du développement d’usages inappropriés (chauffage électrique en particulier et peut-être à l’avenir chargeurs rapides de véhicules électriques).

- C’est un mode de production d’électricité dont le faible rendement thermodynamique (à peine plus de 30%) conduit à des pertes de chaleur considérables. Ainsi, en France en 2018, les rejets de chaleur de l’ensemble des réacteurs nucléaires représentaient 2,6 fois la totalité des consommations d’énergie nécessaires pour le chauffage et l’eau chaude sanitaire de l’ensemble des logements. Et une partie de ces rejets de chaleur, qui vont directement dans l’eau des fleuves, réchauffent ceux-ci de manière très significative comme l’a montré une étude d’Electricité de France pour le Rhône.

 

Faire entrer la production d’électricité nucléaire dans la taxonomie verte européenne
reviendrait à encourager les pays qui n’en sont pas encore ou plus équipés à réduire leur efficacité
énergétique globale et à aggraver le gaspillage énergétique c’est à dire le réchauffement climatique.

 

Le nucléaire dégrade les ressources en eau potable

Le nucléaire, technique de production d’électricité très centralisée et de faible rendement thermodynamique, a besoin de grandes quantités d’eau pour évacuer ses pertes de chaleur en fonctionnement normal mais aussi pour faire face aux situations accidentelles. En France, près de la moitié des prélèvements d’eau de surface (48%) sont dus aux réacteurs nucléaires et ceux-ci consomment 22% de ces eaux de surface (c’est-à-dire en restituent à l’environnement à peine plus de la moitié sous forme de liquide réchauffé et pollué).

En effet, l’eau prélevée en surface sert non seulement à refroidir les réacteurs nucléaires mais aussi à diluer ses effluents liquides radioactifs ou chargés en polluants chimiques.

En outre, les fonctions de sécurité des réacteurs nucléaires dépendant de la disponibilité à tout instant d’une ressource en eau suffisante, peuvent être anéanties lors d’épisodes climatiques extrêmes (gel intense, tempêtes, tsunamis naturels ou provoqués par des ruptures de barrages en amont des centrales, etc.).

 

Faire entrer la production d’électricité nucléaire dans la taxonomie verte européenne
reviendrait à encourager, d’une part, l’augmentation des prélèvements d’eaux de surface et leur
pollution thermique, chimique et radioactive, aggravant ainsi les risques de pénuries d’eau potable,
d’autre part l’amoindrissement de nos capacités de résistance aux événements extrêmes.

 

Le nucléaire produit des déchets radioactifs extrêmement dangereux

Ils le resteront pendant des millénaires, ou parfois davantage, et aucune solution n’a été trouvée pour les confiner de manière sûre. Toutes les installations de stockage à long terme de déchets radioactifs se sont soldées par des échecs et des accidents graves.

 

Faire entrer la production d’électricité nucléaire dans la taxonomie verte européenne
reviendrait à encourager la production de déchets ingérables et la fuite en avant vers un avenir insoutenable.

 

Le nucléaire est extrêmement coûteux

Il n’a aucune rentabilité économique et les deux principaux opérateurs de cette industrie en France, Orano (ex
Areva) et EDF, sont en quasi-faillite. Les deux projets de construction d’EPR menés par ces entreprises sont des
fiascos techniques, économiques et financiers. EDF et Orano ne peuvent survivre que par des subventions publiques massives.

 

Faire entrer la production d’électricité nucléaire dans la taxonomie verte européenne
reviendrait à encourager les investisseurs à détruire l’économie.

 

L’énergie nucléaire a bénéficié pendant plus de 75 ans d’aides publiques considérables, à la recherche fondamentale, au développement des technologies, au fonctionnement même des installations de production de « combustibles » et d’électricité. Pourtant elle ne produit qu’une proportion limitée de l’électricité au niveau mondial (10% actuellement), c’est-à-dire moins que les nouvelles énergies renouvelables (solaire et éolien).

Elle est en déclin depuis plusieurs années (avant même la catastrophe de Fukushima). L’électricité ne constituant qu’environ 20% des consommations totales d’énergies au niveau mondial, la contribution de l’énergie nucléaire à l’approvisionnement énergétique mondial est donc de l’ordre de 2%.

 

Compter sur une industrie ayant d’aussi piètres performances, pour atténuer le réchauffement climatique en faisant mine d’ignorer qu’elle en est un des facteurs importants, est à tout le moins déraisonnable.

Se passer d’une source d’approvisionnement en énergie aussi dérisoire est par contre tout à fait raisonnable et ne pose pas de problème majeur. C’est vouloir la développer ou simplement la maintenir à son niveau actuel qui pose problème sachant que le nucléaire a provoqué des catastrophes majeures aux conséquences durables et continue à produire des désordres sanitaires, environnementaux, économiques et politiques conséquents.

 

La taxonomie verte européenne, jusqu’à preuve du contraire, n’a pas vocation à faciliter les activités qui conduisent à des catastrophes planétaires.

 

octobre 2021 - contact : francois.vallet@laposte.net

lien article : http://collectif-adn.fr/2021/JE/taxonomie-verte.html


PLUS D'INFORMATIONS

Plusieurs ONG et organismes de recherche, basés dans différents pays de l’Union Européenne, ont présenté récemment leurs analyses détaillées des « nuisances » de l’énergie nucléaire, au regard des objectifs de la taxonomie verte européenne.

 

On peut citer, sans être exhaustif :

- le rapport de l’ONG Reclaim Finance, « Out with Science, In with Lobbyists : Gas, Nuclear and the EU Taxonomy » qui présente en détail les lobbyistes qui sont à la manœuvre auprès des institutions européennes et leurs actions pour faire entrer le nucléaire dans la taxonomie européenne ;

- les trois analyses critiques réalisées par l’Institut Autrichien d’Écologie, par la Fondation Heinrich Böll et par l’Institut Allemand d’Écologie Appliquée, du rapport du Centre Commun de Recherche Européen inféodé à l’industrie nucléaire et favorable à l’inclusion de l’énergie nucléaire dans la taxonomie européenne.

On peut citer également, pour les dommages à la santé des travailleurs du nucléaire et la sous-traitance des risques, « la maintenance de l’industrie nucléaire » par Marie Ghis Malfilatre et Philippe Billard. C’est un extrait de l’ouvrage collectif, réalisé sous la direction d’Annie Thébaud-Mony « Les risques du travail. Pour ne pas perdre sa vie à la gagner » et édité par La Découverte.

 

Citation :

« Aussi complexe et automatisée que soit la technologie nucléaire, l’intervention humaine au plus près des sources radioactives et le travail ouvrier le plus élémentaire se révèlent indispensables au processus de production et à la sûreté des installations. Ce travail est assuré à 90 % par des entreprises sous-traitantes et s’effectue essentiellement au moment des opérations de maintenance. Les travaux de maintenance rassemblent les tâches les plus exposées aux sources radioactives. Les sous-traitants qui en ont la charge supportent ainsi plus de 80 % des doses de rayonnements ionisants reçues chaque année dans l’ensemble du parc nucléaire.

Si le recours à la sous-traitance s’est sensiblement renforcé au cours des années 1990, entraînant un phénomène de sous-traitance en cascade [Thébaud-Mony, 2000] et le transfert presque total des doses d’irradiation des agents EDF vers les sous-traitants [Donial-Shaw et al., 2001], la délégation d’une partie des tâches les plus exposées remonte au lancement des premières centrales nucléaires [Hecht, 2004]. Dès cette époque et jusqu’à aujourd’hui, une main-d’œuvre extérieure est employée pour réaliser des travaux d’entretien et de réparation fortement soumis à la radioactivité, en France comme aux États-Unis [Bourrier, 1999] ou au Japon [Jobin, 2011].

En France, la question de la santé de ces travailleurs polyvalents, soumis à une forte mobilité géographique et à un turnover important lié au renouvellement régulier des marchés de sous-traitance entre EDF et les entreprises extérieures, se pose de manière récurrente depuis la fin des années 1980 à travers des enquêtes et des recommandations… »

 

Faire entrer la production d’électricité nucléaire dans la taxonomie verte européenne
reviendrait donc à encourager l’aggravation d’une catastrophe sociale, s’ajoutant aux catastrophes humanitaires, industrielles, écologiques et économiques, que provoque l’industrie nucléaire.

 

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