Comment les acteurs français du nucléaire ont construit leur communication auprès du grand-public
et comment le drame de Fukushima les a obligés à reprendre leur copie publicitaire à zéro.
CulturePub 2011 - pubs jetables
La communication d’Areva
ou l'art du recyclage
par Samuel GONTIER,Télérama, le 7 oct. 2009
L'énergie nucléaire se pare de toutes les vertus quand ses promoteurs en parlent. Et ils en parlent beaucoup : EDF et Areva investissent des dizaines de millions d'euros en publicité et en communication. À travers l’analyse de brochures et d’affiches publiques et d’un document confidentiel, retour sur ces tentatives de formatage de l'opinion qui s'apparentent souvent à de la propagande...
par Arnaud GOSSEMENT,
Terra-eco, le 9 janvier 2011
Ré-écrire l’Histoire
: le spot publicitaire d’Areva raconte une histoire, celle de l’énergie au moyen de tableaux successifs. Mais une histoire écrite ou plutôt ré-écrite par Areva pour convaincre de la modernité du nucléaire en 60 secondes. Ce qui est bien court pour un raisonnement, fort long pour une publicité. Dans son célèbre roman « 1984 », Georges Orwell avait très bien décrit comment un régime politique à vocation hégémonique a intérêt à ré-écrire l’histoire pour asseoir sa vérité et son autorité sur les citoyens. La réécriture de l’histoire est l’un des ressorts primordiaux de toute propagande.
Émission « Pièces à conviction », le 17 février 2016
Pertes de 10 milliards d'euros, démantèlement, plan social, soupçons de corruption... Comment le numéro 1 mondial du nucléaire en est-il arrivé là ? Qui est responsable ? « Pièces à conviction » vous propose son enquête sur le fiasco Areva, du naufrage à l'affaire d'État.
Areva dans les années 2000 : une fierté nationale, un des fleurons de l'industrie française, un fer de lance de l'image de la France... Aujourd'hui, quinze ans plus tard (on est en 2016), l'ex-numéro 1 mondial du nucléaire est à l'agonie. Pertes de 10 milliards d'euros, plan social, soupçons de corruption...
Le désastre a commencé par la construction mal maîtrisée d'un réacteur EPR nouvelle génération en Finlande. "Quand les ouvriers découvraient un défaut de construction, leurs chefs d’équipe leur ordonnaient de verser le béton pour masquer les malfaçons, et de la boucler", révèle Juha Aromaa, un militant de Greenpeace. Dès le début, l’entreprise a sous-estimé les coûts et les difficultés techniques.
Erreurs stratégiques et soupçons de corruption
Pendant dix ans, Areva, c'est aussi une patronne ultramédiatique et politique, Anne Lauvergeon. Sur les plateaux de télévision, « Atomic Anne » défend sa stratégie pour gagner. « Elle a même convaincu l’ancien président de la République, Nicolas Sarkozy. Il a mis trois ans à se rendre compte qu’elle lui racontait des histoires. C'est pour ça qu'elle s'est fait virer [en 2011] », témoigne le député UDI Charles de Courson.
Pour les 6 000 salariés du groupe touchés par un plan social, l'histoire finit mal aussi. La justice soupçonne même des délits d'initié et opérations de corruption. Pour ce documentaire de 52 minutes, Pascal Henry a enquêté à Tchernobyl, en Finlande, en Namibie et en Afrique du Sud.