La
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fait foi.
« Quand
l'électricité devient la fille du
nucléaire, c'est-à-dire la sœur des
déchets mortels qui dureront des
milliers d'années, l'intellectuel,
héritier des Lumières, peut-il encore se
protéger des accusations délétères
d'obscurantisme en fuyant l'arène ?
Peut-il, sans perdre son statut, se
consacrer essentiellement à des
futilités à la mode, à des débats "très
tendance" ? En classant l'objet
"nucléaire" au rang des choses
étrangères à son cerveau, l'intellectuel
abandonne lâchement le terrain de
l'intelligence et de la survie à de
misérables militants qui se castagnent
avec les miliciens de l'appareil
économique. »
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mais ça marche (faute de mieux)...
« En face du péril atomique qui ne ressemble à aucun autre, qui est incommensurable à tout autre, de ce péril qui, par son amplitude, impose à l’espèce tout entière de nouvelles façons de penser et d’agir, en face de ce péril dont il est honorable autant que raisonnable d’avoir peur, il ne devrait plus y avoir ni pays, ni continent, ni monde libre ou pas libre, mais rien que des hommes, citoyens de la planète, tous mêlés, confondus, fraternisés par une égale menace. »
Rapport WINSR 2024
sur l’état
de l’industrie nucléaire dans le monde
La conférence de presse
de présentation du World Nuclear
Industry Status Report 2024 s'est
tenue le 12 décembre 2024 à Paris, en
coopération avec le bureau parisien de
la Friedrich-Ebert-Stiftung.
État des lieux chirurgical
de l’industrie atomique à travers le
monde, réalisé chaque année depuis
19 ans par une équipe coordonnée
par Mycle Schneider, consultant
international en énergie et expert, le
rapport sur l’état de l’industrie
nucléaire dans le monde (WNISR) avait
été rendu public
le 19 septembre à Vienne. Les
capacités mondiales de l’électricité
nucléaire continuent de décliner, selon
ce rapport annuel. Les chantiers sont
retardés ou annulés, et les coûts
stratosphériques. Les renouvelables,
eux, continuent leur envolée.
La part du nucléaire dans
le monde
au plus bas depuis quarante ans
par Laure NOUALHAT, Reporterre,
le 19 septembre 2024
L’atome n’a permis de produire qu’un
peu plus de 9 % de l’électricité consommée
dans le monde en 2023, pointe la dernière
édition du Rapport sur l’état de l’industrie
nucléaire mondiale. Dans le monde, le
nucléaire ne fait plus rêver, analyse
Laure Noualhat...
Le nucléaire dans le monde continue
de régresser, selon le World Nuclear Industry
Status Report (WNISR), la seule source
alternative aux documents de l’Agence
internationale de l’énergie atomique, dont
les données remontées par les États sont
plus ou moins à jour.
Les données du WNISR diffèrent parfois de ceux
de l’Agence internationale de l’énergie
atomique, alimentée par les États. Ces derniers
tardent souvent à mettre à jour le statut des
réacteurs en arrêt de longue durée, comme ce fut
le cas pour la vingtaine de réacteurs arrêtés au
Japon après le tsunami, ou aujourd’hui avec les
six de Zaporijjia, en Ukraine. Principale
conclusion, alors que cela fait 70 ans
cette année qu’est entré en service le premier
réacteur, en 1954, en Russie, la part du
nucléaire dans la production électrique mondiale
poursuit son déclin, entamé il y a 28 ans.
Mœbius
En même temps...
Le rapport 2024
sur l'état de l'union européenne de
l'énergie
La Commission européenne a
publié le 11 septembre 2024
le rapport 2024 sur l'état de
l'union de l'énergie, qui décrit la
manière dont l'UE a relevé des
défis sans précédent en matière de
politique énergétique pendant son mandat
en dotant l'UE d'un cadre réglementaire
pour réaliser la transition vers
une énergie propre et en jetant
les bases d'une croissance
économique et d'une compétitivité
renouvelées. Surtout, ces dernières
années, l'UE a réussi à faire face aux
risques critiques pesant sur sa sécurité
d'approvisionnement énergétique, à
reprendre le contrôle du marché et des
prix de l'énergie et à accélérer la
transition vers la neutralité
climatique.
Relance du
nucléaire: une quinzaine de pays
réunis à Paris pour « passer à
l’action »
Une quinzaine de ministres
de pays pro-nucléaires sont réunis à
Paris les 19 et 20 septembre 2024 pour
une conférence internationale, sous
l’égide de l’OCDE et du gouvernement
suédois, destinée à mettre « en
action » la relance du nucléaire,
afin de tenir les objectifs climatiques
mondiaux. « Le temps est venu
de passer à l’action (...) il reste
encore beaucoup, beaucoup de travail à
faire », a déclaré en
ouverture de la conférence, William D.
Magwood, directeur général de l’Agence
pour l’énergie nucléaire (AEN) de
l’OCDE, le groupe des pays développés.
Cartographie
politique
de l’électricité nucléaire dans le
monde
Les Shifters (association
qui soutient The Shift Project)
proposent une série d’articles faisant
un état des lieux de la situation et des
perspectives de la production
d’électricité nucléaire, pays par pays
et dans cinq zones géographiques ayant
une certaine cohérence interne : une
cartographie politique de l’électricité
nucléaire dans le monde..
Dans son 5ème rapport de
novembre 2014, le GIEC indique que
l’objectif de limiter la hausse des
températures à 2°C nécessite de porter
la production d’électricité décarbonée
(renouvelables, nucléaire) à 100% au
niveau mondial d’ici à 2070 ; et d’ici à
2050 dans les pays riches.
Dans son rapport
spécial « Réchauffement
planétaire de 1,5 °C »
d'octobre 2018, le GIEC a agrégé 4
grandes trajectoires médianes à partir
de 85 scénarios, permettant chacune de
respecter l’objectif de 1,5°C. Ces
trajectoires prennent pour hypothèse une
multiplication
allant de 2 à 6 de la production
mondiale d’électricité nucléaire d’ici à
2050.
La folie de
l’énergie atomique à l’ère du changement
climatique
par M. V. RAMANA, Verso,
octobre 2024
Le livre du professeur
M.V. Ramana, « Nuclear is Not the Solution
: The Folly of Atomic Power in the Age of
Climate Change » analyse étape par
étape les questions et les arguments nucléaires
d'une manière accessible et compréhensible. Sa
principale conclusion est que l’énergie
nucléaire, qu’il s’agisse de réacteurs de
troisième génération ou de petits réacteurs SMR,
ne peut pas résoudre la crise climatique.
MV Ramana est
professeur à l'École de politiques publiques
et d'affaires mondiales (SPPGA), Université de
la Colombie-Britannique de Vancouver, Canada,
et titulaire de la chaire Simons en
désarmement mondial et sécurité humaine - une liste de ses
contributions est ici (par scholar
google). Il est l'un des co-auteurs du World
nuclear industry status.
La crise climatique a remis
l’énergie nucléaire au goût du jour. Ses
partisans affirment que nous disposons
déjà de la technologie du futur et qu’elle
n’a besoin que d’être perfectionnée et
déployée. MV Ramana montre pourquoi ce
type de raisonnement est non seulement
naïf mais dangereux. Même au-delà des
terribles implications d'une fusion de
réacteur et du problème insoluble de
l’élimination des déchets, le nucléaire
n’est pas réalisable à une si grande
échelle. Toute évaluation de la
technologie énergétique future dépend de
deux paramètres importants : le
coût et le temps.
Le nucléaire échoue
sur les deux plans. Il est plus
coûteux que ses concurrents renouvelables,
l’éolien et le solaire. Et, ce qui est
important étant donné la nécessité d’une
transformation rapide, il est lent. Une
centrale met une décennie à être
opérationnelle. Si l’on inclut les permis
et la collecte de fonds, cela ajoute une
décennie supplémentaire. Et nous ne devons
pas oublier les racines profondes de ce
système dans l’industrie de la défense,
soulignant le lien étroit entre la
production d’énergie nucléaire civile et
les armes nucléaires..
Nuclear Is Not the
Solution démasque également les groupes
puissants qui ont des intérêts directs dans le
maintien du statu quo, et qui
travaillent actuellement d’arrache-pied pour
verdir une industrie spectaculairement sale.
Le livre aborde également un paradoxe clé : il
explique que de grandes organisations
financièrement puissantes ont profité de la
construction et de l'exploitation de centrales
nucléaires en faisant payer leurs coûts élevés
par le public, soit par le biais des factures
d'électricité, soit par des impôts. Le public
devra également payer les dépenses à long
terme liées au traitement des multiples formes
de déchets radioactifs et aux subventions
destinées à inciter les entreprises privées à
investir dans l'énergie nucléaire.
Ramana suggère que l'alliance
clé pour l'industrie nucléaire est celle avec
le gouvernement, expliquant pourquoi son
soutien est essentiel à l'énergie nucléaire,
décrivant les nombreuses façons dont
l'entreprise nucléaire est soutenue par des
subventions et la distorsion du marché de
l'électricité. Le nucléaire est non seulement
lent et coûteux, mais il est aussi bien trop
rigide pour s'adapter aux fluctuations de la
demande d'électricité. En revanche, la
variabilité des technologies éoliennes et
solaires peut être plus facilement intégrée
dans des réseaux électriques évolutifs et
flexibles, capables d'ajuster la production
aux fluctuations de la demande, fournissant
ainsi une énergie stable.
Nuclear Is Not the Solution a suscité
de nombreux et impressionants articles dans la
presse,
aux États-Unis et dans le monde.Quelques-unes de ces recensions
sont proposées ici :
Les secrets
honteux de l'énergie nucléaire
à l'ère du changement climatique
par Doug BRUGGE et
Aaron DATESMAN, Springer, 2024 -
préface d'Helen Caldicott
À notre époque
de changement climatique, le livre Dirty
Secrets of Nuclear Power est une
explication universitaire impérative de la
raison pour laquelle l'énergie nucléaire n'est
pas la réponse au réchauffement climatique.
Le livre commence par
expliquer soigneusement les mécanismes complexes
du réchauffement climatique et la menace
continue pour la vie biologique, et pourquoi
certaines personnes pensent que l'énergie
nucléaire sera la solution évidente à ce dilemme
artificiel.
Il se plonge ensuite dans les
antécédents médicaux et les tragédies
humaines associées à l'ensemble du cycle
du combustible nucléaire commençant par
l'exploitation de l'uranium, aux émissions
radioactives de routine des réacteurs
nucléaires, aux tragédies des
effondrements, et à la menace associée de
la guerre nucléaire imposée par l'énergie
nucléaire.
Il décrit aussi
la tragédie imposée aux générations
futures à partir de millions de tonnes de
déchets radioactifs cancérigènes qui
polluernt les chaînes d'eau et
alimentaires pour le reste des temps,
induisant ainsi des mutations génétiques
obligatoires aléatoires. Et enfin, il
contient une explication lucide et
scientifique des rayonnements dits « à
faible dose » et de sa relation claire
avec le cancer, et de l'ignorance
sournoise de ce sujet perpétré sur le
grand public par les bastions de
l'industrie nucléaire tout-puissante (ch.
7 - p. 78).
par le réseau Makhno de
la Fédération Anarchiste, Les éditions du Monde Libertaire,
2024 - 5 €
Ce livre a pour objectif de
fournir des informations que chacun
pourra utiliser pour s’opposer aux
mensonges d’État. Pour cela, le réseau
Makhno a réuni sept contributeurs qui
combattent la pieuvre nucléaire depuis
longtemps : Roland Desbordes,
Bernard Laponche, Yves Lenoir, Annie
Thébaut-Mony, Jean Marc Royer, Thierry
Ribault et Philippe Pelletier. Ils en
éclairent les divers tentacules d’une
façon simple et concrète.
« Vamos a la playa », la
bluette interprétée en 1983 par le duo
italien Righeira s'imposera comme un tube
international. Un refrain qui rentre dans
la tête comme un mot d'ordre festif : Allons
à la plage. Sans doute pris par
beaucoup au premier degré, les paroles en
espagnol de ce tube révèlent pourtant un
autre sens que le farniente
qu'il semble promouvoir. Car cette
année-là, tout comme le hit, la bombe
atomique a explosé.
Alors que la France
est impactée par des inondations
catastrophiques à répétition, après celles
subies à Valence en Espagne qui ont fait
plus de 200 morts, il est important de
rappeller les risques que fait peser le
changement climatique sur le nucléaire.
par GREENPEACE, le 3 octobre 2024
La centrale nucléaire de
Gravelines est la plus importante d’Europe
avec six réacteurs (qui auront tous plus
de 40 ans en 2025 et vont arriver en fin
de vie). EDF a l’intention d’y construire
deux nouveaux EPR2.
Pourtant, la centrale est déjà
vulnérable au risque de submersion marine
et fluviale. Le 3 octobre, Greenpeace a
publié un rapport pour alerter sur
la vulnérabilité du nucléaire face à la
montée des eaux : La centrale
nucléaire de Gravelines, un château de
sable en bord de mer.
Un débat public sur ce
projet d'EDF
d'implanter deux nouveaux EPR2 à
Gravelines, organisé par la Commission
nationale du débat public, se tient du 17 septembre au 17
janvier prochain.
« Justice : trois ONG
requièrent la prise en compte de la centrale
nucléaire
dans le Plan de prévention des risques
littoraux », par Greenpeace, le 5 décembre 2024
Greenpeace France, le Réseau “sortir du
nucléaire” et France nature environnement
Hauts de France demandent aux Préfets du Nord
et du Pas-de-Calais d’abroger le plan de
prévention des risques littoraux (PPRL) de
Gravelines, Grand-Fort-Philippe et Oye-Plage
(59). Les associations dénoncent
l’obsolescence des données scientifiques sur
lesquelles s’appuie le PPRL et l’absence de
prise en compte de la centrale nucléaire de
Gravelines dans celui-ci, alors qu’elle se
situe dans son périmètre.
Bilan du débat public, Greenpeace,
le 22 janvier 2025
La fin du débat public sur le projet
de construction de deux réacteurs nucléaires à
Gravelines met en lumière des lacunes
inquiétantes du projet d’EDF dont les réponses
relatives à la sûreté nucléaire et aux risques
climatiques ne sont pas satisfaisantes.
L’entreprise a contourné ces problématiques
pourtant essentielles pour la sécurité des
populations et la préservation de
l’environnement dans cette zone déjà menacée par
le dérèglement climatique.
À Gravelines,
les risques
sont-ils correctement évalués ?
par la CRIIRAD, le 19
novembre 2024
Gravelines (Hauts-de-France)
est la plus grande centrale nucléaire de
France : 6 réacteurs auxquels EDF veut
ajouter 2 EPR2. Un débat public est en
cours sur ce projet d’agrandissement, et
le 19 novembre une réunion est dédiée
aux aspects sûreté et sécurité. Car le
site est exposé à des dangers
spécifiques qui induisent des risques
pour l’installation. Mais sont-ils
correctement évalués ?
EPR en bord de
mer,
la mauvaise idée du gouvernement
Par Laure NOUALHAT,
Reporterre, le 3 octobre 2024
Selon le rapport de Greenpeace
publié ce jour, la centrale de
Gravelines s’apparente à « un
château de sable en bord de mer ».
Avec la montée inexorable des eaux,
d’environ 1 mètre d’ici à la fin du
siècle, elle pourrait bien être
régulièrement encerclée par l’eau lors
des plus hautes marées. De quoi faire
s’arracher les cheveux des garants de la
sûreté nucléaire. Mis en service entre
1980 et 1985, les six réacteurs du plus
grand site nucléaire d’Europe de l’Ouest
ont déjà passé quatre visites décennales
et poursuivent leur rénovation.
Gravelines est trop
vulnérable à la hausse du niveau de la
mer dans le contexte du dérèglement
climatique. La plus grosse centrale
nucléaire de France et ses six bâtiments
réacteurs se trouve au bord d’une plage,
sur un polder, une étendue de terre
située au-dessous du niveau de la mer.
C’est là qu’EDF a choisi de construire
une paire d'EPR2. Greenpeace a réalisé
une carte de la montée des eaux
indiquant jusqu’où elles pourraient
monter si le scénario le plus pessimiste
des scientifiques du GIEC se réalisait :
4 °C de plus, et le niveau moyen de
la mer à l’échelle du globe pourrait
approcher 2 mètres d’ici à 2100 et
5 mètres d’ici à 2150.
Enquête de Bernard Nicolas et
Arnaud Mansir, Envoyé spécial,
France 2, le 13 sept. 2018
Une rupture du barrage de Vouglans,
dans l’Ain, ne peut être exclue, selon Sortir du nucléaire. 600
millions de mètres cubes d’eau seraient alors
libérés et une vague de plusieurs mètres de haut
déferlerait dans la plaine de l’Ain puis dans la
vallée du Rhône, rencontrant sur son passage les
14 réacteurs nucléaires qui la jalonnent.
Le premier site nucléaire impacté, à
70 km en aval du barrage et à 35 km de Lyon,
serait celui du Bugey avec quatre réacteurs en
activité, un réacteur en cours de démantèlement,
un centre de stockage et de conditionnement de
déchets irradiés (ICEDA) en construction.
Envoyé spécial a
enquêté sur ce barrage de Vouglans, un
géant de 430 m de large pour 130 m de
haut dont la construction a été achevée en 1968
:
Bugey :
les inondations contournent le site
nucléaire....
par SDN Cornouaille,
le 3 nov. 2011
En consultant le DIRM
(Documents d’Information des Risques
Majeurs) de Saint-Vulbas, commune du
site nucléaire du Bugey, la Coordination
Stop-Bugey a découvert avec
stupéfaction cette carte incroyable par
la falsification évidente : le
village voisin des Gaboureaux situé
à une altitude supérieure au site
nucléaire serait sous les eaux tandis
que l’onde de submersion s’arrêterait
sagement le long de la route D20 qui
passe devant la centrale,
nullement surélevée et à une altitude
inférieure.
Durant trois jours du
lundi 9 au mercredi
11 décembre 2024, 130 personnels,
femmes et hommes, de la Force d’action
rapide nucléaire (Farn), entité d’EDF, a
réalisé un exercice d’envergure, aussi
bien en journée que la nuit et en
conditions réelles, sur le site de
Saint-Alban/Saint-Maurice, selon le
scénario suivant : rétablir les
fonctions de refroidissement des
réacteurs à la suite d’un séisme
qui a entraîné la rupture du barrage
de Vouglans, dans le Jura. Un
exercice hors norme pour la Farn, une
unité unique au monde et créée après la
catastrophe de Fukushima, pour
intervenir sur les accidents nucléaires.
Le
barrage de Vouglans
Dossier
élaboré par la coordination Stop Bugey
Stop Bugey a beaucoup
travaillé sur le dossier brûlant du
barrage Vouglans, et propose ici une
compilation des différents articles
réalisés sur ce sujet, ansi que sur le centre
ICEDA d'entreposage de déchets
radioactifs..
Qui est concerné
? Définition des territoires nucléaires et de leurs frontières :
une perspective historique sur la nucléarisation du Rhône de 1970 à
1990.
Dossier réalisé par Louis FAGON,
communiqué en marge du séminaire organisé par
« Le Centre d’Enseignement et de
Recherche (CER) d’Histoire d’Avignon
Université et le GISCOPE 84, dans le cadre de
la Chaire ToxCit, tenu le 12 décembre
2024 à Avignon sur le thème : « De
l'implantation de Marcoule à la
nucléarisation du Rhône (années 1950 - 1990)
».
Fort Calhoun Les inondations ont failli
tourner en catastrophe
Une crue du Missouri
a menacé
en juin 2011 les deux centrales
nucléaires de Fort Calhoun et de Cooper
au Nebraska, USA.
Les inondations provoquées
par de fortes pluies et de la neige dans
les montagnes Rocheuses et les Grandes
Plaines avaient forcé à des lâchers
massifs d’eau... de barrages normalement
prévus pour empêcher les inondations.
L’année précédente,
la Commission de réglementation
nucléaire avait épinglé Fort Calhoun
pour ne pas être suffisamment
préparée aux inondations...
Le 27 septembre 2024, au
passage de l'ouragan Hélène, les eaux de
crue ont submergé le site de la centrale
nucléaire de Crystal River sur la côte
du golfe de Floride, relate Beyond
Nuclear International. La
centrale est fermée depuis 2013, mais
tous les déchets du combustible
radioactif hautement irradié y sont
toujours stockés.
« L’ensemble du site
a été inondé, y compris les bâtiments,
les puisards et les stations de
pompage. Le bassin d’eaux usées
industrielles n° 5 a été observé en
train de déborder vers le sol en
raison de la montée des eaux »,
peut-on lire dans un rapport déposé par
le propriétaire de la centrale, Duke
Energy.
Il y a 25
ans : on l'a échappé belle au Blayais, le 27
déc. 1999
Les naufragés du Blayais
par Jean-Michel Décugis, Christophe Labbé et
Olivia Recasens, Le Point, le 22
mars 2011
La veille de l'an 2000, sous les
coups conjugués d'une tempête et d'une
inondation, des vagues franchissent la digue
protégeant la centrale nucléaire du Blayais près
de Bordeaux, coupant du monde les 50 agents EDF
en poste. Une surtension sur le réseau
électrique provoque l'arrêt d'urgence de deux
réacteurs. Durant des heures, le refroidissement
de deux cœurs n'est plus assuré que par des
moteurs Diesel de secours. Des débris charriés
par la Gironde en crue obstruent une pompe de
refroidissement du réacteur 1 qui se met lui
aussi en arrêt d'urgence.
En sous-sol,
les galeries techniques sont noyées par
une eau boueuse qui envahit le bâtiment
de stockage du combustible. Le réacteur
perd deux systèmes essentiels pour sa
sûreté. Le local qui abrite les deux
stations de pompage du circuit du
refroidissement du réacteur 1 est
inondé. Devant la gravité des
événements, l'autorité de sûreté à Paris
actionne pour la première fois la
gestion nationale de crise. On envisage
même l’évacuation de Bordeaux.
L'événement a été classé au niveau 2 de
l'échelle INES (voir les rapports de
l'IRSN).
par Harry BERNAS & Nadezda
KUTEPOVA, décembre 2017
Le 29 septembre 1957,
l’explosion d’un stock de déchets radioactifs
dans l’usine de Mayak en Russie, au sud de
l’Oural, a provoqué l’irradiation d’une zone de
23 000 km² affectant plus de 270 000
habitants. Le secret maximum sur cet accident
fut alors maintenu. Il s’agit du troisième plus
grave accident nucléaire de l’histoire après
Tchernobyl et Fukushima. Le complexe nucléaire
Maïak (ou Mayak) se trouve entre les villes de
Kasli et Kychtym, à 72 km au nord de la
ville de Tcheliabinsk en Russie.
Maïak est un site de
production et de stockage du plutonium
(Pu) destiné à la fabrication des armes
nucléaires soviétiques (quelques 40 000
au total) est aujourd’hui un centre de
retraitement du combustible nucléaire.
La construction et son
fonctionnement au cours des 70 dernières
années sont marqués par la mise en œuvre
systématique, le plus souvent planifiée,
de toutes les formes d’ignorance
combinées à la répression. Ignorance,
puis secret face aux conséquences sur
les populations des rejets des usines ;
mesures sanitaires ou politiques
imposées et déplacements de populations
sans explication. Le cas de Maïak est
extrême, mais révélateur du rôle joué
par la « fabrication de l’ignorance » en
matière de santé et sûreté publique.
(...)
L'ancien complexe atomique de Kychtym,
fermé depuis l'explosion de 1957-1958
(1). Le nouveau complexe nucléaire
militaire reconstruit en 1987 (2). Un
flux radioactif s'échappant du lac au
nord-ouest de Kyzyltach (3). Deux digues
conçues pour emprisonner les eaux
contaminées (4).
Le 29 septembre 1957, un
avion-espion U2 de la CIA survolant
l’URSS observe, au sud de l’Oural, en un
lieu désert selon les cartes, une
explosion si considérable qu’elle est
initialement attribuée à un essai
nucléaire. Cet accident, le plus
dramatique, ne sera pas le seul à
affecter ce lieu sans nom, baptisé
Tcheliabinsk-40 (une boîte postale) et –
bien plus tard – Maïak dans les
documents soviétiques.
Coût du
nucléaire,
prix de l’électricité, dette publique
par François VALLET, le 1er
novembre 2024
Alors que l’Assemblée
Nationale débat sur le projet de budget
2025, que le gouvernement prévoit
d’augmenter les taxes sur l’électricité
pour réduire le déficit public mais
aussi de mettre en place un mécanisme
qui permettrait de partager « les
revenus du nucléaire historique avec les
consommateurs » et que certains veulent
à l’inverse « démarchandiser »
l’électricité, il est nécessaire de
s’interroger sur les impensés
nucléaristes français.
(...) En tant que
citoyen-consommateur-contribuable
souverains nous pouvons agir en
boycottant EDF, bras armé de
l’État français pour sa politique
nucléariste. Nous pouvons aussi
préserver notre pouvoir d’achat puisqu’il
existe une dizaine de fournisseurs, non
producteurs d’électricité nucléaire,
ayant des offres moins chères que le
tarif réglementé d’EDF.
Lire aussi une version
précédente de cet article publié pour
Médiapart :
Le 9 octobre 2024, Jade Lindgaard publiait sur
Mediapart un entretien avec Anne
Debregeas, ingénieur-économiste d’EDF,
porte-parole du syndicat Sud Énergie, également
autrice d’une note pour l'institut La Boétie,
proche de la France Insoumise, sur la «
démarchandisation de l'électricité ». Cet
article sur le prix de l’électricité, mis en
ligne au moment où le gouvernement présentait le
projet de budget 2025, soulève plusieurs
questions intéressantes pour le
citoyen-consommateur-contribuable que je suis. À
ce titre il m’a semblé utile d’en reprendre
quelques-unes et d’y apporter des éléments de
réponse permettant d’éclairer le débat
budgétaire sous une autre lumière que celle de
la porte-parole de Sud Énergie.
Si ce n'est
déjà fait, pourquoi faut-il quitter EDF ?
par Annie et Pierre PÉGUIN,
octobre 2024
Est-il possible de s’opposer au
nucléaire, d’appeler même à son arrêt, et
« en même temps » de le financer en
restant client d’EDF ? En effet régler une
facture d’EDF revient à financer volontairement
le nucléaire, puisque entre 65 et 70 %
d’électricité fournie est d’origine atomique.
N'est-il pas temps de quitter EDF ?, si ce n'est
déjà fait, pour ne plus contribuer au
financement de la relance du nucléaire, ses
dégâts sur la santé, la production de déchets
radioactifs éternels, pour limiter le risque de
catastrophe atomique, mais aussi pour s’opposer
à l’armement atomique qui se nourrit de
l’électronucléaire.
Budget
2025 : le grand « flou » sur le
coût du nucléaire
par Laure NOUALHAT, Reporterre,
le 30 octobre 2024
Les prix de l’électricité explosent
— ils ont bondi de 43 % en France en deux
ans —, et les frais futurs sont incertains.
Comment garantir qu’ils soient raisonnables
quand la facture du nucléaire à venir laisse
entrevoir des frais pharaoniques ? L’examen
minutieux du projet de loi de finances (PLF)
actuellement en discussion à l’Assemblée
nationale donne une idée de la réponse :
personne ne le sait vraiment.
Pourtant, l’article 4 du PLF prévoit
la mise en place d’un mécanisme qui permettrait
de partager « les revenus du nucléaire
historique avec les consommateurs » et, de
fait, de juguler l’explosion des factures. Le
sujet a retenu l’attention du député La France
insoumise (LFI) Maxime Laisney, qui a rendu, le
29 octobre, un rapport « pour
avis » à la Commission des affaires
économiques. (...)
On sait que sans réservoirs
d’électricité (batteries), il n’y a pas de
smartphones, d’ordinateurs portables, de
voitures électriques, d’objets connectés ni
d’implants cérébraux – pas de Transition
(écologique / énergétique / technologique). Si
une chose saute aux yeux, c’est que notre mode
de vie électrique « n’est pas
négociable » (George H.W. Bush en 1992, au
« Sommet de la Terre », à Rio).
La « Transition »
(avec un T majuscule), c’est
le terme vague et fourre-tout élu en
2005 par l’universitaire britannique Rob
Hopkins, pour remplacer l’oxymore
« Développement durable », par
trop ridiculisé. (...) Et voilà comment
cette « transition
écologique » (au départ) se
transforme assez vite en
« transition
énergétique » ; et celle-ci en
« transition électrique » - au
tout-électrique (à l’arrivée).
Entretemps, et moyennant les opérations
« Extinction Rébellion »,
« Youth for climate »
& Cie, la technocrature planétaire a
gagné vingt ans de répit pour accélérer
ses moyens et procédés de passage au
tout-électrique, tout en évinçant la
seule opposition radicale et cohérente –
celle des anti-industriels et naturiens.
Nous avons conté dans un premier
épisode deux siècles de
mise au point de la batterie au plomb et
l’émergence en France d’un champion
industriel – la SAFT (1800-1945). Puis,
dans un deuxième
épisode, un demi-siècle
de recherches acharnées, pour enfin
produire la batterie au lithium,
l’indispensable maillon de
l’indispensable transition au
tout-électrique. Le réservoir
d’électricité enfin conçu, afin de
stocker l’indispensable fluide, issu de
multiples filières de production
(1945-1995).
Le Dernier Atlas,Vehlmann,
De Bonneval, Tanquerelle &
Blanchard, Dargaud 2019-21
2015 :
Giga-Transition
par
TOMJO, le 24 octobre 2024
Voici que vingt ans plus
tard, en 2015, trois événements marquent
la bascule planétaire vers l’irrévocable
Transition, à l’aide et à l’ère des gigafactories.
De gigas - géant en grec. Un
milliard de fois (10 puissance 9). Il
semble que le terme publicitaire de
« Gigafactory » ait
été introduit par Elon Musk en 2017 pour
désigner une usine produisant la
quantité de batteries nécessaire au
stockage d’un gigawattheure.
Elon Musk veut juste dire qu’il
construit d’ÉNORMES usines, destinées à
la Transition – afin de sauver le climat
et les générations futures. On verra
comment la « Vallée de la
batterie » (Dunkerque, le
Blootland), et Verkor, la start-up de
batteries grenobloise, y contribuent
également.
Les « gigafactories », c’est
vert aux yeux des Verts et de tous ceux
dont l’écologisme se réduit à la
décarbonation (limitée) des activités
économiques. – Les vaches, non !
Le nucléaire, oui !
On démonte ici les ressorts de ce
daltonisme de masse, endémique parmi les
foules des « marches pour le
climat », dans l’espoir qu’une
parole véridique, si odieuse soit-elle,
déchire l’hallucination collective et
leur fasse dire : « -
Mais !... C’est dégueulasse
leur Transition !
C’est l’accroissement de la destruction
par d’autres moyens ! »
Le prix Nobel de la paix
2024 a été attribué le 11 octobre
à Nihon Hidankyo, organisation
japonaise de survivants des bombes A et
H, pour son combat contre l’arme
atomique. La remise de ce prix s'est
tenue à Oslo le 10 décembre 2024 (voir le discours).
Lâcher de colombes devant le
Mémorial aux victimes du bombardement atomique
de Nagasaki, le 9 août 2019
Hiroshima : tollé autour
de la cérémonie de la paix !
Le
6 août 2024, 79 ans après le
largage de la bombe sur Hiroshima par
les Américains (voir les archives compilées
par l'UNESCO), la cérémonie de
la paix a été censurée.
Nagasaki : plusieurs pays et
l'Union européenne boycottent la
cérémonie
Alors que la municipalité
d’Hiroshima l'avait accueilli le 6 août,
Nagasaki a refusé d’inviter l’ambassadeur
d’Israël le 9 août, tout en conviant son
homologue de Palestine.
Le maire d’extrême droite a
restreint l’accès au site, proscrit le
récit d’un survivant dans les écoles et
fait fi de l’opposition en invitant une
délégation israélienne… La réglementation
a été durcie au périmètre du parc de la
Paix, les bagages contrôlés à six entrées,
les mégaphones et banderoles proscrits.
Pour la première fois, la zone interdite
comprenait le Dôme qui marque l’épicentre
de la bombe. Une décision qui divise
citoyens et hibakusha – les
survivants de la bombe atomique – qui y
venaient prier ou manifester pour la paix.
Plusieurs ambassadeurs de pays
occidentaux – Australie, Italie, Canada,
Allemagne, France, États-Unis et
Royaume-Uni – ansi que l'Union européenne,
ont annoncé le 7 août qu’ils ne se rendraient
pas à la cérémonie commémorative. La
représentation britannique a dénoncé
« une équivalence malheureuse et
trompeuse avec la Russie et la
Biélorussie, les deux seuls autres pays
qui n’aient pas non plus été invités à la
cérémonie de cette année ».
« L'importance de la vie humaine est la même
pour tout le monde,
vous, moi, adultes, enfants, ennemis et alliés.
»
M. Toshiyuki Mimaki, co-Président de Nihon
Hidankyo
Les citoyens doivent être
consultés
sur la politique nucléaire de la France
par Renaud MELTZ, historien,
directeur de recherches au CNRS
Tribune parue dans Libération,
le 15 octobre 2024
L’exposition sur «
L’Âge atomique. Les artistes à
l’épreuve de l’histoire »,
organisée par le musée d’Art moderne de
Paris, interpelle l’historien du
nucléaire. Quelle est la place du
citoyen face à l’arme atomique ?
En 1945, les hommes se sont
dotés de la possibilité de mettre un terme
à leur propre histoire. Les artistes n’ont
cessé, depuis, de rendre sensible
l’angoisse suscitée par cette arme.
L’exposition donne à voir une
grande absente : la parole du citoyen,
confisquée sur le sujet, comme si
l’exceptionnel pouvoir de destruction
justifiait de restreindre le périmètre de
discussion aux arènes politiques les plus
étroites, tels les comités de défense.
Entre les décideurs qui ont naturalisé
l’arme atomique comme un attribut
indispensable à l’équilibre stratégique
mondial (un équilibre de la terreur), et
la capacité d’énonciation et de
dénonciation des artistes, quelle place
pour la rationalité collective, quelle
occasion de délibérer de l’opportunité de
détenir la bombe ?
Le colonialisme nucléaire
et le changement climatique sont le produit
d’une vision cartésienne selon Anaïs Maurer
par Jade LINDGAARD, Médiapart,
le 12 novembre 2024
En Océanie, les luttes écologiques sont
marquées par l’urgence de la montée des
eaux et les blessures des essais
nucléaires. Pour la chercheuse Anaïs
Maurer, les combats des peuples du
Pacifique passent par une remise en
cause du scientisme lié à l’ordre
colonial et par un retour à une pensée
traditionnelle du rapport à la terre..
En 2023, l’accord final de la COP28 sur
le climat demandait
d’« accélérer » le
développement de l’énergie nucléaire
pour décarboner les sources de
production d’électricité. Dans une
déclaration commune,
vingt-deux pays – dont les
États-Unis et la France – avaient
appelé à tripler les capacités de
l’industrie de l’atome d’ici à 2050 par
rapport à 2020.
Mais dans la région océanienne, marquée
par les campagnes d’essais des bombes
nucléaires, l’atome n’est en aucun cas
vu comme une solution au dérèglement
climatique. Pour les anti-nucléaire, les
îles du Pacifique héritent d’une triple
« apocalypse » :
épidémiologique à la suite de l’arrivée
des Occidentaux et de nouveaux virus,
nucléaire avec l’équivalent d’une bombe
Hiroshima par jour tous les jours
pendant cinquante ans, et climatique
avec la montée des eaux. (...)
Pour Anaïs Maurer, enseignante et
chercheuse à la Rutgers School of Arts and
Sciences à New York, les peuples d’Océanie,
souvent présentés comme des « victimes »,
« sont les premiers peuples à avoir mis
en place des stratégies de résistance »
contre la violence du complexe capitaliste et
colonial militaro-industriel. Dans The Ocean on Fire. Pacific
Stories from Nuclear Survivors and Climate
Activists (Duke University Press,
2024), elle retrace plusieurs décennies de
contestation du « colonialisme
nucléaire », à partir de l’explosion
de la première bombe atomique à Hiroshima, par
des peintres, des autrices et auteurs, des
musiciennes et musiciens des différentes îles du
Pacifique. Elle montre les liens profonds entre
cette critique et le refus de « l’impérialisme
carbone ». Et appelle à déconstruire
la dichotomie « qui a divisé le monde
entre la science et le reste, entre la raison
et les émotions, entre les hommes et les
femmes, entre les colonisateurs et les
colonisés, entre ceux qui inventent des bombes
nucléaires et ceux qui se font irradier ».
(...)
La France
consacre de plus en plus
d’argent à ses armes nucléaires
par Reporterre,
le 16 sept. 2024
Alors que
l’examen du projet de loi de finances
pour 2025 approche et que la
plupart des ministères, notamment celui
de la Transition écologique, ont été
priés de se serrer la ceinture,
l’enveloppe consacrée aux armes
nucléaires a grossi de 25 % entre
2019 et 2024 et pourrait encore
augmenter, observe ICAN France dans son communiqué du
13 septembre.
Le coût de
modernisation et de renouvellement des
systèmes d’armes nucléaires est ainsi
passé de 4,45 milliards d’euros
en 2019 à 6,35 milliards
d’euros en 2024. Le nouveau gouvernement
devrait encore engager, pour 2025, près
de 7 milliards d’euros s’il
respecte la loi de programmation
militaire (2024-2030).
Cette hausse
s’inscrit dans un contexte international
de débauche
de moyens accordés aux armes
nucléaires. Les neuf États
détenteurs de la bombe ont ainsi dépensé
91,4 milliards de dollars pour leur
arsenal en 2023, contre
72,9 milliards d’euros
en 2019.
Raymond Briggs (1934–2022)
est un auteur britannique important - il
a dessiné pour les enfants Sacré
père Noël, Fungus le bogey, Le
Bonhomme de neige. Le voici remis
à l’honneur grâce aux éditions Tanibis
avec sa bande dessinée de politique
fiction Quand souffle le vent (1982),
pendant en BD du film The War game de
Peter Watkins (1966).
M. et Mme Bloggs
sont à la retraite. Ils vivent
tranquillement dans un petit cottage au
milieu de la campagne anglaise du
Sussex. Le monde s’apprête à entrer en
guerre. Les tensions entre l’URSS et les
forces de l’OTAN sont à leur paroxysme,
les autorités britanniques annoncent
que, sous trois jours, les hostilités
débuteront.
Heureusement, James a eu
l’intuition de rapporter des brochures
éditées par le conseil du comté donnant
des consignes pour
construire un abri, organiser le
rationnement, se protéger des
radiations, etc.
Subitement, un flash
radio : l’attaque est imminente,
les missiles ennemis toucheront le sol
britannique dans trois minutes.
La catastrophe est là.
Survivant au bombardement atomique,
James et Hilda se réfugient dans l’abri
que Jim a construit. Dès le deuxième
jour, face aux dégâts occasionnés par le
souffle, ils organisent leur survie en
attendant les soutiens officiels, qui
tardent à arriver, et leur santé se
détériore...
« Quand souffle le vent »
est un cri d’alerte de
Raymond Briggs face à la course
aux armements menée par les belligérants
de la guerre froide. Au début des
années 1980, le Royaume-Uni, membre
de l’OTAN, avait autorisé l’installation
de missiles nucléaires sur son
territoire, créant une vague de
protestations pacifistes. Quand
souffle le vent devint rapidement
un phénomène de société, chaque membre
du Parlement en reçut un exemplaire. L’engagement antinucléaire
de Briggs l’incita à proposer à la BBC
d’adapter son histoire
pour la radio et il aida à sa
transposition au théâtre. Briggs
participa ensuite à la céation du film
d’animation réalisé par Jimmy T.
Murakami. Sorti en 1986, le film
remporta en 1987 le grand prix du long
métrage au Festival international du
film d’animation d’Annecy.
La bande dessinée antinucléaire «
When the wind blows » de Raymond Briggs
a fait l'objet d'un long métrage d'animation
réalisé par Jimmy T. Murakami en 1986,
avec la musique, entre autres, de David Bowie et Roger Waters
Va-t-on assister à une ruée
vers les abris anti-atomiques ?
L'Allemagne a annoncé qu'elle était en
train de répertorier bunkers et abris où
la population pourrait trouver refuge en
cas d'attaque, souhaitant augmenter leur
nombre. On en recense actuellement 579 qui
peuvent abriter 480.000 personnes. Même
son de cloche en Suède, où les autorités
veulent moderniser les 65.000 abris du
pays et sensibilisent la population via
l'envoi de brochures. Un chiffre encore
plus conséquent en Suisse, qui compte
360.000 abris. Enfin, la Russie a annoncé
lundi avoir entamé la production de leurs
abris KUB-M, et ce alors que Poutine a récemment
modifié la doctrine russe sur
l'emploi de l'arme nucléaire.
En novembre 2024, la Suède a
remis à jour sa brochure « En cas
de crise ou de guerre », un
guide survivaliste conçu pour préparer les
citoyens à faire face à des situations
d’urgence, y compris des conflits armés.
Cette information pour face à des
scénarios de guerre ou de crise majeure
(ici
traduite en français) a été envoyée
à environ 5 millions de foyers suédois.
La France s'oppose à
une étude scientifique
sur l'impact de la guerre nucléaire
par ICAN France, le 8 novembre
2024
Le 1er
novembre, en première commission des
Nations Unies sur la paix et la
sécurité, la diplomatie française a
honteusement poussé le bouton rouge -
avec son ennemi la Russie et le Royaume
Uni - pour voter contre la résolution «
impact d'une guerre nucléaire et
recherche scientifique ». Cette
résolution - approuvée à une écrasante
majorité de 144 voix - doit examiner les
effets physiques et les conséquences
sociétales d'une guerre nucléaire à
l'échelle locale, régionale et
planétaire, notamment les effets
climatiques, environnementaux et
radiologiques, ainsi que les incidences
sur la santé publique, les systèmes
socio-économiques mondiaux,
l'agriculture et les écosystèmes.
par LES AMIS DE RENART,
Roubaix-Caen, le 23 mars 2024
Les Amis de
Renart étaient à Caen le 23 mars 2024
pour manifester contre le démarrage de l’EPR
de Flamanville prévu cette année, et les
constructions de nouveaux réacteurs les années
qui viennent.
Arrêt devant le
château de Caen, le 23 mars 2024
Nous étions 30 000 en
2006 à Cherbourg contre cet EPR, un petit
millier ce week-end.
Entre temps, l’industrie
nucléaire a profité d’un feu roulant
médiatique et politique d’arguments
pseudo-écologistes en sa faveur. Les deux
réacteurs prévus à Gravelines ne sont pas
autrement justifiés que par la
décarbonation à la fois de l’industrie
automobile et son alliée sidérurgiste.
Voici le tract diffusé
pour l’occasion : « Transition, l’atome
au secours du monde » :
« Transition »,
telle est la formule magique de notre
époque. Les publicitaires de la justice
sociale vont jusqu’à parler de
transition juste. Venue des cercles
nucléaristes américains, ricochant sur
les Conférences Climat, la propagande de
la « transition » s’est
partout imposée. Elle a vaincu sans
combattre, pénétré les têtes sans
effort, au grand bonheur des écologistes
agréés, toujours prêts à s’aveugler
pourvu qu’il leur soit offert de
« prendre soin » de notre
climat à l’agonie.
Ce que recèle ce vocable
technocratique de
« transition » ne fait pas
mystère, et d’ailleurs n’est pas
caché : plus que toute autre
« solution », en particulier
en France, c’est le nucléaire, jadis
supposé garantir notre
« indépendance énergétique »
face à la menace d’un pic pétrolier sans
cesse ajourné ; ce nucléaire
promptement remis à la page, sur les
ruines encore fumantes de Fukushima
Daïchi ; ce nucléaire providentiel
désormais labellisé bio, malgré sa
contribution singulière à l’effet de
serre (qu’on pense aux émissions
quotidiennes de SF6, gaz à effet de
serre 23 000 fois plus puissant que
le CO2).
Et ce n’est pas tout :
il faut encore relever l’escroquerie
d’une « transition » qui
prétend abolir la production
d’électricité à partir d’énergies
fossiles – ce que les États les plus
dotés en la matière ne consentiront
jamais à faire. Faut-il rappeler que les
consommations d’électricité ne
représentent à l’heure actuelle que le
quart des consommations d’énergie, et
qu’il est plus que douteux que les
semi-remorques et navires marchands,
entre autres, fonctionnent un jour
massivement à l’électricité ? À
moins que les apôtres de la
« transition » ne fassent
preuve d’une radicalité inattendue en
supprimant le secteur des transports.
(...)
Un parfum de conflit
d’intérêts
souffle sur la future autorité de sûreté
L’actuel directeur
général de l’ANDRA peut-il prendre la
tête de la future autorité de sûreté
nucléaire, l'ASNR, alors qu’elle devra
se prononcer sur le centre de stockage
qu’il a développé pendant dix
ans ? La question secoue
le monde de l’atome.
Jade Lindgaard, Médiapart,
le 16 oct. 2024
Le directeur général de
l’ANDRA, Pierre-Marie Abadie, proposé
par l’Élysée pour la présider, a défendu
le 16 octobre sa nomination à l'ASNR
devant les député·es de la commission du
développement durable. Plusieurs
associations (ACRO, CRIIRAD, Global
Chance...) l’accusent de conflit
d’intérêts. La demande d’autorisation de
création de Cigéo à Bure sera en effet
l’un des premiers gros dossiers à
traiter par la nouvelle Autorité de
sûreté nucléaire et de radioprotection
(ASNR).
Pierre-Marie Abadie, directeur de
l’ANDRA, a été nommé le 4 novembre
président de l’Autorité de sûreté nucléaire
(ASNR), nouvelle formule. La sûreté nucléaire
sous bonne garde, dans l’intérêt de qui ?
Un passage en force pour Cigéo, malgré toutes
les alertes ?
Projet CIGÉO : une
densité d’anomalies
sidérante dans les études d’impact de l’Andra
par La CRIIRAD, le 12 septembre
2024
La CRIIRAD réclame une
enquête et la suspension du projet dans
l’attente
de garanties à l’efficacité démontrée.
CIGÉO est un projet inédit et
extrêmement périlleux : plus de 250 km de
galeries et d’alvéoles creusées à 500
mètres de profondeur et destinés aux
déchets radioactifs les plus dangereux
(catégories HA1 et MA-VL2), avec
l’ambition de mener de front construction
et exploitation et une fermeture envisagée
à l’horizon 2150. Les études à conduire
sont particulièrement complexes, incluant
une multitude de paramètres, d’hypothèses
et d’incertitudes ; des modélisations
censées prédire la migration des produits
radioactifs sur des dizaines de milliers
d’années. Dans un tel contexte, il est
essentiel de pouvoir faire confiance à
l’Andra, à son système de contrôle qualité
et aux experts qu’elle a choisis.
La CRIIRAD a voulu éprouver la
qualité des travaux de l’Andra et
l’efficacité des contrôles officiels en
procédant à l’analyse critique de l’étude
d’impact élaborée par l’Andra à l’appui de
sa demande de re-connaissance de l’utilité
publique de CIGÉO (DUP).
Les
déchets nucléaires issus des
centrales
et le projet CIGEO
par Élisabeth BRENIÈRE
avec la participation de
Marie-Christine GAMBERINI (juin 2020)
À ses débuts,
l’industrie nucléaire française
a nié le problème des déchets
radioactifs. Puis elle a
prétendu qu'elle trouverait une
solution. Mais d'une part la
pression des critiques, d'autre
part l'échec de la transmutation
ainsi que l'exigence politique
d'une prise en charge financière
du devenir de ces déchets ont
pesé en faveur de la recherche
d'une solution de stockage
définitive. Il fallait en
particulier intégrer dans les
coûts du kWh électrique produit
les provisions pour les modes de
gestion et de dépollution
retenus. (...)
Nucléaire caniculaire :
Déni de l'air, déni de l'eau ?
par François
VALLET, le 28 août 2024
Le Grand Lyon vient de lancer
sa convention citoyenne pour le climat, à
partir du 13 septembre et jusqu’au mois de
janvier 2025. Y sera-t-il
question des conséquences, sur l’eau et
sur le climat local, des centrales
nucléaires du Bugey et de Saint-Alban,
proches de l’agglomération au sens
large ?
On constate en tout cas que
les épisodes récurrents de canicules
nécessitent d’arrêter plusieurs réacteurs
nucléaires ou d’en réduire la puissance
pour éviter la surchauffe du Rhône. C’est
donc que leur fonctionnement a un impact
significatif sur les milieux aquatiques et
qu’au-delà de ceux-ci il peut aussi y
avoir des impacts.
Plusieurs études récentes,
réalisées et publiées par EDF, nécessitent
qu’on s’y intéresse de près et qu’on les
relie à l’observation de ce qu’il se
passe, non seulement pour l’eau que
boivent les habitants de l’agglomération
mais aussi pour l’air qu’ils respirent et
dans lequel ils vivent. Ce texte a pour
objectif d’alerter sur ces études, sur ce
qu’elles mettent en évidence mais aussi
sur ce qu’elles masquent.
Les travailleurs du
nucléaire ont plus de risque de mourir
d’une leucémie
par Reporterre,
le 4 septembre 2024
Pour les
travailleurs du nucléaire, le risque de
mourir d’une leucémie se précise. Un
lien entre exposition à de faibles doses
de rayonnements ionisants et leucémie avait
déjà été établi il y a presque dix
ans. L’étude épidémiologique Inworks,
publiée samedi 31 août dans la
revue The
Lancet Haematology,
confirme que « le risque de
décès par leucémie (hors leucémie
lymphoïde chronique considérée comme
non radio-induite) augmente
proportionnellement à la dose cumulée
par les travailleurs au cours de leur
carrière professionnelle ».
Radioactivité :
des chercheurs tentent de comprendre ses
effets sur la santé
par Émilie
MASSEPAIN,
Reporterre, le 7 février 2024
Cancers,
maladies... Les effets d’une exposition
à la radioactivité sont étudiés de près
par l’Institut de radioprotection et de
sûreté nucléaire (IRSN). Des recherches
essentielles, à l’heure de la relance de
l’atome.
La radioprotection
doit
être refondée, ses bases scientifiques
sont erronées
par Paul
LANNOYE, FSMAN,
Paris, le 3 novembre 2017
La CIPR publie
depuis 1950 ses recommandations de
radioprotection qui sont à la base des
législations nationales en vigueur. Paul
Lannoye avait fait, pour le Forum social
mondial antinucléaire, la recension de
différentes études sur les effets de la
radioactivité sur la santé.
Les rédacteurs en
chef de revues médicales
se mobilisent contre la menace d’une guerre
nucléaire
par Moheb COSTANDI, Univadis,
11 août 2023
Un éditorial publié simultanément
récemment dans plusieurs
revues exhorte les professionnels de la
santé à faire ce qu’ils peuvent pour réduire le
risque de guerre nucléaire et abolir les armes
nucléaires. « Une guerre nucléaire à grande
échelle entre les États-Unis et la Russie
pourrait tuer 200 millions de personnes ou
plus à court terme », écrivent les
rédacteurs en chef de revues médicales de
premier plan, « et potentiellement
provoquer un “hiver nucléaire” mondial qui
pourrait tuer 5 à 6 milliards de
personnes, menaçant ainsi la survie de
l’humanité. »
« Le danger est grand et ne
cesse de croître », poursuit l’éditorial.
« Les États dotés d’armes nucléaires
doivent éliminer leurs arsenaux nucléaires avant
qu’ils ne nous éliminent… Nous devons à nouveau
relever ce défi et en faire une priorité
urgente, en travaillant avec une vigueur
renouvelée à la réduction des risques de guerre
nucléaire et à l’élimination des armes
nucléaires. »
APPEL POUR UN
NOUVEAU FRONT POPULAIRE SANS NUCLÉAIRE
La victoire du RN aux
élections européennes et la décision du
Président de la République de dissoudre
l’Assemblée Nationale, ont créé un vif
émoi dans la partie de la population
française qui refuse d’être gouvernée par
l’extrême droite. Le sursaut unitaire des
partis de gauche et écologistes doit être
salué et soutenu. Mais on ne doit
pas pour autant mettre sous le tapis nos
exigences démocratiques notamment sur un
choix très lourd de conséquences à tous
points de vue : la poursuite ou l’arrêt
de l’industrie nucléaire civile et
militaire.
Les partis de gauche et
écologistes ne doivent pas esquiver une
indispensable clarification. Que serait en
effet un Nouveau Front populaire qui
déciderait de poursuivre la « relance » du
nucléaire, à laquelle s’est engagé le
Président Macron ? Où seraient la rupture,
la bifurcation, la transformation ? Les
entorses à la démocratie, les déficits
publics, les dégâts écologiques et
sanitaires, la dépendance énergétique, les
risques de conflits et de catastrophes, ne
feraient que s’aggraver. Et la crise
économique, sociale et écologique avec...
Pour tenter d’y répondre
examinons LFI à l’aune du critère de Dante.
Mœbius
par Françoise CHANIAL, le
12 août 2024
Pour moi la France Insoumise,
n’est pas un catalogue de dogmes, elle est
incarnée par des gens qui donnent
envie d’échanger : (...) c’est pour
TOI que j’écris, pour t’inviter dans la
ronde généreuse et contagieuse de
L’INSOUMISSION ! LFI est un mouvement
politique qui aborde le problème du
pouvoir en faisant le choix de préserver
l’équité et la liberté de chacun.
Geoffroy de Lagasnerie repère 3 stratégies
:
- 1- se couler dans le moule, respecter
les règles en vigueur, c'est la
« connivence », une soumission
qui peut apporter des avantages matériels
ponctuels tout en confortant les défauts
du système sans le faire évoluer, donc
sans tarir la source des injustices.
- 2- rejeter le cadre en bloc : on se met
tout le monde à dos dans une grande
incompréhension et le changement ne suit
pas.
- 3- cibler les problèmes réels 1 par 1,
c’est l'attitude
« confrontationnelle » (ça vient
de sortir ! ;-). Dans ce § 3, le
sociologue distingue les positions «
réellement de gauche » des positions
« réactionnaires » et il
souhaite voir plus de combativité.
Mélenchon sur le
nucléaire à la Fête de l’Humanité, le 15 septembre 2024
Jean-Luc Mélenchon était l'invité de
l'émission Backseat en direct depuis la Fête
de l'Humanité.
Il y parle de consommation, de l'énergie... et
du nucléaire (voir l'extrait en question).
La relance du
nucléaire, le 16
septembre 2024
Cet article reprend un exposé préparé par des
militants Lutte ouvrière d’EDF pour un forum
consacré à ce sujet à la dernière fête de
Lutte ouvrière (Lire ce texte).
Du 5
au 7 juillet, le collectif Arrêt du nucléaire
organisaitles 11e«
Journées d'études »
Les journées ont été très
denses, et se sont déroulées dans un
climat fraternel et pas triste malgré le
climat politique général.
-- Vendredi :
point sur la situation du collectif ADN et
décision de le rendre visible en
distribuant aux journées Stop mégabassines
– et notamment à l’assemblée de la
Coordination nationale antinucléaire du 18
juillet – le texte issu de l’atelier
des dernières journées d’étude sur l’eau.
-- Samedi :
retour sur l’histoire du nucléaire en
France ; marché européen de
l’électricité ; la logique économique
du nucléaire ; projections de petits
documentaires sur les dégâts des mines
d’uranium fermées en Limousin
-- Dimanche :
après un atelier sauvage sur le fascisme
et l'extrême droite, débat : après
l’arrêt du nucléaire, on fait
comment ? ; histoire de l’uranium en
Limousin ; mobilisation en cours
contre le projet d’ouverture des
mines de lithium dans l’Allier ;
lutte contre les projets de gigafactories
dans la région du Nord (voir
ci-dessous).
Les usines de
production de batteries du Dunkerquois
pourraient consommer autant d’électricité qu'une
ville de plus de 500 000 habitants et risquent
de manquer d’eau à terme. Mais curieusement,
elles n’ont pas suscité jusqu’ici de véritables
mouvements de protestation comme ça a pu être le
cas en Allemagne ou pour d’autres grandes
infrastructures en France. Explications.
par Élisabeth BRENIÈRE et François
VALLET pour les JE ADN, juillet 2024
Nous nous sommes intéressés
au marché
européen de l'électricité en 2017
quand on a voulu étudier si l'arrêt
immédiat du nucléaire était
techniquement possible sans rupture
d'approvisionnement. A l’époque, presque
tout le monde, y compris des
antinucléaires, nous affirmait le
contraire.
On a alors découvert que
contrairement à ce que pensaient la
majorité des français, la France n'était
pas du tout autonome pour sa production
électrique. Elle était même très
dépendante de ses voisins européens à la
fois pour couvrir sa pointe d'hiver et
aussi pour écouler son électricité
nucléaire en excès.
À la suite de la crise de 2021 et
2022, et de l’envol des prix de l'électricité,
de nombreux français ont découvert l’existence
d’un marché européen de l’électricité. Ce fut
une cible toute trouvée à laquelle imputer la
responsabilité de cette crise. Ce n’est pourtant
pas la cause principale de l’envolée des prix.
Il nous a donc semblé utile de vous proposer ce
thème pour les journées d’études 2024 d’Arrêt du
nucléaire. L'exposé se limite volontairement aux
aspects techniques du marché européen de
l'électricité sans en faire une analyse
politique.
Nucléaire : pour l’EPR,
un démarrage et beaucoup de questions
par Jade LINDGAARD,
Médiapart, le 8 septembre 2024
L’arrêt intempestif de l’EPR
de Flamanville la semaine passée,
quelques heures après son démarrage en
grande pompe, pourrait en annoncer
d’autres tant ce réacteur est marqué par
les anomalies et défauts de fabrication.
Les réactions nucléaires ont pu
reprendre samedi matin. Mais pour
combien de temps ?
par Bernard LAPONCHE
et Michel LABROUSSE pour GLOBAL CHANCE, le 6 juin
2024
Le réacteur EPR de Flamanville était
en construction depuis 2007 lorsque sa mise en
service a été autorisée par l’Autorité de Sûreté
Nucléaire (ASN) le 7 mai 2024. La construction
de ce réacteur a connu de nombreux retards du
fait de multiples modifications de conception,
de défauts dans les équipements, d’échecs dans
les réalisations, même les plus classiques.
Après un rappel historique
de l’élaboration de ce projet et des
avatars de sa longue période de
construction, ce rapport de Global
Chance présente les problèmes qui
risquent d’obérer le fonctionnement et
la sûreté du réacteur et commente les
solutions apportées ou proposées par
EDF. L’analyse de ces problèmes a
conduit Global Chance à proposer des
contributions aux consultations de l’ASN
en préalable à la mise en service de
l’EPR. Des doutes persistent et les
mesures préconisées ne sont pas sans
risque.
L’ASN avait lancé une première
consultation du public sur la demande de mise en
service de l’EPR en juin 2023, puis une deuxième
en janvier-février 2024. Enfin, à partir du 27
mars 2024, le "Projet de décision autorisant la
mise en service de l’INB 167" (Installation
Nucléaire de Base, le réacteur EPR de
Flamanville) a fait l’objet d’une troisième
consultation du public. Global Chance a
contribué à chacune de ces consultations, en
présentant les raisons qui motivent son
opposition à la mise en service de l’EPR. Les
textes des trois contributions de Global
Chance sont regroupés en un document
(en ordre chronologique inverse). La note de
synthèse qui ouvre le document commente les
conditions de la troisième et ultime
consultation.
EPR de Flamanville : EDF et
l’IRSN s’entendent
pour cacher les nouvelles vibrations
par Thierry GADAULT, Blast,
le 23 mai 2023
Dans un avis publié sur son
site le 16 mai, l’Institut de
radioprotection et de sûreté nucléaire
(l’IRSN) confirme les révélations de Blast
sur un nouveau problème sur l’EPR de
Flamanville. Son analyse d’aujourd’hui
démonte ses propres démentis et ceux
d’EDF. Mais, plutôt que demander à
l’électricien de prendre les mesures
nécessaires, l’IRSN préfère fermer les
yeux.
La responsabilité de l’IRSN et
de l’ASN est mise en cause, document de
l’IRSN à l’appui : le problème de
vibrations excessives sur le circuit
d’alimentation de secours des générateurs
de vapeur, a été caché par EDF avec la
complicité de l’IRSN et de l’ASN
Un autre problème
concernerait la turbine l’EPR de
Flamanville... quand ça veut pas !
Sur le même sujet, lire : À Flamanville, la farce de
l’EPR se poursuit (par Thierry
GADAULT, Blast, le 22 avril 2024) :
Lors d’une réunion de la commission locale
d’information le 12 avril, l’Autorité
de sûreté nucléaire (l’ASN) a assuré pouvoir
donner son feu vert à la mise en route du
réacteur d’ici début mai. Pourtant, tous les
problèmes techniques ne sont pas résolus. Et
voilà qu’un nouveau - de vibrations - est apparu
en fin d’année dernière sur le circuit primaire.
L’EPR autorisé malgré un
couvercle défectueux
par Émilie MASSEMIN, Reporterre,
le 7 mai 2024
EDF va allumer l’EPR de
Flamanville avec un couvercle
défectueux, alors que la pièce neuve
doit être livrée dès cet été. Un choix
qui expose les travailleurs à un
surcroît de rayonnements et crée un
dangereux déchet radioactif.
Le 7 mai 2024,
l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) a donné
son accord pour que l’EPR de
Flamanville soit mis en service,
c’est-à-dire pour qu’il reçoive son
premier chargement de combustible. Après
dix-sept ans d’un chantier qui a viré au
calvaire et à de vertigineux dérapages
de coûts — 19,1 milliards d'euros au
lieu des 3,3 initialement
prévus —, le réacteur nucléaire le
plus puissant de France devrait être
connecté au réseau cet été.
Cuve défectueuse du
réacteur EPR de Flamanville :
8 ans après, la plainte en justice est-elle
enterrée ?
par Stéphane LHOMME, le 2
mai 2024
La justice a ouvert en
décembre 2016 une enquête suite à la
plainte de l’Observatoire du
nucléaire du 4 mai 2016 mais,
depuis 8 ans, le dossier de cette
affaire pourtant gravissime semble avoir
été "oublié"… Le 7 avril 2015,
contrainte à s’exprimer du fait d’un
aveu de l’entreprise Areva (désormais
Orano), l’Autorité de sûreté nucléaire
(ASN) publiait un communiqué titré
"Anomalies de fabrication de la cuve de
l’EPR de Flamanville".
Le 4 mai 2016, l’Observatoire
du nucléaire portait plainte pour
"faux et mise en danger de la vie
d’autrui" à propos de la cuve de l’EPR
et des nombreuses autres pièces
défectueuses produites dans les usines
du Creusot, en mettant en accusation
Areva et EDF mais aussi l’ASN, laquelle
a caché pendant des années le fait que
la cuve de l’EPR était défectueuse.
(...)
Mise en service de l’EPR de
Flamanville : l’inquiétude gagne !
Communiqué commun
ACRO - CRIIRAD - GLOBAL CHANCE - GSIEN,
le 7 mars 2024
La mise en service de l’EPR
est attendue au premier trimestre 2024.
On peut en douter car, dix-sept ans
après le début des travaux, la situation
s’avère très confuse. Après les
vicissitudes qui ont émaillé le chantier
de construction, les événements des
derniers jours interrogent sur les
conditions de la mise en service et sur
le fonctionnement futur du réacteur.
Scandale EPR ou comment faire
fonctionner des réacteurs nucléaires avec
des rustines
par la CRIIRAD, le 15
février 2023, article paru dans Trait
d’Union n° 96 de décembre 2022
En 2021, les fuites
enregistrées sur l’EPR de Taishan 1 sont
d’abord considérées comme banales par de
nombreux experts. Après étude
d’informations transmises par un salarié
du nucléaire, la CRIIRAD interpelle les
autorités et révèle que ces
dysfonctionnements sont liés à un défaut
de conception de l’hydraulique de la
cuve susceptible d’impacter tous les
réacteurs EPR, dont celui de
Flamanville.
Huit mois plus tard, l’IRSN confirme
l’analyse de la CRIIRAD : un défaut de
conception est bien à l’origine de vibrations
anormales conduisant à un endommagement inédit
du combustible nucléaire dans le cœur des EPR. L’ASN
laissera-t-elle malgré tout démarrer l’EPR de
Flamanville ?
Grosse panne du réacteur EPR
d'Olkiluoto en Finlande
par Ugo PETRUZZI , Révolution
énergétique, le 12 décembre 2024
Une série de
pannes a affecté l’unique réacteur nucléaire
EPR d’Europe actuellement en service, Olkiluto
3, de conception française. Le 9 octobre 2024,
une panne de la commande des grappes de
contrôle les fait plonger et arrête la
réaction nucléaire. L’impact sur le réseau
finlandais et les prix aurait pu être pire si
l’éolien n’avait pas autant compensé sa mise à
l’arrêt.
La sûreté nucléaire fait
encore
moins de place à la société civile
Jade LINDGAARD, Médiapart,
le 12 septembre 2024
Mediapart a pu
consulter le projet de statuts de la nouvelle
autorité de sûreté nucléaire : le service
dédié au dialogue avec la société civile est
dorénavant intégré à la direction de la
communication, attisant le soupçon d’une reprise
en main politique.
« Culturellement,
il y a une différence fondamentale
entre l’ASN et l’IRSN dans la
perception qu’ont ces organismes de
leur rôle », analyse Yves
Marignac.
« L’IRSN
considère qu’il est un garant
d’expertise de sûreté quelle que soit
l’orientation de la politique
énergétique. Tandis que l’ASN se pose
plus comme garante de la sûreté et de
la maîtrise des risques au service de
la politique nucléaire. De ce fait, si
elle reconnaît que l’ouverture au
public est légitime, elle pense que
cela ne doit pas venir interférer avec
le processus de décision. »,
analyse une personne proche du dossier à
l’IRSN, qui a requis l’anonymat...
Fusion IRSN / ASN Lettre ouverte aux parlementaires
Communiqué de presse
- ACRO - CRIIRAD - Global Chance - GSIEN, le 8
avril 2024
La relance du programme
nucléaire voulue par le Gouvernement ainsi que
la volonté de prolongation de l’exploitation
d’un parc vieillissant qui sera inéluctablement
confronté à des aléas techniques nécessitent
plus que jamais une gouvernance de la sûreté
exigeante, indépendante et transparente.
L’adoption du projet de loi
de fusion de l’Autorité de sûreté
nucléaire (ASN) et de l’Institut de
radioprotection et de sûreté nucléaire
(IRSN initié par le conseil de politique
nucléaire en février 2023 sur la base
d’un rapport classé confidentiel) risque
de fragiliser le système de gouvernance
de la sécurité nucléaire français. (...)
par David LURINAS, Homo
Nuclearus,
le 28 novembre 2023
Après plus de 15 ans de
service, l’IRSN et l’ASN sont voués à
fusionner, selon la forte volonté du
gouvernement. Reportée pour causes de
fronde et d’errement législatifs, cette
réforme est un projet essentiel pour
l’État dans le cadre du nouveau
programme nucléaire français. Après
diverses mésaventures au sein de la
filière nucléaire, certains présagent
une pure absorption de l’IRSN afin de
mieux la contraindre aux intérêts
politiques sensibles du secteur.
D’ailleurs, le système actuel
souffre-t-il d’un manque
d’efficience ? Quelles
améliorations proposées avancées
pourraient y pallier ? Visite de
l’arrière cuisine garante de la sûreté
nucléaire des réacteurs en France.
La fusion/absorption
IRSN-ASN est justifiée par la nécessité
de "fluidifier" (sic) le fonctionnement
du système administratif chargé des
sûreté nucléaire, sécurité radiologique
et tutelle sur l'exploitation des
installations atomiques. Un schéma
analogue, très unifié, opaque et
fluidifiant gérait la construction et
l'exploitation des réacteurs nucléaires
dans l'URSS d'avant Tchernobyl.
Contrôle de la
sûreté nucléaire
et de la radioprotection : une réforme
bâclée
par Thierry CHARLES,
retraité IRSN, ancien DGA
chargé de sureté nucléaire, le 17 fév.
2024
(...) Une évolution
d’ampleur du système de contrôle de la
sûreté nucléaire, telle qu’engagée, ne
devrait découler que d’une réflexion
globale couvrant l’ensemble des
questions soulevées par une telle
évolution, avec une concertation poussée
impliquant tous les acteurs, réalisée
sous l’égide d’une personnalité
incontestée (à l’instar de la mission du
député Le Déaut menée en préalable
d‘évolutions majeures précédentes). Il
est en effet essentiel de ne pas
déstabiliser un système efficace et
reconnu afin que le nouveau programme
électronucléaire puisse se développer
sans retard, avec une sûreté au meilleur
niveau et dans des conditions de
transparence de qualité.(...)
Huit
principes
pour une gouvernance
de la sécurité nucléaire
PÉTITION de l'Intersyndicale
de l'IRSN (CFDT CFE-CGC CGT), sept. 2023
Le 19 juillet 2023, à
l’issue du Conseil de politique
nucléaire, la Ministre de la transition
énergétique a été chargée de préparer
d’ici l’automne un projet de loi visant
à fusionner l’Institut de
radioprotection et de sûreté nucléaire
(IRSN) et l’Autorité de sûreté nucléaire
(ASN). Ce projet, qui avait été rejeté
par le Parlement au printemps, est donc
de retour. Cette annonce rouvre une
période d’incertitude quant à
l’organisation de la sécurité nucléaire
qui risque d’être durablement
déstabilisée. Experts, chercheurs,
exploitants, citoyens parties prenantes
de la gouvernance de la sécurité
nucléaire, nous lançons un appel aux
parlementaires pour qu’ils préservent
les huit principes qui fondent la
robustesse et l’efficacité du système
actuel, fruit d’un long processus de
maturation. (...)
De la responsabilité des élus
en cas de catastrophe atomique
par Michel
LABLANQUIE, le 24 juin 2024
Lettre
ouverte à Madame Huguette Tiegna, et aux 260 ex-député·e·s favorables au
projet de Loi du
19 mars 2024
Madame,
Je viens vers vous
en tant que citoyen de la circonscription du Lot
dont vous étiez encore dernièrement l’élue, pour
vous interpeller sur le nucléaire et la fusion.
Pas la fusion promise par ITER – ce dispendieux
projet qui ambitionne de construire une bouteille
assez solide pour mettre le soleil
dedans –, ni celle de l'audiovisuel public, mais
celle, que tous les média s'entendent à
qualifier de controversée, de l’Autorité
de sûreté nucléaire (ASN) et de l’Institut
de radioprotection et de sûreté nucléaire
(IRSN), les deux organismes en charge de la
radioprotection et de la prévention et la
gestion d’un risque nucléaire majeur – dont les
rôles, hier distincts de gendarmes et de
veilleurs, seront demain confondus en une seule
entité, juge et partie donc.
Le principe de la fusion ASN /
IRSN vient d’être validé par la Loi du 21 mai 2024relative
à l'organisation de la gouvernance de la
sûreté nucléaire et de la
radioprotection pour répondre au défi de
la relance de la filière nucléaire,
voulue par le gouvernement pour relancer
la filière en allégeant les contraintes et
fluidifier le secteur – qui vise
en fait à introniser la future Autorité
de sûreté nucléaire et de
radioprotection (ASNR), qui
officiera à partir du 1er
janvier 2025
Il va de soi que
cette voix, la vôtre donc – qui si elle avait
été différente aurait fait basculer le vote –,
souligne votre responsabilité personnelle
particulière dans l’adoption de cette Loi qui va
engager notre sécurité globale et collective
face à l'occurrence d'un possible accident
nucléaire majeur en France. Responsabilité qui
vous engage au delà même de votre mandat, tant
la temporalité du nucléaire et ses inconvénients
nous dépassent (avec un lourd tribut laissé aux
générations futures : mausolées radioactifs,
déchets immortels, héritage génétique douteux,
etc – et si un accident se produisait, des
conséquences dramatiques sur la vie, la santé et
l’environnement). (...)
Ça tombe mal, alors chut !...
Juste au moment où Macron surenchérit sur le
nucléaire en ajoutant dans son « programme de
gouvernement » huit nouveaux réacteurs aux six
déjà programmés et où le RN, lui, persiste dans
ses folles promesses d'en construire 20 nouveaux
d'ici à 2050, voilà que, patatras ! le Niger
fiche à la porte notre champion national Orano.
Petit rappel : pour faire tourner un réacteur,
il faut de l’uranium. Depuis qu'elle a fini
d'exploiter, voilà vingt ans, ses nombreux mais
maigres gisements, la France dépend entièrement
de ses importations.
Le site d'Imouraren, un des plus
importants gisements d'uranium du monde, lui est
désormais interdit. Orano y a pourtant investi 1
milliard d'euros en vingt ans mais a tellement
tardé à exploiter le site, toujours pas ouvert
alors qu'il devait l'être en 2011, que la junte
nigérienne a dit stop. Pulvériser les délais :
une spécialité franco-française... Notre
multinationale atomique tente de rassurer en
disant que ce camouflet « n'est pas de
nature à mettre le système en péril », vu
que la France s'approvisionne principalement
dans trois autres pays. Lesquels ? Certes, il y
a le Canada... mais les deux autres sont la
Russie et le Kazakhstan, lequel est sous
influence russe. En clair : Poutine a désormais
la main sur une bonne partie de notre
approvisionnement en uranium. C'est le moment de
proclamer partout que le nucléaire est une
solution magique 100 % tricolore... (...)
Patrick « Farid » Quemper est
décédé le 7 mai 2024.
Farid était monté au front
contre le projet d'enfouissement de
déchets radioactifs à Glénat, au début des
années 2000, au côté de VITES, une
association du Ségala qui s'était opposée
aux mines d'uranium dans les années 50,
puis entre 1979 et 1983. L'Andra
recherchait alors des sites dans des
terrains granitiques pour accueillir un
centre d’enfouissement en profondeur de
déchets nucléaires hautement radioactifs,
les plus dangereux. Parmi les 15 sites
pressentis, le massif de Glénat, à
l'extrémité de trois départements, Cantal,
Lot et Corrèze, et au croisement de trois
régions, Auvergne, Midi-Pyrénées et
Limousin – avec beaucoup d'argent pour
acheter les consciences des politiques.
Dès le début, Farid avait
compris qu'il ne fallait pas rester dans
le NIMBY (Not in my backward), « Faites
cela chez le voisin, pas chez
moi ! », et nous nous sommes
donc rapprochés de la Coordination
nationale contre l'enfouissement des
déchets radioactifs qui existait déjà à
l'époque.
L'idée et l'envie nous ont poussé à
faire un bulletin national de liaison des sites
en lutte contre l'enfouissement, au nom élégant
de « Bien profond »... pour réunir les
oppositions, donner des nouvelles de toutes les
luttes, faire front commun.
Farid a mis en place et
organisé quatre manifestations contre
l'enfouissement des déchets radioactifs à
la grotte de Lascaux entre 2000 et 2003,
ainsi que la Nuit contre l'enfouissement
en 2002, toujours à Lascaux, puis
l'inoubliable « Mouvement vers Bure » en
2001, à pied et à vélo, qui relayait à
travers la France, depuis Lascaux, tous
les sites granitiques concernés par les
projets d'enfouissement en solidarité avec
Bure (archives ici : http://bienprofond.free.fr).
En 2004, Farid a œuvré pour la
constitution du groupe « Sortir du
nucléaire Lot » (devenu en 2016 « ADN
46 ») pour fédérer les groupes et
individus du département opposés au
nucléaire, autour du projet
d'enfouissement à Glénat ou de la ligne
THT qui devait traverser le Lot (les deux
projets ont été abandonnés, grâce entre
autres à ces luttes). Le groupe, avec
VITES, a réalisé des relevés de
radioactivité sur les anciennes mines
d'uranium du Ségala.
C'est aussi sous l'impulsion
de Farid que le groupe s'est engagé pour
interpeller le Centre d'études de Gramat,
au milieu des Causses du Quercy. Le
maintenant CEA (Commissariat à l'énergie
atomique… et aux énergies alternatives)
avait contribué aux essais nucléaires
français et à rendre performants les
munitions à l'uranium appauvri.
Tous les ans entre 2004 et 2015,
nous avons ainsi fait des actions autour des 6
et 9 août, à Gramat, Figeac ou Rocamadour, pour
commémorer les bombardements atomiques
d'Hiroshima et de Nagasaki et dénoncer l'usage
des armes à l'uranium appauvri. Voir le film de
Karine Georges « Osons dire non », en 2008 : https://www.youtube.com/watch?v=yENx3m59W_A.
C'est un militant antinucléaire de
premier ordre qui disparaît, dont le maître-mot
de son engagement était : « dans la joie et la
bonne humeur ». C'est sa joie et sa bonne humeur
que nous regrettons désormais.
« Bien profond » sur sa tombe, Farid
aurait apprécié. Désormais, c'est inscrit dans
le ciel.
Figure historique
du mouvement antinucléaire, Henry
Chevallier est décédé début mai 2024.
Animateur de SDN 32, membre de la
Coordination Stop Golfech, du Réseau « Eau
France Nature », il avait coordonné
l’ouvrage Nucléaire ? Non merci !,
publié par Utovie/ Silence en 1993. Spécialiste de l'eau,
il a dénoncé son accaparement, avant les
mega-bassines, pour les besoins des
centrales nucléaires (voir ci-dessous).
Il a compilé et
proposé une analyse des « Histoires
des luttes antinucléaires en France
(1958-2008) »
- à
télécharger ici ou en cliquant sur
l'image ci-contre.
Tous les établissements
nucléaires, centrales atomiques,
complexes industriels (pudiquement
baptisés CEN : centres d’études
nucléaires, mais certains à finalité
militaire), anciennes mines d’uranium et
sites de stockage de déchets, engendrent
des pollutions radioactives et chimiques
dans les milieux aquatiques. Il faut
aussi évoquer les problèmes dus aux
prélèvements d’eau et aux
barrages-réservoirs liés aux réacteurs.
Une situation occultée en France par
l’administration et par la plupart des
médias.
Principe de refroidissement d’une tranche
nucléaire « à circuit fermé ».
Schéma tiré du livre Nucléaire, non merci !,
coordonné par Henry Chevallier, Utovie et
Silence, 1993
Actions en
avril 2024
contre la relance du nucléaire
Manifestations
régionales contre l’industrie nucléaire,
sa relance et ses accidents autour du 26
avril 2024, date de l’accident de
Tchernobyl il y a 38 ans.
Ce 26 avril 2024, près de 4 décennies
après la catastrophe nucléaire de
Tchernobyl, des actions antinucléaires
régionales alertent sur les risques que
continuent de représenter les centrales
nucléaires en fonctionnement mais aussi
sur le danger d'envisager d'en construire
de nouvelles. (...)
Le 25 mai à Paris s'est tenue une
rencontre de la coordination
antinucléaire pour organiser les
prochains événements.
Nucléaire
danger ! Action à Lyon
par ADN 34, le 26
avril 2024
À la date anniversaire de la
catastrophe nucléaire de Tchernobyl, entre
150 et 200 manifestant.es se sont
rassemblé.es sur un pont du Rhône à Lyon
où ont eu lieu prises de paroles et
déploiement de banderoles. Puis devant le
siège d’EDF décoré d’immenses banderoles,
les cartons rouges de la Coordination Anti
nucléaire Sud-Est se sont soulevés portés
par des antinucléaires venus de Narbonne,
Montpellier, du Gard, de toute la
Drôme/Ardèche, de l’Isère, de Lyon et
l’Ain.
Les deux accidents nucléaires
de Saint Laurent-des-Eaux
Le 13
mars 1980 - il y a tout juste
40 ans - un accident grave à la centrale
de Saint-Laurent-
des-Eaux a occasionné des rejets de
plutonium dans la Loire. À l'époque,
l'accident et sa gravité ont été passés
sous silence.
Il a fallu attendre un article du Point en
2011 et un reportage de Spécial
Investigation en 2015 pour réaliser
qu'EDF a délibérément rejeté des
éléments radioactifs dans
l'environnement, dont le plus toxique,
le plutonium.
Le 17 octobre 1969,
un premier accident est arrivé dans le réacteur
n°1 de la centrale de St Laurent-des-Eaux : une
mauvaise manipulation lors du chargement du
coeur sur le réacteur n°1 entraîne la fusion de
50 kilos d'uranium - une fusion partielle
semblable à celle de Three Mile Island.
Les deux accidents de
Saint-Laurent-des-Eaux ont été classés 4 sur
l'échelle INES.
Boiteux de Pandore
L'ancien patron
d'EDF - directeur en 1967 puis président
(1979-87) et enfin président d'honneur,
est décédé le 6 septembre à l'âge de 101
ans. Il avouait en 2015 pour Spécial
Investigation le rejet en 1980 de
plutonium dans la Loire suite à un
accident à Saint-Laurent-les-Eaux.
un film de Cécile DELARUE,
Giraf Prod /FR3 Centre-Val de Loire
Cécile Delarue revient sur les lieux de son enfance, tout près de la centrale de St-Laurent-des-Eaux qui a connu les deux plus gros accidents nucléaires français. Son père faisait partie des « nettoyeurs », il est mort d’un cancer en 2019.
Deux catastrophes évitées...
grâce à la chance
On sait que
l'addition de plusieurs événements improbables
peut être le facteur déclanchant d’un accident
majeur, et que c'est cette conjonction qui
concourt à l'impensable. On a ainsi frôlé cet
impensé à plusieurs reprises. À chaque fois,
un même enchaînement de petits événements qui
doit, ou devrait, servir de leçon :
Blaye, le
27 décembre 1999
Les naufragés
du Blayais
par Jean-Michel Décugis, Christophe Labbé et
Olivia Recasens, Le Point, le 22
mars 2011
La veille de l'an 2000, sous les
coups conjugués d'une tempête et d'une
inondation, des vagues franchissent la digue
protégeant la centrale du Blayais, coupant du
monde les 50 agents EDF en poste. Une surtension
sur le réseau électrique provoque l'arrêt
d'urgence de deux réacteurs. Durant des heures,
le refroidissement de deux cœurs n'est plus
assuré que par des moteurs Diesel de secours.
Des débris
charriés par la Gironde en crue
obstruent une pompe de refroidissement
du réacteur 1 qui se met lui aussi en
arrêt d'urgence. En sous-sol, les
galeries techniques sont noyées par une
eau boueuse qui envahit le bâtiment de
stockage du combustible. Le réacteur
perd deux systèmes essentiels pour sa
sûreté. Le local qui abrite les deux
stations de pompage du circuit du
refroidissement du réacteur 1 est
inondé. Devant la gravité des
événements, l'autorité de sûreté à Paris
actionne pour la première fois la
gestion nationale de crise. On envisage
même l’évacuation de Bordeaux.
L'événement a été classé au niveau 2 de
l'échelle INES (voir les rapports de
l'IRSN).
« Comment un
réacteur nucléaire EDF a frôlé l’accident à
cause d’un robinet »,
par Martin LEERS, le Journal de l'Énergie,
le 8 février 2020
Une cascade d’erreurs
lors d’un déchargement de combustible a failli
conduire au pire. Un banal oubli lors de l’arrêt
pour maintenance d’un réacteur nucléaire de la
centrale de Golfech, dans le sud-ouest de la
France, a rapproché dangereusement
l’installation « d’une situation d’accident » en
octobre dernier. Un incident qui aurait pu mal
tourner. Lors d'un renouvellement de
combustible, une cascade d’erreurs engendre des
défaillances importantes de sûreté qui auraient
pu affecter le refroidissement du combustible
nucléaire. Il faudra une journée entière aux
équipes d’EDF pour s’en rendre compte et réagir.
L'événement a été classé au niveau 2 de
l'échelle INES.
L'ASN et l'IRSN reconnaissent tous deux
la possibilité d'un accident nucléaire majeur
citations :
– « Personne ne peut garantir
qu’il n’y aura jamais d’accident nucléaire en
France. À nous tous, exploitants,
autorités de contrôle et Gouvernement, de
faire en sorte de réduire cette probabilité.
Mais à nous tous de faire ce qu’il faut pour
réduire et gérer les conséquences d’un tel
accident. »
– « Il faut
accepter de se préparer à des
situations complètement inimaginables.
Car la menace existe. (...) Il est peu
vraisemblable que nous soyons
confrontés à un accident standard, et
très vraisemblable que le soyons à un
accident absolument extraordinaire,
lié par exemple à des effets domino
avec d'autres installations
industrielles proches, à des aléas, à
des actes de malveillance, à des
catastrophes climatiques, etc. Nous
devons donc nous préparer à de telles
éventualités. »
– « [Un accident grave
pourrait se produire en moyenne une fois tous
les dix ans dans le monde], c'est un constat.
Il y a eu au cours des trente dernières années
trois accidents graves dans le monde :
Three Mile Island (États-Unis) en 1979,
Tchernobyl (ex-URSS) en 1986 et Fukushima, il
y a quelque mois. (…) Il faut imaginer
l'inimaginable. »
– « Il ne faut
plus laisser croire que le nucléaire est une
technologie parfaite. Le gouvernement et EDF
ont sous-estimé le risque d'un accident et du
rejet du nucléaire par la société. »
– « Nous disons
clairement, depuis un certain temps
déjà, pas seulement à la suite de
Fukushima, que l’accident est
possible. »
Pierre-Franck Chevet,
président de l’ASN,
à l’Assemblée nationale, mai 2013
– « Oui, il y aura
[un accident majeur en Europe]. Il faut
imaginer qu’un accident de type
Fukushima puisse survenir en Europe. Je
ne sais pas donner la probabilité et on
fait un maximum pour éviter que ça
arrive, mais malgré tout, on pose le
principe que ça peut arriver. »
Pierre-Franck Chevet,
président de l’ASN, Libération, le 3 mars 2016
par Bernard LAPONCHE,
Atomes crochus n°1, juin 2012
Accident nucléaire
grave et accident nucléaire majeur
Des dispositifs
considérables sont nécessaires pour que,
en toutes circonstances, les éléments
radioactifs contenus dans les éléments
combustibles d’un réacteur nucléaire ne
puissent s'en échapper et, par
conséquent, irradier ou contaminer les
travailleurs de la centrale, les
populations et l’environnement
(atmosphère, terrains et végétation,
eaux). Dans les réacteurs à uranium
enrichi refroidis et modérés à l’eau qui
équipent la plupart des centrales
nucléaires dans le monde, cette
protection est assurée par trois
barrières : les gaines des
combustibles, la cuve en acier
contenant le réacteur et une enceinte
de confinement en béton,
simple ou double. En fonctionnement
normal, la gaine du combustible
constitue effectivement une barrière
totalement étanche.
Par contre, les
deux autres barrières sont traversées
par de nombreuses « portes de
sortie »: circuit primaire de
circulation de l'eau dans les réacteurs
à eau sous pression (qui équipent toutes
les centrales nucléaires en
fonctionnement en France) qui va dans
les échangeurs de vapeur (multitude de
tubes à fine paroi), circuit direct de
vapeur jusqu'à la turbine dans les
réacteurs à eau bouillante (comme ceux
de la centrale de Fukushima), passages
pour les barres de contrôle nécessaires
pour l'arrêt de la réaction en chaîne,
quantité de vannes et de soupapes.
L'accident
grave est un accident au
cours duquel les combustibles
nucléaires sont significativement
dégradés par la détérioration des
gaines du combustible et une fusion
plus ou moins complète du cœur du
réacteur (ensemble des
combustibles). Dans un réacteur
nucléaire à eau, pressurisée ou
bouillante, l'accident grave se produit
du fait de la perte de refroidissement
des éléments combustibles. Un tel
accident peut résulter soit de la
rupture de la cuve du réacteur ou d'une
tuyauterie du circuit primaire, soit
d'une défaillance totale du système de
refroidissement, normal ou de secours.
C'est ce qui s'est passé à Three Mile
Island en 1979, mais il n'y a pas eu de
dispersion importante d'éléments
radioactifs dans l'environnement. Cet
accident a cependant marqué un coup
d'arrêt du nucléaire aux États-Unis. L'accident
majeur est un accident grave non
maîtrisé conduisant à
d'importants relâchements de
radioactivité dans
l'environnement : dans ce cas, les
deux barrières au-delà de la gaine sont
également défaillantes et ne parviennent
pas à contenir les éléments radioactifs
à l'intérieur du réacteur. Les
possibilités de combinaison de
différentes causes sont très
nombreuses dans une dynamique
d'accident. (...)
un canular
radiophonique sur l'antenne de la
Radiodiffusion française, le 4 février 1946
Le soir du 4 février 1946,
la Chaîne parisienne diffuse le premier
épisode d'une série de dix fictions
intitulée Plateforme 70 ou l'âge
atomique. Jean Nocher, jeune
journaliste féru d'anticipation, a
décidé de mettre à profit l'angoisse de
la bombe atomique pour créer son
émission et alerter sur les dangers du
nucléaire.
L'avertissement qui devait
être diffusé juste avant le lancement de
la fiction est oublié... Et les
auditeurs peuvent alors entendre le «
professeur Helium », de l'Institut
mondial des recherches atomiques,
indiquer que des scientifiques
travaillent à la désintégration de
l'atome et qu'ils sont en train d'en
perdre le contrôle :
« Je vous conjure de ne
vous laisser en aucun cas entraîner à la
panique, même si vous étiez soudain les
témoins d'événements insolites ou
extraordinaires tels que : lueurs
soudaines dans le ciel, craquements,
vibrations du sol (elles ne sont
d’ailleurs pas dangereuses tant qu’elles
ne dépassent pas une certaine
amplitude), pannes de lumière et arrêt
de tous les moteurs ayant des connexions
électriques, enfin troubles
physiologiques légers :
tremblement, excitation épidermique et
perte momentanée du sens de l’équilibre.
»
L’événement fait les gros
titres jusque dans l'Ohio, où le Toledo
Blade titre « Panique à
Paris : la radio avait fait état
d'une fausse désintégration atomique du
monde ». Jean Nocher écope
finalement de trois mois de suspension de
radio, certainement plus en raison
d'enjeux politiques à l'ORTF que suite aux
conséquences de la pièce.
Un livre reprend les dialogues
des 10 épisodes qui devaient constituer
son programme. Seul le premier épisode
avait pu être entendu intégralement, selon
Forez infos. On en
parlait en janvier 2010 dans l'émission « Radio panique » sur
France culture (à partir de 40:08).
«
Our friend the Atom » est
un livre de propagande publié par Walt
Disney en 1956. Une version légèrement
remaniée est parue en France dans le
volume L'Univers Inconnu
de la collection Le Monde
enchanté de Walt Disney (Livre
de Paris, 1972).
Le film du même nom, « Our
friend the Atom », produit par les
studios d'animation Disney, réalisé par
Hamilton Luske, a été diffusé pour la
première fois le 23 janvier 1957 à la TV
aux USA, puis en Europe en 1958.
Le Dr Heinz Haber, également
auteur du livre, expose le potentiel du
pouvoir atomique et ses dangers par le
biais du conte « Le pêcheur et le Génie
» des Mille et Une Nuits, en
rappelant l'histoire de l'atome de la
Grèce aux années 50. Il s'agissait de
contrer l'opposition grandissante des
scientifiques et la frayeur de la
population, et d'appuyer l'appel « Atom
for Peace » du président Eisenhower de
décembre 1953.
L'histoire de ce film sur un
fan site Disney est racontée ici.
Le combat contre la politique
nucléaire-atomique est une action de
légitime défense.
L'impératif de protection de la
société n'est ni de droite, ni de
gauche,
ni technophobe, ni rétrograde, ni
libéral, ni socialiste : il est
vital et universel.
Il faut détruire les machines
nucléaires qui nous tuent et
congédier les chefs d'État qui nous
trahissent.